[7,8] Ταῦτ´ εἰπὼν καὶ θαυμαστῶν ἅπαντας ἐμπλήσας
ἐλπίδων τοὺς δημοτικοὺς δύο τὰ κάκιστα τῶν
ἐν ἀνθρώποις καθίσταται πολιτευμάτων, οἷς ἅπασα
χρῆται προοιμίοις τυραννίς, γῆς ἀναδασμὸν καὶ χρεῶν
ἄφεσιν· τούτων δὲ τὴν ἐπιμέλειαν αὐτὸς ἀμφοτέρων
ὑπισχνεῖται ποιήσεσθαι στρατηγὸς ἀποδειχθεὶς αὐτοκράτωρ, ἕως
ἐν ἀσφαλεῖ τὰ κοινὰ γένηται καὶ δημοκρατικὴν
καταστήσωνται πολιτείαν. ἀσμένως δὲ τοῦ
δημοτικοῦ καὶ πονηροῦ πλήθους τὴν ἁρπαγὴν τῶν ἀλλοτρίων
δεξαμένου λαβὼν τὴν αὐτοκράτορα ἀρχὴν αὐτὸς παρ´ ἑαυτοῦ
ἕτερον ἐπιφέρει βούλευμα, δι´ οὗ
παρακρουσάμενος αὐτοὺς ἁπάντων ἀφείλετο τὴν ἐλευθερίαν.
σκηψάμενος γὰρ ὑποπτεύειν ταραχὰς καὶ ἐπαναστάσεις ἐκ τῶν
πλουσίων εἰς τοὺς δημοτικοὺς διὰ
τὸν ἀναδασμὸν τῆς γῆς καὶ τὰς τῶν δανείων ἀφέσεις,
ἵνα μὴ γένοιτο πόλεμος ἐμφύλιος μηδὲ φόνοι πολιτικοί,
μίαν εὑρίσκειν ἔφη πρὶν εἰς τὰ δεινὰ ἐλθεῖν φυλακήν,
εἰ τὰ ὅπλα προενέγκαντες ἐκ τῶν οἰκιῶν ἅπαντες τοῖς
θεοῖς καθιερώσειαν, ἵνα κατὰ τῶν ἔξωθεν ἐπιόντων
πολεμίων ἔχοιεν αὐτοῖς, ὅταν ἀνάγκη τις καταλάβῃ,
χρῆσθαι καὶ μὴ καθ´ ἑαυτῶν, κεῖσθαι δ´ αὐτὰ τέως
παρὰ τοῖς θεοῖς ἐν καλῷ. ὡς δὲ καὶ τοῦτ´ ἐπείσθησαν,
αὐθημερὸν ἁπάντων παρελόμενος Κυμαίων τὰ ὅπλα
ταῖς ἑξῆς ἡμέραις ἔρευναν ἐποιεῖτο τῶν οἰκιῶν, ἐν αἷς
πολλοὺς καὶ ἀγαθοὺς ἀποκτείνας τῶν πολιτῶν, ὡς οὐχ
ἅπαντα τοῖς θεοῖς ἀποδείξαντας τὰ ὅπλα, μετὰ ταῦτα
φυλακαῖς τρισὶ κρατύνεται τὴν τυραννίδα· ὧν ἦν μία
μὲν ἐκ τῶν ῥυπαρωτάτων {τε καὶ πονηροτάτων} πολιτῶν, μεθ´ ὧν
κατέλυσε τὴν ἀριστοκρατικὴν πολιτείαν,
ἑτέρα δ´ ἐκ τῶν ἀνοσιωτάτων δούλων, οὓς αὐτὸς ἠλευθέρωσεν
ἀποκτείναντας τοὺς αὑτῶν δεσπότας, τρίτη δὲ
μισθοφόρος ἐκ τῶν ἀγριωτάτων βαρβάρων· οὗτοι δισχιλίων οὐκ
ἐλάττους ἦσαν καὶ τὰ πολέμια μακρῷ τῶν
ἄλλων ἀμείνους. ὧν δ´ ἀπέκτεινεν ἀνδρῶν τὰς εἰκόνας
ἀνελὼν ἐκ παντὸς ἱεροῦ καὶ βεβήλου τόπου, φέρων εἰς
τοὺς αὐτοὺς τόπους τὰς ἰδίας ἀντ´ ἐκείνων ἀνέστησεν·
οἰκίας δ´ αὐτῶν καὶ κλήρους καὶ τὴν λοιπὴν ὕπαρξιν
ἀναλαβών, ἐξελόμενος χρυσὸν καὶ ἄργυρον καὶ εἴ τι
ἄλλο τυραννίδος ἦν ἄξιον κτῆμα, τὰ λοιπὰ τοῖς
συγκατασκευάσασι τὴν ἀρχὴν ἐχαρίσατο, πλείστας δὲ καὶ
μεγίστας δωρεὰς τοῖς ἀποκτείνασι τοὺς ἑαυτῶν δεσπότας ἐδίδου·
οἱ δ´ ἠξίουν ἔτι καὶ γυναιξὶ τῶν δεσποτῶν
καὶ θυγατράσι συνοικεῖν.
| [7,8] Par ces discours il remplit les plébéiens de merveilleuses espérances. Il
commence son administration par deux des plus beaux règlements,
comme font ordinairement tous les tyrans. Il distribue des terres, il
accorde l'abolition des dettes, il promet qu'il aura soin de maintenir ces
deux établissements, et que si on veut lui donner l'autorité absolue jusqu'à
ce qu'il ait affermi l'état, il donnera à la république la forme d'un
gouvernement populaire. Les plébéiens, et surtout la plus méchante
canaille, acceptent volontiers ses offres, dans l'espérance de s'emparer
du bien d'autrui et Aristodème prend aussitôt en main l'autorité
souveraine, sans attendre qu'on la lui donne.
XV. DES qu'il se voit maître, il leur fait confidence d'un projet qui ne
tend qu'à les tromper et à les réduire sous un honteux esclavage. Il feint
d'appréhender de nouveaux troubles : qu'il y a à craindre que les riches
irrités par la distribution des terres et par l'abolition des dettes, ne se
soulèvent contre le peuple, qu'il ne voit qu'un seul moyen de prévenir le
mal et d'empêcher les citoyens d'éclater en une guerre civile qui serait
suivie d'une infinité de meurtres : que l'unique remède contre tant de
maux, est d'ôter toutes les armes de leurs maison et de les consacrer aux
dieux, afin de pouvoir s'en servir, non contre eux-mêmes, mais dans les
guerres du dehors, quand il en sera besoin : que jusqu'à ce temps-là elles
ne peuvent être mieux placées que dans les temples et aux pieds des
dieux. Ils se laissèrent aller à cette proposition, et dès le même jour le
tyran ôta les armes à tous les bourgeois de Cumes. Les jours suivants, il
visita les maisons des particuliers, où il fit tuer plusieurs braves citoyens
sous prétexte qu'ils n'avaient pas offert toutes leurs armes aux dieux.
XVI. APRES cela, il affermit sa tyrannie par trois compagnies de
gardes, dont l'une était composée des plus infâmes et des plus scélérats
des citoyens, qui lui avaient aidé à détruire le gouvernement
aristocratique, l'autre, des esclaves à qui il avait donné la liberté pour
avoir assassiné leurs maîtres, la troisième enfin consistait en une troupe
de Barbares des plus féroces qu'il avait à sa solde. Ceux-ci n'étaient pas
moins de deux mille, tous meilleurs soldats que les autres. Il ôta de tous
les temples les statues de ceux qu'il avait fait égorger, il les fit jeter dans
des cloaques et autres lieux immondes, et il éleva la sienne à leur place. Il
s'empara de leurs maisons, de leurs héritages et de tous leurs biens. Il
retint pour lui l'or, l'argent, et tout ce qui était digne d'un tyran ; il donna le
reste à ceux qui lui avaient aide à se saisir de l'autorité souveraine. Mais il
n'y en eut point à qui il fit de plus riches ni de plus beaux présents, qu'à
ces indignes esclaves, qui après avoir massacré leurs maîtres, poussaient
encore l'insolence jusqu'à vouloir épouser leurs femmes et leurs filles.
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