HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Les Philippiques, discours I

Paragraphes 30-39

  Paragraphes 30-39

[30] μὲν ἡμεῖς, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, δεδυνήμεθ' εὑρεῖν ταῦτ' ἐστίν· ἐπειδὰν δ' ἐπιχειροτονῆτε τὰς γνώμας, ἂν ὑμῖν ἀρέσκῃ, χειροτονήσετε, ἵνα μὴ μόνον ἐν τοῖς ψηφίσμασι καὶ ταῖς ἐπιστολαῖς πολεμῆτε Φιλίππῳ, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἔργοις. [30] Telle est, ATHÉNIENS, l'idée que j'ai conçue. Quand vous irez aux opinions, arrêtez-vous au parti le plus avantageux, et faites qu'enfin on batte Philippe, non plus avec des décrets et des lettres seulement, mais à main armée.
[31] Δοκεῖτε δέ μοι πολὺ βέλτιον ἂν περὶ τοῦ πολέμου καὶ ὅλης τῆς παρασκευῆς βουλεύσασθαι, εἰ τὸν τόπον, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τῆς χώρας, πρὸς ἣν πολεμεῖτε, ἐνθυμηθείητε, καὶ λογίσαισθ' ὅτι τοῖς πνεύμασιν καὶ ταῖς ὥραις τοῦ ἔτους τὰ πολλὰ προλαμβάνων διαπράττεται Φίλιππος, καὶ φυλάξας τοὺς ἐτησίας τὸν χειμῶν' ἐπιχειρεῖ, ἡνίκ' ἂν ἡμεῖς μὴ δυναίμεθ' ἐκεῖσ' ἀφικέσθαι. [31] Pour mieux délibérer, et sur cette guerre, et sur les préparatifs il vous est important, ATHÉNIENS, de considérer la situation du pays où il faut que vous portiez vos armes. Remarquez à cet égard comme Philippe profite des vents et des saisons, pour l'arrangement de ses desseins. Tandis que les vents étésiens règnent, ou quand l'hiver est venu : c'est alors qu'il ouvre la guerre, parce qu'il nous sait dans l'impossibilité d'aller à lui.
[32] Δεῖ τοίνυν ταῦτ' ἐνθυμουμένους μὴ βοηθείαις πολεμεῖν, ὑστεριοῦμεν γὰρ ἁπάντων, ἀλλὰ παρασκευῇ συνεχεῖ καὶ δυνάμει. Ὑπάρχει δ' ὑμῖν χειμαδίῳ μὲν χρῆσθαι τῇ δυνάμει Λήμνῳ καὶ Θάσῳ καὶ Σκιάθῳ καὶ ταῖς ἐν τούτῳ τῷ τόπῳ νήσοις, ἐν αἷς καὶ λιμένες καὶ σῖτος καὶ χρὴ στρατεύματι πάνθ' ὑπάρχει· τὴν δ' ὥραν τοῦ ἔτους, ὅτε καὶ πρὸς τῇ γῇ γενέσθαι ῥᾴδιον καὶ τὸ τῶν πνευμάτων ἀσφαλές, πρὸς αὐτῇ τῇ χώρᾳ καὶ πρὸς τοῖς τῶν ἐμπορίων στόμασιν ῥᾳδίως... ἔσται. [32] Vous avez donc besoin de troupes qui soient toujours prêtes, toujours à portée. Car de croire que dans l'occasion vous n'avez qu'à ramasser des soldats, et les faire partir, c'est vouloir n’y être jamais à temps. Vous pourrez faire hiverner vos troupes à Lemnos, à Thase, à Sciathe et dans les autres îles voisines, qui ont des ports, abondance de vivres, tout ce qu'il faut à des gens de guerre. Vos vaisseaux étant à l'abri dans ces ports, et vos soldats ne s'éloignant point des villes maritimes, il vous sera aisé de profiter du vent, pour mettre à la voile sans nul risque.
[33] μὲν οὖν χρήσεται καὶ πότε τῇ δυνάμει, παρὰ τὸν καιρὸν τούτων κύριος καταστὰς ὑφ' ὑμῶν βουλεύσεται· δ' ὑπάρξαι δεῖ παρ' ὑμῶν, ταῦτ' ἐστὶν ἁγὼ γέγραφα. ἂν ταῦτ', ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, πορίσητε, τὰ χρήματα πρῶτον λέγω, εἶτα καὶ τἄλλα παρασκευάσαντες, τοὺς στρατιώτας, τὰς τριήρεις, τοὺς ἱππέας, ἐντελῆ πᾶσαν τὴν δύναμιν νόμῳ κατακλείσητ' ἐπὶ τῷ πολέμῳ μένειν, τῶν μὲν χρημάτων αὐτοὶ ταμίαι καὶ πορισταὶ γιγνόμενοι, τῶν δὲ πράξεων παρὰ τοῦ στρατηγοῦ τὸν λόγον ζητοῦντες, παύσεσθ' ἀεὶ περὶ τῶν αὐτῶν βουλευόμενοι καὶ πλέον οὐδὲν ποιοῦντες. [33] Quant aux entreprises, elles dépendent des conjonctures, et il faut s'en reposer sur celui que vous aurez revêtu de votre autorité. Mais pour vous, ATHÉNIENS, votre affaire est d'accomplir ce qui est porté dans le mémoire qu'on vous a lu. Si vous faites les fonds que je demande, et c'est par où il faut commencer, si ensuite, quand vous aurez votre infanterie, vos galères, et votre cavalerie, vous exigez de toute l'armée, par une loi expresse, la continuité du service ;et qu'enfin vous faisant vous-mêmes les trésoriers et les distributeurs de vos fonds, vous obligez le chef de vos troupes à vous rendre compte de sa conduite, vous cesserez dès lors, et de toujours délibérer, et de ne rien faire.
[34] Καὶ ἔτι πρὸς τούτῳ πρῶτον μέν, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τὸν μέγιστον τῶν ἐκείνου πόρων ἀφαιρήσεσθε. Ἔστι δ' οὗτος τίς ; Ἀπὸ τῶν ὑμετέρων ὑμῖν πολεμεῖ συμμάχων, ἄγων καὶ φέρων τοὺς πλέοντας τὴν θάλατταν. Ἔπειτα τί πρὸς τούτῳ ; Τοῦ πάσχειν αὐτοὶ κακῶς ἔξω γενήσεσθε, οὐχ ὥσπερ τὸν παρελθόντα χρόνον εἰς Λῆμνον καὶΙμβρον ἐμβαλὼν αἰχμαλώτους πολίτας ὑμετέρους ᾤχετ' ἔχων, πρὸς τῷ Γεραιστῷ τὰ πλοῖα συλλαβὼν ἀμύθητα χρήματ' ἐξέλεξε, τὰ τελευταῖ' εἰς Μαραθῶν' ἀπέβη καὶ τὴν ἱερὰν ἀπὸ τῆς χώρας ᾤχετ' ἔχων τριήρη, ὑμεῖς δ' οὔτε ταῦτα δύνασθε κωλύειν οὔτ' εἰς τοὺς χρόνους, οὓς ἂν προθῆσθε, βοηθεῖν. [34] Par là en même temps, vous retrancherez à Philippe le plus fort de ses revenus. Comment ? En le mettant hors d'état de continuer ses pirateries, qui appauvrissent vos alliés, et qui lui apportent de quoi soutenir la guerre qu'il vous fait. Que gagnerez-vous encore ? De n'être plus exposés à ses insultes comme quand il surprit Lemnos et Imbros, d'où il emmena vos citoyens captifs : comme quand à Géreste, ayant enveloppé vos vaisseaux, il fit des prises inestimables : comme quand il descendit à Marathon, et vous enleva la galère sacrée. Toutes ces insultes, vous n'avez pu les empêcher, parce que le secours que vous auriez eu dessein d'envoyer, serait arrivé trop tard.
[35] Καίτοι τί δήποτ', ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, νομίζετε τὴν μὲν τῶν Παναθηναίων ἑορτὴν καὶ τὴν τῶν Διονυσίων ἀεὶ τοῦ καθήκοντος χρόνου γίγνεσθαι, ἄν τε δεινοὶ λάχωσιν ἄν τ' ἰδιῶται οἱ τούτων ἑκατέρων ἐπιμελούμενοι, εἰς τοσαῦτ' ἀναλίσκεται χρήματα, ὅσ' οὐδ' εἰς ἕνα τῶν ἀποστόλων, καὶ τοσοῦτον ὄχλον καὶ παρασκευὴν ὅσην οὐκ οἶδ' εἴ τι τῶν ἁπάντων ἔχει, τοὺς δ' ἀποστόλους πάντας ὑμῖν ὑστερίζειν τῶν καιρῶν, τὸν εἰς Μεθώνην, τὸν εἰς Παγασάς, τὸν εἰς Ποτείδαιαν ; [35] Pourquoi vos Panathénées et vos Bacchanales, dont la somptuosité passe tout ce que l'on voit ailleurs, et qui vous coûtent plus que jamais flotte ne vous coûta: pourquoi, ATHÉNIENS, ces deux fêtes ne manquent-elles point d'être célébrées au temps prescrit, soit que des personnes intelligentes, soit que des ignorants s'en mêlent ; et qu'au contraire toutes vos flottes, témoin celle qui allait à Méthone, celle qui allait à Pagase, celle qui allait à Potidée, n'arrivèrent jamais qu'après coup.
[36] Ὅτι ἐκεῖνα μὲν ἅπαντα νόμῳ τέτακται, καὶ πρόοιδεν ἕκαστος ὑμῶν ἐκ πολλοῦ τίς χορηγὸς γυμνασίαρχος τῆς φυλῆς, πότε καὶ παρὰ τοῦ καὶ τί λαβόντα τί δεῖ ποιεῖν, οὐδὲν ἀνεξέταστον οὐδ' ἀόριστον ἐν τούτοις ἠμέληται· ἐν δὲ τοῖς περὶ τοῦ πολέμου καὶ τῇ τούτου παρασκευῇ ἄτακτα, ἀδιόρθωτα, ἀόρισθ' ἅπαντα. τοιγαροῦν ἅμ' ἀκηκόαμέν τι καὶ τριηράρχους καθίσταμεν καὶ τούτοις ἀντιδόσεις ποιούμεθα καὶ περὶ χρημάτων πόρου σκοποῦμεν, καὶ μετὰ ταῦτ' ἐμβαίνειν τοὺς μετοίκους ἔδοξε καὶ τοὺς χωρὶς οἰκοῦντας, εἶτ' αὐτοὺς πάλιν, εἶτ' ἀντεμβιβάζειν. [36] Parce qu'à l'égard de vos fêtes, les lois ont pourvu à tout, en sorte que longtemps auparavant, chacun sait qui est proposé dans sa tribu, et sur les musiciens et sur les athlètes quand, par les mains de qui, et combien un acteur doit toucher, et ce qu'il doit faire. Tout a été prévu, vu ; tout a été réglé avec soin. Mais pour vos armements, point de règle, point de lois, point d'ordre. Au premier bruit de quelque mouvement, on établit des armateurs, on leur souffre de proposer des échanges, on rêve aux moyens de trouver des fonds. Ensuite, on fait un décret pour obliger les étrangers et les affranchis à s'embarquer, et s'ils ne suffisent pas, on y supplée par des citoyens.
[37] Εἶτ' ἐν ὅσῳ ταῦτα μέλλεται, προαπόλωλεν τὸ ἐφ' ἂν ἐκπλέωμεν· τὸν γὰρ τοῦ πράττειν χρόνον εἰς τὸ παρασκευάζεσθαι ἀναλίσκομεν, οἱ δὲ τῶν πραγμάτων οὐ μένουσι καιροὶ τὴν ἡμετέραν βραδυτῆτα καὶ εἰρωνείαν. Ἃς δὲ τὸν μεταξὺ χρόνον δυνάμεις οἰόμεθ' ἡμῖν ὑπάρχειν, οὐδὲν οἷαί τ' οὖσαι ποιεῖν ἐπ' αὐτῶν τῶν καιρῶν ἐξελέγχονται. δ' εἰς τοῦθ' ὕβρεως ἐλήλυθεν ὥστ' ἐπιστέλλειν Εὐβοεῦσιν ἤδη τοιαύτας ἐπιστολάς. [37] Pendant tous ces délais, les places que vous alliez secourir, sont prises. On a perdu en préparatifs, le temps où il fallait agir. Car l'occasion, et c'est elle qui décide, ne consulte point notre lenteur. Vous comptiez sur le succès de vos soldats ; et les conjonctures qu'ils trouvent en arrivant, leur font sentir qu'ils ne peuvent rien. Aussi voit-on que Philippe, dans une lettre qu'il écrit aux Eubéens, vous traite avec le dernier mépris.
[38] Επιστολῆς ᾿Ανάγνωσις Τούτων, ἄνδρες ᾿Αθηναῖοι, τῶν ἀνεγνωσμένων ἀληθῆ μέν ἐστι τὰ πολλά, ὡς οὐκ ἔδει, οὐ μὴν ἀλλ' ἴσως οὐχ ἡδέ' ἀκούειν. Ἀλλ' εἰ μέν, ὅσ' ἄν τις ὑπερβῇ τῷ λόγῳ, ἵνα μὴ λυπήσῃ, καὶ τὰ πράγμαθ' ὑπερβήσεται, δεῖ πρὸς ἡδονὴν δημηγορεῖν· εἰ δ' τῶν λόγων χάρις, ἂν μὴ προσήκουσα, ἔργῳ ζημία γίγνεται, αἰσχρόν ἐστι φενακίζειν ἑαυτούς, καὶ ἅπαντ' ἀναβαλλομένους ἃν δυσχερῆ πάντων ὑστερεῖν τῶν ἔργων, [38] {Ici Démosthène fait lire cette lettre, qui n'est point venue jusqu'à nous, et il continue ensuite son discours.} Vous ne vous êtes que trop attirés une partie de ces outrages, dont il vous est dur, ATHÉNIENS, d'entendre le récit. A la vérité, si de supprimer des choses attristantes, c'était faire qu'elles ne fussent pas, nous ne devrions nous étudier qu'à plaire dans nos discours. Mais si c'est réellement vous perdre que de vous flatter à contre-temps, il vous est honteux, ATHÉNIENS, d'aimer à être séduits, de reculer toute opération nécessaire, sous prétexte qu'elle ne vous est pas agréable,
[39] καὶ μηδὲ τοῦτο δύνασθαι μαθεῖν, ὅτι δεῖ τοὺς ὀρθῶς πολέμῳ χρωμένους οὐκ ἀκολουθεῖν τοῖς πράγμασιν, ἀλλ' αὐτοὺς ἔμπροσθεν εἶναι τῶν πραγμάτων, καὶ τὸν αὐτὸν τρόπον ὥσπερ τῶν στρατευμάτων ἀξιώσειέ τις ἂν τὸν στρατηγὸν ἡγεῖσθαι, οὕτω καὶ τῶν πραγμάτων τοὺς βουλευομένους, ἵν' ἃν ἐκείνοις δοκῇ, ταῦτα πράττηται καὶ μὴ τὰ συμβάντ' ἀναγκάζωνται διώκειν. [39] et de ne vouloir pas comprendre qu'a la guerre il faut, non point se laisser commander aux événements, mais les prévenir. Que comme un général marche à la tête de ses troupes, aussi de sages politiques doivent-ils marcher, si j'ose ainsi dire, à la tête des affaires ; en sorte qu'ils n'attendent pas l'événement, pour sa-voir quelles mesures ils ont à prendre, mais que les mesures qu'ils ont prises, amènent l'événement.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 15/07/2005