[13] Ἐπειδὴ δὲ ἀπετύγχανε τῆς πείρας (ἀκούσας
γὰρ τῶν ὑποσχέσεων ὁ μακάριος, κατεγέλασεν αὐτοῦ
τῆς ἀνοίας, εἴ τι νομίζοι βασιλείας οὐρανῶν ἀντάξιον δώσειν),
τότε δὴ ἀφόρητος ἦν τῷ θυμῷ, καὶ
ξίφος ἐγύμνου, καὶ τὸν δήμιον παρεστήσατο, καὶ
χειρὶ καὶ γλώσσῃ μιαιφονῶν θανάτῳ κατεδίκαζε τὸν
μακάριον. Μετέβαινε δὲ πᾶν τὸ θέατρον ἐπὶ τὸν
τόπον τοῦτον· καὶ ὅσον λειπόμενον ἦν τῶν οἰκητόρων,
ἐκχυθὲν πρὸ τοῦ τείχους, ἑώρα τὸ μέγα ἐκεῖνο καὶ
ἐναγώνιον θέαμα, τὸ θαυμαστὸν καὶ ἀγγέλοις καὶ
πάσῃ τῇ κτίσει, ὀδυνηρὸν τῷ διαβόλῳ, καὶ φρβερὸν δαίμοσιν.
Ἐκενώθη τῶν οἰκητόρων ἡ πόλις,
ὥσπερ τινὸς ῥεύματος, τοῦ πλήθους ἀθρόως ἐπὶ τὸν
τόπον τοῦτον μεταῤῥυέντος. Οὐ γυνὴ κατεδέξατο τῆς
θέας ἀπολειφθῆναι, οὐκ ἀνὴρ ἀφανὴς ἢ ἐπίσημος.
Ἐξέλειπον τὰς φυλακὰς τῶν οἴκων οἱ φύλακες·
ἄκλειστα μὲν ἦν τῶν ἐμπόρων τὰ ἐργαστήρια· διέῤῥιπτο δὲ
κατὰ τὴν ἀγορὰν τὰ ὤνια· μία δὲ πάντων
φυλακὴ καὶ ἀσφάλεια, τὸ πάντας ὁμοίως ὑπεξελθεῖν,
καὶ μηδὲ κακοῦργον ἐναπομεῖναι τῇ πόλει. Κατέλειπον δοῦλοι
δεσποτῶν θεραπείας· καὶ ὅσον ξένον τοῦ
δήμου, καὶ ὅσον ἐγχώριον, ὧδε παρῆν πρὸς τὸν
ἄνδρα. Τότε καὶ παρθένος ὄψεως ἀῤῥένων κατατολμήσασα,
καὶ πρεσβύτης καὶ ἄῤῥωστος τὴν ἀσθένειαν
βιασάμενοι, ἔξω τοῦ τείχους ἦσαν. Ἤδη δὲ ὁρμῶντα
πρὸς τὴν διὰ τοῦ θανάτου ζωὴν τὸν μακάριον περιστάντες
οἱ ἐπιτήδειοι, περιεπτύσσοντο, ποτνιώμενοι
καὶ τὰ τελευταῖα κατασπαζόμενοι· καὶ θερμὸν
ἐπ´ αὐτῷ δάκρυον ἀφιέντες, ἱκέτευον μὴ παραδοῦναι
ἑαυτὸν τῷ πυρὶ, μὴ παραναλῶσαι ἑαυτοῦ τὴν νεότητα,
μὴ καταλιπεῖν τὸν γλυκὺν τοῦτον ἥλιον. Ἄλλοι
δὲ συμβουλαῖς πιθαναῖς ἐπειρῶντο παραλογίζεσθαι·
Ῥήματι μόνῳ εἰπὲ τὴν ἄρνησιν, ψυχῇ δὲ ἔχε τὴν
πίστιν ὡς ἂν ἐθέλῃς. Πάντως οὐχὶ τῇ γλώσσῃ προσέχει
(p. 504) Θεὸς, ἀλλὰ τῇ διανοίᾳ τοῦ φθεγγομένου.
Οὕτω γὰρ ὑπάρξει σοι καὶ τὸν κριτὴν ἐκμειλίξασθαι, καὶ
τὸν Θεὸν ἐξιλεώσασθαι.
| [13] Ces promesses ne purent fléchir le bienheureux Gordius : il se moquait de la folie
du juge qui croyait lui offrir des équivalents au royaume céleste. Voyant donc que tous
ses efforts étaient inutiles, cet impie s'abandonne à toute sa fureur ; il tire son épée,
comme s'il eût représenté le bourreau; et souillant d’un meurtre son bras et sa langue,
il condamne le saint martyr. Tout le peuple abandonna l'amphithéâtre, et vint en
foule devant le tribunal. Tous ceux qui étaient restés dans les maisons en sortirent
pour voir ce grand et superbe spectacle; spectacle qui causait de l'admiration aux
anges et à toutes les créatures, de la douleur et de la terreur aux démons. La ville se
trouva déserte, parce que tous les habitants vinrent fondre comme des flots au lieu du
martyre. Les hommes et les femmes de toute condition accouraient à l'envi. Les
maisons demeurèrent sans gardiens, les boutiques des marchands restèrent sans être
fermées, et les marchandises exposées dans la place publique. La ville n’était en
sûreté que parce que tout le monde en était sorti, de sorte qu'il n'y avait personne qui
pût faire de mauvaises actions. Les esclaves abandonnaient le service de leurs
maîtres. Les citoyens et les étrangers étaient présents. Les vierges même eurent la
hardiesse de se montrer aux regards des hommes. Les vieillards et les malades,
malgré leur faiblesse, sortirent hors des murs. Cependant le bienheureux martyr, qui
ne respirait que pour la vie éternelle dont la mort allait lui ouvrir rentrée, était entouré
d'une foule de ses amis et de ses proches, qui l'embrassaient en gémissant, qui lui
faisaient leurs derniers adieux, et qui, versant des larmes amères sur son sort, le
concluraient de ne pas sacrifier la fleur de sa jeunesse, de ne pas renoncer à la
lumière du jour, cette lumière si agréable. Quelques-uns cherchaient à l’éblouir par
des raisons spécieuses. Reniez seulement de bouche, lui disaient-ils, et croyez au fond
du cœur ce que vous voudrez. Ce n'est point aux paroles que Dieu fait attention, mais
aux sentiments. Par-là vous adoucirez le juge sans offenser le Seigneur.
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