[17,56] Ἀναλογιζόμενος δὲ τὸ πλῆθος τῆς τῶν Περσῶν
δυνάμεως καὶ τὸ μέγεθος τῶν ἐπικειμένων κινδύνων, ἔτι
δὲ τὴν περὶ τῶν ὅλων κρίσιν ἐν χερσὶν οὖσαν
διηγρύπνησε τὴν νύκτα συνεχόμενος τῇ περὶ τοῦ
μέλλοντος φροντίδι· ὑπὸ δὲ τὴν ἑωθινὴν φυλακὴν
τραπεὶς εἰς ὕπνον οὕτως ἐκοιμήθη βαθέως ὥστε τῆς
ἡμέρας ἐπιγενομένης μὴ δύνασθαι διεγερθῆναι. (2) Τὸ
μὲν οὖν πρῶτον οἱ φίλοι τὸ συμβὰν ἡδέως ἑώρων,
νομίζοντες τὸν βασιλέα πρὸς τὸν ὑποκείμενον κίνδυνον
εὐτονώτερον ἔσεσθαι τετευχότα πολλῆς ἀνέσεως· ὡς δ' ὁ
μὲν χρόνος προέβαινεν, ὁ δ' ὕπνος συνεῖχε τὸν βασιλέα,
Παρμενίων πρεσβύτατος ὢν τῶν φίλων ἀφ' ἑαυτοῦ
πρόσταγμα διέδωκε τοῖς πλήθεσιν ἑτοιμάζεσθαι τὰ
πρὸς τὴν μάχην. (3) Οὐκ ἀνιεμένου δ' αὐτοῦ
προσελθόντες οἱ φίλοι μόγις διήγειραν τὸν
᾿Αλέξανδρον. Θαυμαζόντων δ' ἐπὶ τῷ συμβεβηκότι
πάντων καὶ τὴν αἰτίαν ἀκοῦσαι βουλομένων ἔφησεν ὁ
᾿Αλέξανδρος Δαρεῖον εἰς ἕνα τόπον ἠθροικότα τὰς
δυνάμεις ἀπολελυκέναι πάσης ἀγωνίας αὐτόν· (4) μιᾷ
γὰρ ἡμέρᾳ κριθέντα περὶ τῶν ὅλων παύσεσθαι τῶν
πόνων καὶ πολυχρονίων κινδύνων. Οὐ μὴν ἀλλὰ
παρακαλέσας τοὺς ἡγεμόνας τοῖς οἰκείοις λόγοις καὶ
πρὸς τοὺς ἐπιφερομένους κινδύνους εὐθαρσεῖς
καταστήσας προῆγε τὴν δύναμιν συντεταγμένην ἐπὶ
τοὺς βαρβάρους, τῆς τῶν πεζῶν φάλαγγος τὰς τῶν
ἱππέων εἴλας προτάξας.
| [17,56] Là il passa la nuit suivante à comparer dans son esprit la multitude effroyable
des Perses avec le petit nombre de ses soldats ; et pensant qu'il avait encore entre les
mains la décision de sa fortune, l'incertitude d'un avenir prêt à se déclarer,
le tint éveillé toute la nuit. Il s'endormit néanmoins si profondément aux
premiers rayons de l'aurore que le soleil déjà élevé sur l'horizon ne put
point le réveiller. (2) Ses amis prirent d'abord cet assoupissement en
bonne part et ils jugèrent que le roi acquérant des forces par le sommeil,
en serait beaucoup plus dispos dans le temps de l'action. Cependant
comme la matinée s'avançait, Parménion le plus ancien de ses favoris fit
de son chef courir dans les troupes l'ordre de se préparer au combat : (3)
et les autres amis du roi, s'assemblant dans sa tente, eurent encore de la
peine à réveiller. Comme ils étaient tous curieux de savoir la cause d'un si
profond assoupissement, Alexandre leur répondit que le soin qu'avait
Darius de rassembler toutes ses troupes dans le même lieu, avait
extrêmement soulagé son imagination ; (4) d'autant qu'il espérait de sortir
par-là en un seul jour de grands périls et de longs travaux.
Aussitôt tenant à tous les chefs des discours convenables à chacun d'eux
et leur inspirant un courage proportionné à la nature du péril qui ne
consistait ici que dans le nombre de leurs ennemis, il conduisit contre les
barbares son armée arrangée, de sorte que sa cavalerie couvrait l'infanterie.
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