[7,4] Ὡς δὲ κατέμαθον αὐτοὺς οἱ βάρβαροι μάχεσθαι
παρεσκευασμένους, ἀλαλάξαντες ἐχώρουν ὁμόσε τὸν
βάρβαρον τρόπον ἄνευ κόσμου πεζοί τε καὶ ἱππεῖς
ἀναμὶξ ὡς ἅπαντας ἀναρπασόμενοι. ἦν δὲ τὸ πρὸ τῆς
πόλεως χωρίον, ἐν ᾧ συνέμισγον ἀλλήλοις, αὐλὼν στενὸς ὄρεσι
καὶ λίμναις περικλειόμενος, τῇ μὲν ἀρετῇ
τῶν Κυμαίων σύμμαχος, τῷ δὲ πλήθει τῶν βαρβάρων
πολέμιος. ἀνατρεπόμενοι γὰρ ὑπ´ ἀλλήλων καὶ συμπατούμενοι
πολλαχῇ μὲν καὶ ἄλλῃ, μάλιστα δὲ περὶ τὰ
τέλματα τῆς λίμνης, οὐδ´ εἰς χεῖρας ἐλθόντες τῇ φάλαγγι τῶν
Ἑλλήνων αὐτοὶ δι´ αὑτῶν οἱ πλείους διεφθάρησαν· καὶ ὁ μὲν
πεζὸς αὐτῶν στρατὸς ὁ πολὺς περὶ
ἑαυτῷ σφαλείς, ἔργον δὲ γενναῖον οὐδὲν ἀποδειξάμενος,
ἄλλος ἄλλῃ διασκεδασθεὶς ἔφυγεν· οἱ δ´ ἱππεῖς συνῆλθον μὲν
ὁμόσε καὶ πολὺν τοῖς Ἕλλησιν οὗτοι παρέσχον
πόνον. ἀδύνατοι δ´ ὄντες κυκλώσασθαι τοὺς πολεμίους διὰ
στενοχωρίαν, καί τι καὶ τοῦ δαιμονίου κεραυνοῖς καὶ ὕδασι καὶ
βρονταῖς συναγωνισαμένου τοῖς
Ἕλλησι, δείσαντες εἰς φυγὴν τρέπονται. ἐν ταύτῃ τῇ
μάχῃ πάντες μὲν οἱ τῶν Κυμαίων ἱππεῖς λαμπρῶς ἠγωνίσαντο,
καὶ τῆς νίκης οὗτοι μάλιστα ὡμολογοῦντο
αἴτιοι γενέσθαι, ὑπὲρ ἅπαντας δὲ τοὺς ἄλλους Ἀριστόδημος ὁ
Μαλακὸς ἐπικαλούμενος· καὶ γὰρ τὸν ἡγεμόνα
τῶν πολεμίων οὗτος ἀπέκτεινε μόνος ὑποστὰς καὶ ἄλλους
πολλοὺς καὶ ἀγαθούς. λυθέντος δὲ τοῦ πολέμου
τὰς χαριστηρίους θυσίας ἀποδόντες οἱ Κυμαῖοι τοῖς
θεοῖς καὶ ταφὰς τῶν ἀποθανόντων τῶν ἐν τῇ μάχῃ
λαμπρὰς ποιησάμενοι περὶ τῶν ἀριστείων, ὅτῳ χρὴ τὸν
πρῶτον ἀποδοῦναι στέφανον, εἰς πολλὴν κατέστησαν
ἔριν. οἱ μὲν γὰρ ἀκέραιοι κριταὶ τὸν Ἀριστόδημον
ἐβούλοντο τιμῆσαι, καὶ ἦν ὁ δῆμος ἅπας μετ´ ἐκείνου·
οἱ δὲ δυνατοὶ τὸν ἱππάρχην Ἱππομέδοντα, καὶ ἡ βουλὴ
πᾶσα τούτῳ συνελάμβανεν· ἦν δ´ ἀριστοκρατικὴ τότε
παρὰ τοῖς Κυμαίοις ἡ πολιτεία, καὶ ὁ δῆμος οὐ πολλῶν
τινων κύριος. στάσεως δὲ διὰ ταύτην τὴν ἔριν ἀνισταμένης
δείσαντες οἱ πρεσβύτεροι, μὴ πρὸς ὅπλα καὶ
φόνους χωρήσῃ τὸ φιλότιμον, ἔπεισαν ἀμφοτέρας τὰς
τάξεις συγχωρῆσαι τὰς ἴσας λαβεῖν τιμὰς ἑκάτερον τῶν
ἀνδρῶν. ἀπὸ ταύτης γίνεται τῆς ἀρχῆς δήμου προστάτης ὁ
{Μαλακὸς} Ἀριστόδημος καὶ λόγου πολιτικοῦ
δύναμιν ἀσκήσας ἐξεδημαγώγει τὸ πλῆθος, πολιτεύμασί
τε κεχαρισμένοις ἀναλαμβάνων καὶ τοὺς σφετεριζομένους τὰ
κοινὰ τῶν δυνατῶν ἐξελέγχων καὶ ἀπὸ τῶν
ἑαυτοῦ χρημάτων πολλοὺς τῶν πενήτων εὖ ποιῶν· καὶ
ἦν τοῖς προεστηκόσι τῆς ἀριστοκρατίας διὰ ταῦτ´ ἐπαχθὴς καὶ
φοβερός.
| [7,4] Les Barbares voyant
les Cumains disposés au combat, les chargèrent avec de grands cris
selon leur coutume, mais sans aucun ordre, infanterie et cavalerie pêle-mêle, comptant de défaire toutes leurs troupes à plate-couture. Le champ
de bataille était un vallon fort étroit, situé devant la ville, fermé de
montagnes et de marais. Une situation si avantageuse combattait pour les
Cumains, elle secondait leur courage et leurs généreux efforts. Mais elle
était contraire à la grande multitude des Barbares. Ils s'embarrassaient
tellement les uns les autres, que se marchant sur le ventre,
principalement dans les bourbiers du marais, la plupart furent écrasés par
leurs propres camarades sans en venir aux mains avec les Grecs. Ce fut
ainsi que leur nombreuse infanterie s'incommodant elle-même, prit la fuite
de côté et d'autre sans avoir rien fait de mémorable. Pour la cavalerie elle
fit mieux son devoir. Elle en vint aux mains et harcela fort les Grecs. Mais
ne pouvant investir l'ennemi, à cause que le champ de bataille était étroit
et que d'ailleurs les dieux combattaient pour les Grecs avec les foudres, le
tonnerre et les orages, elle prit l'épouvante et la fuite. Toute la cavalerie
de Cumes fit des merveilles dans cette journée : elle fut la principale
cause de la victoire, et en eut tout l'honneur.
IV. Aristodème. surnommé le Mol, s'y distingua par-dessus tous les
autres. Soutenant lui seul l'attaque des ennemis, il tua de sa main leur
général et plusieurs autres combattants. La guerre terminée les Cumains
offrirent aux dieux des sacrifices d'action de grâces, et on fit d'honorables
funérailles à ceux qui étaient morts dans le combat. Mais il s'éleva de
grandes contestations à qui aurait la première couronne de valeur. Ceux
qui jugeaient sans prévention voulaient qu'on la donnât à Aristodème
{tout} le peuple était aussi pour lui. Les plus puissants étaient pour
Hippomédonte général de la cavalerie, et tout le sénat les appuyait. Il est
à remarquer que le gouvernement de Cumes était pour lors aristocratique,
et que le peuple n'avait pas grand pouvoir. Ces contestations ayant donc
excité une sédition, les anciens qui craignaient qu'on n'en vînt à prendre
les armes et à répandre le sang, engagèrent l'un et l'autre parti à
consentir que les deux concurrents reçussent les mêmes honneurs.
V. CE fut à cette occasion qu'Aristodème le Mol commença a devenir
le protecteur du peuple. Comme il s'était exercé à parler en public, il
gagnait la multitude par ses beaux discours et par des règlements
agréables à la populace: il déclamait souvent contre quelques grands de
l'état qu'il accusait de disposer des biens du public et de se les approprier
: il avait l'adresse d'appuyer ces invectives par des largesses qu'il faisait
de sa propre bourse à plusieurs {pauvres} citoyens. Cette conduite le
rendit odieux aux premiers magistrats de la république : mais s'il s'en fit
haïr, il sut aussi s'en faire craindre.
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