[2,1d] Ἀλλ´ αἰσθάνομαι ὅθεν ἡ εὐπρόσωπος ἐρρύη τῶν δείπνων προσηγορία,
ἀπὸ τῶν φαρύγων καὶ φοιτητῆς μανίας ἐπὶ δεῖπνον
κατὰ τὸν κωμικόν. «Ἔστι γὰρ» ὡς ἀληθῶς «τὰ πολλὰ τοῖς πολλοῖς
τοῦ δείπνου χάριν.» Οὐ γάρ που μεμαθήκασι τὸν θεὸν παρασκευάσαι
τῷ δημιουργήματι, τῷ ἀνθρώπῳ λέγω, σῖτα καὶ ποτὰ τοῦ σῴζεσθαι
χάριν, οὐχὶ δὲ τοῦ ἥδεσθαι· ἐπεὶ μηδὲ ὠφελεῖσθαι πέφυκεν τὰ σώματα
ἐκ τῆς πολυτελείας τῶν βρωμάτων· πᾶν γὰρ τοὐναντίον οἱ ταῖς
εὐτελεστάταις χρώμενοι τροφαῖς ἰσχυρότεροί εἰσι καὶ ὑγεινότεροι
καὶ γενναιότεροι, ὡς οἰκέται δεσποτῶν καὶ γεωργοὶ κτητόρων· καὶ
οὐ μόνον ῥωμαλεώτεροι, ἀλλὰ καὶ φρονιμώτεροι, ὡς φιλόσοφοι
πλουσίων· οὐ γὰρ ἐπέχωσαν τὸν νοῦν ταῖς τροφαῖς οὐδὲ ἠπάτησαν
αὐτὸν ἡδοναῖς. Ἀγάπη δὲ τῷ ὄντι ἐπουράνιός ἐστι τροφή, ἑστίασις
λογική· «Πάντα στέγει, πάντα ὑπομένει, πάντα ἐλπίζει· ἡ ἀγάπη
οὐδέποτε πίπτει.» «Μακάριος ὃς φάγεται ἄρτον ἐν τῇ βασιλείᾳ
τοῦ θεοῦ.» Χαλεπώτατον δὲ πάντων πτωμάτων τὴν ἄπτωτον
ἀγάπην ἄνωθεν ἐξ οὐρανῶν ἐπὶ τοὺς ζωμοὺς ῥίπτεσθαι χαμαί.
Κᾷτ´ οἴει με δεῖπνον ἡγεῖσθαι τὸ καταργούμενον; «Ἐὰν γάρ»,
φησί, «διαδῶ τὰ ὑπάρχοντά μου, ἀγάπην δὲ μὴ ἔχω, οὐδέν εἰμι.»
Ταύτης ὅλος ἀπήρτηται τῆς ἀγάπης ὁ νόμος καὶ ὁ λόγος· κἂν
ἀγαπήσῃς κύριον τὸν θεόν σου καὶ τὸν πλησίον σου, ἐν οὐρανοῖς
ἐστιν αὕτη ἡ ἐπουράνιος εὐωχία, ἡ δὲ ἐπίγειος δεῖπνον κέκληται, ὡς
ἐκ τῆς γραφῆς ἀποδέδεικται, δι´ ἀγάπην μὲν γινόμενον τὸ δεῖπνον,
ἀλλ´ οὐκ ἀγάπη τὸ δεῖπνον, δεῖγμα δὲ εὐνοίας κοινωνικῆς καὶ εὐμεταδότου.
«Μὴ βλασφημείσθω οὖν ἡμῶν τὸ ἀγαθόν. Οὐ γάρ ἐστιν ἡ
βασιλεία τοῦ θεοῦ βρῶσις καὶ πόσις», φησὶν ὁ ἀπόστολος, ἵνα τὸ
ἐφήμερον ἄριστον νοηθῇ, «ἀλλὰ δικαιοσύνη καὶ εἰρήνη καὶ χαρὰ ἐν
πνεύματι ἁγίῳ.» Τούτου ὁ φαγὼν τοῦ ἀρίστου τὸ ἄριστον τῶν
ὄντων, τὴν βασιλείαν τοῦ θεοῦ, κτήσεται, μελετήσας ἐνθένδε ἁγίαν
συνήλυσιν ἀγάπης, οὐράνιον ἐκκλησίαν. Ἀγάπη μὲν οὖν χρῆμα
καθαρὸν καὶ τοῦ θεοῦ ἄξιον, ἔργον δὲ αὐτῆς ἡ μετάδοσις. «Φροντὶς
δὲ παιδείας ἀγάπη», ἡ σοφία λέγει, «ἀγάπη δὲ τήρησις νόμων
αὐτῆς.» Αἱ δὲ εὐφροσύναι αὗται ἔναυσμά τι ἀγάπης ἔχουσιν ἐκ
τῆς πανδήμου τροφῆς συνεθιζόμενον εἰς ἀίδιον τροφήν. Ἀγάπη
μὲν οὖν δεῖπνον οὐκ ἔστιν, ἡ δ´ ἑστίασις ἀγάπης ἠρτήσθω.
«Μαθέτωσαν γάρ», φησίν, «οἱ υἱοί σου, οὓς ἠγάπησας, κύριε, ὅτι οὐχ αἱ
γενέσεις τῶν καρπῶν τρέφουσιν ἄνθρωπον, ἀλλὰ τὸ ῥῆμά σου τοὺς
σοὶ πιστεύοντας διατηρεῖ·» «οὐ γὰρ ἐπ´ ἄρτῳ ζήσεται ὁ δίκαιος».
Ἀλλὰ γὰρ τὸ δεῖπνον ἔστω λιτὸν ἡμῖν καὶ εὔζωνον, ἐπιτήδειον
εἰς ἐγρήγορσιν, ποικίλαις ἀνεπίμικτον ποιότησιν, οὐκ ἀπαιδαγώγητον
οὐδὲ τοῦτο· ἀγαθὴ γὰρ κουροτρόφος {αὐτάρκεια} εἰς
κοινωνίαν ἀγάπη ἐφόδιον ἔχουσα πλούσιον, τὴν αὐτάρκειαν, ἣ δὴ
ἐφεστῶσα τῇ τροφῇ δικαίᾳ ποσότητι μεμετρημένῃ σωτηρίως τὸ
σῶμα διοικοῦσα καὶ τοῖς πλησίον ἀπένειμέν τι ἐξ αὑτῆς, ἡ δὲ ὑπερβλύζουσα
τὴν αὐτάρκειαν δίαιτα τὸν ἄνθρωπον κακοῖ, νωθῆ μὲν
τὴν ψυχήν, ἐπισφαλὲς δὲ εἰς νόσον ἐργαζομένη τὸ σῶμα.
Ναὶ μὴν προστρίβονται βλασφημίας δυσανασχέτους αἱ περὶ τὰς
καρυκείας ἡδοναί, λιχνείαν, λαιμαργίαν, ὀψοφαγίαν, ἀπληστίαν,
ἀδηφαγίαν. Μυῖαι τούτοις οἰκεῖαι τοῖς ὀνόμασιν καὶ γαλαῖ κόλακές
τε καὶ μονομάχαι καὶ τὰ «ἄγρια τῶν παρασίτων φῦλα», γαστρὸς
ἡδονῆς οἳ μὲν τὸν λόγον, οἳ δὲ τὴν φιλίαν, οἳ δὲ τὸ ζῆν ἀποδόμενοι,
ἐπὶ γαστέρας ἕρποντες, θηρία ἀνδρείκελα, κατ´ εἰκόνα τοῦ πατρὸς
αὐτῶν τοῦ λίχνου θηρίου. Ἀσώτους {τ´} αὐτοὺς οἱ καλέσαντες
πρῶτοι εὖ μοι δοκοῦσιν αἰνίττεσθαι τὸ τέλος αὐτῶν, ἀσώστους
αὐτοὺς κατὰ ἔκθλιψιν τοῦ σίγμα στοιχείου νενοηκότες. Ἦ γὰρ οὐχ
οὗτοι οἱ περὶ τὰς λοπάδας ἀσχολούμενοι καὶ τὰς μεμωρημένας τῶν
ἡδυσμάτων περιεργίας, οἱ ταπεινόφρονες, χαμαιγενεῖς, τὸν ἐφήμερον
διώκοντες βίον ὡς οὐ ζησόμενοι; Τούτους ταλανίζει διὰ Ἡσαΐου
τὸ ἅγιον πνεῦμα, ἠρέμα πως τῆς ἀγάπης τὸ ὄνομα ὑπεξελόμενον,
ἐπεὶ μὴ κατὰ λόγον ἡ ἑστίασις ἦν· «Αὐτοὶ δὲ ἐποίησαν εὐφροσύνην,
σφάζοντες μόσχους καὶ θύοντες πρόβατα, λέγοντες· φάγωμεν καὶ
πίωμεν, αὔριον γὰρ ἀποθνῄσκομεν·» καὶ ὅτι γε τὴν τοιαύτην
τρυφὴν ἁμαρτίαν λογίζεται, ἐπιφέρει· «καὶ οὐ μὴ ἀφεθήσεται ἡ
ἁμαρτία ὑμῶν αὕτη, ἕως ἂν ἀποθάνητε», οὐχὶ ἄφεσιν τῆς ἁμαρτίας
θάνατον ἀναίσθητον, ἀλλὰ ἀνταπόδοσιν ἁμαρτίας θάνατον σωτηρίας
ἐπικρίνας. «Μὴ εὐφρανθῇς δὲ ἐπὶ μικρᾷ τρυφῇ» ἡ σοφία λέγει.
| [2,1d] Je comprends que la gourmandise cherche à déguiser ses excès sous un nom honorable et spécieux, et qu'elle trouve dans sa folie, comme dit un poète comique, une absurde cause de joie; car ils n'ont pas appris que Dieu a permis à l'homme le boire et le manger pour la nécessité et non pour le plaisir. Il n'est point dans la nature du corps humain d'être fortifié et entretenu par la variété et la délicatesse des aliments; nous voyons, au contraire, que les hommes dont la nourriture est la plus simple et la plus commune sont plus sains, plus forts et plus robustes ; les valets le sont plus que leurs maîtres, et les paysans que leurs seigneurs. Ils ne sont pas seulement plus robustes, mais plus sages ; car les philosophes le sont plus que les riches. C'est que leur esprit n'est ni accablé par l'excès des viandes, ni usé par la volupté. L'agape est une nourriture céleste, un festin raisonnable ; la charité supporte tout, elle espère tout, elle souffre tout, elle ne finira jamais; Heureux celui qui assistera au festin du royaume de Dieu ! Quelle chute, si la charité, qui ne peut mourir et qui habite le ciel, s'abaissait aux honteux plaisirs de la terre ! Pensez-vousque ces repas, qui seront abolis, je les estime quelque chose? « Et quand je distribuerais toutes mes richesses pour nourrir les pauvres, dit l'apôtre, si je n'ai point la charité, tout cela ne me sert de rien. » Tout dépend de cette vertu ; vous serez parfaits si vous aimez le Seigneur votre Dieu et votre prochain. C'est dans les cieux qu'est le banquet céleste, dont le nom grec signifie repos ; celui de la terre reçoit de l'Écriture le nom de Cène. La Cène est l'œuvre de la charité mais n'est point la charité elle-même. Elle est la marque d'une bienveillance fraternelle qui se plaît à faire part aux autres de ce qu'elle possède.
N'exposez pas aux médisances des hommes le bien dont nous jouissons, car le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire et dans le manger, mais dans la justice, dans la paix, et dans la joie que donne le Saint-Esprit ; c'est-à-dire que la nourriture céleste n'est point passagère mais éternelle. Celui qui en mangera possédera le royaume de Dieu par la charité de la sainte Église qu'il aura méditée ici-bas. Sa charité est une vertu pure et digne de Dieu. Son office est de se communiquer. Sa charité est l'amour de la sagesse et l'observation de ses lois. Les joies charitables des festins terrestres accoutument d'avance aux joies du ciel. La Cène donc n'est point la charité ; mais il faut qu'elle en dépende entièrement. « Que vos enfants, Seigneur, qui sont l'objet de votre complaisance, apprennent que l'homme ne se nourrit pas seulement de fruits, mais que votre parole conserve ceux qui croient en vous. » Le juste ne vit pas seulement de pain. Que notre table soit simple et frugale, propre à la veille, sans mélange et multitude de mots, digne des maximes du Sauveur. La charité est comme la nourrice et le lien de la société humaine ; elle a tout en abondance parce que le nécessaire lui suffit, et comme elle mesure ses aliments à ses besoins, elle a toujours de quoi donner aux autres. Sa santé est le fruit de sa sobriété. Mais ceux qui mangent ou qui boivent au delà de leurs besoins se détruisent eux-mêmes: leur âme devient inerte et impuissante, leur corps faible et maladif. Cet amour qu'ils montrent pour les mets exquis, recherchés et voluptueux, les couvre de honte et de ridicule. Gourmands, lâches, gloutons, voraces et insatiables, telles sont, avec mille autres, les épithètes déshonorantes qu'ils s'attirent et qu'ils méritent. C'est encore avec raison qu'on flétrit du nom de mouches les flatteurs, les gladiateurs, les parasites, race impure et détestable. Ils vendent au plaisir de leur ventre, les uns leur raison, les autres leur amitié, et ceux-là leur vie; serpents qui rampent sur la terre, monstres à face humaine, mais semblables, par leur infernale voracité, au démon, qui est leur père. Ceux qui les ont appelés prodigues leur ont donné un nom qui leur convient parfaitement, parce que, selon l'étymologie grecque, cette dénomination marque le peu de soin qu'ils ont de leur salut.
Cette vie incessamment livrée aux impurs désirs de la gourmandise, cette recherche assidue des mets exquis, des ragoûts variés sous toutes les formes, n'est-elle pas ce qu'il peut y avoir au monde de plus vil et de plus abject ? Ces malheureux ne sont-ils pas réellement des fils de la terre, eux qui mangent comme s'ils n'étaient pas destinés à vivre? Oui, ce sont des malheureux, l'Esprit saint le proclame en ces termes par la bouche d'Isaïe, enlevant d'abord à leurs festins, qui blessent la raison, le saint nom d'agape qui en serait souillé, en ces termes, dis-je: Mais partout régnent la joie et les plaisirs; on égorge des béliers et des génisses, on prodigue les vins et les viandes dans la salle des festins : mangeons, buvons, disent-ils, nous mourrons demain. Et le prophète ajoute aussitôt pour faire sentir l'énormité de leur péché, « oui, vous mourrez, a dit la voix du Seigneur à mes oreilles, et votre iniquité ne sera point pardonnée. » Le prophète ne parle point de la mort visible, mais de la mort éternelle, juste châtiment du péché.
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