[7,21] Τούτων ἦν τῶν ὀλιγαρχικῶν καὶ ὁ Μάρκιος
ἐκεῖνος ὁ Κοριολάνος ἐπικληθείς, οὐχ ὥσπερ οἱ λοιποὶ
κρύφα καὶ δι´ εὐλαβείας τὴν ἑαυτοῦ γνώμην ἀποφαινόμενος,
ἀλλ´ ἄντικρυς καὶ θρασέως, ὥστε πολλοὺς
ἀκοῦσαι καὶ τῶν δημοτικῶν. εἶχε γάρ τινας ἔξω τῶν
κοινῶν ἐγκλημάτων καὶ ἰδίας προφάσεις νεωστὶ γενομένας, ἐξ
ὧν εἰκότως ἐδόκει μισεῖν τοὺς δημοτικούς.
ὑπατείαν γὰρ αὐτῷ μετιόντι ταῖς ἔγγιστα γενομέναις
ἀρχαιρεσίαις καὶ τοὺς πατρικίους ἔχοντι συναγωνιζομένους ὁ
δῆμος ἐναντιωθεὶς οὐκ εἴασε δοῦναι τὴν
ἀρχὴν τήν τε λαμπρότητα τοῦ ἀνδρὸς καὶ τὴν τόλμαν
δι´ εὐλαβείας ἔχων, μή τι διὰ ταῦτα νεωτερίσῃ περὶ τὴν
τῶν δημάρχων κατάλυσιν, καὶ μάλιστα δεδιώς, ὅτι συνελάμβανεν
αὐτῷ πάσῃ προθυμίᾳ τὸ τῶν πατρικίων
πλῆθος ὡς οὐδενὶ τῶν πρότερον. ταύτης τ´ οὖν τῆς
ὕβρεως ὀργῇ ἐπαρθεὶς ὁ ἀνὴρ καὶ τὴν μεταβολὴν τοῦ
πολιτεύματος εἰς τὸν ἐξ ἀρχῆς κόσμον ἀποκαταστῆσαι
προθυμούμενος αὐτός τ´ ἀναφανδόν, ὥσπερ καὶ πρότερον ἔφην,
ἔπραττε τὴν τοῦ δήμου κατάλυσιν, καὶ
τοὺς ἄλλους ἐνῆγεν. ἦν δὲ περὶ αὐτὸν ἑταιρία μεγάλη
νέων εὐγενῶν, οἷς ἦν τὰ μέγιστα τιμήματα βίων καὶ
πελάται συχνοὶ συνεστηκότες ἐπὶ ταῖς ἐκ τῶν πολέμων
ὠφελείαις· οἷς ἐπαιρόμενος ἐφρυάττετο καὶ λαμπρὸς ἦν
καὶ προῆλθεν ἐπὶ μήκιστον ἐπιφανείας. οὐ μὴν εὐτυχοῦς
γε διὰ ταῦτα καταστροφῆς ἔτυχε· συναχθείσης γὰρ
ὑπὲρ τούτων βουλῆς καὶ τῶν πρεσβυτέρων, ὡς ἔθος
ἦν αὐτοῖς, πρώτων ἀποφηναμένων τὰς ἑαυτῶν διανοίας, ἐν οἷς οὐ
πολλοί τινες ἦσαν οἱ τὰς κατὰ τοῦ
δήμου γνώμας ἄντικρυς ἀγορεύσαντες, ἐπειδὴ καθῆκεν
εἰς τοὺς νεωτέρους ὁ λόγος, αἰτησάμενος ἐξουσίαν παρὰ
τῶν ὑπάτων εἰπεῖν ὅσα βούλεται, καὶ τυχὼν ἐπισημασίας τε
μεγάλης καὶ προσοχῆς λόγον διεξῆλθε κατὰ
τοῦ δήμου τοιόνδε.
| [7,21] Marcius surnommé Coriolan dont nous avons déjà parlé,
était de ce dernier sentiment et un des fauteurs de l'oligarchie. Il ne
se contenta pas de dire son avis en particulier, comme avaient fait les
autres : sans garder ni précautions ni mesures, il parla avec hardiesse et
d'un si haut ton que plusieurs des plébéiens pouvaient l'entendre. Outre
les sujets de plainte qui lui étaient communs avec les autres patriciens et
qui le portaient à haïr le peuple, des raisons personnelles l'animaient
extrêmement, et il voulait se venger d'un affront qu'il croyait avoir reçu
depuis peu. Car dans la dernière assemblée pour l'élection des
magistrats, il aspirait au consulat. Les patriciens favorisaient son élection
; mais le peuple s'y opposa et lui donna l'exclusion, parce qu'il
appréhendait qu'un esprit si hardi, appuyé de l'éclat de cette grande
charge, n'entreprît d'innover et d'abolir l'autorité des tribuns. D'ailleurs les
patriciens se déclaraient pour lui avec plus d'ardeur qu'ils n'avaient jamais
fait pour aucun autre aspirant, et leur empressement redoublait la crainte
des plébéiens. Marcius irrité de cet affront, délirant de voir le
gouvernement rétabli dans son premier état, tâchait ouvertement, comme
j'ai déjà dit, à détruire le peuple, et excitait les autres à faire de même.
III. DEJA il avait à lui un gros parti de jeunes gens de qualité qui
étaient puissants par leurs richesses, et le succès qu'il avait eu dans la
guerre lui avait attiré un grand nombre de clients. De si puissants secours
lui enflaient le cœur : il portait la fierté jusqu'au plus haut point, et espérait
venir à bout de toutes ses entreprises : mais l'événement ne répondit pas
à de si grands desseins. Le sénat s'étant assemblé pour délibérer sur la
distribution des blés, les anciens ouvrirent les premiers avis selon la
coutume, et il y en eut peu qui fussent directement contraires au peuple.
Quand on fut venu aux jeunes, Marcius demanda aux consuls la
permission de dire son sentiment. Lorsqu'il l'eut obtenue, toute
l'assemblée étant fort attentive, il parla en ces termes contre le peuple.
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