[13,16] Διὸ καὶ πολλοὶ ταῖς τῶν ἐναντίων πρῴραις ἐπιβάντες, τῆς οἰκείας νεὼς ὑφ' ἑτέρας
τρωθείσης, ἐν μέσοις τοῖς πολεμίοις ἀπελαμβάνοντο. Ἔνιοι δὲ σιδηρᾶς χεῖρας
ἐπιβάλλοντες ἠνάγκαζον τοὺς ἀντιταττομένους ἐπὶ τῶν νεῶν πεζομαχεῖν. (2)
Πολλάκις δὲ τὰς ἰδίας ἔχοντες ναῦς συντετριμμένας, εἰς τὰς τῶν ἐναντίων
μεθαλλόμενοι, καὶ τοὺς μὲν ἀποκτείνοντες, τοὺς δ' εἰς τὴν θάλατταν προωθοῦντες,
ἐκυρίευον τῶν τριήρων. Ἁπλῶς δὲ καθ' ὅλον τὸν λιμένα τῶν τ' ἐμβολῶν ψόφος
ἐγίνετο καὶ βοὴ τῶν ἀγωνιζομένων ἐναλλὰξ ἀπολλυμένων. (3) Ὅτε γὰρ ἀποληφθείη
ναῦς ὑπὸ πλειόνων τριήρων, πανταχόθεν τυπτομένη τοῖς χαλκώμασι, τοῦ ῥεύματος
εἰσπίπτοντος αὔτανδρος ὑπὸ τῆς θαλάττης κατεπίνετο. Ἔνιοι δὲ καταδυομένων τῶν
νεῶν ἀποκολυμβῶντες τοῖς τε τόξοις κατετιτρώσκοντο καὶ τοῖς δόρασι τυπτόμενοι
διεφθείροντο. (4) Οἱ δὲ κυβερνῆται θεωροῦντες τεταραγμένην τὴν μάχην, καὶ πάντα
τόπον ὄντα πλήρη θορύβου, καὶ πολλάκις ἐπὶ μίαν ναῦν πλείους ἐπιφερομένας, οὔθ'
ὅ,τι σημαίνοιεν εἶχον, μὴ τῶν αὐτῶν πρὸς ἅπαντα συμφερόντων, οὔτε πρὸς τοὺς
κελεύοντας τοὺς ἐνεδέχετο βλέπειν διὰ τὸ πλῆθος τῶν βελῶν. (5) Ἁπλῶς δὲ τῶν
παραγγελλομένων οὐδεὶς οὐδὲν ἤκουε, τῶν σκαφῶν θραυομένων καὶ
παρασυρομένων τῶν ταρσῶν, ἅμα δὲ καὶ τῇ κραυγῇ τῶν ναυμαχούντων καὶ τῶν ἀπὸ
τῆς γῆς συμφιλοτιμουμένων. (6) Τοῦ γὰρ αἰγιαλοῦ παντὸς τὸ μὲν ὑπὸ τῶν πεζῶν τῶν
᾿Αθηναίων κατείχετο, τὸ δ' ὑπὸ τῶν Συρακοσίων, ὥστ' ἐνίοτε τοὺς παρὰ τὴν γῆν
ναυμαχοῦντας συμμάχους ἔχειν τοὺς ἐπὶ τῆς χέρσου στρατοπεδεύοντας. (7) Οἱ δ' ἐπὶ
τῶν τειχῶν ὅτε μὲν ἴδοιεν τοὺς ἰδίους εὐημεροῦντας, ἐπαιάνιζον, ὅτε δ'
ἐλαττουμένους, ἔστενον καὶ μετὰ δακρύων τοῖς θεοῖς προσηύχοντο. Ἐνίοτε γάρ, εἰ
τύχοι, τῶν Συρακοσίων τριήρων παρὰ τὰ τείχη διαφθείρεσθαί τινας συνέβαινε, καὶ
τοὺς ἰδίους ἐν ὀφθαλμοῖς τῶν συγγενῶν ἀναιρεῖσθαι, καὶ θεωρεῖν γονεῖς μὲν τέκνων
ἀπώλειαν, ἀδελφὰς δὲ καὶ γυναῖκας ἀνδρῶν καὶ ἀδελφῶν οἰκτρὰν καταστροφήν.
| [13,16] Dans cette ardeur, plusieurs s'apercevant que leurs vaisseaux prenait eau
par le choc du vaisseau ennemi, sautaient dans celui-ci et continuaient de
combattre comme dans le leur propre. D'autres, avec des crocs, tiraient à eux
le vaisseau opposé et forçaient ceux qui étaient dessus de venir se battre
corps à corps. (2) D'autres enfin, se jetant plusieurs ensemble dans le
vaisseau attaqué, y tuaient jusqu'au dernier de ceux qui l'occupaient et le
défendaient ensuite comme étant devenu le leur. On entendait partout un bruit
affreux d'ais qui se heurtaient et qui se brisaient et des cris d'hommes qui
tuaient ou qui étaient tués ; (3) mais surtout de ceux qui se trouvant dans un
vaisseau heurté de plusieurs côtés à la fois, périssaient tous ensemble par
l'ouverture totale de leur bâtiment. On n'épargnait pas ceux mêmes, qui après
cet accident, se sauvaient à la nage. On leur portait encore des coups de
lance, où ils servaient de but à des traits qu'on leur tirait. (4) Les chefs qui
voyaient toutes les lignes rompues et toute leur flotte séparée n'avaient plus
d'ordre à donner. Les mêmes signaux ne pouvaient plus suffire à un si grand
nombre de vaisseaux épars et qui se trouvaient dans des circonstances toutes
différentes les uns des autres ; un seul vaisseau entouré souvent de plusieurs
qui l'attaquaient tous ensemble n'aurait pu même apercevoir ces signaux ; et la
seule multitude des traits qui couvraient l'air, les aurait cachés à tout le monde.
(5) En un mot, le choc des vaisseaux, le seul bruit des armes et surtout les cris
de ceux qui exhortaient leurs camarades de dessus le rivage, faisaient qu'on
ne pouvait plus rien entendre. (6) En effet, tous les bords du bassin, qui formait
le port, étaient tellement couverts ou d'Athéniens, en certains endroits, ou de
Syracusains en d'autres, et les vaisseaux côtoyaient la terre de si près, que les
soldats du rivage se trouvaient souvent à portée de soutenir ceux des
vaisseaux. (7) Pour les spectateurs qui bordaient le haut des murailles de la
ville, ou qui s'étaient placés sur des lieux plus élevés, ils ne pouvaient faire
autre chose que de chanter des hymnes de réjouissance, quand les leurs
avaient l'avantage ou de pousser des cris lamentables et d'implorer
l'assistance du ciel, quand ils les voyaient succomber. Car si quelquefois il
arrivait que les vaisseaux de Syracuse heurtassent contre le pied des
murailles, les vieillards, les femmes, les sœurs, avaient sous leurs yeux leurs
fils, leurs maris, leurs frères expirants, sans pouvoir les secourir.
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