HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Traité du ciel, Livre III

Chapitre 7

  Chapitre 7

[3,7] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ζ'. 1. Πάλιν οὖν ἐπισκεπτέον τίς τρόπος τῆς ἐξ ἀλλήλων γενέσεως, πότερον ὡς Ἐμπεδοκλῆς λέγει καὶ Δημόκριτος, ὡς οἱ εἰς τὰ ἐπίπεδα διαλύοντες, ἔστιν ἄλλος τις τρόπος παρὰ τούτους. (306a) Οἱ μὲν οὖν περὶ Ἐμπεδοκλέα καὶ Δημόκριτον λανθάνουσιν αὐτοὶ αὑτοὺς οὐ γένεσιν ἐξ ἀλλήλων ποιοῦντες, ἀλλὰ φαινομένην γένεσιν· ἐνυπάρχον γὰρ ἕκαστον ἐκκρίνεσθαί φασιν, ὥσπερ ἐξ ἀγγείου τῆς γενέσεως οὔσης, ἀλλ´ οὐκ ἔκ τινος ὕλης, οὐδὲ γίγνεσθαι μεταβάλλοντος. § 2. Ἔπειτα κἂν οὕτως οὐδὲν ἧττον ἄλογα τὰ συμβαίνοντα. Τὸ γὰρ αὐτὸ μέγεθος οὐ δοκεῖ συμπιληθὲν γίνεσθαι βαρύτερον. Ἀνάγκη δὲ τοῦτο λέγειν τοῖς φάσκουσιν ἐκκρίνεσθαι τὸ ὕδωρ ἐκ τοῦ ἀέρος ἐνυπάρχον· ὅταν γὰρ ὕδωρ ἐξ ἀέρος γένηται, βαρύτερόν ἐστιν. § 3. Ἔτι δὲ τῶν μεμιγμένων σωμάτων οὐκ ἀνάγκη χωρισθὲν θάτερον ἀεὶ πλείω τόπον ἐπέχειν· ὅταν δ´ ἐξ ὕδατος ἀὴρ γένηται, πλείω καταλαμβάνει τόπον· τὸ γὰρ λεπτομερέστερον ἐν πλείονι τόπῳ γίγνεται. Φανερὸν δὲ τοῦτό γε καὶ ἐν τῇ μεταβάσει· διατμιζομένου γὰρ καὶ πνευματουμένου τοῦ ὑγροῦ ῥήγνυται τὰ περιέχοντα τοὺς ὄγκους ἀγγεῖα διὰ τὴν στενοχωρίαν. Ὥστ´ εἰ μὲν ὅλως μή ἐστι κενὸν μηδ´ ἐπεκτείνεται τὰ σώματα, καθάπερ φασὶν οἱ ταῦτα λέγοντες, φανερὸν τὸ ἀδύνατον· εἰ δ´ ἔστι κενὸν καὶ ἐπέκτασις, ἄλογον τὸ ἐξ ἀνάγκης ἀεὶ πλείω τόπον ἐπιλαμβάνειν τὸ χωριζόμενον. § 4. Ἀνάγκη δὲ καὶ ὑπολείπειν τὴν ἐξ ἀλλήλων γένεσιν, εἴπερ ἐν τῷ πεπερασμένῳ μεγέθει μὴ ἐνυπάρχει ἄπειρα πεπερασμένα. Ὅταν γὰρ ἐκ γῆς ὕδωρ γένηται, ἀφῄρηταί τι τῆς γῆς, εἴπερ ἐκκρίσει γένεσις· καὶ πάλιν ὅταν ἐκ τῆς ὑπολειπομένης, ὡσαύτως. Εἰ μὲν οὖν ἀεὶ τοῦτ´ ἔσται, συμβήσεται ἐν τῷ πεπερασμένῳ ἄπειρα ἐνυπάρχειν· ἐπεὶ δὲ τοῦτ´ ἀδύνατον, οὐκ ἂν ἀεὶ γίγνοιτο ἐξ ἀλλήλων. Ὅτι μὲν οὖν οὐκ ἔστι τῇ ἐκκρίσει εἰς ἄλληλα μετάβασις, εἴρηται. § 5. Λείπεται δ´ εἰς ἄλληλα μεταβάλλοντα γίγνεσθαι. Τοῦτο δὲ διχῶς· γὰρ τῇ μετασχηματίσει, καθάπερ ἐκ τοῦ αὐτοῦ κηροῦ γίγνοιτ´ ἂν σφαῖρα καὶ κύβος, τῇ διαλύσει τῇ εἰς τὰ ἐπίπεδα, ὥσπερ ἔνιοί φασιν. Εἰ μὲν οὖν τῇ μετασχηματίσει γίνεται, συμβαίνει ἐξ ἀνάγκης ἄτομα λέγειν τὰ σώματα· διαιρετῶν γὰρ ὄντων οὐκ ἔσται τὸ τοῦ πυρὸς μέρος πῦρ, οὐδὲ τὸ τῆς γῆς γῆ, διὰ τὸ μὴ εἶναι μήτε τὸ τῆς πυραμίδος μέρος πάντως πυραμίδα μήτε τὸ τοῦ κύβου κύβον. § 6. (306b) Εἰ δὲ τῇ τῶν ἐπιπέδων διαλύσει, πρῶτον μὲν ἄτοπον τὸ μὴ πάντα γεννᾶν ἐξ ἀλλήλων, ὅπερ ἀνάγκη λέγειν αὐτοῖς, καὶ λέγουσιν. Οὔτε γὰρ εὔλογον ἓν μόνον ἄμοιρον γενέσθαι τῆς μεταβάσεως, οὔτε φαίνεται κατὰ τὴν αἴσθησιν, ἀλλ´ ὁμοίως πάντα μεταβάλλειν εἰς ἄλληλα. Συμβαίνει δὲ περὶ τῶν φαινομένων λέγουσι μὴ ὁμολογούμενα λέγειν τοῖς φαινομένοις. Τούτου δ´ αἴτιον τὸ μὴ καλῶς λαβεῖν τὰς πρώτας ἀρχάς, ἀλλὰ πάντα βούλεσθαι πρός τινας δόξας ὡρισμένας ἀνάγειν. Δεῖ γὰρ ἴσως τῶν μὲν αἰσθητῶν αἰσθητάς, τῶν δὲ ἀϊδίων ἀϊδίους, τῶν δὲ φθαρτῶν φθαρτὰς εἶναι τὰς ἀρχάς, ὅλως δ´ ὁμογενεῖς τοῖς ὑποκειμένοις. Οἱ δὲ διὰ τὴν τούτων φιλίαν ταὐτὸ ποιεῖν ἐοίκασι τοῖς τὰς θέσεις ἐν τοῖς λόγοις διαφυλάττουσιν· ἅπαν γὰρ ὑπομένουσι τὸ συμβαῖνον ὡς ἀληθεῖς ἔχοντες ἀρχάς, ὥσπερ οὐκ ἐνίας δέον κρίνειν ἐκ τῶν ἀποβαινόντων, καὶ μάλιστα ἐκ τοῦ τέλους. Τέλος δὲ τῆς μὲν ποιητικῆς ἐπιστήμης τὸ ἔργον, τῆς δὲ φυσικῆς τὸ φαινόμενον ἀεὶ κυρίως κατὰ τὴν αἴσθησιν. § 7. Συμβαίνει δ´ αὐτοῖς μάλιστα τὴν γῆν εἶναι στοιχεῖον, καὶ μόνην ἄφθαρτον, εἴπερ τὸ ἀδιάλυτον ἄφθαρτόν τ´ ἐστὶ καὶ στοιχεῖον· γὰρ γῆ μόνη ἀδιάλυτος εἰς ἄλλο σῶμα. § 8. Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ἐν τοῖς διαλυομένοις τῶν τριγώνων παραιώρησις εὔλογος. Συμβαίνει δὲ καὶ τοῦτο ἐν τῇ εἰς ἄλληλα μεταβάσει διὰ τὸ ἐξ ἀνίσων τῷ πλήθει συνεστάναι τριγώνων. § 9. Ἔτι δ´ ἀνάγκη τοῖς ταῦτα λέγουσιν οὐκ ἐκ σώματος ποιεῖν γένεσιν· ὅταν γὰρ ἐξ ἐπιπέδων γένηται, οὐκ ἐκ σώματος ἔσται γεγονός. § 10. Πρὸς δὲ τούτοις ἀνάγκη μὴ πᾶν σῶμα λέγειν διαιρετόν, ἀλλὰ μάχεσθαι ταῖς ἀκριβεστάταις ἐπιστήμαις· αἱ μὲν γὰρ καὶ τὸ νοητὸν λαμβάνουσι διαιρετόν, αἱ μαθηματικαί, οἱ δὲ οὐδὲ τὸ αἰσθητὸν ἅπαν συγχωροῦσι διὰ τὸ βούλεσθαι σῴζειν τὴν ὑπόθεσιν. Ἀνάγκη γὰρ ὅσοι σχῆμα ποιοῦσιν ἑκάστου τῶν στοιχείων καὶ τούτῳ διορίζουσι τὰς οὐσίας αὐτῶν, ἀδιαίρετα ποιεῖν αὐτά· τῆς γὰρ πυραμίδος τῆς σφαίρας διαιρεθείσης πως οὐκ ἔσται τὸ λειπόμενον σφαῖρα πυραμίς. Ὥστε τὸ τοῦ πυρὸς μέρος οὐ πῦρ, ἀλλ´ ἔσται τι πρότερον τοῦ (307a) στοιχείου, διὰ τὸ πᾶν εἶναι στοιχεῖον ἐκστοιχείων· οὐχ ἅπαν σῶμα διαιρετόν. [3,7] CHAPITRE VII. § 1. Il nous faut donc considérer de nouveau quel peut-être le mode de cette génération réciproque, et nous demander si elle a lieu comme le disait Empédocle et Démocrite, ou comme le disent, ceux qui résolvent les corps en surfaces ; ou bien, s'il y a encore quelqu'autre mode de génération différent de ceux là. Empédocle et Démocrite ne s'aperçoivent pas qu'il ne font pas réellement une génération réciproque des éléments les uns par les autres, mais une simple apparence de génération ; car d'après eux, chaque élément existant préalablement en soi, s'est séparé, et la génération s'est faite, comme si elle sortait en quelque façon, d'un vase qui l'aurait contenue, sans que l'élément se soit produit en venant de quelque matière, et en subissant quelque changement. § 2. Mais la génération se passerait même ainsi, que les conséquences de cette théorie n'en seraient pas moins insoutenables. Une même grandeur, en se réduisant par la pression qu'elle subit, ne doit pas évidemment acquérir plus de poids ; or, il faut soutenir que cela est cependant, quand on prétend, comme eux, que l'eau sort et se sépare de l'air, où elle existait préalablement, puisque l'eau, quand elle est sortie de l'air, est plus lourde que lui. § 3. De plus, quand les corps sont mélangés simplement entr'eux, il n'est pas nécessaire que l'un des deux, qui vient à se séparer, tienne toujours plus de place qu'auparavant ; mais quand l'air naît et sort de l'eau, il occupe plus d'espace, parce que le corps qui a les parties les plus ténues tient le plus de place. C'est ce qu'on peut bien voir, avec pleine évidence, dans le passage d'un des éléments à un autre. Ainsi, lorsque le liquide vient à se vaporiser et à se changer en air, les vases qui contiennent les volumes de ces éléments se brisent, parce qu'ils sont trop étroits. Par conséquent, s'il n'y a pas du tout de vide et que les corps ne se dilatent pas, comme le prétendent ceux qui soutiennent ces théories, il est évident que le phénomène serait impossible. Et s'il y a du vide et s'il y a dilatation des corps, il est absurde de soutenir que le corps qui se sépare, tienne toujours nécessairement plus de place qu'auparavant. § 4. Mais, nécessairement encore, la génération réciproque des éléments est impossible, si l'on n'admet pas que, dans une grandeur limitée, il puisse y avoir une infinité de grandeurs finies. En effet, quand l'eau se forme, en se séparant de la terre, quelque chose est enlevé à la terre, si, comme on le dit, la génération se fait par la séparation des éléments; et une seconde fois, il en est encore de même, quand l'eau se sépare de nouveau de la portion de terre qui reste. Si donc cette séparation est toujours possible, il s'ensuit qu'il pourra y avoir des divisions infinies dans un corps fini. Mais comme c'est là une chose impossible, il en résulte que les éléments ne peuvent pas naître toujours les uns des autres. Ainsi donc, il est prouvé qu'ils ne peuvent se permuter les uns dans les autres par leur simple séparation. § 5. Reste que les éléments puissent se produire en se changeant les uns dans les autres. Or ce phénomène peut avoir lieu de deux façons : ou par une transformation véritable, comme avec le morceau de cire on peut faire indifféremment un cube ou une sphère ; ou par leur résolution en surfaces, comme quelques philosophes le prétendent. Or, si c'est par une transformation, on arrive nécessairement à admettre que les corps sont indivisibles; car s'ils étaient divisibles, une partie de feu ne serait plus du feu ; une partie de terre ne serait plus de la terre, attendu qu'une partie de pyramide n'est plus une pyramide, ni une partie de cube, un cube. § 6. (306b) Si c'est par la résolution en surfaces, une première erreur de ce système, c'est de ne pas admettre que tous les éléments puissent naître les uns des autres; car c'est là ce que devraient accorder ces philosophes, bien qu'ils ne l'accordent pas. En effet, croire qu'un seul élément soit exempt de la transformation, ce n'est ni rationnel ni conforme à l'observation sensible, qui ne montre pas qu'il en soit ainsi, et qui prouve que tous les éléments changent également les uns dans Ies autres. C'est que ces philosophes qui prétendent expliquer les faits, ne disent rien qui s'accorde réellement avec les faits. La cause de leur erreur, c'est qu'ils ne comprennent et ne choisissent pas bien leurs premiers principes, mais qu'ils veulent tout ramener à certaines opinions déterminées. Ce qui est vrai peut-être en ceci, c'est que les principes varient et qu'ils sont sensibles pour les choses sensibles, éternels pour les choses éternelles, périssables pour les choses périssables ; en un mot, les principes doivent être homogènes aux sujets qu'ils concernent. Mais par l'amour de ces belles théories, nos philosophes semblent faire comme ceux qui, dans leurs discussions, maintiennent obstinément les thèses qu'ils ont posées dès le début, et qui subissent patiemment toutes les conséquences qu'on en tire, assurés d'être partis de principes vrais ; comme s'il n'y avait pas certains principes qu'il faut juger par les résultats qui en sortent, et surtout par la fin à laquelle on prétend aboutir. Ainsi, la fin de la science, quand elle produit quelque chose, c'est l'oeuvre elle-même qu'elle veut produire ; mais la fin de la physique, c'est l'observation des faits qui tombent sous nos sens. § 7. Ces philosophes sont donc amenés à considérer surtout la terre comme élément, et à supposer qu'elle est seule impérissable, puisque l'indissoluble est à la fois impérissable, et est un élément. La terre, en effet, est la seule qui ne se résolve pas en un autre corps. § 8. Mais l'omission de certains triangles dans les corps qui se dissolvent, n'est pas plus admissible ; et cette erreur, que l'on commet, même en admettant la transition réciproque des éléments les uns dans les autres, tient à ce que l'on compose les corps avec des triangles qui ne sont pas également nombreux. § 9. De plus, ces philosophes sont nécessairement forcés de ne plus faire sortir d'un corps la génération telle qu'ils l'entendent ; car, si c'est de surfaces que l'on tire le corps, il ne sera plus tiré d'un corps évidemment. § 10. On est encore nécessairement amené à soutenir que tout corps n'est pas divisible ; et par là, on est conduit à combattre les résultats des sciences les plus exactes et les plus certaines. En effet, les mathématiques admettent que même l'intelligible est divisible, tandis que, pour sauver leur hypothèse, nos philosophes sont amenés à ne pas même accorder que tout corps sensible est susceptible d'être divisé. Du moment, en effet, qu'on assigne une forme à chaque élément, et qu'on détermine par cette forme les essences de chacun d'eux, il est nécessaire de les faire indivisibles, puisque, de quelque façon qu'on divise la pyramide ou la sphère, ce qui en reste, après la division, n'est plus une sphère ou une pyramide. En résumé, ou bien une partie de feu ne sera plus du feu, et il y aura quelque chose d'antérieur (307a) à l'élément, puisque tout est, ou élément; ou un composé d'élément ; ou bien, tout corps n'est pas divisible.


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 19/11/2009