[5,23] Δύο δὲ στρατοῦ τέλη τὰ ἐς Ἀγκῶνα πόλιν ᾠκισμένα, Καίσαρί τε ὄντα
πατρῷα καὶ ἐστρατευμένα Ἀντωνίῳ, τῆς τε ἰδίας παρασκευῆς αὐτῶν πυθόμενοι
καὶ τὴν εἰς ἑκάτερον σφῶν οἰκειότητα αἰδούμενοι, πρέσβεις ἔπεμψαν ἐς
Ῥώμην, οἳ ἔμελλον ἑκατέρων ἐς διαλύσεις δεήσεσθαι. Καίσαρος δ' αὐτοῖς
εἰπόντος οὐκ Ἀντωνίῳ πολεμεῖν, ἀλλ' ὑπὸ Λευκίου πολεμεῖσθαι, συμβαλόντες
οἱ πρέσβεις τοῖς ἡγεμόσι τοῦδε τοῦ στρατοῦ, κοινῇ πάντες ἐς Λεύκιον
ἐπρέσβευον, ἀξιοῦντες αὐτὸν ἐς δίκην Καίσαρι συνελθεῖν· δῆλοί τε ἦσαν, ὃ
πράξειν ἔμελλον, εἰ μὴ τὴν κρίσιν ὑποδέχοιτο. Δεξαμένων δὲ τῶν ἀμφὶ τὸν
Λεύκιον, χωρίον τε ὥριστο τῇ δίκῃ Γάβιοι πόλις ἐν μέσῳ Ῥώμης τε καὶ
Πραινεστοῦ, καὶ συνέδριον τοῖς κρίνουσιν ἐγίνετο καὶ βήματα ἐν μέσῳ δύο
τοῖς ἐροῦσιν ὡς ἐν δίκῃ. Πρότερος δ' ὁ Καῖσαρ ἐλθὼν ἱππέας ἔπεμψεν ἐς τὴν
πάροδον τοῦ Λευκίου, ἐρευνησομένους ἄρα, μή τίς ποθεν ὁρῷτο ἐνέδρα. Καὶ οἱ
ἱππέες οἵδε ἑτέροις ἱππεῦσι τοῦ Λευκίου, προδρόμοις ἄρα ἢ καὶ τοῖσδε
κατασκόποις, συμβαλόντες ἔκτεινάν τινας αὐτῶν. Καὶ ἀνεχώρησε δείσας ὁ
Λεύκιος, ὡς ἔλεγεν, ἐπιβουλήν· καλούμενός τε ὑπὸ τῶν ἡγεμόνων τοῦ στρατοῦ,
παραπέμψειν αὐτὸν ὑπισχνουμένων, οὐκέτι ἐπείθετο.
| [5,23] Deux légions de l'armée qui avaient été installées comme colonie à
Ancône et qui avaient servi sous le premier César et sous Antoine,
entendant parler des préparatifs respectifs de chacun d'eux pour la
guerre, et avaient de l'amitié pour tous les deux, envoyèrent des
ambassadeurs à Rome pour les supplier tous les deux à parvenir à un
accord. Octave répondit qu'il ne faisait pas la guerre à Antoine, mais que
Lucius faisait la guerre contre lui. Les ambassadeurs s'associèrent avec
les officiers de cette armée dans une ambassade commune à Lucius pour lui
demander de soumettre à un tribunal ses dissensions avec Octave ; et ils
lui firent comprendre clairement ce qu'ils feraient s'il n'acceptait pas
la décision. Lucius et ses amis acceptèrent la proposition, et ils
fixèrent l'endroit pour le procès à Gabii, une ville située juste entre
Rome et Præneste. Un lieu de séance fut préparé pour les juges, et deux
tribunes installées pour les orateurs au milieu, comme dans un tribunal
ordinaire. Octave, qui arriva le premier, envoya quelques cavaliers le
long de la route par laquelle Lucius devait arriver, afin de voir s'il n'y
avait pas quelque stratagème. Ceux-ci rencontrèrent des cavaliers de
Lucius, son avant-garde ou des éclaireurs, et ils en vinrent aux mains ;
certains d'entre eux furent tués. Lucius battit en retraite, disant qu'il
avait peur d'être assailli, et, bien que les dirigeants de l'armée le firent rappeler
et promirent de l'escorter, ils ne purent le persuader de revenir.
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