[7,65] Αὕτη πρώτη κατ´ ἀνδρὸς πατρικίου πρόσκλησις
εἰς τὸν δῆμον ἐγένετο ἐπὶ δίκῃ. καὶ ἀπ´ ἐκείνου
τοῦ χρόνου τοῖς ὕστερον λαμβάνουσι τὴν τοῦ
δήμου προστασίαν ἔθος κατέστη καλεῖν οὓς δόξειε τῶν
πολιτῶν δίκην ὑφέξοντας ἐπὶ τοῦ δήμου· καὶ ἐνθένδε
ἀρξάμενος ὁ δῆμος ἤρθη μέγας, ἡ δ´ ἀριστοκρατία
πολλὰ τοῦ ἀρχαίου ἀξιώματος ἀπέβαλε βουλῆς τε μετέχειν
ἐπιτρέπουσα τοῖς δημοτικοῖς καὶ ἀρχὰς μετιέναι
συγχωροῦσα ἱερῶν τε προστασίας λαμβάνειν οὐ κωλύουσα καὶ
ὅσα ἄλλα τιμιώτατα ἦν καὶ ἴδια τῶν πατρικίων μόνων ἅπασι
κοινωσαμένη, τὰ μὲν ὑπ´ ἀνάγκης
τε καὶ ἄκουσα, τὰ δ´ ἐκ προνοίας τε καὶ σοφίας, ὑπὲρ
ὧν κατὰ τὸν οἰκεῖον καιρὸν ἐρῶ. τοῦτο μέντοι τὸ ἔθος,
{λέγω δὲ} τὸ καλεῖσθαι τοὺς ἐν τῇ πόλει δυναστεύοντας ἐπὶ δίκην,
ἧς ὁ δῆμος ἐγίνετο κύριος, πολλὰς ἂν
παράσχοι λόγων ἀφορμὰς τοῖς ἐπαινεῖν αὐτὸ βουλομένοις ἢ
ψέγειν. πολλοὶ μὲν γὰρ ἤδη καλοὶ καὶ ἀγαθοὶ
ἄνδρες οὐκ ἄξια τῆς ἀρετῆς ἔπαθον, αἰσχρῶς καὶ κακῶς τὰς
ψυχὰς ὑπὸ τῶν δημάρχων ἀφαιρεθέντες· πολλοὶ δ´ αὐθάδεις καὶ
τυραννικοὶ τοὺς τρόπους λόγον
ἀναγκασθέντες ὑποσχεῖν τοῦ βίου καὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων δίκας
τὰς προσηκούσας ἔδοσαν. ὁπότε μὲν οὖν
ἀπὸ τοῦ κρατίστου γένοιντο αἱ διαγνώσεις, καὶ καθαιρεθείη τὰ
τῶν μεγάλων αὐχήματα σὺν δίκῃ, μέγα τι
καὶ θαυμαστὸν ἐφαίνετο εἶναι χρῆμα καὶ ὑπὸ πάντων
ἐπῃνεῖτο, ὁπότε δ´ ἀρετὴ φθονηθεῖσα ἀνδρὸς τὰ κοινὰ
εὖ διοικοῦντος ἀδίκως ἀναιρεθείη, δεινόν τι τοῖς ἄλλοις
κατεφαίνετο, καὶ οἱ τοῦ ἔθους ἄρξαντες κατηγοροῦντο.
πολλάκις τε βουλευσάμενοι οἱ Ῥωμαῖοι, πότερα χρὴ
καταλῦσαι αὐτὸ ἢ φυλάττειν, οἷον παρὰ τῶν προγόνων
παρέλαβον, οὐθὲν ἐπέθηκαν τῇ βουλῇ πέρας. εἰ δὲ
δεῖ καὶ αὐτὸν ἀποφήνασθαι περὶ τηλικούτων πραγμάτων
γνώμην, ἐμοὶ δοκεῖ τὸ μὲν ἔθος αὐτὸ καθ´ ἑαυτὸ
ἐξεταζόμενον χρήσιμον εἶναι καὶ πόλει τῇ Ῥωμαίων
ἀναγκαιότατον, κρεῖττον δὲ καὶ χεῖρον γίνεσθαι παρὰ
τοὺς τῶν δημάρχων τρόπους. ὅταν μὲν γὰρ τύχωσι
τῆς ἐξουσίας ταύτης ἄνδρες δίκαιοι καὶ σώφρονες καὶ
τὰ κοινὰ ἀναγκαιότερα τῶν ἰδίων τιθέμενοι, ὁ μὲν
ἀδικῶν τὰ κοινὰ τιμωρίαν δούς, ἣν προσῆκε, πολὺ
δέος τοῖς ὅμοια παρεσκευασμένοις δρᾶν ἐνειργάσατο,
ὁ δ´ ἀγαθὸς καὶ ἀπὸ τοῦ κρατίστου πρὸς τὰ κοινὰ
παριὼν οὔτε δίκην ἀσχήμονα ὑπέσχεν οὔτ´ εἰς αἰτίας
ἀλλοτρίους τῶν ἐπιτηδευμάτων κατέστη. ὅταν δὲ πονηροὶ καὶ
ἀκόλαστοι καὶ φιλοκερδεῖς ἄνθρωποι τηλικαύτης ἐξουσίας
τύχωσι, τἀναντία τούτων γίνεται. ὥστ´
οὐ τὸ ἔθος ἐπανορθοῦσθαι προσῆκεν ὡς ἡμαρτημένον,
ἀλλὰ σκοπεῖν, ὅπως ἄνδρες καλοὶ καὶ ἀγαθοὶ τοῦ δήμου
γενήσονται προστάται καὶ μὴ τοῖς τυχοῦσι τὰ μέγιστα εἰκῆ
ἐπιτραπήσεται.
| [7,65] CHAPITRE DIXIEME.
I. C'EST ici la première fois qu'un patricien ait été cité au tribunal du
peuple pour y être jugé. Depuis ce temps là les magistrats plébéiens ont
établi la coutume de citer au tribunal du peuple quelque citoyen que ce
puisse être. Sa puissance s'est augmentée considérablement. Les grands
au contraire ont beaucoup perdu de leur ancienne dignité, pour avoir
admis les plébéiens dans le sénat, aux charges, aux dignités
sacerdotales, et à tous les plus grands honneurs qui n'appartenaient
auparavant qu'aux seuls patriciens. Ils en ont usé de la sorte, partie
malgré eux et par nécessité, partie par une conduite sage et prudente,
comme je le dirai en son lieu.
II. Au reste, cette coutume, {j'entends la coutume} de citer les plus
puissants de la ville au tribunal du peuple pour y être jugés, peut fournir
une ample matière aux réflexions de ceux qui voudront {la} louer ou {la}
blâmer. D'un côté plusieurs personnes de distinction ont été traitées
indignement par les tribuns, et livrées à une mort honteuse sans l'avoir
mérité. Mais aussi combien a-t-on vu de mauvais citoyens, d'esprits fiers
et tyranniques, qui ont été obligés de rendre compte de leur conduite, et
qui ont porté les peines dues à leur arrogance insoutenable ? Lors donc
que les procédures se faisaient dans les règles de la justice, et que par
des voies légitimes on rabattait la fierté des plus puissants, c'était un
grand coup d'état : rien ne paraissait de plus digne de l'admiration et des
éloges d'un chacun. Mais quand par un effet contraire, des hommes d'une
conduite irréprochable dans l'administration de la république, ont été
dégradés par envie et maltraités contre toute justice, on s'est récrié contre
une si détestable coutume et on en a blâmé les auteurs. Les Romains ont
même délibéré plusieurs fois s'il fallait l'abolir ou la conserver telle qu'ils
l'avaient reçue de leurs pères : mais toutes leurs délibérations n'ont rien
entériné. Pour moi, s'il m'est permis de dire mon sentiment sur une question
si importante, j'estime que cette coutume considérée en elle-même était
utile et, très nécessaire à la république Romaine, mais qu'elle est
devenue tantôt salutaire, tantôt mauvaise, selon le différent génie des
tribuns. Quand la dignité tribunitienne tombait à des hommes justes,
modérés, prudents, et moins attachés à leur intérêt particulier qu'à celui
de l'état, quiconque faisait quelque tort à la république ne manquait pas
de porter la peine qu'il avait méritée. Cette punition servait d'exemple aux
autres citoyens, et personne n'était assez hardi pour former de pareilles
entreprises. D'un autre côté ceux qui prenaient le maniment des affaires
avec de bonnes intentions, n'étaient point en danger ni de se voir
maltraités par un jugement ignominieux, ni d'être accusés de crimes
entièrement opposés à leur conduite. Mais quand par malheur on donnait
le tribunat à des hommes méchants, avides de gain, sans aucune
modération, sans honneur et sans probité, il en arrivait tout le contraire. Il
ne s'agissait donc pas alors de réformer cette coutume comme mauvaise
: mais on ne pouvait prendre trop de précautions pour ne créer que des
tribuns d'une conduite irréprochable et pour ne pas donner une dignité si
relevée au premier venu.
|