[13,100] Οἱ δ' ᾿Αθηναῖοι διώξαντες ἐφ' ἱκανὸν τοὺς ἡττημένους πάντα τὸν σύνεγγυς τόπον
τῆς θαλάττης ἐπλήρωσαν νεκρῶν καὶ ναυαγίων. Μετὰ δὲ ταῦτα τῶν στρατηγῶν οἱ
μὲν ᾤοντο δεῖν τοὺς τετελευτηκότας ἀναιρεῖσθαι διὰ τὸ χαλεπῶς διατίθεσθαι τοὺς
᾿Αθηναίους ἐπὶ τοῖς ἀτάφους περιορῶσι τοὺς τετελευτηκότας, οἱ δ' ἔφασαν δεῖν ἐπὶ
τὴν Μιτυλήνην πλεῖν καὶ τὴν ταχίστην λῦσαι τὴν πολιορκίαν. (2) Ἐπεγενήθη δὲ καὶ
χειμὼν μέγας, ὥστε σαλεύεσθαι τὰς τριήρεις, καὶ τοὺς στρατιώτας διά τε τὴν ἐκ τῆς
μάχης κακοπάθειαν καὶ διὰ τὸ μέγεθος τῶν κυμάτων ἀντιλέγειν πρὸς τὴν ἀναίρεσιν
τῶν νεκρῶν. (3) Τέλος δὲ τοῦ χειμῶνος ἐπιτείνοντος οὔτε ἐπὶ τὴν Μιτυλήνην
ἔπλευσαν οὔτε τοὺς τετελευτηκότας ἀνείλαντο, βιασθέντες δὲ ὑπὸ τῶν πνευμάτων
εἰς ᾿Αργινούσας κατέπλευσαν. Ἀπώλοντο δὲ ἐν τῇ ναυμαχίᾳ τῶν μὲν ᾿Αθηναίων ναῦς
εἴκοσι πέντε καὶ τῶν ἐν αὐταῖς οἱ πλεῖστοι, τῶν δὲ Πελοποννησίων ἑπτὰ πρὸς ταῖς
ἑβδομήκοντα· (4) διόπερ τοσούτων νεῶν καὶ τῶν ἐν αὐταῖς γεγενημένων ἀνδρῶν
ἀπολωλότων ἐπλήσθη τῆς Κυμαίων καὶ Φωκαέων ἡ παραθαλάττιος χώρα νεκρῶν καὶ
ναυαγίων. (5) Ὁ δὲ τὴν Μιτυλήνην πολιορκῶν ᾿Ετεόνικος πυθόμενός τινος τὴν τῶν
Πελοποννησίων ἧτταν, τὰς μὲν ναῦς εἰς Χίον ἔπεμψε, τὴν δὲ πεζὴν δύναμιν αὐτὸς
ἔχων εἰς τὴν Πυρραίων πόλιν ἀπεχώρησεν,οὖσαν σύμμαχον· ἐδεδοίκει γάρ, μήποτε
τῷ στόλῳ πλευσάντων τῶν ᾿Αθηναίων ἐπ' αὐτοὺς καὶ τῶν ἐκ τῆς πόλεως
ἐπεξελθόντων κινδυνεύσῃ τὴν δύναμιν ἀποβαλεῖν ἅπασαν. (6) Οἱ δὲ τῶν ᾿Αθηναίων
στρατηγοὶ πλεύσαντες εἰς Μιτυλήνην καὶ τὸν Κόνωνα μετὰ τῶν τεσσαράκοντα νεῶν
παραλαβόντες εἰς Σάμον κατέπλευσαν, κἀκεῖθεν ὁρμώμενοι τὴν τῶν πολεμίων
χώραν ἐπόρθουν. (7) Μετὰ δὲ ταῦτα οἱ περὶ τὴν Αἰολίδα καὶ τὴν ᾿Ιωνίαν καὶ τὰς
νήσους τὰς συμμαχούσας Λακεδαιμονίοις συνῆλθον εἰς ῎Εφεσον, καὶ βουλευομένοις
αὐτοῖς ἔδοξεν ἀποστέλλειν εἰς Σπάρτην καὶ Λύσανδρον αἰτεῖσθαι ναύαρχον· οὗτος
γὰρ ἔν τε τῷ τῆς ναυαρχίας χρόνῳ κατωρθωκὼς ἦν πολλὰ καὶ ἐδόκει διαφέρειν
στρατηγίᾳ τῶν ἄλλων. (8) Οἱ δὲ Λακεδαιμόνιοι νόμον ἔχοντες δὶς τὸν αὐτὸν μὴ
πέμπειν, καὶ τὸ πάτριον ἔθος μὴ θέλοντες καταλύειν, ῎Αρακον μὲν εἵλοντο ναύαρχον,
τὸν δὲ Λύσανδρον ἰδιώτην αὐτῷ συνεξέπεμψαν, προστάξαντες ἀκούειν ἅπαντα
τούτου. οὗτοι μὲν ἐκπεμφθέντες ἐπὶ τὴν ἡγεμονίαν ἔκ τε τῆς Πελοποννήσου καὶ παρὰ
τῶν συμμάχων τριήρεις ἤθροιζον ὅσας ἠδύναντο πλείστας.
| [13,100] la poursuite des Athéniens qui fut longue couvrit de corps
morts et de débris de vaisseaux tous les rivages des environs. Quelques-uns
d'entre leurs chefs jugeaient à propos de s'occuper à recueillir leurs morts :
parce qu'on se faisait à Athènes un point de religion de ne pas laisser sans
sépulture ceux qui avaient été tués au service de la patrie. D'autres
soutenaient, au contraire, que le plus pressé était d'aller au secours de
Mitylène et d'en faire lever le siège. (2) Sur ces entrefaites, il s'éleva une
tempête horrible, qui donna de violentes secousses à tous les vaisseaux et qui
incommoda beaucoup tous les soldats déjà très fatigués du combat dont ils
sortaient, de sorte qu'ils s'opposèrent tous à la recherche de leurs morts. (3)
Quand la tempête fut cessée, on ne songea ni à Mitylène, ni aux corps morts,
et le vent même poussa la flotte du côté des Arginuses. Les Athéniens avaient
perdu dans cette bataille vingt-cinq vaisseaux, avec la plus grande partie de
leur équipage. Mais il en était péri soixante et dix-sept du côté des
Péloponnésiens. (4) Aussi tous les environs de Cume et tous les rivages de la
Phocée portaient-ils les indices de cette furieuse bataille, que les flots y
avaient jetés. (5) Cependant Eteonicus qui assiégeait Mitylène apprenant cette
sanglante défaite des Péloponnésiens, envoya ses vaisseaux à Chio et se
retira lui même avec son infanterie dans la Ville des Tyrræens alliée de
Lacédémone, pour éviter que la flotte victorieuse venant l'enfermer d'un côté,
pendant que les assiégés feraient une sortie de l'autre, ne le missent en
danger de perdre toute son armée. (6) Cependant les Athéniens passant à la
vue de Mitylène et prenant là Conon avec quarante vaisseaux, ils vinrent tous
ensemble à Samos. C'est de là qu'ils partaient pour aller ravager les terres de
tous les peuples des environs, qui ne leur étaient pas attachés. (7) D'un autre
côté tous les Lacédémoniens répandus dans l'Éolide, dans l'Ionie, et dans les
îles qui leur étaient alliées, s'assemblèrent à Éphèse. Ils y conclurent qu'il
fallait envoyer à Sparte demander Lysandre pour général. Il avait parfaitement
réussi dans le temps qu'il commandait la flotte et il leur paraissait être
supérieur à tous les autres commandants. (8) Les Spartiates avaient une loi
par laquelle il était défendu de donner deux fois à un même homme la même
fonction publique. Ils ne voulurent pas la violer : ainsi ils nommèrent Aratus
pour général de la flotte. Mais ils joignirent à lui Lysandre sans aucun titre et
ordonnèrent au premier de prendre les avis de celui-ci en toute occasion. Ainsi
partant tous deux de Lacédémone, ils tirèrent du Péloponnèse et de toutes les
îles où ils avaient quelques autorité, autant de vaisseaux qu'il leur fut possible.
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