[10,444] «Ὅταν δημοκρατουμένη πόλις, φησὶν ὁ Πλάτων ἐν ηʹ Πολιτείας ἐλευθερίας
διψήσασα κακῶν οἰνοχόων (444) προστατούντων τύχῃ καὶ πορρωτέρω τοῦ δέοντος
ἀκράτου αὐτῆς μεθυσθῇ, τοὺς ἄρχοντας δή, ἂν μὴ πάνυ πρᾷοι ὦσι καὶ πολλὴν
παρέχωσι τὴν ἐλευθερίαν, κολάζει αἰτιωμένη ὡς μιαρούς τε καὶ ὀλιγαρχικούς, τοὺς
δὲ κατηκόους τῶν ἀρχόντων προπηλακίζει.»
Ἐν δὲ τῷ τῶν Νόμων ἕκτῳ φησί·
«Τὴν πόλιν εἶναι δεῖ δίκην κεκραμένην κρατῆρος, οὗ μαινόμενος μὲν ὁ οἶνος
ἐγκεχυμένος ζεῖ, κολαζόμενος δὲ ὑπὸ νήφοντος ἑτέρου θεοῦ καλὴν κοινωνίαν λαβὼν
ἀγαθὸν (444b) πῶμα καὶ μέτριον ἀπεργάζεται.»
Τὸ γὰρ παροινεῖν ἐκ τοῦ μεθύειν γίνεται· διὸ καὶ Ἀντιφάνης ἐν Ἀρκαδίᾳ φησίν
«Οὔτε γὰρ νήφοντα δεῖ
οὐδαμοῦ, πάτερ, παροινεῖν, οὔθ´ ὅταν πίνειν δέῃ
νοῦν ἔχειν. Ὅστις δὲ μεῖζον ἢ κατ´ ἄνθρωπον φρονεῖ,
(μικρῷ πεποιθὼς ἀθλίῳ νομίσματι)
εἰς ἄφοδον ἐλθὼν ὅμοιον πᾶσιν αὑτὸν ὄψεται ...
(444c) Ἄν σκοπῇ τὰ τῶν ἰατρῶν τοῦ βίου τεκμήρια
τὰς φλέβας θ´ ὅποι φέρονται, τὰς ἄνω καὶ τὰς κάτω
τεταμένας, δι´ ὧν ὁ θνητὸς πᾶς κυβερνᾶται βίος.»
Ἐν δὲ Αἰόλῳ διαβάλλων ὅσα δεινὰ πράττουσιν οἱ πλέον πίνοντές φησι·
«Μακαρεὺς ἔρωτι τῶν ὁμοσπόρων μιᾶς
πληγεὶς τέως μὲν ἐπεκράτει τῆς συμφορᾶς
κατεῖχέ θ´ αὑτόν· εἶτα παραλαβών ποτε
οἶνον στρατηγόν, ὃς μόνος θνητῶν ἄγει
(444d) τὴν τόλμαν εἰς τὸ πρόσθε τῆς εὐβουλίας,
νύκτωρ ἀναστὰς ἔτυχεν ὧν ἠβούλετο.»
Καλῶς οὖν ἄρα καὶ Ἀριστοφάνης Ἀφροδίτης γάλα τὸν οἶνον ἔφη εἰπών·
«Ἡδύς γε πίνειν οἶνος Ἀφροδίτης γάλα,»
ὃν πολὺν σπῶντες ἔνιοι παρανόμων ἀφροδισίων ὄρεξιν λαμβάνουσιν.
Ἡγήσανδρος δ´ ὁ Δελφὸς καὶ ἐξοίνους τινὰς κέκληκε λέγων οὕτως·
Κόμων καὶ Ῥοδοφῶν τῶν ἐν Ῥόδῳ πολιτευσαμένων ὄντες ἦσαν ἔξοινοι. »
Καὶ ὁ Κόμων εἰς κυβευτὴν σκώπτων τὸν Ῥοδοφῶντα ἔλεγεν·
(444e) «Ὦ γέρον, ἦ μάλα δή σε νέοι τείρουσι κυβευταί. »
Ῥοδοφῶν τε ἐκείνῳ τὴν περὶ τὰς γυναῖκας σπουδὴν καὶ τὴν ἀκρασίαν ὠνείδιζεν
οὐδεμιᾶς ἀπεχόμενος λοιδορίας.
Θεόπομπος δ´ ἐν τῇ ἑκκαιδεκάτῃ τῶν ἱστοριῶν περὶ ἄλλου Ῥοδίου διαλεγόμενός φησι·
«Τοῦ δὲ Ἡγησιλόχου τὰ μὲν ἀχρείου γεγονότος ὑπὸ οἰνοφλυγίας καὶ κύβων καὶ
παντάπασιν οὐκ ἔχοντος ἀξίωμα παρὰ τοῖς Ῥοδίοις, ἀλλὰ διαβεβλημένου διὰ τὴν
ἀσωτίαν τὴν τοῦ βίου καὶ (444f) παρὰ τοῖς ἑταίροις καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις πολίταις. »
Εἶθ´ ἑξῆς λέγων περὶ τῆς ὀλιγαρχίας ἣν κατεστήσατο μετὰ τῶν φίλων ἐπιφέρει·
«Καὶ πολλὰς μὲν γυναῖκας εὐγενεῖς καὶ τῶν πρώτων ἀνδρῶν ᾔσχυναν, οὐκ ὀλίγους δὲ
παῖδας καὶ νεανίσκους διέφθειραν· εἰς τοῦτο δὲ προέβησαν ἀσελγείας, ὥστε καὶ
κυβεύειν ἠξίωσαν πρὸς ἀλλήλους περὶ τῶν γυναικῶν τῶν ἐλευθέρων καὶ διωμολογοῦντο
τοὺς ἐλάττω τοῖς ἀστραγάλοις βάλλοντας ἥντινα χρὴ τῶν πολιτίδων τῷ νικῶντι εἰς
συνουσίαν ἀγαγεῖν, οὐδεμίαν ὑπεξαιρούμενοι πρόφασιν,
| [10,444] En effet, dit Platon, au livre 8 de sa République,
qu'une ville démocratique soit altérée de la liberté, et qu'ayant pour la régler
des échansons (444) inhabiles, elle boive trop de vin pur, il arrive qu'elle se
révolte contre ces chefs, s'ils ne sont pas très indulgents et ne lui accordent
pas une pleine liberté, parce que dès lors elle les regarde comme des scélérats
qui tendent au gouvernement oligarchique ; mais elle insulte aussi ceux qui
demeurent subordonnés aux magistrats.
Le même écrit, dans ses Lois, liv. 9 : Il faut que le gouvernement d'une ville
soit mêlé dans d'aussi justes proportions que la liqueur d'un cratère, où le
vin, qu'on y verse, bouillonne s'il est livré à lui-même; mais lorsqu'il est
tempéré par un autre dieu sobre, l'agréable mélange qui en résulte (444b) en
fait une boisson salubre et modérée.
L'ivresse est toujours suivie de l'insolence ; voilà pourquoi Antiphane
fait dire dans son Arcadie :
«Papa, un homme sobre et rassis ne doit pas être injurieux, et lorsqu'il a
besoin de prendre du vin, il ne faut pas qu'il perde en même temps la raison. Si
un homme s'autorise d'un malheureux argent, et prend un ton fier et insolent,
qu'il aille au privé, il s'y verra semblable à tous les autres hommes, (444c)
s'il jette les yeux sur les indices de la vie, et s'il fait attention au
battement des artères qui s'élèvent et baissent alternativement ; car c'est ce
qui règle toute la vie physique.»
Le même blâmant, dans son Éole, les excès auxquels se portent ceux qui boivent
beaucoup, dit :
«Macarée devenu passionnément amoureux d'une de ses sœurs, maîtrisa quelque
temps sa passion malheureuse, et sut se contenir ; mais ne prenant plus pour
guide que le vin qui rend les mortels téméraires, (444d) il brava ses sages
réflexions précédentes, et se levant la nuit, il exécuta le projet qu'il avait médité.»
Aristophane a dit fort ingénieusement que le vin était le lait de Vénus :
«Le vin, lait de Vénus, est doux à boire.»
En effet, quelques-uns sentent vivement l'aiguillon de l'amour lorsqu'ils en
prennent beaucoup.
Hégésandre de Delphes a donné l'épithète d' g-exoinos à quelques personnes;
voici son passage :
«Coméon et Rodophon, qui avaient été magistrats à Rhodes, étaient g-exoinoi, ou
passionnés pour le vin.»
Coméon persiflait Rodophon sur sa passion pour les jeux de hasard.
(444e) «O vieillard ! les jeunes joueurs de hasard te donnent bien du mal !»
Mais Rodophon, de son côté, lui reprochait son amour pour les femmes et son
incontinence, ajoutant qu'il ne s'abstenait même d'aucune injure.
Théopompe, liv. 16 de ses Histoires, parle ainsi d'un autre Rhodien :
«Hégésiloque était non seulement devenu inutile à sa patrie par son ivrognerie
et les jeux de hasard, ayant même perdu toute considération parmi ses
concitoyens; mais on lui reprochait en outre ses dérèglements, ses débauches,
(444f) tant parmi ses amis que parmi les autres habitants.»
Le même, parlant ensuite de l'oligarchie qu'Hégésiloque avait établie avec ses
amis, ajoute :
«Ils déshonorèrent même nombre de femmes bien nées, et mariées avec les
premiers personnages de la ville. Ils corrompirent aussi plusieurs, tant enfants
que jeunes gens. Enfin, ils poussèrent l'incontinence jusqu'à oser jouer entre
eux, aux dés, des femmes de citoyens, convenant réciproquement que celui qui
amènerait le moins de points aux dés procurerait à celui qui avait vaincu, telle
femme de bourgeois, qui avait été désignée entre eux pour être l'objet de leur
lubricité, et cela sans pouvoir alléguer aucune excuse;
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