[10,438] Ἀνάχαρσις δ´ ὁ Σκύθης παρὰ Περιάνδρῳ τεθέντος ἄθλου (438) περὶ τοῦ πίνειν
ᾔτησε τὸ νικητήριον πρῶτος μεθυσθεὶς τῶν συμπαρόντων, ὡς ὄντος τέλους τούτου
καὶ τῆς ἐν τῷ πότῳ νίκης ὥσπερ καὶ τῆς ἐν τῷ τρέχειν.
Λακύδης δὲ καὶ Τίμων οἱ φιλόσοφοι κληθέντες πρός τινα τῶν γνωρίμων ἐπὶ δύο
ἡμέρας καὶ βουλόμενοι συμπεριφέρεσθαι τοῖς παροῦσιν ἔπινον προθυμότερον. Τῇ μὲν
οὖν πρώτῃ τῶν ἡμερῶν ὁ Λακύδης ἀπῄει πρότερος ἐπιπολάσαντος αὐτῷ τοῦ ποτοῦ, καὶ
ὁ Τίμων ὁρῶν αὐτὸν ἀπιόντα ἔφη·
«Ἠράμεθα μέγα κῦδος, ἐπέφνομεν Ἕκτορα δῖον.»
Τῇ δ´ ὑστεραίᾳ προαπιόντος τοῦ Τίμωνος διὰ τὸ μὴ δυνηθῆναι ἐκπιεῖν τὴν
προποθεῖσαν αὐτῷ κύλικα ὁ (438b) Λακύδης ἰδὼν αὐτὸν ἐπανάγοντα εἶπε·
«Δυστήνων δέ τε παῖδες ἐμῷ μένει ἀντιόωσιν.»
Μυκερῖνον δὲ τὸν Αἰγύπτιον ὁ Ἡρόδοτος ἱστορεῖ διὰ τῆς δευτέρας ἀκούσαντα
παρὰ τῶν μάντεων ὅτι ὀλιγοχρόνιός ἐστι, λύχνα ποιησάμενον πολλὰ ὁπότε γένοιτο
νὺξ πίνειν καὶ εὐπαθεῖν οὔτε ἡμέρας οὔτε νυκτὸς ἀνιέντα· καὶ εἰς τὰ ἕλεα δὲ καὶ
τὰ ἄλση νεμόμενον, ἔτι τε ὅπου πύθοιτο ἡβητήρια εἶναι μεθύσκεσθαι. Καὶ Ἄμασιν δὲ
τὸν καὶ αὐτὸν Αἰγυπτίων βασιλέα Ἡρόδοτος πολλὰ πεπωκέναι φησίν.
(438c) Ἑρμείας δ´ ὁ Μηθυμναῖος ἐν τρίτῃ Σικελικῶν φιλοπότην φησὶ γενέσθαι
Νικοτέλη τὸν Κορίνθιον. Φαινίας δὲ ὁ Ἐρέσιος ἐν τῷ ἐπιγραφομένῳ Τυράννων
ἀναίρεσις ἐκ τιμωρίας Σκόπαν φησὶ τὸν Κρέοντος μὲν υἱόν, Σκόπα δὲ τοῦ παλαιοῦ
ὑιδοῦν φιλοποτοῦντα διατελέσαι καὶ τὴν ἐπάνοδον τὴν ἀπὸ τῶν συμποσίων ποιεῖσθαι
ἐπὶ θρόνου καθήμενον καὶ ὑπὸ τεσσάρων βασταζόμενον οὕτως οἴκαδε ἀπιέναι.
Φύλαρχος δὲ ἐν τῇ ἕκτῃ τῶν ἱστοριῶν Ἀντίοχόν φησι τὸν βασιλέα φίλοινον γενόμενον
μεθύσκεσθαί τε καὶ κοιμᾶσθαι ἐπὶ πλέον, εἶθ´ ἑσπέρας πάλιν ἀφυπνιζόμενον
ἐπιπίνειν.
(438d) «Ἐχρημάτιζέ τε, φησί, νήφων μὲν βραχέα τελέως, μεθύων δὲ τὰ πολλά. Διὸ
περὶ αὐτὸν δύο ἦσαν οἱ διοικοῦντες τὴν βασιλείαν, Ἄριστος καὶ Θεμίσων, Κύπριοι
μὲν γένος καὶ ἀδελφοί, ἐρώμενοι δὲ ἀμφότεροι τοῦ Ἀντιόχου.»
Πολυπότης δὲ ἦν καὶ Ἀντίοχος ὁ βασιλεὺς ὁ κληθεὶς Ἐπιφανής, ὁ ὁμηρεύσας
παρὰ Ῥωμαίοις, ὃν ἱστορεῖ Πτολεμαῖος ὁ Εὐεργέτης ἐν τῷ τρίτῳ τῶν ὑπομνημάτων κἀν
τῷ πέμπτῳ (438e) φάσκων αὐτὸν εἰς τοὺς Ἰνδικοὺς κώμους καὶ μέθας τραπέντα πολλὰ
ἀναλίσκειν. Καὶ τὰ περιλειπόμενα δὲ τῶν χρημάτων μεθ´ ἡμέραν κωμάζων ὁτὲ μὲν
ἐξέχει, ἄλλοτε δὲ ἐν ταῖς δημοσίαις ὁδοῖς ἱστάμενος ἔλεγε·
«Τίνι ἡ τύχη δίδωσι, λαβέτω.»
Καὶ ῥίψας τὸ ἀργύριον ᾤχετο. Πολλάκις δὲ καὶ πλεκτὸν στέφανον ῥόδων ἔχων ἐπὶ
τῆς κεφαλῆς καὶ χρυσοϋφῆ τήβενναν φορῶν μόνος ἐρέμβετο λίθους ὑπὸ μάλης ἔχων,
οἷς ἔβαλλε τῶν ἰδιωτῶν τοὺς ἀκολουθοῦντας αὐτῷ ἐλούετο δὲ καὶ εἰς τοὺς κοινοὺς
λουτρῶνας μύροις ἀλειφόμενος, (438f) ὅτε καί ποτε συνιδών τις αὐτὸν ἰδιώτης ἔφη
«Μακάριος εἶ, ὦ βασιλεῦ, πολυτελὲς ὄζεις.»
Καὶ ὃς ἡσθεὶς
«Ἐγώ σε, φησίν, ὑπέρκορον τούτου ποιήσω.»
Καὶ κατὰ τῆς κεφαλῆς αὐτοῦ ὑδρίσκην ὑπὲρ δύο χοᾶς ἔχουσαν παχέος μύρου
καταχυθῆναι ἐκέλευσεν, ὡς καὶ τὸ πλῆθος τῶν ἀγοραιοτέρων εἰς τὸ ἐκχυθὲν
συγκυλισθῆναι. Ὀλίσθου τε γενομένου αὐτός τε ὁ Ἀντίοχος ἔπεσε καγχάζων καὶ οἱ
πλεῖστοι τῶν λουομένων τὸ αὐτὸ ἔπασχον.
| [10,438] Anacharsis, philosophe Scythe, se trouvant chez Périandre, (438) où il y avait
un prix de proposé au plus grand buveur, le demanda comme s'étant enivré le
premier de toute l'assemblée, disant que si l'on était vainqueur à la course en
arrivant le premier au but, on devait aussi être regardé comme tel, lorsqu'on
parvenait le premier à s'enivrer, ce qui était le terme de la boisson.
Lacydès et Timon, l'un et l'autre philosophes, ayant été invités pour deux jours
chez quelques amis, et ne voulant pas se refuser à quelque complaisance pour les
convives, burent assez largement. Or, Lacydès se retira le premier jour avant
Timon, sentant déjà les vapeurs du vin lui monter à la tête. Timon le voyant
sortir, lui dit, avec ce vers d'Homère,
«Nous avons acquis une grande gloire : le courageux Hector est mort sous nos
coups.»
Le lendemain Timon ayant porté la santé à Lacydès ne put vider d'un trait tout
le gobelet qu'on lui présenta. (438b) Lacydès voyant qu'il buvait à plusieurs
reprises, lui dit à son tour :
«Ce sont les enfants des pères infortunés, qui osent se présenter devant mon
bras valeureux.»
Voici ce qu'Hérodote raconte dans son second livre au sujet de Mycérinus,
roi d'Égypte. Ce prince ayant appris des devins qu'il ne vivrait pas longtemps,
se fit préparer beaucoup de lampes pour être allumées à nuit tombante, et se mit
à boire, et à se divertir, sans intermission le jour et la nuit ; passant tantôt
dans les marais, tantôt dans les bocages, et partout où il apprenait qu'il y
avait des assemblées de jeunes gens qui buvaient, et il buvait ainsi partout. Le
même rapporte qu'Amasis, autre roi d'Égypte, était aussi grand buveur.
(438c) Hermias de Méthymne dit, liv. 3 de son Histoire de Sicile, que Nicotélès
de Corinthe aimait passionnément le vin. Phanias d'Erèse, qui a écrit un ouvrage
sur les tyrans punis de mort, y rapporte que Scottas, fils de Créon, et petit
fils de Scottas l'ancien, ne buvait pas moins ; qu'il revenait des festins porté
sur un siége par quatre hommes, et se rendait ainsi chez lui.
Selon Phylarque, liv. 6 de ses Histoires, le roi Antiochus aimait beaucoup le
vin, s'enivrait, et se tenait le plus souvent au lit, se réveillant vers la nuit
pour recommencer à boire. (438d) Ivre la plupart du temps, à peine se
trouvait-il jamais assez libre de vin pour jeter un coup d'œil, en passant, sur
les affaires publiques. Voilà pourquoi il avait auprès de lui, pour gouverner
son royaume, Ariste et Thémison de Chypre, deux frères qu'il aimait.
Antiochus, surnommé Épiphane, qui avait été donné en otage aux Romains,
était aussi adonné au vin. Ptolémée Évergète en parle au liv. I de ses
Commentaires; mais voici ce qu'il en dit dans le cinquième :
(438e) «S'étant abandonné aux débauches et à l'ivrognerie des Indiens, il
dissipa des sommes considérables, et s'il lui en restait encore après les folies
qu'il avait faites pendant le jour, il le jetait au hasard, ou au milieu des
rues dans lesquelles il s'arrêtait, disant, attrape qui peut : ayant ainsi jeté
cet argent il s'en allait. Souvent il errait ça et là seul, couronné de roses,
et couvert d'une robe (tebenne) d'étoffe d'or; ayant, sous l'aisselle, des
pierres qu*il lançait sur ceux qui le suivaient. Il allait se laver aux bains
communs de la ville, déjà tout parfumé.
Un particulier, l'ayant un jour rencontré, lui dit : O roi ! que vous êtes
heureux de sentir si bon ! Eh bien ! répondit Antiochus, joyeux de ce salut, je
vais t'en donner au-delà de tes désirs. Aussitôt il lui fit répandre sur la tête
une petite urne où il y avait plus de deux conges de parfums épais ; de sorte
qu'une multitude de gens du plus bas peuple vint se rouler sur ce qui était
tombé à terre. L'endroit était même devenu si glissant qu'Antiochus tomba,
quoiqu'il ne fît qu'en rire. Plusieurs de ceux qui étaient au bain ne purent non
plus éviter de tomber.
|