[10,429] ὡς ἱστορεῖ Χαμαιλέων ἐν τῷ περὶ Αἰσχύλου. Ἀγνοοῦσί τε οἱ λέγοντες πρῶτον
Ἐπίχαρμον ἐπὶ τὴν σκηνὴν παραγαγεῖν μεθύοντα, μεθ´ ὃν Κράτητα ἐν Γείτοσι.
Καὶ Ἀλκαῖος δὲ ὁ μελοποιὸς καὶ Ἀριστοφάνης ὁ κωμῳδιοποιὸς μεθύοντες ἔγραφον τὰ
ποιήματα, πολλοὶ δὲ καὶ ἄλλοι μεθυσκόμενοι λαμπρότερον ἐν τῷ πολέμῳ ἠγωνίσαντο.
Παρὰ δὲ Λοκροῖς τοῖς Ἐπιζεφυρίοις εἴ τις ἄκρατον ἔπιε μὴ προστάξαντος ἰατροῦ
θεραπείας ἕνεκα, θάνατος ἦν ἡ ζημία Ζαλεύκου τὸν νόμον θέντος. Παρὰ δὲ
Μασσαλιήταις ἄλλος νόμος τὰς γυναῖκας ὑδροποτεῖν. Ἐν δὲ Μιλήτῳ ἔτι καὶ νῦν φησι
Θεόφραστος (429b) τοῦτ´ εἶναι τὸ νόμιμον. Παρὰ δὲ Ῥωμαίοις οὔτε οἰκέτης οἶνον
ἔπινεν οὔτε γυνὴ ἐλευθέρα οὔτε τῶν ἐλευθέρων οἱ ἔφηβοι μέχρι τριάκοντα ἐτῶν.
Ἄτοπος δὲ ὁ Ἀνακρέων ὁ πᾶσαν αὑτοῦ τὴν ποίησιν ἐξαρτήσας μέθης. Τῇ γὰρ μαλακίᾳ
καὶ τῇ τρυφῇ ἐπιδοὺς ἑαυτὸν ἐν τοῖς ποιήμασι διαβέβληται, οὐκ εἰδότων τῶν πολλῶν
ὅτι νήφων ἐν τῷ γράφειν καὶ ἀγαθὸς ὢν προσποιεῖται μεθύειν οὐκ οὔσης ἀνάγκης.
Οἱ δὲ ἀγνοοῦντες τὴν τοῦ οἴνου δύναμιν τὸν Διόνυσον φάσκουσιν μανιῶν εἶναι
αἴτιον τοῖς ἀνθρώποις, βλασφημοῦντες οὐ μετρίως. (429c) Ὅθεν ὁ Μελανιππίδης·
«Πάντες δ´ ἀπεστύγεον ὕδωρ,
τὸ πρὶν ἐόντες ἀίδριες οἴνου.
Τάχα δὴ τάχα τοὶ μὲν οὖν ἀπωλαυοντο,
τοὶ δὲ παράπληκτον χέον ὀμφάν.»
Ἀριστοτέλης δ´ ἐν τῷ περὶ μέθης φησίν·
Εἰ ὁ οἶνος μετρίως ἀφεψηθείη, πινόμενος ἧττον μεθύσκει· τὴν γὰρ δύναμιν
ἀφεψηθέντος αὐτοῦ ἀσθενεστέραν γίγνεσθαι· μεθύσκονταί τε, φησίν, οἱ γεραίτεροι
τάχιστα δι´ ὀλιγότητα καὶ ἀσθένειαν τοῦ περὶ αὐτοὺς (429d) ἐνυπάρχοντος φύσει
θερμοῦ. Καὶ οἱ παντελῶς δὲ νέοι τάχιον μεθύσκονται διὰ τὸ πλῆθος τοῦ
ἐνυπάρχοντος θερμοῦ· τῷ γὰρ ἐκ τοῦ οἴνου προσγινομένῳ κρατοῦνται ῥᾳδίως.
Μεθύσκονται δὲ κἀν τοῖς ἀλόγοις ζῴοις ὕες μὲν σταφυλῆς στεμφύλων χορτασθέντες
καὶ τὸ τῶν κοράκων καὶ τῶν κυνῶν γένος τὴν οἰνοῦτταν καλουμένην φαγόντα βοτάνην,
πίθηκος δὲ καὶ ἐλέφας πιόντες οἶνον. Διὸ καὶ τὰς θήρας ποιοῦνται τῶν πιθήκων καὶ
τῶν κοράκων μεθυσθέντων, τῶν μὲν οἴνῳ, τῶν δὲ τῇ οἰνούττῃ.
«Τὸ δ´ ἐνδελεχῶς μεθύειν,»
(429e) φησὶ Κρώβυλος ἐν Ἀπολιπούσῃ,
«Τίν´ ἡδονὴν ἔχει,
ἀποστεροῦντα ζῶνθ´ ἑαυτὸν τοῦ φρονεῖν,
ὃ μέγιστον ἡμῶν ἀγαθὸν ἔσχεν ἡ φύσις;»
Καὶ Ἄλεξις δὲ ἐν τῇ τοῦ Φρυγίου διασκευῇ φησιν·
«Εἰ τοῦ μεθύσκεσθαι πρότερον τὸ κραιπαλᾶν
παρεγίνεθ´ ἡμῖν, οὐδ´ ἂν εἷς οἶνόν ποτε
προσίετο πλείω τοῦ μετρίου. Νυνὶ δὲ τὴν
τιμωρίαν οὐ προσδοκῶντες τῆς μέθης
ἥξειν προχείρως τοὺς ἀκράτους πίνομεν.»
(429f) Τὸν δὲ Σαμαγόρειον οἶνον καλούμενόν φησιν ὁ Ἀριστοτέλης ἀπὸ τριῶν κοτυλῶν
κερασθεισῶν μεθύσκειν ὑπὲρ τεσσαράκοντα ἄνδρας.’
Ταῦτ´ εἰπὼν ὁ Δημόκριτος καὶ πιὼν ἔφη· τούτοις εἴ τις ἀντιλέγειν ἔχει,
παρίτω. Ἀκούσεται γὰρ κατὰ τὸν Εὔηνον·
«Σοὶ μὲν ταῦτα δοκοῦντ´ ἔστω, ἐμοὶ δὲ τάδε.»
Ἐγὼ δ´ ἐπεὶ παρεξέβην περὶ τῶν ἀρχαίων κράσεων διαλεγόμενος, ἐπαναλήψομαι τὸν
λόγον τὰ ὑπὸ Ἀλκαίου τοῦ μελοποιοῦ λεχθέντα ἐπὶ νοῦν βαλλόμενος·
| [10,429] Si l'on en croit ce que Caméléon nous dit de ce poète, Sophocle lui fit un jour
ce reproche : «Eschyle, tu fais bien, mais sans le savoir.»
C'est aussi être mal instruit que de prétendre que ce soit Épicharme, et, après
lui, Cratès, dans ses Voisins, qui aient produit sur le théâtre un personnage ivre.
Nous savons qu'Alcée le poète lyrique, et Aristophane le comique, écrivirent
leurs poèmes dans l'ivresse. Plusieurs autres personnages sujets à s'enivrer
n'en ont combattu que plus valeureusement à la guerre.
Mais chez les Locriens Epizéphyriens, il y avait une loi portée par Zaleucus, en
vertu de laquelle il était défendu, sous peine de mort, de boire du vin, à moins
que ce ne fût comme médicament et par l'ordre d'un médecin. A Marseille, une loi
ordonnait aux femmes de ne boire que de l'eau ; et Théophraste (429b) rapporte
que cette même loi était aussi observée de son temps à Milet. A Rome, la loi
défendait le vin aux esclaves, aux femmes libres, et aux adolescents jusqu'à
trente ans.
On est choqué de voir Anacréon répandre l'ivresse dans toutes ses poésies; on
lui reproche de se montrer dans ses vers comme livré à la mollesse et à la
volupté; mais nombre de gens ignorent qu'Anacréon était un homme honnête, et
toujours rassis lorsqu'il écrivait, feignant d'être étourdi par les vapeurs du
vin, lorsqu'il pouvait se montrer très sobre et très réservé.
D'autres, ignorant la vertu du vin, disent que c'est Bacchus qui rend les
hommes insensés, et chargent ce dieu d'une atroce calomnie. (429c) Milanippide
dit à ce sujet:
«Tous abhorrèrent l'eau, après avoir connu la vertu du vin qu'ils avaient
ignorée. Les uns se mirent à boire précipitamment, les autres ne pouvaient déjà
plus articuler les mots.»
Aristote dit, dans son Traité de l'Ivresse, que le vin qu'on a modérément fait
bouillir enivre moins, parce qu'on en diminue la force par l'ébullition. Les
vieillards, ajoute-t-il, s'enivrent promptement, parce qu'ils n'ont que très peu
de chaleur autour d'eux. Les sujets très jeunes, au contraire, sont bientôt
étourdis des vapeurs du vin, parce qu'ils ont beaucoup de chaleur interne. La
chaleur du vin se joignant à la leur, toutes les facultés sont facilement
interceptées.
Parmi les animaux, les cochons s'enivrent en se repaissant de marc de raisin. Il
en est de même des corbeaux et des chiens, lorsqu'ils mangent de l'herbe qu'on
appelle g-oinoutta ; du singe et de l'éléphant, en buvant du vin. C'est pourquoi
les chasseurs prennent les singes en leur laissant boire du vin avec lequel ils
s'enivrent, et les corbeaux avec de l'œnoutte.
(429e) Mais, dit Crobyle, dans son Apolypuse:
«Quel plaisir y a-t-il à s'enivrer sans intermission, et à ne vivre que pour se
priver de la raison, le plus grand bien que l'espèce humaine ait reçu ?»
Alexis dit aussi dans son Phrygien retouché :
«Si l'ivresse pouvait précéder la boisson, non, certes, aucun de nous ne
boirait de vin outre mesure; mais comme nous ne nous attendons pas à être punis
promptement d'avoir bu, nous avalons les verres de vin sans le détremper.»
(429f) Aristote rapporte que le mélange de trois cotyles de vin, Samagoraion,
suffirent pour enivrer plus de quarante hommes.
Démocrite, après avoir fait ce récit, but un verre de vin, et dit : Si
quelqu'un peut me contredire avec raison, qu'il se fasse connaître ; pour lors
je lui répondrai par ce vers d'Évenus :
«Cela te semble ainsi ; je vois autrement.»
Mais puisque je me suis écarté de ce que j'avais commencé à dire sur les
proportions d'eau et de vin que les anciens mêlaient pour boire, je vais
reprendre le même sujet, rappelant d'abord ce qu'a dit le poète lyrique Alcée.
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