[13,84] Οὐ μόνον δὲ περὶ τὸν Τελλίαν συνέβαινεν εἶναι τοῦ πλούτου μεγαλοπρέπειαν,
ἀλλὰ καὶ περὶ πολλοὺς ἄλλους ᾿Ακραγαντίνους. ᾿Αντισθένης γοῦν ὁ ἐπικαλούμενος
῾Ρόδος γάμους ἐπιτελῶν τῆς θυγατρὸς εἱστίασε τοὺς πολίτας ἐπὶ τῶν στενωπῶν ὧν
ᾤκουν ἕκαστοι, καὶ ζεύγη τῇ νύμφῃ συνηκολούθησε πλείω τῶν ὀκτακοσίων· πρὸς δὲ
τούτοις οὐ μόνον οἱ κατ' αὐτὴν τὴν πόλιν ἱππεῖς, ἀλλὰ καὶ τῶν ἀστυγειτόνων πολλοὶ
κληθέντες ἐπὶ τὸν γάμον συμπροέπεμψαν τὴν νύμφην. (2) Περιττότατον δέ φασι
γενέσθαι τὸ περὶ τὴν τοῦ φωτὸς κατασκευήν· τούς τε γὰρ βωμοὺς τοὺς ἐν πᾶσι τοῖς
ἱεροῖς καὶ τοὺς ἐν τοῖς στενωποῖς καθ' ὅλην τὴν πόλιν ἐπλήρωσε ξύλων, καὶ τοῖς ἐπὶ
τῶν ἐργαστηρίων ἔδωκε σχίδακας καὶ κληματίδας, παραγγείλας, ὅταν ἀπὸ τῆς
ἀκροπόλεως ἀναφθῇ πῦρ, ἅπαντας ἐπιτελεῖν τὸ παραπλήσιον· (3) ὧν ποιησάντων τὸ
προσταχθέν, καθ' ὃν καιρὸν ἤγετο ἡ νύμφη, προηγουμένων πολλῶν τῶν τὰς δᾷδας
φερόντων, ἡ μὲν πόλις ἔγεμε φωτός, τὸ δὲ συνακολουθοῦν πλῆθος οὐκ ἐχώρουν αἱ
δημόσιαι κατὰ τὸ ἑξῆς ὁδοί, πάντων συμφιλοτιμουμένων τῇ τἀνδρὸς μεγαλοπρεπείᾳ.
Κατ' ἐκεῖνον γὰρ τὸν χρόνον ᾿Ακραγαντῖνοι μὲν ἦσαν πλείους τῶν δισμυρίων, σὺν δὲ
τοῖς κατοικοῦσι ξένοις οὐκ ἐλάττους τῶν εἴκοσι μυριάδων. (4) Φασὶ δὲ τὸν
᾿Αντισθένην, ἐπειδὴ τὸν υἱὸν ἑώρα πολεμοῦντά τινα τῶν ἀγρογειτόνων πένητα καὶ
βιαζόμενον ἑαυτῷ τὸ ἀγρίδιον πωλῆσαι, μέχρι μέν τινος ἐπιπλήττειν, τῆς δ' ἐπιθυμίας
ἐπίτασιν λαμβανούσης, φῆσαι δεῖν μὴ σπεύδειν πῶς ἄπορον ποιήσῃ τὸν γείτονα,
ἀλλὰ τοὐναντίον ὅπως πλούσιος ὑπάρχῃ· οὕτως γὰρ αὐτὸν ἐπιθυμήσειν μὲν ἀγροῦ
μείζονος, οὐ δυνάμενον δὲ παρὰ τοῦ γείτονος προσαγοράσαι τὸν ὑπάρχοντα
πωλήσειν. (5) Διὰ δὲ τὸ μέγεθος τῆς κατὰ τὴν πόλιν εὐπορίας τοσαύτην συνέβαινε
τρυφὴν εἶναι παρὰ τοῖς ᾿Ακραγαντίνοις, ὥστε μετ' ὀλίγον τῆς πολιορκίας γινομένης
ποιῆσαι ψήφισμα περὶ τῶν ἐν τοῖς φυλακείοις διανυκτερευόντων, ὅπως μή τις ἔχῃ
πλεῖον τύλης καὶ περιστρώματος καὶ κωδίου καὶ δυεῖν προσκεφαλαίων. (6) Τοιαύτης
δὲ τῆς σκληροτάτης στρωμνῆς ὑπαρχούσης, ἔξεστι λογίζεσθαι τὴν κατὰ τὸν λοιπὸν
βίον τρυφήν. Περὶ μὲν οὖν τούτων οὔτε παραδραμεῖν ἠθελήσαμεν οὔτ' ἐπὶ πλεῖον
μακρολογεῖν, ἵνα μὴ τῶν ἀναγκαιοτέρων ἀποπίπτωμεν.
| [13,84] Au reste Gellias n'était pas le seul homme riche qu'il y eut dans Agrigente.
Antisthene, surnommé le Rhodien, célébrant les noces de sa fille traita tous les
citoyens par chaque rue, et faisait suivre la mariée par 800 chariots ; cet
équipage fut même augmenté par un grand nombre de cavaliers des environs,
tous invités, et qui lui faisaient cortège : (2) magnificence encore effacée par la
quantité des feux qui furent allumés à cette occasion : il fit charger de bois les
autels des dieux dans les temples et tous ceux que la dévotion populaire avait
placés dans les rues et ayant fourni encore des bûches coupées et des
sarments à tous les citoyens qui occupaient les boutiques, il leur recommanda
de mettre le feu sur tous les autels de leur voisinage, dans l'instant qu'ils
verraient allumer celui de la citadelle. (3) Cet ordre ayant été exécuté, la
mariée se mit en marche, précédée d'une infinité de gens qui portaient des,
flambeaux à la main de sorte que toute la ville fut en un instant remplie de
lumière au milieu de la nuit ; et les rues ni les places ne pouvaient contenir la
multitude de ceux qui avaient été attirés à ce spectacle par la magnificence de
cet homme et par la faveur qu'on lui portait. Dans le temps dont nous parlons,
le nombre des habitants naturels d'Agrigente était de plus de 20.000
personnes ; mais en y joignant les étrangers qui étaient venus s'y établir, on y
pouvait compter deux cent mille âmes. (4) On dit de ce même Antisthène que
voyant son fils qui persécutait un homme pauvre de ses voisins, pour l'obliger
à lui vendre son champ, il l'en reprit d'abord, mais, comme la passion de son
fils s'augmentait toujours pour cet accroissement de terrain, il lui dit qu'au lieu
de chercher à rendre ce voisin plus pauvre, comme il croirait l'être en cédant
son héritage, il devait chercher à le rendre plus riche parce qu'alors se trouvant
trop serré dans le petit bien qui appartenait, il ne manquerait pas de le vendre
pour se mettre ailleurs plus au large. (5) Au reste l'abondance de toutes
choses avait jeté les Agrigentins dans un tel excès de mollesse, que pendant
le siège fatal que nous allons raconter, il fallut faire une ordonnance par
laquelle il était défendu à tout citoyen montant la garde à son tour dans la
citadelle, d'avoir plus d'un matelas, d'une couverture, d'un chevet et de deux
coussins. (6) Or on peut conclure de l'austérité qu'ils trouvaient à être
renfermés alors dans ces bornes là, quel était leur genre de vie dans les temps
heureux. Je n'ai pas cru devoir omettre ce détail ; mais je n'ai pas dessein non
plus de le porter plus loin et je reviens à des choses plus considérables.
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