[7,3] Ἐπὶ τῆς ἑξηκοστῆς καὶ τετάρτης ὀλυμπιάδος
ἄρχοντος Ἀθήνησι Μιλτιάδου Κύμην τὴν ἐν Ὀπικοῖς
Ἑλληνίδα πόλιν, ἣν Ἐρετριεῖς τε καὶ Χαλκιδεῖς ἔκτισαν,
Τυρρηνῶν οἱ περὶ τὸν Ἰόνιον κόλπον κατοικοῦντες
ἐκεῖθέν θ´ ὑπὸ τῶν Κελτῶν ἐξελασθέντες σὺν χρόνῳ,
καὶ σὺν αὐτοῖς Ὀμβρικοί τε καὶ Δαύνιοι καὶ συχνοὶ
τῶν ἄλλων βαρβάρων ἐπεχείρησαν ἀνελεῖν οὐδεμίαν
ἔχοντες εἰπεῖν πρόφασιν τοῦ μίσους δικαίαν ὅτι μὴ
τὴν εὐδαιμονίαν τῆς πόλεως. ἦν γὰρ Κύμη κατ´ ἐκείνους τοὺς
χρόνους περιβόητος ἀνὰ τὴν Ἰταλίαν ὅλην
πλούτου τε καὶ δυνάμεως ἕνεκα καὶ τῶν ἄλλων ἀγαθῶν
γῆν τε κατέχουσα τῆς Καμπανῶν πεδιάδος τὴν πολυκαρποτάτην
καὶ λιμένων κρατοῦσα τῶν περὶ Μισηνὸν
ἐπικαιροτάτων. τούτοις ἐπιβουλεύσαντες τοῖς ἀγαθοῖς
οἱ βάρβαροι στρατεύουσιν ἐπ´ αὐτήν, πεζοὶ μὲν οὐκ
ἐλάττους πεντήκοντα μυριάδων, ἱππεῖς δὲ δυεῖν χιλιάδων
ἀποδέοντες εἶναι δισμύριοι. ἐστρατοπεδευκόσι δ´
αὐτοῖς οὐ μακρὰν ἀπὸ τῆς πόλεως τέρας γίνεται θαυμαστόν, οἷον
ἐν οὐδενὶ χρόνῳ μνημονεύεται γενόμενον
οὔθ´ Ἑλλάδος οὔτε βαρβάρου γῆς οὐδαμόθι. οἱ γὰρ
παρὰ τὰ στρατόπεδα ῥέοντες αὐτῶν ποταμοί, Οὐολτοῦρνος
ὄνομα θατέρῳ, τῷ δ´ ἑτέρῳ Γλάνις, ἀφέντες
τὰς κατὰ φύσιν ὁδοὺς ἀνέστρεψαν τὰ νάματα καὶ μέχρι
πολλοῦ διετέλεσαν ἀπὸ τῶν στομάτων ἀναχωροῦντες
ἐπὶ τὰς πηγάς. τοῦτο καταμαθόντες οἱ Κυμαῖοι τότ´
ἐθάρρησαν ὁμόσε τοῖς βαρβάροις χωρεῖν ὡς τοῦ δαιμονίου
ταπεινὰ μὲν τἀκείνων μετέωρα θήσοντος, ὑψηλὰ
δὲ τὰ δοκοῦντα εἶναι σφῶν ταπεινά. νείμαντες δὲ τὴν
ἐν ἀκμῇ δύναμιν ἅπασαν τριχῇ, μιᾷ μὲν τὴν πόλιν
ἐφρούρουν, τῇ δ´ ἑτέρᾳ τὰς ναῦς εἶχον ἐν φυλακῇ, τῇ
δὲ τρίτῃ πρὸ τοῦ τείχους ταξάμενοι τοὺς ἐπιόντας ἐδέχοντο.
τούτων ἱππεῖς μὲν ἦσαν ἑξακόσιοι, πεζοὶ δὲ
τετρακισχίλιοι καὶ πεντακόσιοι· καὶ οὕτως ὄντες τὸν
ἀριθμὸν ὀλίγοι τὰς τοσαύτας ὑπέστησαν μυριάδας.
| [7,3] CHAPITRE SECOND.
I. En la soixante-quatrième olympiade, Miltiade étant archonte à
Athènes, les Tyrrhéniens qui avaient habité autour du golfe d'Ionie et qui
en avaient été chassés dans la suite du temps par les Celtes, entreprirent
avec le secours des Ombriens, des Dauniens et de plusieurs autres
Barbares, de détruire Cumes, ville Grecque fondée dans le pays des
Opiques par les Eretriens et les Calcidiens. Ce n'est pas que leur haine
eût aucun fondement légitime, mais ils en voulaient au bonheur de cette
ville. En effet Cumes était alors célèbre dans toute l'Italie par ses
richesses, par sa puissance et par plusieurs autres avantages. Les plus
fertiles terres des plaines de la Campanie lui appartenaient, et elle était
maîtresse des plus beaux ports qui fussent vers Misène. Les Barbares qui
lui enviaient de si grands biens, marchèrent contre elle avec cinq cens
mille hommes d'infanterie et dix-huit mille chevaux.
II. Pendant qu'ils étaient campés près de la ville, il arriva un prodige
si étonnant qu'on ne trouve point dans l'histoire qu'il y en ait jamais eu de
pareil ni chez les Grecs ni chez les Barbares. Les deux rivières qui
passaient auprès de leur camp, dont l'une s'appelle le Vulturne et l'autre
le Glanis, changeant leur cours naturel rebroussèrent de leur embouchure
vers leur source, et cela dura assez longtemps.
III. Sur la nouvelle d'un prodige si surprenant, ceux de Cumes ne
craignirent point de présenter le combat à cette nombreuse armée de
Barbares, dans l'espérance que les dieux abattraient la puissance
formidable des ennemis et soutiendraient les forces de leur ville qui
n'étaient pas à beaucoup près si terribles. Ils partagèrent toute la fleur de
leurs troupes en trois corps : ils en laissèrent un en garnison dans la ville,
l'autre à la garde des vaisseaux, et mirent le troisième en ordre de bataille
devant les murs de Cumes, pour recevoir l'attaque des ennemis. Ce
dernier corps n'était composé que de six cents cavaliers et; de quatre
mille cinq cents hommes de pied. Cependant avec cette poignée de
monde, ils résistèrent à tant de milliers d'ennemis.
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