[7,60] Συγχωρηθέντος δ´ αὐτοῖς καὶ τούτου μόγις
ὑπὸ τῶν πατρικίων, ἐπειδὴ τὴν δίκην ἐχρῆν λέγεσθαι,
πρῶτος ἀνέβη Μηνύκιος, ἅτερος τῶν ὑπάτων, καὶ ἔλεξεν
οὓς ἐπέστειλεν αὐτῷ λόγους ἡ βουλή· πρῶτον μὲν
ἁπάσας τὰς εὐεργεσίας ὑπομιμνήσκων, ὅσας ἦν εἰληφὼς ὁ δῆμος
παρὰ τῶν πατρικίων, ἔπειτ´ ἀξιῶν ἀντὶ
πολλῶν καὶ καλῶν ἔργων μίαν ἀποδοθῆναι παρὰ τοῦ
δήμου δεομένοις σφίσιν ἀναγκαίαν χάριν ἐπὶ τῷ κοινῷ
τῆς πόλεως ἀγαθῷ. πρὸς δὲ τούτοις ἐπαινῶν μὲν ὁμόνοιαν καὶ
εἰρήνην, καὶ ὅσης εὐδαιμονίας ἑκάτερον τούτων αἴτιόν ἐστι ταῖς
πόλεσιν ἐπιλεγόμενος, κατηγορῶν
δὲ διχοστασίας καὶ πολέμων ἐμφυλίων, ἐξ ὧν πόλεις
αὐτάνδρους ἀπέφαινεν ἀνῃρῆσθαι καὶ ἔθνη ὅλα διολωλέναι·
παρακαλῶν δὲ μὴ τὰ χείρω αἱρεῖσθαι πρὸ τῶν
κρειττόνων ὀργῇ ἐπιτρέψαντας, ἀλλ´ ἐκ λογισμοῦ σώφρονος τὰ
μέλλοντα ὁρᾶν, μηδὲ τοῖς κακίστοις τῶν
πολιτῶν χρῆσθαι συμβούλοις περὶ τῶν μεγίστων βουλευομένους,
ἀλλὰ τοῖς κρατίστοις σφίσιν εἶναι δοκοῦσιν,
ὑφ´ ὧν ᾔδεσαν ἐν εἰρήνῃ τε καὶ κατὰ πολέμους πολλὰ
ὠφελημένην τὴν πατρίδα, οἷς οὐκ ἂν δικαιώσωσιν ὡς
μεταβεβλημένοις τὴν φύσιν ἀπιστεῖν. ἓν δὲ κεφάλαιον
ἦν ἁπάντων τῶν λόγων, μηδεμίαν αὐτοὺς ἐπενεγκεῖν
κατὰ τοῦ Μαρκίου ψῆφον, ἀλλὰ μάλιστα μὲν δι´ αὐτὸν
ἀφεῖναι τῆς δίκης τὸν ἄνδρα ἀναμιμνησκομένους, οἷος
εἰς τὰ κοινὰ ἐγένετο καὶ ὅσους κατώρθωσεν ὑπὲρ τῆς
κοινῆς ἐλευθερίας τε καὶ ἡγεμονίας πολέμους, καὶ ὡς
οὔτε ὅσια οὔτε δίκαια οὔτε προσήκοντα σφίσι ποιήσουσι,
λόγων μὲν αὐτῷ μνησικακοῦντες φαύλων, ἔργων δ´
ἀχαριστοῦντες καλῶν. εἶναι δὲ καὶ τὸν καιρὸν τῆς
ἀφέσεως καλόν, ὅτε γ´ αὐτὸς ἥκει παρέχων τὸ σῶμα
τοῖς διαφόροις καὶ στέρξων, ὅ τι ἂν ἐκεῖνοι περὶ αὐτοῦ
διαγνῶσιν. εἰ δ´ οὐχ οἷοί τέ εἰσι διαλύσασθαι πρὸς
ἐκεῖνον, ἀλλὰ χαλεπῶς καὶ ἀπαραιτήτως ἔχουσιν, ἐνθυμηθέντας,
ὅτι ἡ βουλὴ δεησομένη περὶ αὐτοῦ πάρεισιν,
ἄνδρες οἱ κράτιστοι τῆς πόλεως τριακόσιοι, παθεῖν τι
καὶ ἐπικλασθῆναι τὰς γνώμας, καὶ μὴ δι´ ἑνὸς ἐχθροῦ
τιμωρίαν τοσούτων δέησιν ἀπώσασθαι φίλων, ἀλλὰ
πολλῶν καὶ ἀγαθῶν ἀνδρῶν χάριτι δίκην ἀνδρὸς ἑνὸς
ὑπεριδεῖν. Ταῦτα καὶ παραπλήσια τούτοις εἰπὼν τελευταῖον
ἐκεῖνον ἐπέθηκε τὸν λόγον, ὅτι ψήφου μὲν
ἐπαχθείσης, ἐὰν ἀπολύσωσι τὸν ἄνδρα, διὰ τὸ μηδὲν
ἀδικεῖσθαι τὸν δῆμον ὑπ´ αὐτοῦ δόξουσιν ἀφεικέναι·
ἐὰν δὲ κωλύσωσιν ἐπιτελεσθῆναι τὴν δίκην τοῖς δεομένοις
ὑπὲρ αὐτοῦ φανήσονται κεχαρισμένοι.
| [7,60] II. LES tribuns ayant donc obtenu des patriciens ce qu'ils
demandaient, quoiqu'avec bien de la peine : quand on fut sur le point
d'entamer la cause de l'accusé, Minucius l'un des consuls se plaça en un
endroit élevé, et exposa les ordres que le sénat lui avait donnés. D'abord
il rappela le souvenir de tous les bienfaits dont les patriciens avaient
comblé le peuple, et pour récompense de tant de bons offices il lui
demanda une seule chose qui était nécessaire à ceux-ci et utile à l'état.
Ensuite il fit l'éloge de la paix et de la concorde : il s'étendit sur le bonheur
qu'elles procurent aux villes où elles règnent. Il blâma les séditions et les
guerres civiles, qui avaient fait périr une infinité de villes avec tous leurs
habitants, et même des nations entières. Il exhorta les plébéiens de ne se
pas se laisser tellement emporter à leur colère qu'elle leur fît embrasser le
mauvais parti au lieu du bon. Il les conjura de prendre de sages
précautions pour l'avenir, et de suivre dans les affaires importantes, non
pas les conseils des mauvais citoyens, mais ceux des gens de bien, qu'ils
connaissaient pour avoir rendu de grands services à l'état tant dans la
paix que dans la guerre, et dont ils ne pouvaient se défier, comme s'ils
avaient changé de sentiments et de volonté, et qu'ils eussent moins de
zèle qu'autrefois pour le salut de la république. Enfin le principal but de
tout son discours fut de les détourner de porter un jugement contre
Marcius, et de les engager à l'absoudre en considération de son mérite. Il
les priait de se souvenir de quelle manière ce brave citoyen avait servi la
république, dans combien d'expéditions on l'avait mis à la tête des
troupes, et combien de guerres il avait heureusement terminées en
prenant la défense de la liberté publique. Il leur faisait voir qu'il n'était ni
juste ni digne d'eux de s'arrêter à quelques discours de peu de
conséquence qui étaient échappés à Marcius, et d'oublier les services
importants qu'il avait rendus à l'état. Qu'ils avaient une belle occasion de
l'absoudre, puisqu'il se livrait lui-même à ses accusateurs, prêt de s'en
tenir à leur jugement, Que si leur haine était si implacable qu'ils ne pusse
se réconcilier avec lui, ils devaient du moins avoir quelque égard aux
prières du sénat. Que cette auguste compagnie composée des trois cents
premières têtes de Rome, venait demander grâce pour lui. Qu'ils devaient
donc laisser fléchir leur colère et ne pas désobliger un si grand nombre
d'amis pour assouvir leur vengeance contre un seul ennemi. Qu'en
considération de tant d'illustres intercesseurs, il fallait lui faire grâce, ou
mépriser ses insultes, s'il en avait fait. Avant allégué ces motifs et autres
semblables, il ajouta par manière d'avertissement, que s'ils l'absolvaient
après avoir recueilli les suffrages, on dirait qu'ils ne le renverraient absous
que parce qu'ils l'auraient trouvé innocent: qu'au contraire s'ils le
renvoyaient sans examiner sa cause et sans pousser plus loin la
procédure, ils seraient réputés avoir accordé sa grâce à ses intercesseurs.
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