[7,13] Ταῦτα τοῖς Ῥωμαίοις μαθοῦσι τῆς μὲν συμφορᾶς
οἶκτος εἰσῄει, καὶ οὐδὲν ᾤοντο δεῖν τοῖς ἐχθροῖς
ἐπὶ τοιαύταις τύχαις μνησικακεῖν, ὡς ἱκανὰς δεδωκόσι
τοῖς θεοῖς ὑπὲρ σφῶν δίκας ἀνθ´ ὧν ἔμελλον δράσειν·
Οὐελίτρας δὲ παραλαμβάνειν ἐδόκει κληρούχων οὐκ
ὀλίγων ἀποστολῇ πολλὰ τὰ συμφέροντα ἐκ τοῦ πράγματος
ἐπιλογιζομένοις. τό τε γὰρ χωρίον ἱκανὸν εἶναι
ἐφαίνετο φυλακῇ ἀξιόχρεῳ καταληφθὲν οἷς ἂν νεωτερίζειν ἢ
παρακινεῖν τι βουλομένοις ᾖ μέγα κώλυμα καὶ
ἐμπόδιον εἶναι· ἥ τ´ ἀπορία τῆς τροφῆς ἡ κατέχουσα
τὴν πόλιν οὐ παρ´ ὀλίγον μετριωτέρα γενήσεσθαι
ὑπωπτεύετο, εἰ μετασταίη τις ἐξ αὐτῆς ἀπὸ τοῦ πλήθους μοῖρα
ἀξιόλογος. μάλιστα δ´ ἡ στάσις ἀναρριπιζομένη, πρὶν ἢ
πεπαῦσθαι καλῶς ἔτι τὴν προτέραν,
ἐνῆγεν αὐτοὺς ψηφίζεσθαι τὸν ἀπόστολον. πάλιν γάρ,
ὥσπερ καὶ πρότερον, ὁ δῆμος ἠρεθίζετο καὶ δι´ ὀργῆς
εἶχε τοὺς πατρικίους, πολλοί τε καὶ χαλεποὶ κατ´ αὐτῶν
ἐγίνοντο λόγοι τῶν μὲν ὀλιγωρίαν ἐγκαλούντων καὶ
ῥᾳθυμίαν, ὅτι οὐκ ἐκ πολλοῦ προείδοντο τὴν ἐσομένην
τοῦ σίτου σπάνιν καὶ προὐμηχανήσαντο τὰ πρὸς τὴν
συμφορὰν ἀλεξήματα, τῶν δ´ ἐξ ἐπιβουλῆς ὑπ´ αὐτῶν
γεγονέναι τὴν σιτοδείαν ἀποφαινόντων δι´ ὀργήν τε
καὶ ἐπιθυμίαν τοῦ κακῶσαι τὸ δημοτικὸν ἀναμνήσει
τῆς ἀποστάσεως. διὰ ταύτας μὲν δὴ τὰς αἰτίας ἡ τῶν
κληρούχων ἀποστολὴ ταχεῖα ἐγίνετο τριῶν ἀποδειχθέντων
ἀνδρῶν ὑπὸ τῆς βουλῆς ἡγεμόνων. τῷ δήμῳ δὲ
κατ´ ἀρχὰς μὲν ἦν ἀσμένῳ τοὺς κληρούχους διαλαγχάνειν ὡς
λιμοῦ τ´ ἀπαλλαχθησομένῳ καὶ χώραν οἰκήσοντι εὐδαίμονα·
ἔπειτ´ ἐνθυμουμένῳ τὸν λοιμόν, ὃς
ἐν τῇ μελλούσῃ αὐτὸν ὑποδέχεσθαι πόλει πολὺς γενόμενος τούς
τ´ οἰκήτορας διεφθάρκει καὶ δέος παρεῖχε,
μὴ καὶ τοὺς ἐποίκους ταὐτὸν ἐργάσηται, μεθίστατο
κατὰ μικρὸν εἰς τἀναντία ἡ γνώμη, ὥστ´ οὐ πολλοί
τινες ἐφάνησαν οἱ μετέχειν βουλόμενοι τῆς ἀποικίας,
ἀλλὰ πολὺ ἐλάττους ὧν ἡ βουλὴ ἐψηφίσατο, καὶ οὗτοι
δ´ ἤδη σφῶν αὐτῶν κατεγνώκεσαν ὡς κακῶς βεβουλευμένων καὶ
ὑπανεδύοντο τὴν ἔξοδον. κατελήφθη μέντοι
τοῦτο τὸ μέρος καὶ τὸ ἄλλο τὸ μὴ ἑκουσίως συναιρόμενον τῆς
ἐξόδου ψηφισαμένης τῆς βουλῆς ἐξ ἁπάντων
γενέσθαι Ῥωμαίων κλήρῳ τὴν ἔξοδον, κατὰ δὲ τῶν
λαχόντων, εἰ μὴ ἐξίοιεν, χαλεπὰς καὶ ἀπαραιτήτους
θεμένης ζημίας. οὗτός τε δὴ ὁ στόλος εἰς Οὐελίτρας
εὐπρεπεῖ ἀνάγκῃ καταληφθεὶς ἀπεστάλη, καὶ ἕτερος
αὖθις οὐ πολλαῖς ἡμέραις ὕστερον εἰς Νώρβαν πόλιν,
ἥ ἐστι τοῦ Λατίνων ἔθνους οὐκ ἀφανής.
| [7,13] III. Les Romains furent extrêmement sensibles à leur disgrâce, et la
compassion succédant à la colère ils crurent qu'ils ne devaient pas
pousser plus loin la vengeance contre une ville infortunée que les dieux
avaient punie du mal qu'elle avait voulu leur faire. Ainsi ils acceptèrent les
offres de Velitre, et se déterminèrent d'autant plus volontiers à y envoyer
une nombreuse colonie qu'ils espéraient en tirer de grands avantages. Ce
poste en effet pouvait tenir beaucoup de monde. Il leur parut que s'ils s'en
rendaient maîtres par une bonne garnison, il leur servirait comme de
place d'armes pour tenir en respect ceux qui voudraient remuer, et que la
famine dont Rome était affligée, diminuerait de beaucoup s'ils la
déchargeaient d'une partie du peuple. Mais rien ne les détermina
davantage à accorder aux Volsques la peuplade qu'ils demandaient, que
de nouvelles semences de sédition qui commençaient à paraître dans un
temps que les premiers troubles n'étaient pas encore tout-à-fait pacifiés.
Le peuple se soulevait déjà comme auparavant : il déchargeait sa colère
sur les patriciens, et déclamait contre eux dans toutes les occasions avec
beaucoup d'aigreur et en termes injurieux. Les uns les accusaient
d'indolence et de paresse, comme n'ayant pas prévu la cherté des vivres
avant qu'elle arrivât, ni cherché de longue-main un remède efficace contre
ce terrible fléau. Les autres publiaient hautement qu'ils avaient causé la
famine tout exprès pour faire souffrir le peuple et pour se venger de sa
retraite qui leur tenait encore au cœur. Ce fut pour ces raisons qu'on se
pressa de faire partir la colonie : le sénat nomma incessamment trois
chefs pour la conduire. D'abord le peuple fut ravi qu'on envoyât des
Romains tirés au sort pour repeupler Vélitre, espérant que par ce moyen il
se verrait délivré de la famine et qu'il trouverait chez les Volsques une
terre fertile et abondante en toutes sortes de biens. Mais ensuite, faisant
réflexion sur la peste qui avait désolé cette même ville qui devait le
recevoir, il commença à craindre que les nouveaux habitants ne fussent
aussi affligés du même fléau, et il changea peu à peu de sentiment. Ainsi,
bien loin qu'il se présentât un grand nombre de sujets pour être de cette
peuplade, il s'en trouva beaucoup moins que le sénat n'en avait demandé.
Ceux qui avaient déjà donné leur nom, s'en repentaient comme ayant pris
un mauvais parti, et ne voulaient plus sortir de leur patrie. Le sénat fut
donc obligé de les laisser à Rome avec tous les autres qui ne voulaient
pas partir de bon cœur. Ensuite il donna un arrêt, portant que tous les
citoyens tireraient au sort à qui serait de la colonie, et que ceux sur qui le
sort tomberait, seraient punis avec rigueur et inexorablement, en cas
qu'ils refusassent de marcher. Par ce moyen une nombreuse peuplade
partit bon gré mal gré pour Vélitre. Quelques jours après on en envoya
une autre à Norbe, célèbre ville des Latins. Les patriciens s'étaient flattés
que par ce moyen ils apaiseraient la sédition. Mais ils furent trompés dans
leurs espérances, et cette espèce de saignée ne fit qu'irriter le mal.
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