[7,6] Ὁ δ´ Ἀριστόδημος τοσοῦτον εἰπὼν μόνον, ὡς
οὐ λέληθεν αὐτὸν ἡ διάνοια τῶν ἐχθρῶν, ὅτι λόγῳ
μὲν ἐπὶ συμμαχίαν αὐτὸν ἀποστέλλουσιν, ἔργῳ δ´ εἰς
προὖπτον ὄλεθρον, δέχεται μὲν τὴν στρατηγίαν, ἀναχθεὶς δ´ ἅμα
τοῖς πρέσβεσι τῶν Ἀρικηνῶν διὰ ταχέων
καὶ τὸ μεταξὺ πέλαγος ἐπιπόνως καὶ κινδυνωδῶς διανύσας
ὁρμίζεται κατὰ τοὺς ἔγγιστα τῆς Ἀρικείας αἰγιαλούς·
καὶ καταλιπὼν ἐν ταῖς ναυσὶ φυλακὴν ἀποχρῶσαν ἐν
τῇ πρώτῃ νυκτὶ τὴν ἀπὸ θαλάσσης ὁδὸν οὐ πολλὴν
οὖσαν διανύσας ἐπιφαίνεται τοῖς Ἀρικηνοῖς περὶ τὸν
ὄρθρον ἀπροσδόκητος. θέμενος δὲ πλησίον αὐτῶν τὸν
χάρακα καὶ τοὺς καταπεφευγότας εἰς τὰ τείχη πείσας
προελθεῖν εἰς ὕπαιθρον προὐκαλεῖτο τοὺς Τυρρηνοὺς
εὐθὺς εἰς μάχην. γενομένου δ´ ἐκ παρατάξεως ἀγῶνος
καρτεροῦ οἱ μὲν Ἀρικηνοὶ βραχὺν πάνυ διαμείναντες
χρόνον ἐνέκλιναν ἀθρόοι, καὶ γίνεται πάλιν εἰς· τὸ
τεῖχος αὐτῶν φυγή· ὁ δ´ Ἀριστόδημος σὺν τοῖς περὶ
αὐτὸν λογάσι Κυμαίων ὀλίγοις οὖσι πᾶν τὸ τοῦ πολέμου
βάρος ὑποστὰς καὶ τὸν ἡγεμόνα τῶν Τυρρηνῶν
αὐτοχειρίᾳ κτείνας τρέπει τοὺς ἄλλους εἰς φυγὴν καὶ
νίκην ἀναιρεῖται πασῶν λαμπροτάτην. διαπραξάμενος
δὲ ταῦτα καὶ τιμηθεὶς ὑπὸ τῶν Ἀρικηνῶν πολλαῖς
δωρεαῖς ἀπέπλει διὰ ταχέων αὐτὸς ἄγγελος τοῖς Κυμαίοις τῆς
αὑτοῦ νίκης βουλόμενος γενέσθαι· εἵποντο
δ´ αὐτῷ πολλαὶ πάνυ τῶν Ἀρικηνῶν ὁλκάδες τὰ λάφυρα καὶ τοὺς
αἰχμαλώτους τῶν Τυρρηνῶν ἄγουσαι.
ὡς δὲ πλησίον ἐγένοντο τῆς Κύμης, ὁρμίσας τὰς ναῦς
ἐκκλησίαν τοῦ στρατοῦ ποιεῖται, καὶ πολλὰ μὲν τῶν
προεστηκότων τῆς πόλεως κατηγορήσας, πολλοὺς δὲ
τῶν ἀνδραγαθησάντων κατὰ τὴν μάχην ἐπαίνους διελθὼν
ἀργύριόν τε διαδοὺς αὐτοῖς κατ´ ἄνδρα καὶ τὰς
παρὰ τῶν Ἀρικηνῶν δωρεὰς εἰς κοινὸν ἅπασι καταθεὶς
ἠξίου μεμνῆσθαι τῶν εὐεργεσιῶν, ἂν καταπλεύσωσιν
εἰς τὴν πατρίδα, καὶ ἄν τις αὐτῷ ποτε συμβαίνῃ κίνδυνος ἐκ τῆς
ὀλιγαρχίας ὡς δύναμις ἑκάστῳ βοηθεῖν.
ἁπάντων δὲ πολλὰς ὁμολογούντων αὐτῷ χάριτας εἰδέναι τῆς τ´
ἀνελπίστου σωτηρίας, ἣν δι´ ἐκεῖνον ἔσχον,
καὶ τῆς ἐπὶ τὰ οἰκεῖα οὐ σὺν κεναῖς χερσὶν ἀφίξεως,
καὶ τὰς ἑαυτῶν ψυχὰς θᾶττον ἢ τὴν ἐκείνου προήσεσθαι τοῖς
ἐχθροῖς ἐπαγγειλαμένων, ἐπαινέσας αὐτοὺς
ἀπέλυσε τὴν ἐκκλησίαν. καὶ μετὰ τοῦτο καλῶν εἰς τὴν
αὑτοῦ σκηνὴν τοὺς πονηροτάτους ἐξ αὐτῶν καὶ κατὰ
χεῖρα γενναιοτάτους δωρεῶν τε δόσει καὶ λόγων φιλανθρωπίᾳ
καὶ ταῖς ἅπαντας ἐξαπατώσαις ἐλπίσι διαφθείρας,
ἑτοίμους ἔσχε συγκαταλῦσαι τὴν καθεστῶσαν πολιτείαν.
| [7,6] VIII. Aristodème se contenta de dire qu'il n'ignorait pas le dessein de
ses ennemis, qui sous prétexte d'envoyer du secours à leurs alliés,
l'envoyaient lui même à une mort certaine. Il accepta néanmoins le
commandement des troupes, et mit promptement à la voile avec les
ambassadeurs Ariciens. Il passa la mer avec beaucoup de peine et de
danger, et il aborda aux côtes d'Aricie où il laissa dans les vaisseaux une
garnison suffisante. Dès que la nuit fut venue, il partit du rivage qui n'est
pas fort éloigné de la ville, et après quelques heures de marche, il se
montra vers le point du jour aux Ariciens dans le moment qu'ils ne s'y
attendaient point. Il se campa auprès de la ville, et ayant engagé les
assiégés à faire une sortie il présenta aussitôt la bataille aux Tyrrhéniens.
Les deux armées se rangèrent en bataille, on en vint aux mains, et le
combat fut des plus rudes. Les Ariciens après avoir soutenu un peu de
temps, plièrent enfin et se sauvèrent en foule dans l'enceinte de leurs
murailles. Aristodème tint ferme avec une poignée de Cumains choisis qui
ne l'abandonnèrent jamais. Il soutint tout le poids du combat : il tua de sa
main le général des Tyrrhéniens : il mit les barbares en fuite, et remporta
la plus belle et la plus signalée de toutes les victoires.
IX. APRES cette grande action, les Ariciens le comblèrent des plus
magnifiques présents, et il se remît promptement en mer pour annoncer
lui même la victoire aux Cumains. Il était suivi d'un grand nombre de
vaisseaux de charge d'Aricie, qui portaient les dépouilles et les
prisonniers Tyrrhéniens.
X. QUAND il fut arrivé auprès de Cumes, il mit les vaisseaux à la
rade, et assembla ses soldats. Après plusieurs accusations contre les
premiers de la ville, il fit par un long discours l'éloge de ceux qui s'étaient
signalés dans le combat, et leur donna à chacun une certaine somme
d'argent. Ensuite il mit en commun les présents des Ariciens, et les leur
ayant distribués, il les conjura de se ressouvenir de ses bienfaits quand ils
seraient de retour dans leur patrie, et de le secourir de toutes leurs forces
s'il était menacé de quelque danger de la part des grands et des
magistrats. Tous s'écrièrent d'une commune voix qu'ils lui avaient des
obligations infinies, qu'il les avait sauvés du péril contre toute espérance,
qu'ils ne tenaient la vie que de lui, et qu'outre tant de bienfaits, il les avait
ramenés dans leur patrie, les mains pleines, chargées de ses libéralités :
qu'ainsi il pouvait compter sur eux : et qu'ils sacrifieraient plutôt leurs vies
que de l'abandonner à ses ennemis. Aristodème loua leur zèle et renvoya
l'assemblée. Ensuite il fit venir dans sa tente les plus scélérats, les plus
déterminés et les plus propres à faire un coup de main. Il les gagna si
bien par les présents, par ses caresses, et de belles espérances capables
de corrompre les plus intègres, qu'il les engagea à détruire le
gouvernement présent.
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