[1,11] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΑ'.
§ 1. Ἐπεὶ οὖν φαίνεται ἐφ´ ἡμῖν ὂν τὸ σπουδαῖον εἶναι, ἀναγκαῖον τὸ μετὰ
ταῦτα εἰπεῖν ὑπὲρ ἑκουσίου, τί ἐστι τὸ ἑκούσιον· τοῦτο γάρ ἐστι τὸ
κυριώτατον πρὸς τὴν ἀρετήν, τὸ ἑκούσιον. Ἐκούσιον δὲ ἁπλῶς μὲν οὕτως
ῥηθῆναί ἐστιν ὃ πράττομεν μὴ ἀναγκαζόμενοι· ἀλλ´ ἴσως σαφέστερον λεκτέον
ἐστὶν ὑπὲρ αὐτοῦ.
§ 2. Ἔστιν οὖν καθ´ ὃ πράττομεν ὄρεξις· ὀρέξεως δ´ ἐστὶν εἴδη τρία,
ἐπιθυμία θυμὸς βούλησις. Πρῶτον μὲν οὖν τὴν κατ´ ἐπιθυμίαν πρᾶξιν
ἐπισκεπτέον, πότερον ἑκούσιόν ἐστιν ἢ ἀκούσιον. {Οἷον} τὸ μὲν οὖν ἀκούσιον
οὐκ ἂν δόξειεν. Διὰ τί καὶ πόθεν; Ὅτι ὅσα μὴ ἑκόντες πράττομεν,
ἀναγκαζόμενοι πράττομεν, ἐπὶ δὲ τοῖς ἐξ ἀνάγκης πραττομένοις πᾶσιν ἕπεται
λύπη, τοῖς δὲ δι´ ἐπιθυμίαν πραττομένοις ἡδονὴ ἀκολουθεῖ, ὥστε οὑτωσί γε
οὐκ ἂν εἴη τὰ δι´ ἐπιθυμίαν πραττόμενα ἀκούσια, ἀλλ´ ἑκούσια.
§ 3. Ἀλλὰ πάλιν ἄλλος λόγος τις τούτῳ ἐναντιοῦται, ὁ ἐπὶ τῇ ἀκρασίᾳ.
Οὐθεὶς γάρ, φησί, πράττει ἑκὼν τὰ κακά, εἰδὼς ὅτι κακὰ ἐστίν· ἀλλὰ μήν,
φησίν, ὅ γε ἀκρατὴς εἰδὼς ὅτι ταῦτα φαῦλά ἐστιν ὅμως πράττει, καὶ κατ´
ἐπιθυμίαν γε πράττει· οὐκ ἄρα ἑκών· ἀναγκαζόμενος ἄρα.
§ 4. Ἐνταῦθα πάλιν ὁ αὐτὸς λόγος ἀπαντήσεται. Καὶ γὰρ εἰ κατ´ ἐπιθυμίαν,
οὐκ ἐξ ἀνάγκης· τῇ γὰρ ἐπιθυμίᾳ ἡδονὴ ἀκολουθεῖ, τὰ δὲ δι´ ἡδονὴν οὐκ ἐξ
ἀνάγκης. Καὶ ἄλλως τοῦτ´ ἂν γένοιτο δῆλον, ὅτι ὁ ἀκρατὴς ἑκὼν πράττει. Οἱ
μὲν γὰρ ἀδικοῦντες ἑκόντες ἀδικοῦσιν, οἱ δὲ ἀκρατεῖς ἄδικοι καὶ
ἀδικοῦσιν· ὥστε ὁ ἀκρατὴς ἑκὼν ἂν πράττοι τὰ κατὰ τὴν ἀκρασίαν.
| [1,11] CHAPITRE XI.
§ 1. Après avoir démontré que la vertu dépend de nous, il est nécessaire
de traiter du libre arbitre, et d'expliquer ce qu'est l'acte libre et
volontaire ; car en fait de vertu, c'est le volontaire et libre arbitre
qui est le point vraiment essentiel. Le mot de volontaire désigne,
absolument parlant, tout ce que nous faisons sans y être contraints par
une nécessité quelconque. Mais cette définition exige peut-être qu'on
l'éclaircisse par des explications.
§ 2. Le mobile qui nous fait agir, c'est d'une manière toute générale,
l'appétit. On peut distinguer trois espèces d'appétits : le désir, la
colère, la volonté. Recherchons, en premier lieu, si l'action que nous
fait faire le désir est volontaire ou involontaire. Il n'est pas possible
qu'elle soit involontaire. Pourquoi cela? et d'où cela vient-il ? Tout ce
que nous faisons autrement que par notre libre volonté, nous ne le faisons
que par une nécessité qui nous domine. Or, il y a toujours une certaine
douleur à la suite de tout ce qu'on fait par nécessité. Le plaisir, au
contraire, est une conséquence de ce qu'on fait par désir. Ainsi donc, les
choses qui sont faites par désir ne sauraient être involontaires, du moins
en ce sens ; et elles sont certainement volontaires.
§ 3. Il est vrai qu'à cette théorie on pourrait en opposer une autre qu'on
fait pour expliquer l'intempérance : « Personne, dit-on, ne fait le mal de
son plein gré en sachant que c'est le mal ; et pourtant, ajoute-t-on,
l'intempérant incapable de se dominer, tout en sachant bien que ce qu'il
fait est mal, ne le fait pas moins ; mais c'est qu'il suit l'impulsion de
son désir. Il n'agit donc pas de sa libre volonté ; et il est contraint
par une nécessité fatale ».
§ 4. Mais nous réfuterons cette objection par le même raisonnement que
plus haut. Non ; l'acte que provoque le désir n'est point un acte de
nécessité ; car le plaisir est la suite du désir, et ce qui se fait par
plaisir n'est jamais d'une nécessité inévitable. Mais on pourrait prouver
encore autrement que le débauché agit de sa pleine volonté ; car
apparemment, on ne niera pas que les hommes injustes sont injustes
volontairement. Or, les débauchés sont injustes et commettent une
injustice ; et par conséquent, le débauché, qui n'est plus maître de lui,
fait volontairement ses actes d'intempérance.
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