[17,102] {56} Ὁ δ' οὖν ᾿Αλέξανδρος τὴν μὲν στρατιὰν προσέταξεν
παρὰ τὸν ποταμὸν ἀντιπαράγειν ταῖς ναυσίν, αὐτὸς δὲ
τὸν διὰ τοῦ ποταμοῦ κατὰ τὸν ᾿Ωκεανὸν πλοῦν
ποιούμενος κατῆρεν εἰς τὴν χώραν τῶν ὀνομαζομένων
Σαμβαστῶν. (2) Οὗτοι δὲ τῷ τε πλήθει τῶν ἀνδρῶν καὶ
ταῖς ἀρεταῖς οὐδενὸς τῶν ᾿Ινδικῶν ἐθνῶν λείπονται·
οἰκοῦντες δὲ πόλεις δημοκρατουμένας καὶ τὴν ἔφοδον
τῶν Μακεδόνων πυνθανόμενοι στρατιώτας ἤθροισαν
πεζοὺς μὲν ἑξακισμυρίους, ἱππεῖς δὲ ἑξακισχιλίους,
ἅρματα δὲ πεντακόσια. (3) Τοῦ δὲ στόλου προσπλέοντος
τῷ ξένῳ καὶ παραδόξῳ τῆς παρουσίας πτοηθέντες καὶ
τὴν διαβεβοημένην δόξαν τῶν Μακεδόνων
καταπλαγέντες, ἔτι δὲ τῶν πρεσβυτέρων
συμβουλευσάντων μὴ διαγωνίζεσθαι πεντήκοντα τοὺς
ἐπιφανεστάτους πρεσβευτὰς ἐξαπέστειλαν, ἀξιοῦντες
φιλανθρώπως αὐτοῖς προσενεχθῆναι. (4) Ὁ δὲ βασιλεὺς
ἐπαινέσας τοὺς ἄνδρας καὶ συγχωρήσας τὴν εἰρήνην
δωρεαῖς τε μεγάλαις καὶ τιμαῖς ἡρωικαῖς ὑπὸ τῶν
ἐγχωρίων ἐτιμήθη. Μετὰ δὲ ταῦτα τοὺς παρὰ τὸν
ποταμὸν ἐξ ἀμφοτέρων τῶν μερῶν κατοικοῦντας,
ὀνομαζομένους δὲ Σόδρας καὶ Μασσανούς,
προσηγάγετο. Περὶ δὲ τούτους τοὺς τόπους ἔκτισε πόλιν
᾿Αλεξάνδρειαν κατὰ τὸν ποταμόν, μυρίους καταλέξας
οἰκήτορας. (5) Μετὰ δὲ ταῦτα εἰς τὴν Μουσικάνου τοῦ
βασιλέως χώραν καταντήσας τόν τε δυνάστην
ὑποχείριον λαβὼν ἀπέκτεινε καὶ τὸ ἔθνος ὑποχείριον
ἐποίησεν. Ἑξῆς δ' εἰς τὴν Πορτικάνου δυναστείαν
ἐμβαλὼν δύο μὲν ἐξ ἐφόδου πόλεις ἐξεπολιόρκησε καὶ
τοῖς στρατιώταις ἐφεὶς διαρπάσαι τὰς οἰκίας ἐνέπρησεν,
αὐτὸν δὲ τὸν Πορτικᾶνον εἰς χωρίον ὀχυρὸν
καταφυγόντα χειρωσάμενος ἀπέκτεινε μαχόμενον. Τὰς
δὲ πόλεις ἁπάσας τὰς ὑπὸ τοῦτον τεταγμένας
ἐκπολιορκήσας κατέσκαψε καὶ πολὺν φόβον τοῖς
πλησιοχώροις ἐπέστησεν.
(6) Ἑξῆς δὲ τήν τε Σάμβου βασιλείαν ἐξεπόρθησε καὶ τὰς
πλείστας πόλεις ἐξανδραποδισάμενος καὶ κατασκάψας
κατέκοψε τῶν βαρβάρων ὑπὲρ τὰς ὀκτὼ μυριάδας. (7)
Τὸ μὲν οὖν ἔθνος τῶν ὀνομαζομένων Βραχμάνων
τοιαύταις περιέπεσε συμφοραῖς· τῶν δὲ λοιπῶν μεθ'
ἱκετηριῶν δεηθέντων τοὺς αἰτιωτάτους κολάσας τοὺς
λοιποὺς ἀπέλυσε τῶν ἐγκλημάτων. Ὁ δὲ βασιλεὺς
Σάμβος μετὰ τριάκοντα ἐλεφάντων φυγὼν εἰς τὴν
πέραν τοῦ ᾿Ινδοῦ χώραν διέφυγε τὸν κίνδυνον.
| [17,102] Cependant le roi ayant fait assembler son armée sur le rivage du
fleuve, reprit le dessein qu'il avoir eu de passer jusque dans l'Océan
méridional. Ainsi s’étant embarqué , il fit sa première descente chez les
Sambastes, à l'orient du fleuve. (2) C'est une nation qui ne cède en
nombre d'hommes et en courage à aucune autre de l'Inde. Dès que ceux
qui habitaient les villes fortes furent instruits de l'arrivée d'Alexandre, ils
mirent sur pied soixante mille homme d'infanterie, six mille de cavalerie et
cinq cents chariots de guerre. (3) Cependant à la seule vue de l'armée
d'Alexandre encore sur le fleuve, ses habitants les plus voisins du rivage,
frappés de son appareil et encore plus de la réputation qui le précédait de
fort loin sur le conseil de leurs anciens qui le dissuadaient beaucoup de
s'opposer ce conquérant, lui députèrent en effet cinquante ambassadeurs
pour le supplier de les traiter favorablement. (4) Le roi reçut leurs avances
de très bonne grâce, et leur accordant la paix il accepta leurs riches
présents et les honneurs héroïques qui lui furent déférés de leur part. En
continuant sa navigation sur le fleuve, il reçut les hommages des Sodres et
des Massanes peuples de l'une et de l'autre rive, et il fonda encore une
Alexandrie, qu'il pourvut lui-même de dix mille habitants. (5) Il parvint
ensuite aux provinces d'un roi qu'on appelait Musicanus, qu'il prit vivant et
qu'il fit mourir, après quoi il se déclara maître de ses états. Débarquant de
même sur les terres d'un autre roi nommé Porticanus, il y assiégea et y prit
d'assaut deux villes, dont il livra le pillage à ses soldats, après quoi il y fit
mettre le feu et les réduisit en cendres. Le roi même Porticanus fut tué les
armes à la main dans une forteresse où il espérait de se défendre.
Alexandre emporta ainsi toutes les autres villes de la contrée et imprima
par tout une grande terreur de son nom. (6) Il fit le même ravage dans les
états du Roi Sambus, réduisant à la captivité les habitants des villes qu'il
faisait ensuite mettre en cendres et son passage avait jusques-là coûté la
vie à quatre vingts mille barbares. (7) La nation des Brachmanes éprouva
le même désastre, de sorte que les peuples voisins ayant enfin recours à
l'obéissance et à la soumission, il se contenta de punir ceux qui avaient
conseillé quelque résistance et il pardonna à tous les autres: Le roi
Sambus avoir pris le parti de se retirer avec trente éléphants, bien loin des
rives du fleuve, pour prévenir ce qui pouvait arriver à sa personne même.
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