[13,13] Οἱ δὲ Συρακόσιοι παρά τινων αὐτομόλων πυθόμενοι τὴν αἰτίαν τοῦ ὑπερτεθεῖσθαι
τὸν ἀπόπλουν, τάς τε τριήρεις πάσας ἐπλήρωσαν, οὔσας ἑβδομήκοντα καὶ τέσσαρας,
καὶ τὰς πεζὰς δυνάμεις ἐξαγαγόντες προσέβαλον τοῖς πολεμίοις καὶ κατὰ γῆν καὶ
κατὰ θάλατταν. (2) Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι τριήρεις πληρώσαντες ἓξ πρὸς ταῖς ὀγδοήκοντα,
τὸ μὲν δεξιὸν κέρας παρέδωκαν Εὐρυμέδοντι τῷ στρατηγῷ, καθ' ὃ ἐτάχθη ὁ τῶν
Συρακοσίων στρατηγὸς ᾿Αγάθαρχος· ἐπὶ δὲ θατέρου μέρους Εὐθύδημος ἐτέτακτο,
καθ' ὃν ἀντετάξατο Σικανὸς τῶν Συρακοσίων ἡγούμενος· τῆς δὲ μέσης τάξεως εἶχε
τὴν ἡγεμονίαν παρὰ μὲν τοῖς ᾿Αθηναίοις Μένανδρος, παρὰ δὲ τοῖς Συρακοσίοις
Πύθης ὁ Κορίνθιος. (3) Ὑπερτεινούσης δὲ τῆς τῶν ᾿Αθηναίων φάλαγγος διὰ τὸ
πλείοσιν αὐτοὺς ἀγωνίζεσθαι τριήρεσιν, οὐχ ἥκιστα καθ' ὃ πλεονεκτεῖν ἐδόκουν κατὰ
τοῦτο ἠλαττώθησαν. Ὁ γὰρ Εὐρυμέδων ἐπιχειρήσας περιπλεῖν τὸ κέρας τῶν
ἐναντίων, ὡς ἀπεσπάσθη τῆς τάξεως, ἐπιστρεψάντων ἐπ' αὐτὸν τῶν Συρακοσίων
ἀπελήφθη πρὸς τὸν κόλπον τὸν Δάσκωνα μὲν καλούμενον, ὑπὸ δὲ τῶν Συρακοσίων
κατεχόμενον. (4) Κατακλεισθεὶς δ' εἰς στενὸν τόπον καὶ βιασθεὶς εἰς τὴν γῆν
ἐκπεσεῖν, αὐτὸς μὲν ὑπό τινος τρωθεὶς καιρίᾳ πληγῇ τὸν βίον μετήλλαξεν, ἑπτὰ δὲ
ναῦς ἐν τούτῳ τῷ τόπῳ διεφθάρησαν. (5) Τῆς δὲ ναυμαχίας ἤδη γινομένης ὅλοις τοῖς
στόλοις, ὡς διεδόθη λόγος τόν τε στρατηγὸν ἀνῃρῆσθαι καί τινας ναῦς ἀπολωλέναι,
τὸ μὲν πρῶτον αἱ μάλιστα συνεγγίζουσαι ταῖς διεφθαρμέναις ναυσὶν ἐνέκλιναν, μετὰ
δὲ ταῦτα τῶν Συρακοσίων ἐπικειμένων καὶ διὰ τὸ γεγονὸς εὐημέρημα θρασέως
ἀγωνιζομένων, βιασθέντες οἱ ᾿Αθηναῖοι πάντες φυγεῖν ἠναγκάσθησαν. (6)
Γενομένου δὲ τοῦ διωγμοῦ πρὸς τὸ τεναγῶδες μέρος τοῦ λιμένος, οὐκ ὀλίγαι τῶν
τριήρων ἐν τοῖς βράχεσιν ἐπώκειλαν. Ὧν συμβαινόντων Σικανὸς ὁ τῶν Συρακοσίων
στρατηγὸς ταχέως ὁλκάδα κληματίδων καὶ δᾴδων, ἔτι δὲ πίττης πληρώσας, ἐνέπρησε
τὰς ἐν τοῖς βράχεσι ναῦς κυλινδουμένας. (7) Ὧν ἀναφθεισῶν οἱ μὲν ᾿Αθηναῖοι ταχέως
τήν τε φλόγα κατέσβεσαν καὶ ἀπὸ τῶν νεῶν ἐρρωμένως ἠμύναντο τοὺς
ἐπιφερομένους, ἄλλην οὐδεμίαν εὑρίσκοντες σωτηρίαν· τὰ δὲ πεζὰ στρατόπεδα
παρεβοήθει παρὰ τὸν αἰγιαλόν, ἐφ' ὃν αἱ ναῦς ἐξεπεπτώκεισαν. (8) Ἁπάντων δὲ
καρτερῶς ὑπομενόντων τὸν κίνδυνον, ἐπὶ μὲν τῆς γῆς ἐτράπησαν οἱ Συρακόσιοι, κατὰ
θάλατταν δὲ προτερήσαντες ἀπέπλευσαν εἰς τὴν πόλιν. ἀπώλοντο δὲ τῶν μὲν
Συρακοσίων ὀλίγοι, τῶν δ' ᾿Αθηναίων ἄνδρες μὲν οὐκ ἐλάττους δισχιλίων, τριήρεις δ'
ὀκτωκαίδεκα.
| [13,13] Les Syracusains instruits par des transfuges de ce retardement et de sa
cause, remplirent d'hommes armés toutes leurs galères, qui étaient au nombre
de soixante et quatorze et les faisant soutenir par d'autres troupes posées sur
le rivage, ils attaquèrent les ennemis par mer et par terre. (2) Les Athéniens,
dont la flotte montait à quatre-vingt-six voiles, donnèrent l'aile droite à
Eurymédon, qui se trouva opposé à Agatarchus et l'Athénien Euthydème, qui
commandait l'aile gauche avait devant lui le Sicilien Sicanus. Le centre était
occupé du côté des Athéniens, par Ménandre et du côté des Syracusains par
Pithès de Corinthe. (3) Or, quoique chaque escadre des Athéniens fut plus
étendue, comme étant composée d'un plus grand nombre de vaisseaux, cet
avantage apparent fut la cause de leur défaite. Car Eurymédon ayant entrepris
d'envelopper l'aile des ennemis qui lui était opposée, les Syracusains qui le
virent hors de sa ligne et séparé du gros de sa flotte, le poussèrent dans le
détroit ou port appelé Dascon, qui était gardé par les Syracusains. (4) Là
contraint de heurter la terre et de sortir de son vaisseau, il reçut un coup
mortel, dont il périt. Sept vaisseaux furent coulés à fond dans ce port. (5) Le
combat naval se soutenait encore un peu plus loin. Mais lorsqu'on y apprit que
le général athénien était tué et qu'on avait perdu sept vaisseaux, la partie de la
flotte athénienne la plus proche de ce détroit et qui apprit la première cette
nouvelle, commença à reculer ; et les vaisseaux syracusains encouragés par
ce succès les poursuivant avec vigueur, toute la flore d'Athènes prit le parti de
la fuite. (6) Mais comme on la poursuivit le long de ce bassin, dont les dehors
étaient dangereux, plusieurs vaisseaux furent arrêtés contre les rochers ou
s'enfoncèrent dans la vase. Le général Sicanus envoya sur eux un brûlot plein
de sarment, de poix et de mèches, auxquelles on mit le feu et qui le
communiquèrent à tous les vaisseaux ennemis, malheureusement tombés
dans cet écueil. (7) Les Athéniens l'éteignaient avec toute la diligence dont ils
étaient capables et n'avaient point d'autre ressource que de repousser, autant
qu'ils pouvaient, ceux qui cherchaient à entretenir cet incendie. Les troupes
qu'ils avaient laissées à terre avant le combat, se rassemblèrent aussi de leur
côté sur le rivage, où quelques vaisseaux brûlants venaient aborder. Ils
tâchaient aussi d'éteindre le feu et donnaient à leurs camarades tous les
secours dont ils pouvaient s'aviser. (8) Les Syracusains qui voulurent les en
empêcher s'en trouvèrent mal; et ayant à faire à des hommes que le péril
même encourageait, ils furent battus sur terre, pendant que leur flore
victorieuse rentrait dans son port. Le combat naval coûta peu de soldats à
Syracuse, au lieu que les Athéniens y perdirent au moins deux mille hommes
et jusqu'à dix-huit vaisseaux.
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