[17,42] Μετὰ δὲ ταῦτα οἱ μὲν Τύριοι τὴν αὔξησιν τοῦ χώματος εὐλαβηθέντες
ἐπλήρωσαν πολλὰ τῶν ἐλαττόνων σκαφῶν ὀξυβελῶν τε (καὶ) καταπελτῶν
καὶ τοξοτῶν καὶ σφενδονητῶν ἀνδρῶν καὶ προσπλεύσαντες τοῖς
ἐργαζομένοις τὸ χῶμα πολλοὺς μὲν κατέτρωσαν, οὐκ ὀλίγους δὲ ἀπέκτειναν·
(2) εἰς ἀνόπλους γὰρ καὶ πυκνοὺς πολλῶν καὶ παντοίων βελῶν φερομένων
οὐδεὶς ἡμάρτανεν, ἑτοίμων καὶ ἀφυλάκτων τῶν σκοπῶν κειμένων.
Συνέβαινε γὰρ οὐ μόνον κατὰ πρόσωπον τὰ φερόμενα βέλη προσπίπτειν,
ἀλλὰ καὶ πρὸς τὰ νῶτα τῶν ἀντιπροσώπων ὄντων ἐν στενῷ χώματι
διικνεῖσθαι καὶ μηδένα δύνασθαι διαφυλάξασθαι τοὺς ἐξ ἀμφοτέρων τῶν
μερῶν κατατιτρώσκοντας. (3) Ὁ δ' ᾿Αλέξανδρος τὸ παράλογον τῆς
συμφορᾶς βουλόμενος ὀξέως διορθώσασθαι, πληρώσας πάσας τὰς ναῦς καὶ
καθηγούμενος αὐτὸς ἔπλει κατὰ σπουδὴν ἐπὶ τὸν λιμένα τῶν Τυρίων καὶ
τὴν ἐπάνοδον τῶν Φοινίκων ὑπετέμνετο. (4) Οἱ δὲ βάρβαροι φοβηθέντες
μήποτε κυριεύσας τῶν λιμένων καταλάβηται τὴν πόλιν ἔρημον οὖσαν
στρατιωτῶν, κατὰ πολλὴν σπουδὴν ἀνέπλεον εἰς τὴν Τύρον. Ἀμφοτέρων δὲ
διὰ τὴν ὑπερβολὴν τῆς φιλοτιμίας ταῖς εἰρεσίαις πυκναῖς χρωμένων καὶ τῶν
Μακεδόνων ἤδη πλησιαζόντων τοῖς λιμέσιν οἱ Φοίνικες παρ' ὀλίγον μὲν
ἦλθον τοῦ πάντες ἀπολέσθαι, παρεισπεσόντες δ' ὅμως τῇ βίᾳ καὶ τὰς
τελευταίας ναῦς ἀποβαλόντες διεσώθησαν εἰς τὴν πόλιν. (5) Ὁ δὲ βασιλεὺς
μεγάλης ἐπιβολῆς ἀποτυχὼν πάλιν προσεκαρτέρει τῷ χώματι καὶ τῷ πλήθει
τῶν νεῶν παρείχετο τοῖς ἐργαζομένοις τὴν ἀσφάλειαν. Τῶν δ' ἔργων
πλησιαζόντων τῇ πόλει καὶ τῆς ἁλώσεως προσδοκωμένης ἀργέστης ἄνεμος
μέγας ἐπεγένετο καὶ τοῦ χώματος πολὺ μέρος ἐλυμήνατο. (6) Ὁ δ'
᾿Αλέξανδρος εἰς ἀμηχανίαν ἐμπίπτων διὰ τὴν αὐτόματον τῶν ἔργων φθορὰν
μετεμέλετο μὲν ἐπὶ τῇ τῆς πολιορκίας ἐπιβολῇ, ὅμως δὲ τῇ φιλοτιμίᾳ
προαγόμενος ἐκ τῆς ὀρεινῆς ἐκκόπτων ὑπερμεγέθη δένδρα παρεκόμιζε καὶ
σὺν αὐτοῖς τοῖς κλάδοις ἐγχώσας ἐνέφραξε τὴν βίαν τοῦ κλύδωνος. (7) Ταχὺ
δ' ἀποκαταστήσας τὰ πεπονηκότα τοῦ χώματος καὶ τῇ πολυχειρίᾳ
προκόψας εἰς βέλους ἄφεσιν ἐπέστησε τὰς μηχανὰς ἐπ' ἄκρον τὸ χῶμα καὶ
τοῖς μὲν πετροβόλοις κατέβαλλε τὰ τείχη, τοῖς δ' ὀξυβελέσιν ἀνεῖργε τοὺς ἐπὶ
τῶν ἐπάλξεων ἐφεστῶτας· συνηγωνίζοντο δὲ τούτοις οἵ τε τοξόται καὶ
σφενδονῆται καὶ πολλοὺς τῶν ἐν τῇ πόλει παραβοηθοῦντας κατετίτρωσκον.
| [17,42] Effrayés d'ailleurs de l'augmentation journalière de cette
chaussée posée devant leurs murailles, ils s'avivèrent de charger un grand
nombre de petites barques de catapultes et d'autres machines à lancer
des traits, accompagnées d'hommes habiles à s'en servir; et voguant
autour des ouvriers de la chaussée, ils en tuèrent un assez grand nombre
et en blessèrent encore davantage : (2) car tirant sur des hommes
désarmés et dont le travail demandait qu'ils fussent fort près les uns des
autres, aucun trait ne partait en vain : et les différentes barques des tireurs
les prenant par devant et par dernière, ils ne pouvaient se garantir d'un
côté sans s'exposer de l'autre. (3) Alexandre, pour détourner cette attaque
subite et inopinée, chargea de soldats tout ce qu'il avait de vaisseaux et se
hâta d'arriver sur le rivage même par où l'on entrait dans la ville pour y
rappeler les citoyens sortis et pour empêcher en même temps qu'ils n’y
rentrassent. En effet tous ceux qui étaient dehors reprirent incessamment
le chemin des portes et l'on faisait des deux côtés force de rames pour y
arriver avant l'ennemi.
(4) Cependant comme les Macédoniens, partis les premiers, occupaient
déjà le rivage, les Tyriens qui revenaient et qui débarquaient coururent là
un très grand risque d'être percés les uns après les autres. Ils firent
cependant un dernier effort pour aborder tous ensemble, à quelques-unes
de leurs barques près qu'ils laissaient derrière ; et pour pénétrer ensuite à
travers les ennemis, jusqu’aux portes qui leur furent ouvertes par leurs
concitoyens et qui les sauvèrent. (5) Le roi qui avait manqué son coup de
ce côté-là, revint à l'entreprise de la chaussée et couvrant les ouvriers par
un plus grand nombre de vaisseaux, il assura et avança l'ouvrage. Il
touchait presque aux murs de la ville et l'on croyait déjà essuyer l'assaut
formidable auquel cet ouvrage devait servir, lorsqu'il s'éleva un vent
d'ouest si violent, qu'une grande partie de la chauffée en fut abattue. (6)
Alexandre fut attristé de la destruction d'un travail qui, avait coûté tant de
peine, au point qu'il se repentait presque d'avoir entrepris le siège. Mais
reprenant bientôt courage il envoya couper sur une montagne voisine des
arbres d'une hauteur extraordinaire et les faisant jeter tout entiers avec
leurs branches dans de la terre qu'on apportait sur le rivage, il opposa aux
flots agités par le vent, une digue qui les rompait et les arrêtait. (7) Il répara
ensuite les dommages faits à la chaussée et l'approchant de plus en plus
des remparts il plaça dessus ses machines. Les unes servaient à battre les
murs à coups de pierre et les autres à écarter les assiégés à coups de
traits. Les flèches et les frondes étaient également employées à cet usage,
et le nombre des blessés augmentait considérablement parmi les Tyriens.
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