[7,12] Ἐπὶ τοῦτον δὴ τὸν Ἀριστόδημον ἔτος ὁμοῦ
τι τεσσαρεσκαιδέκατον ἤδη τυραννοῦντα Κύμης οἱ σὺν
Ταρκυνίῳ φυγάδες καθιστάμενοι τὴν κατὰ τῆς πατρίδος
ἐβούλοντο συντελέσασθαι δίκην. οἱ δὲ πρέσβεις τῶν
Ῥωμαίων τέως μὲν ἀντέλεγον, ὡς οὔτ´ ἐπὶ τοῦτον
ἥκοντες τὸν ἀγῶνα οὔτ´ ἐξουσίαν ἔχοντες, ἣν οὐκ ἐπέτρεψεν
αὐτοῖς ἡ βουλὴ περὶ τῆς πόλεως ἀπολογήσασθαι
{δίκην}. ὡς δ´ οὐθὲν ἐπέραινον, ἀλλ´ ἐγκεκλικότα τὸν
τύραννον ἑώρων ἐπὶ θάτερα μέρη διὰ τὰς σπουδὰς
καὶ τὰς παρακλήσεις τῶν φυγάδων, αἰτησάμενοι χρόνον
εἰς ἀπολογίαν, καὶ διεγγυήσαντες τὰ σώματα χρημάτων
ἐν τῷ διὰ μέσου τῆς δίκης οὐθενὸς ἔτι φυλάττοντος
αὐτοὺς ἀποδράντες ᾤχοντο. θεράποντας δ´ αὐτῶν καὶ
τὰ ὑποζύγια καὶ τὰ ἐπὶ τῇ σιτωνίᾳ κομισθέντα χρήματα ὁ
τύραννος κατέσχε. ταύταις μὲν οὖν ταῖς πρεσβείαις τοιαῦτα
παθούσαις ἀπράκτοις ἀναστρέψαι συνέβη,
ἐκ δὲ τῶν ἐν Τυρρηνίᾳ πόλεων οἱ πεμφθέντες
κέγχρους τε καὶ ζέας συνωνησάμενοι ταῖς ποταμηγοῖς
σκάφαις κατεκόμισαν εἰς τὴν πόλιν. αὕτη βραχύν τινα
χρόνον ἡ ἀγορὰ Ῥωμαίους διέθρεψεν· ἔπειτ´ ἐξαναλωθεῖσα εἰς
τὰς αὐτὰς ἀπορίας κατέστησεν αὐτούς. ἦν
δ´ οὐθὲν εἶδος ἀναγκαίας τροφῆς, ὃ οὐκ ἐπείραζον ἔτι,
συνέβαινέ τ´ οὐκ ὀλίγοις αὐτῶν, τὰ μὲν διὰ τὴν σπάνιν,
τὰ δὲ διὰ τὴν ἀτοπίαν τῆς οὐκ εἰωθυίας ἐδωδῆς, τοῖς
μὲν ἀρρώστως διακεῖσθαι τὰ σώματα, τοῖς δὲ παρημελημένοις
διὰ πενίαν καὶ παντάπασιν ἀδυνάτως· ὡς δὲ
τοῦτ´ ἔγνωσαν οἱ νεωστὶ κεκρατημένοι τῷ πολέμῳ
Οὐολοῦσκοι, πρεσβειῶν ἀπορρήτοις διαποστολαῖς ἐνῆγον
ἀλλήλους εἰς τὸν κατ´ αὐτῶν πόλεμον, ὡς ἀδυνάτων
ἐσομένων, εἴ τις αὐτοῖς ἐπίθοιτο κεκακωμένοις πολέμῳ
τε καὶ λιμῷ ἀντέχειν. θεῶν δέ τις εὔνοια, οἷς φροντὶς
ἦν μὴ περιιδεῖν ὑπὸ τοῖς ἐχθροῖς Ῥωμαίους γενομένους,
ἐκφανέστατα καὶ τότε τὴν ἑαυτῆς δύναμιν ἀπεδείξατο. τοσοῦτος
γάρ τις ἄφνω εἰς τὰς πόλεις τῶν
Οὐολούσκων φθόρος λοιμικὸς ἐνέσκηψεν, ὅσος ἐν οὐδενὶ
ἄλλῳ τόπῳ μνημονεύεται γενόμενος οὔθ´ Ἑλλάδος οὔτε
βαρβάρου γῆς, πᾶσαν ἡλικίαν καὶ τύχην καὶ φύσιν
ἐρρωμένων τε καὶ ἀσθενῶν σωμάτων ὁμοίως διεργαζόμενος.
ἐδήλωσε δὲ τὴν ὑπερβολὴν τῆς συμφορᾶς πόλις
ἐπιφανὴς τῶν Οὐολούσκων, Οὐέλιτραι ὄνομα αὐτῇ,
μεγάλη τε καὶ πολυάνθρωπος οὖσα τέως, ἧς ὁ λοιμὸς
μίαν ὑπελείπετο μοῖραν ἐκ τῶν δέκα, τὰς δ´ ἄλλας
ὑπολαβὼν ἀπήνεγκε. τελευτῶντες δ´ οὖν ὅσοι περιῆσαν
ἐκ τῆς συμφορᾶς πρεσβευσάμενοι Ῥωμαίοις ἔφρασαν
τὴν ἐρημίαν καὶ παρέδοσαν τὴν πόλιν. ἔτυχον δὲ καὶ
πρότερον ἐποίκους ἐκ τῆς Ῥώμης εἰληφότες, ἀφ´ ἧς
αἰτίας καὶ τὸ δεύτερον {τοὺς} κληρούχους παρ´ αὐτῶν ᾔτουν.
| [7,12] CHAPITRE TROISIEME.
I. LES compagnons d'exil du roi Tarquin qui s'étaient réfugiés auprès
de cet Aristodème vers la quatorzième année de son règne pour lui
demander qu'il les vengeât contre leur patrie, voulurent profiter de
l'occasion présente qui leur paraissait des plus favorables. Les
ambassadeurs Romains résistèrent d'abord, disant qu'ils n'étaient pas
venus pour traiter de cette affaire et que le sénat ne leur avait donné
aucun pouvoir de plaider la cause de la ville de Rome. Mais dans la suite,
comme ils virent qu'ils n'avançaient en rien et que le tyran penchait plus
du côté des exilés qui l'avaient gagné par leurs instantes sollicitations, ils
demandèrent du temps pour se défendre, donnant même leur argent en
gage : et tandis que le procès était pendant, dès qu'on ne les garda plus à
vue ils s'enfuirent secrètement. Le tyran se saisit de leurs domestiques,
de leurs chevaux, de leur équipage et de l'argent qu'ils avaient apporté
pour acheter du blé. C'est ainsi que ces ambassadeurs furent traversés
dans leur négociation, et tel fut le sujet qui les obligea de revenir sans
avoir rien fait. A l'égard de ceux qu'on avait députés en Tyrrhénie, ils
achetèrent du millet et du blé, qu'ils portèrent à Rome dans des bateaux
par le fleuve du Tibre. Mais ces provisions qui ne pouvaient nourrir les
Romains que très peu de temps, furent bientôt consumées, de sorte qu'ils
retombèrent dans la même disette qu'auparavant. Il n'y eut nulle espèce
de nourriture dont la nécessité pressante ne les obligeât de se servir, ce
qui fut cause que plusieurs se trouvèrent accablés de maladies affreuses,
ceux-ci faute de vivres, ceux-là par les aliments malsains auxquels ils
n'étaient point accoutumés, et que d'autres laissèrent affaiblir leur corps,
ou par pauvreté, ou par négligence, ou par l'impossibilité de trouver de
quoi réparer leurs forces.
II. Les Volsques qui avaient été vaincus tout récemment, crurent
qu'ils devaient profiter du triste état où Rome était réduite. Ils se
sollicitèrent mutuellement par des ambassades secrètes à faire la guerre
à cette ville, persuadés qu'elle ne pourrait pas tenir en même temps et
contre la famine et contre les armes de ceux qui l'attaqueraient. Mais les
dieux dont la bonté ne pouvait souffrir que les Romains succombassent
sous l'effort de leurs ennemis, donnèrent alors des preuves manifestes de
leur puissance. Les villes des Volsques furent tout d'un coup affligées
d'une maladie {pestilente et} si terrible, que nous ne lisons point dans
l'histoire qu'il y en ait jamais eu de semblable en aucun endroit du monde,
ni chez les Barbares, ni chez les Grecs. Elle n'épargnait ni âge, ni sexe, ni
condition, enlevant également les plus robustes et les plus faibles. Rien
ne fait mieux voir combien ce fléau était terrible, que la célèbre ville de
Velitre, alors la plus peuplée et la plus florissante de toute la nation des
Volsques. La peste y fit de si grands ravages qu'elle emporta la plupart de
ses habitants ; il n'en resta pas la dixième partie. Ceux qui en
réchappèrent, furent enfin obligés d'envoyer une ambassade au peuple
Romain pour lui représenter la désolation de leur patrie et pour se mettre
eux et leur ville sous sa protection. Comme ils avaient autrefois reçu chez
eux une colonie de Rome, ils n'eurent point alors de difficulté à se
résoudre d'en demander une seconde pour repeupler le pays.
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