[13,17] Ἐπὶ πολὺν δὲ χρόνον πολλῶν ἀπολλυμένων ἡ μάχη τέλος οὐκ ἐλάμβανεν· οὐδὲ
γὰρ οἱ θλιβόμενοι πρὸς τὴν γῆν φεύγειν ἐτόλμων. Οἱ μὲν γὰρ ᾿Αθηναῖοι τοὺς
ἀφισταμένους τῆς μάχης καὶ τῇ γῇ προσπλέοντας ἠρώτων, εἰ διὰ τῆς γῆς εἰς ᾿Αθήνας
πλεῦσαι νομίζουσιν, οἱ δὲ πεζοὶ τῶν Συρακοσίων τοὺς προσπλέοντας ἀνέκρινον, διὰ
τί βουλομένων αὐτῶν εἰς τὰς τριήρεις ἐμβαίνειν κωλύσαντες αὐτοὺς μάχεσθαι νῦν
προδιδόασι τὴν πατρίδα, καὶ εἰ διὰ τοῦτο ἔφραξαν τὸ στόμα τοῦ λιμένος, ὅπως
κωλύσαντες τοὺς πολεμίους αὐτοὶ φεύγωσιν ἐπὶ τὸν αἰγιαλόν, καὶ τοῦ τελευτᾶν
ὀφειλομένου πᾶσιν ἀνθρώποις ποῖον ζητοῦσι καλλίω θάνατον ἢ τὸν ὑπὲρ τῆς
πατρίδος, ἣν ἔχοντες μάρτυρα τῶν ἀγώνων αἰσχρῶς ἐγκαταλείπουσιν. (2) Τοιαῦτα δὲ
τῶν ἀπὸ τῆς γῆς στρατιωτῶν ὀνειδιζόντων τοῖς προσπλέουσιν, οἱ πρὸς τοὺς αἰγιαλοὺς
ἀποφεύγοντες πάλιν ἀνέστρεφον, καίπερ συντετριμμένας ἔχοντες τὰς ναῦς καὶ ὑπὸ
τῶν τραυμάτων καταβαρούμενοι. (3) Τῶν δὲ παρὰ τὴν πόλιν κινδυνευόντων
᾿Αθηναίων ἐκβιασθέντων καὶ πρὸς φυγὴν ὁρμησάντων, οἱ προσεχεῖς ἀεὶ τῶν
᾿Αθηναίων ἐνέκλινον, καὶ κατ' ὀλίγον ἅπαντες ἐτράπησαν. (4) Οἱ μὲν οὖν Συρακόσιοι
μετὰ πολλῆς κραυγῆς κατεδίωκον τὰς ναῦς ἐπὶ τὴν γῆν· τῶν δὲ ᾿Αθηναίων ὅσοι μὴ
μετέωροι διεφθάρησαν, ἐπεὶ πρὸς τὰ βράχη προσηνέχθησαν, ἐκπηδῶντες ἐκ τῶν
νεῶν εἰς τὸ πεζὸν στρατόπεδον ἔφευγον. (5) Ὁ δὲ λιμὴν πλήρης ἦν ὅπλων τε καὶ
ναυαγίων, ὡς ἂν ᾿Αττικῶν μὲν νεῶν ἀπολομένων ἑξήκοντα, παρὰ δὲ τῶν
Συρακοσίων ὀκτὼ μὲν τελέως διεφθαρμένων, ἑκκαίδεκα δὲ συντετριμμένων. Οἱ δὲ
Συρακόσιοι τῶν τε τριήρων ὅσας δυνατὸν ἦν εἷλκον ἐπὶ τὴν γῆν, καὶ τοὺς
τετελευτηκότας πολίτας τε καὶ συμμάχους ἀνελόμενοι δημοσίας ταφῆς ἠξίωσαν.
| [13,17] Après tant d'efforts et tant de pertes, la bataille n'était pas encore finie. Car
les vaincus n'osaient plus aborder sur le rivage. Les Athéniens demandaient à
ceux des leurs qui y cherchaient leur salut, s'ils croyaient aborder au port
d'Athènes et les soldats de Syracuse disaient à ceux qui venaient se réfugier à
terre, que puisqu'ils avaient voulu prendre leur place dans les vaisseaux où ils
souhaitaient eux-mêmes de monter, c'était à ceux qui leur avaient enlevé cet
honneur, à ne pas abandonner le salut de la patrie, dont ils s'étaient chargés.
Ils ajoutaient ensuite qu'on n'avait pas ôté aux ennemis, par la chaîne qu'ils
avaient faite, la ressource de la fuite, pour la leur laisser à eux-mêmes sur
leurs propres rivages et que tous les hommes étant destinés à la mort, ils
manquaient honteusement, et à la vue de tous leurs concitoyens, la plus belle
qui püt jamais se présenter à eux. (2) Ces reproches obligèrent ceux qui se
croyaient sauvés à remonter dans leurs vaisseaux tous brisés qu'ils étaient, et
couverts eux-mêmes de blessures. (3) Enfin, les Athéniens les plus proches
des murailles plièrent les premiers et leur découragement s'étant communiqué
de proche en proche, toute leur flotte céda enfin et revira de bord. (4) Les
Syracusains jetant de grands cris de dessus leurs vaisseaux, poussèrent avec
violence leurs adversaires contre terre : les soldats athéniens, qui n'avaient
pas péri en mer, s'élançaient de leurs vaisseaux brisés sur la rive la plus
prochaine pour se joindre à leur camp. (5) Et toute la surface du bassin du port
était couverte de planches rompues et de lances ou de flèches qui flottaient
sur l'eau. La perte d'Athènes monta à soixante vaisseaux mis en pièces ; et
Syracuse en eut huit coulés à fond, et seize considérablement endommagés.
Les Syracusains en amenèrent au bord le plus qu'il leur fut possible pour les
réparer ; et cependant ils rendirent par un décret public les honneurs funèbres
à ceux des citoyens ou des alliés qui étaient morts dans le combat.
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