[7,46] Ἐῶ τἆλλα, ἀλλ´ ὑπὲρ αὐτοῦ σοῦ καὶ
τῆς σῆς θεοβλαβείας τίνας οὐκ ἐποιήσαντο δεήσεις
ἁπάντων κοινῇ τε καὶ καθ´ ἕκαστον τῶν δημοτικῶν
παραιτούμενοί σε τῆς τιμωρίας; ἔπειτα τοῖς μὲν ὑπάτοις καὶ τῇ
βουλῇ τοσαύτην πόλιν ἐπιτροπευούσῃ καλῶς
εἶχεν, ὦ Μάρκιε, δικαστὴν τὸν δῆμον ὑπὲρ ὧν ἐνεκαλοῦντο
ὑπομένειν, σοὶ δ´ ἆρ´ οὐχὶ καλῶς ἔχει; καὶ
δεῖσθαί γε τῶν δημοτῶν ὑπὲρ ἀφέσεως τῆς σῆς οὗτοι
μὲν ἅπαντες οὐδὲν αἰσχρὸν εἶναι νομίζουσι, σὺ δὲ δι´
αἰσχύνης λαμβάνεις τὸ αὐτὸ τοῦτο; καὶ οὐκ ἀπόχρη
σοι ταῦτ´, ὦ γενναῖε, ἀλλ´ ὥσπερ τι καλὸν ἐξειργασμένος
ὑψαυχενῶν καὶ μεγαληγορῶν περιέρχῃ καὶ μηδὲν
ὑφεῖναι τοῦ φρονήματος ἀπομαχόμενος· ἐῶ γάρ, ὅτι
καὶ λοιδορούμενος τῷ δήμῳ καὶ προσεγκαλῶν καὶ ἀπειλῶν.
ἔπειτ´ οὐ νεμεσᾶτε αὐτῷ τῆς ὑπερηφανίας, ὦ
πατέρες, εἰ τηλικούτων αὑτὸν ἀξιοῖ μόνος, ἡλίκων οὐδ´
ἅπαντες ὑμεῖς ἑαυτούς; ὃν ἐχρῆν, εἰ καὶ πάντες ὑμεῖς
ἀνεδέχεσθε τὸν ὑπὲρ αὐτοῦ πόλεμον ψηφίσασθαι, τὸ
μὲν εὔνουν καὶ πρόθυμον ὑμῶν ἀγαπᾶν, μὴ δέχεσθαι
δὲ χάριν ἰδίαν ἐπὶ κοινῇ βλάβῃ, ἀλλ´ ὑπομένειν ἀπολογούμενον
καὶ δίκην ὑπέχοντα εἰ δέοι καὶ πάντα
πάσχοντα. ταῦτα γὰρ ἦν ἔργα ἀγαθοῦ πολίτου καὶ τὸ
καλὸν ἔργοις ἀσκοῦντος, οὐ λόγοις. ἃ δὲ νῦν οὗτος
βιάζεται, τίνος ἐστὶ σημεῖα βίου; ποίων μηνύματα προαιρέσεων,
ὅρκους παραβαίνειν, δεξιὰς παρασπονδεῖν,
ὁμολογίας ἀναιρεῖν, δήμῳ πολεμεῖν, εἰς ἀρχόντων σώματα
ὑβρίζειν, καὶ μηδ´ ἐφ´ ἑνὶ τούτων τὸ σῶμα ὑπεύθυνον ποιεῖν, ἀλλ´
ἄκριτον ἀναπολόγητον μηδενὸς δεηθέντα μηθένα φοβηθέντα
μηθενὶ τῶν τοσούτων πολιτῶν
ἴσον γενόμενον ἀδεῶς περινοστεῖν; ἆρ´ οὐ τυραννικοῦ
τρόπου σημεῖα ταῦτ´ ἐστίν; ἔμοιγε δοκεῖ. καὶ τοῦτον
ὅμως εἰσί τινες οἱ παραψύχοντες καὶ παρακροτοῦντες
ἐξ ὑμῶν αὐτῶν, οἷς ἐντέτηκε τὸ πρὸς τοὺς δημοτικοὺς
μῖσος ἀδιάλλακτον, καὶ οὐ δύνανται συνιδεῖν, ὅτι
οὐθὲν μᾶλλον κατὰ τοῦ ταπεινοτέρου μέρους τῶν ἐν
τῇ πόλει φύεται τουτὶ τὸ κακὸν ὡς καὶ κατὰ τοῦ σεμνοτέρου· ἀλλ´
οἴονται τοῦ διαφόρου φύσει καταδουλωθέντος καὶ δὴ τὸ καθ´
ἑαυτοὺς ἕξειν ἀσφαλῶς. οὐχ
οὕτως ἔχει τἀληθές, ὦ γνώμης ἁμαρτάνοντες τῆς ἀρίστης·
διδάσκαλον δὲ τὴν πεῖραν ἣν ὁ Μάρκιος παρέχεται καὶ τὸν χρόνον
λαβόντες, ὀθνείοις θ´ ἅμα καὶ
οἰκείοις σωφρονισθέντες παραδείγμασι γνοίητ´ ἄν, ὅτι
μοσχευομένη κατὰ τοῦ δήμου τυραννὶς καθ´ ὅλης τῆς
πόλεως μοσχεύεται, καὶ νῦν μὲν ἀφ´ ἡμῶν ἄρχεται,
κρατήσασα δ´ οὐδ´ ὑμῶν φείσεται.
| [7,46] Je passe plusieurs autres choses sous silence.
Mais quelles prières n'ont-ils pas employées auprès de tous
les plébéiens, tant en général qu'en particulier, afin d'obtenir grâce pour
vous, et de nous faire oublier vos emportements furieux ? Quoi, les
consuls et le sénat, qui gouvernent une si grande ville, se sont rabaissés
jusqu'à subir le jugement du peuple sur les faits et articles dont on les
accusait : et vous, Marcius, vous balancerez encore à vous soumettre à
ce même tribunal ? Ils n'ont pas cru se dégrader en demandant grâce
pour vous, ils se sont réunis tous ensemble pour l'obtenir des plébéiens :
et vous, vous rougirez de le faire vous même ? Mais votre orgueil n'en est
pas resté là: non content d'avoir refusé de vous soumettre, vous allez
partout tête levée, comme si vous aviez fait quelque belle action, vous
faites trophée de vos crimes, et vous ne pouvez vous résoudre à rien
rabattre de votre fierté ordinaire. Je ne parle point ici des injures que vous
débitez, ni des accusations et menaces que vous faites contre le peuple.
Et cependant, Messieurs, vous n'êtes point choqués de son orgueil
insupportable ! vous souffrez un homme si hautain et si arrogant, qui s'en
fait plus accroire lui seul que tous les sénateurs ensemble ! Quand même
vous seriez tous dans la résolution de prendre fait et cause pour lui,
devrait-il accepter sa grâce au détriment du bien public ? Ne serait-il pas
de son devoir de vous remercier de votre bonne volonté et de votre
affection, sans souffrir que vous épousassiez sa querelle ? En homme
d'honneur ne devrait-il pas se soumettre au tribunal devant lequel on l'a
cité, pour y défendre sa cause, pour y être jugé, et pour subir, s'il le faut,
toutes les peines auxquelles il peut être condamné ? C'est là ce que
devrait faire un bon citoyen, qui serait véritablement vertueux d'effet et de
conduite, et non pas seulement de parole. Mais les violences dont il use
aujourd'hui, quel dessein marquent-elles, et qu'en doit-on penser ?
Rompre les traités, violer les serments, enfreindre les conditions des
alliances, faire la guerre au peuple, insulter les magistrats en leurs
personnes sacrées, refuser de comparaître pour rendre raison de sa
conduite, aller partout tête levée, se regarder comme au-dessus de tous
les citoyens sans vouloir être comptable à personne, ni défendre sa
cause, ni subir le jugement, ne sont-ce pas là les actions d'un tyran ?
Pour moi je n'en doute point. Et cependant, il y en a plusieurs parmi vous
qui le soutiennent, et qui lui applaudissent. La haine implacable qu'ils ont
conçue est si enracinée dans leur cœur, qu'ils ne peuvent faire réflexion
que les maux présents ne menacent pas moins les personnes de la
première qualité que le dernier des plébéiens. Ils s'imaginent que quand
une fois ils auront réduit sous l'esclavage le pauvre peuple qu'ils haïssent
naturellement, ils seront eux-mêmes dans une entière et parfaite sûreté.
Mais il n'en est pas ainsi, Messieurs, et j'ose dire que vous vous trompez
lourdement. L'expérience et le temps pourront vous désabuser de ces
fausses idées, à mesure que vous découvrirez les desseins de Marcius.
Vos propres malheurs et ceux des autres, vous apprendront à être sages.
Vous connaîtrez que la tyrannie qu'on fomente maintenant contre le
peuple, est un péril qui menace également toute la ville, et que si elle
commence aujourd'hui par nous, elle ne vous épargnera pas vous,
mêmes quand elle sera affermie. »
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