[10,413] ὤμοις δὲ κτῆνος τὸ πελώριον ὡς νέον ἄρνα
ἤνεγκεν δι´ ὅλης κοῦφα πανηγύρεως.
Καὶ θάμβος μέν, ἀτὰρ τοῦδε πλέον ἤνυσε θαῦμα
πρόσθεν Πισαίου, ξεῖνε, θυηπολίου·
ὃν γὰρ ἐπόμπευσεν βοῦν ἄζυγον, εἰς κρέα τόνδε
κόψας πάντα κατ´ οὖν μοῦνος ἐδαίσατό νιν.»
Ἀστυάναξ δ´ ὁ Μιλήσιος τρὶς Ὀλύμπια νικήσας κατὰ τὸ ἑξῆς παγκράτιον, κληθείς
ποτε ἐπὶ δεῖπνον ὑπὸ (413b) Ἀριοβαρζάνου τοῦ Πέρσου καὶ ἀφικόμενος ὑπέσχετο
φαγεῖν πάντα τὰ πᾶσι παρασκευασθέντα καὶ κατέφαγε. Τοῦ Πέρσου δ´ αὐτὸν
ἀξιώσαντος, ὡς ὁ Θεόδωρος ἱστορεῖ, ἄξιόν τι ποιῆσαι τῶν κατὰ τὴν ἰσχὺν φακὸν τῆς
κλίνης περίχαλκον ὄντα κλάσας ἐξέτεινε μαλάξας. Τελευτήσαντος δ´ αὐτοῦ καὶ
κατακαυθέντος οὐκ ἐχώρησε μία ὑδρία τὰ ὀστέα, μόλις δὲ δύο. Καὶ τὰ τοῖς ἐννέα
ἀνδράσι παρεσκευασμένα παρὰ τῷ Ἀριοβαρζάνῃ εἰς τὸ δεῖπνον μόνον (413c)
καταφαγεῖν.
Καὶ οὐδὲν παράδοξον τούτους τοὺς ἄνδρας ἀδηφάγους γενέσθαι· πάντες γὰρ οἱ
ἀθλοῦντες μετὰ τῶν γυμνασμάτων καὶ ἐσθίειν πολλὰ διδάσκονται. Διὸ καὶ Εὐριπίδης
ἐν τῷ πρώτῳ Αὐτολύκῳ λέγει·
«Κακῶν γὰρ ὄντων μυρίων καθ´ Ἑλλάδα
οὐδὲν κάκιόν ἐστιν ἀθλητῶν γένους·
οἳ πρῶτα μὲν ζῆν οὔτε μανθάνουσιν εὖ
οὔτ´ ἂν δύναιντο· πῶς γὰρ ὅστις ἔστ´ ἀνὴρ
γνάθου τε δοῦλος νηδύος θ´ ἡσσημένος,
(413d) κτήσαιτ´ ἂν ὄλβον εἰς ὑπερβολὴν πατρός;
οὐδ´ αὖ πένεσθαι κἀξυπηρετεῖν τύχαις
οἷοί τ´· ἔθη γὰρ οὐκ ἐθισθέντες καλὰ
σκληρῶς διαλλάσσουσιν εἰς τἀμήχανα.
Λαμπροὶ δ´ ἐν ἥβῃ καὶ πόλεως ἀγάλματα
φοιτῶς´· ὅταν δὲ προσπέσῃ γῆρας πικρόν,
τρίβωνες ἐκβαλόντες οἴχονται κρόκας.
Ἐμεμψάμην δὲ καὶ τὸν Ἑλλήνων νόμον,
οἳ τῶν δ´ ἕκατι σύλλογον ποιούμενοι
τιμῶς´ ἀχρείους ἡδονὰς δαιτὸς χάριν.
(413e) Τί γὰρ παλαίσας εὖ, τί δ´ ὠκύπους ἀνὴρ
ἢ δίσκον ἄρας ἢ γνάθον παίσας καλῶς
πόλει πατρῴᾳ στέφανον ἤρκεσεν λαβών;
πότερα μαχοῦνται πολεμίοισιν ἐν χεροῖν
δίσκους ἔχοντες ἢ δι´ ἀσπίδων χερὶ
θείνοντες ἐκβαλοῦσι πολεμίους πάτρας;
οὐδεὶς σιδήρου ταῦτα μωραίνει πέλας
στάς. Ἄνδρας ... χρὴ σοφούς τε κἀγαθοὺς
φύλλοις στέφεσθαι χὤστις ἡγεῖται πόλει
(413f) κάλλιστα σώφρων καὶ δίκαιος ὢν ἀνήρ,
ὅστις τε μύθοις ἔργ´ ἀπαλλάσσει κακὰ
μάχας τ´ ἀφαιρῶν καὶ στάσεις. Τοιαῦτα γὰρ
πόλει τε πάσῃ πᾶσί θ´ Ἕλλησιν καλά.»
Ταῦτ´ εἴληφεν ὁ Εὐριπίδης ἐκ τῶν τοῦ Κολοφωνίου ἐλεγείων Ξενοφάνους οὕτως
εἰρηκότος·
| [10,413] et porta lestement sur ses épaules cet animal prodigieux,
par toute l'assemblée, comme s'il eût porté un agneau né depuis peu.
Ce fut un étonnement général ; mais étranger, il fit
encore autre chose de bien plus surprenant, près des sacrifices qu'on offre à
Pise. Il coupa par pièces le bœuf qui n'avait pas été mis au joug, après l'avoir
porté en pompe, et le mangea seul.»
Astydamas de Milet, qui remporta trois fois de suite toutes les palmes à
Olympie, fut un jour invité à souper chez Ariobarzane le Perse. S'y étant
rendu, il avança qu'il mangerait tout ce qu'on avait apprêté pour tous les
autres convives, et il le fit réellement. Le Perse lui demandant après cela,
selon Théodore, de faire de ses tours de force, Astydamas rompit une lentille du
lit, toute couverte d'airain qu'elle était, et en étendit le métal en
l'amollissant dans ses doigts. Cet athlète étant mort, on brûla ses os; mais une
urne, deux même suffirent à peine pour les contenir. Or, ce qu'il avait mangé
chez Ariobarzane (413c) était le souper de neuf personnes.
Mais il n'est pas étonnant que ces athlètes fussent si voraces, puisque
dans les exercices auxquels on les formait, on les habituait à beaucoup manger.
C'est pourquoi Euripide a dit dans la première publication de son Autolycus :
«Dans le nombre infini de méchants hommes qui se trouvent en Grèce, il n'y a
pas de race plus odieuse que celle des athlètes, eux qui n'ont d'abord eu aucun
principe d'éducation, et ne peuvent vivre avec honneur. En effet, comment un
homme esclave de sa bouche et de son ventre (413d) amasserait-il assez de bien
pour faire régner l'abondance dans sa patrie ! Ils ne peuvent ni soutenir
l'indigence, ni se résigner aux vicissitudes du sort. Comme ils n'ont jamais été
habitués à des sentiments nobles, ce n'est qu'avec peine qu'ils changent de
caractère pour lutter contre les revers. Si dans leur jeunesse ils marchent avec
fierté, comme autant de statues qui ornent leur patrie, dès qu'ils arrivent au
terme fâcheux de la vieillesse, leurs habits ne sont plus que des haillons qui
s'en vont comme en charpie. Je blâme donc cet usage où sont les Grecs de se
rassembler des contrées éloignées, et d'attacher de l'honneur à des plaisirs
inutiles, pour assister à des repas. (413e) En effet, quel avantage procure à sa
ville natale celui qui a remporté la couronne à la lutte, à la course, au disque
qu'il a lancé, ou pour avoir brisé une mâchoire avec supériorité ? Va-t-on
combattre l'ennemi en tenant un disque (palet}! ou le chasse-t-on de la patrie
en portant à la course un bouclier devant les pieds? Lorsqu'on est près du fer
de l'ennemi on ne s'occupe pas de ces frivolités. Ce sont donc les gens vertueux
et honnêtes qu'il faut couronner, de même que l'homme prudent et juste qui
dirige le mieux les affaires de l'État, (413f) et sait par ses conseils en
éloigner les malheurs, prévenir toute occasion de débats et de séditions. Voilà
en effet ce qui est glorieux pour toute une ville, et même pour toute la Grèce.»
Mais Euripide doit ces réflexions aux élégies de Xénophane de Colophon,
qui s'exprime ainsi :
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