[7,9] Γενεὰν δὲ τῶν πεφονευμένων τὴν ἄρρενα
κατ´ ἀρχὰς ἐν οὐθενὶ λόγῳ ποιησάμενος, ὕστερον εἴτ´
ἐκ θεοπροπίου τινὸς εἴτε καὶ κατὰ τὸν εἰκότα λογισμὸν
οὐ μικρὸν αὐτῷ δέος ὑποτρέφεσθαι νομίσας ἐπεχείρησε
μὲν ἐν ἡμέρᾳ μιᾷ πᾶσαν ἀπολέσαι· δεήσει δὲ πολλῇ
χρησαμένων ἁπάντων, παρ´ οἷς ἔτυχον αἵ τε μητέρες
αὐτῶν οὖσαι καὶ οἱ παῖδες τρεφόμενοι, χαρίσασθαι
βουλόμενος αὐτοῖς καὶ ταύτην τὴν δωρεὰν θανάτου
μὲν ἀπολύει παρὰ γνώμην, φυλακὴν δὲ ποιούμενος
αὐτῶν, μή τι συστάντες μετ´ ἀλλήλων βουλεύσωσι κατὰ
τῆς τυραννίδος, ἀπιέναι πάντας ἐκέλευσεν ἐκ τῆς πόλεως ἄλλον
ἄλλῃ καὶ δίαιταν ἔχειν ἐν τοῖς ἀγροῖς
μηθενὸς τῶν προσηκόντων ἐλευθέροις παισὶ μήτ´ ἐπιτηδεύματος
μήτε μαθήματος μεταλαμβάνοντας, ἀλλὰ ποιμαίνοντάς τε καὶ
τἆλλα τὰ κατὰ τοὺς ἀγροὺς ἔργα
πράττοντας, θάνατον ἀπειλήσας, εἴ τις ἐξ αὐτῶν εὑρεθείη
παρελθὼν εἰς τὴν πόλιν. οἱ δὲ καταλιπόντες τὰς
πατρῴας ἑστίας ἐν τοῖς ἀγροῖς ὥσπερ δοῦλοι διετρέφοντο τοῖς
ἀποκτείνασι τοὺς πατέρας αὐτῶν λατρεύοντες.
ἵνα δὲ μηδὲ τῶν ἄλλων πολιτῶν ἐν μηθενὶ γένηται
μήτε γενναῖον μήτ´ ἀνδρῶδες φρόνημα, πᾶσαν ἐκθηλῦναι ταῖς
ἀγωγαῖς τὴν ἐπιτρεφομένην νεότητα τῆς
πόλεως ἐπεβάλετο ἀνελὼν μὲν τὰ γυμνάσια καὶ τὰς
ἐνοπλίους μελέτας, ἀλλάξας δὲ τὴν δίαιταν, ᾗ πρότερον
οἱ παῖδες ἐχρῶντο. κομᾶν τε γὰρ τοὺς ἄρρενας ὥσπερ
τὰς παρθένους ἐκέλευσεν ἐξανθιζομένους καὶ βοστρυχιζομένους
καὶ κεκρυφάλοις τὰς πλοκαμίδας ἀναδοῦντας
ἐνδύεσθαί τε ποικίλους καὶ ποδήρεις χιτωνίσκους, καὶ
χλανιδίοις ἀμπέχεσθαι λεπτοῖς καὶ μαλακοῖς, καὶ δίαιταν ἔχειν
ὑπὸ σκιαῖς· ἠκολούθουν τ´ αὐτοῖς εἰς τὰ
διδασκαλεῖα τῶν ὀρχηστῶν καὶ αὐλητῶν καὶ τῶν παραπλησίων
τούτοις μουσοκολάκων παραπορευόμεναι παιδαγωγοὶ γυναῖκες
σκιάδεια καὶ ῥιπίδας κομίζουσαι, καὶ
ἔλουον αὐτοὺς αὗται κτένας εἰς τὰ βαλανεῖα φέρουσαι
καὶ μύρων ἀλαβάστρους καὶ κάτοπτρα. τοιαύτῃ διαφθείρων
ἀγωγῇ τοὺς παῖδας, ἕως ἐκπληρώσωσιν εἰκοστὸν ἔτος, τὸν ἀπὸ
τοῦδε χρόνον εἰς ἄνδρας εἴα τελεῖν.
πολλὰ δὲ καὶ ἄλλα Κυμαίοις ἐνυβρίσας καὶ λωβησάμενος καὶ
οὔτ´ ἀσελγείας οὔτ´ ὠμότητος οὐδεμιᾶς ἀποσχόμενος, ὅτ´
ἀσφαλῶς κατέχειν ὑπελάμβανε τὴν τυραννίδα, γηραιὸς ὢν ἤδη
δίκας ἔτισεν οὐ μεμπτὰς
θεοῖς τε καὶ ἀνθρώποις πρόρριζος ἀπολόμενος.
| [7,9] XVII. D'ABORD, il n'avait fait aucun cas des enfants mâles de ceux
qui avaient été les victimes de sa cruauté : mais dans la suite, soit par un
avertissement de l'oracle, soit qu'il fît réflexion qu'il ne les faisait élever
que pour lui être un sujet éternel de crainte, il résolut de les perdre tous
en un seul jour. Ceux qui avaient épousé leurs mères en dernières noces,
et qui élevaient ces pauvres enfants auprès d'eux, fléchirent le tyran par
leurs prières et leurs larmes, de sorte que pour ne les pas désobliger, il
accorda la vie à ces victimes innocentes. Mais il ne le fit, pour ainsi dire,
que malgré lui, et en même temps il prit toutes les précautions
nécessaires pour empêcher qu'ils ne conspirassent ensemble contre la
tyrannie. Dans cette vue il ordonna qu'ils sortiraient tous de la ville, et
qu'on les dispersât dans les campagnes pour y garder les troupeaux et
s'occuper aux autres exercices de la vie rustique, loin de l'éducation et
des instructions qui conviennent à de jeunes gens de condition, menaçant
même de mort ceux qui reviendraient à la ville après la défense. Ainsi ces
malheureux enfants obligés de quitter leur maison paternelle, furent
élevés à la campagne comme des esclaves, réduits à la triste nécessité
de servir ceux qui avaient trempé leurs mains dans le sang de leurs pères.
XVIII. ENFIN le tyran prit des mesures pour éteindre dans les autres
citoyens tout sentiment de valeur et de courage. Il chercha les moyens
d'énerver toute la jeunesse par une mauvaise éducation. Il supprima les
académies : il défendit les exercices des armes, et changea la manière de
vivre dans laquelle on avait jusqu'alors élevé les jeunes gens. Il obligea
les garçons à laisser croître leurs cheveux à la manière des filles, à les
orner de fleurs, à les boucler, à les lier en forme de réseau, à porter des
robes de différentes couleurs qui décédaient jusques aux talons, avec des
manteaux d'une étoffe fine et déliée ; à passer le temps à l'ombre et dans
la débauche. Quand ils allaient chez leurs maîtres de danse, de flûte ou
d'autres instruments propres à amollir le cœur, ils étaient accompagnés
par des femmes qui leur servaient, pour ainsi dire, de précepteurs, qui
portaient des parasols, des éventails, des peignes, des miroirs, des
étrilles et des boites de parfums pour les laver dans le bain. Quand il avait
corrompu les jeunes gens par cette mauvaise éducation, lorsqu'ils avaient
vingt ans accomplis il les laissait mettre au nombre des hommes faits.
XIX. C'est ainsi qu'il insulta les Cumains, qu'il leur fit mille outrages et
mille injures, et qu'il exerça sur eux toutes sortes de cruautés. Dans le
temps qu'il croyait sa puissance bien affermie et à couvert de toutes les
embûches, déjà accablé de vieillesse, également haï des dieux et des
hommes, il périt misérablement avec toute sa famille, et paya la peine
qu'il avait méritée par tant de crimes.
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