[13,81] Διαβοηθείσης δὲ τῆς ᾿Αννίβα βοηθείας κατὰ τὴν νῆσον, ἅπαντες προσεδόκων καὶ
τὰς δυνάμεις εὐθέως διαβιβασθήσεσθαι. Αἱ δὲ πόλεις τὸ μέγεθος τῆς παρασκευῆς
ἀκούουσαι, καὶ συλλογιζόμεναι τὸν ἀγῶνα περὶ τῶν ὅλων ἐσόμενον, οὐ μετρίως
ἠγωνίων. (2) Οἱ μὲν οὖν Συρακόσιοι πρός τε τοὺς κατ' ᾿Ιταλίαν ῞Ελληνας καὶ πρὸς
Λακεδαιμονίους περὶ συμμαχίας διεπέμποντο· ἀπέστελλον δὲ καὶ πρὸς τὰς ἐν Σικελίᾳ
πόλεις τοὺς παρορμήσοντας τὰ πλήθη πρὸς τὸν ὑπὲρ τῆς κοινῆς ἐλευθερίας κίνδυνον.
(3) ᾿Ακραγαντῖνοι δέ, ὁμοροῦντες τῇ τῶν Καρχηδονίων ἐπικρατείᾳ, διελάμβανον,
ὅπερ ἦν, ἐπ' αὐτοὺς πρώτους ἥξειν τὸ τοῦ πολέμου βάρος. Ἔδοξεν οὖν αὐτοῖς τόν τε
σῖτον καὶ τοὺς ἄλλους καρπούς, ἔτι δὲ τὰς κτήσεις ἁπάσας, ἀπὸ τῆς χώρας
κατακομίζειν ἐντὸς τῶν τειχῶν. (4) Κατ' ἐκείνους δὲ τοὺς καιροὺς τήν τε πόλιν καὶ τὴν
χώραν τῶν ᾿Ακραγαντίνων συνέβαινεν εὐδαιμονίας ὑπάρχειν πλήρη· περὶ ἧς οὐκ
ἀνάρμοστόν μοι φαίνεται διελθεῖν. καὶ γὰρ ἀμπελῶνες - - - τοῖς μεγέθεσι καὶ τῷ κάλλει
διαφέροντες, καὶ τὸ πλεῖστον τῆς χώρας ἐλαίαις κατάφυτον, ἐξ ἧς παμπληθῆ
κομιζόμενοι καρπὸν ἐπώλουν εἰς Καρχηδόνα· (5) οὔπω γὰρ κατ' ἐκείνους τοὺς
χρόνους τῆς Λιβύης πεφυτευμένης οἱ τὴν ᾿Ακραγαντίνην νεμόμενοι τὸν ἐκ τῆς
Λιβύης ἀντιφορτιζόμενοι πλοῦτον οὐσίας ἀπίστους τοῖς μεγέθεσιν ἐκέκτηντο. Πολλὰ
δὲ τοῦ πλούτου παρ' αὐτοῖς διαμένει σημεῖα, περὶ ὧν οὐκ ἀνοίκειόν ἐστι βραχέα διελθεῖν.
| [13,81] Le bruit de l'approche de ce général s'étant répandu dans toute l'île, toutes
les villes crurent qu'il amenait son armée entière. Là-dessus les habitants de
l'île, qui avaient ouï parler de ces grands préparatifs, voyant bien qu'il s'agissait
de la fortune totale de la Sicile... tombèrent dans de grandes inquiétudes. (2)
Ceux de Syracuse envoyèrent aussitôt des députés aux Grecs de l'Italie et aux
Lacédémoniens, pour les prier de se joindre à eux dans cette guerre. Ils firent
la même chose à l'égard de ceux qui avaient le plus d'autorité dans les villes
siciliennes, et leur représentèrent qu'il s'agissait du salut public et de la liberté
générale de leur patrie. (3) Les citoyens d'Agrigente en voyant former cet
orage, conçurent bien qu'ils étaient les premiers sur lesquels ils viendrait
fondre. Ainsi ils commencèrent à se fournir de blés et de toute autre sorte de
provisions et à retirer dans leur ville tous les fruits de la campagne qui
pouvaient y être transportés. (4) La Ville d'Agrigente et son territoire était alors
une des plus heureuses habitations qu'il y eut au monde, et il me paraît
convenable d'en faire ici quelque détail. Les vignes y étaient d'une beauté et
d'une hauteur extraordinaire ; mais la plus grande partie du pays était couverte
d'oliviers, qui donnaient une quantité prodigieuse d'olives, qu'on portait vendre
à Carthage (5) car en ce temps-là il y avait peu de plantations dans la Libye ;
de sorte que les Siciliens tiraient des richesses considérables de Carthage par
le commerce de leurs fruits. C'est là ce qui avait donné lieu à ces monuments
superbes, dont je ne ferai ici qu'une légère description.
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