[5,22] Αἰδουμένου δὲ τοῦ Λευκίου τά τε λεγόμενα καὶ τοὺς λέγοντας, ὁ Μάνιος
μάλα θρασέως ἔφη τὸν μὲν Ἀντώνιον οὐδὲν ἀλλ' ἢ χρήματα μόνα ἀγείρειν ἐν
ξένοις ἀνδράσι, τὸν δὲ Καίσαρα καὶ τὴν στρατιὰν καὶ τὰ ἐπίκαιρα τῆς
Ἰταλίας ταῖς θεραπείας προκαταλαμβάνειν· τήν τε γὰρ Κελτικὴν Ἀντωνίῳ
πρότερον δεδομένην ἐλευθεροῦν μετ' ἐξαπάτης Ἀντωνίου, καὶ τὴν Ἰταλίαν
σχεδὸν ἅπασαν ἀντὶ μόνων ὀκτωκαίδεκα πόλεων τοῖς ἐστρατευμένοις
καταγράφειν, τέσσαρσί τε καὶ τριάκοντα τέλεσιν ἀντὶ ὀκτὼ καὶ εἴκοσι τῶν
συμμαχησάντων ἐπινέμειν οὐ γῆν μόνην, ἀλλὰ καὶ τὰ ἐκ τῶν ἱερῶν χρήματα,
συλλέγοντα μὲν ὡς ἐπὶ Πομπήιον, ἐφ' ὃν οὐδέ πω παρατάττεται λιμωττούσης
ὧδε τῆς πόλεως, διαιροῦντα δὲ τοῖς στρατοῖς ἐς θεραπείαν κατὰ Ἀντωνίου καὶ
τὰ δεδημευμένα οὐ πιπράσκοντα μᾶλλον ἢ δωρούμενον αὐτοῖς. Χρῆναι δέ, εἰ τῷ
ὄντι εἰρηνεύειν ἐθέλοι, τῶν μὲν ἤδη διῳκημένων ὑποσχεῖν λόγον, ἐς δὲ τὸ
μέλλον, ἃ ἂν κοινῇ βουλευομένοις δοκῇ, μόνα πράσσειν. Οὕτω μὲν θρασέως ὁ
Μάνιος ἠξίου μήτε τὸν Καίσαρά τινος εἶναι κύριον ἔργου μήτε τὴν Ἀντωνίου
συνθήκην βέβαιον, ὡρισμένου τῶν ἐγκεχειρισμένων ἑκάτερον αὐτοκράτορα εἶναι
καὶ τὸ πρασσόμενον ὑπὸ ἀλλήλων εἶναι κύριον. Πανταχόθεν οὖν ὁ Καῖσαρ ἑώρα
πολεμησείοντας αὐτούς, καὶ παρεσκευάζοντο αὐτῶν ἑκάτεροι.
| [5,22] Comme Lucius avait du respect pour ceux qui parlaient et pour ce
qu'ils disaient, Manius déclara hardiment que tandis qu'Antoine ne faisait
rien d'autre que rassembler de l'argent à l'étranger, Octave, par ses
faveurs, s'attirait les faveurs de l'armée et les endroits stratégiques de
l'Italie ; contre l'avis d'Antoine il avait donné la liberté à la Gaule
Cisalpine, qui avait été précédemment donnée à Antoine ; il avait donné
aux soldats presque l'entièreté de l'Italie au lieu des dix-huit villes
promises; qu'au lieu des vingt-huit légions qui avaient participé à la
bataille, il en avait admis trente-quatre pour le partage des terres et
aussi celui de l'argent des temples, il avait amassé sous prétexte de
combattre Pompée, contre qui il n'avait rien fait jusqu'ici, bien que la
ville soit affamée; il dilapidait son argent pour les soldats, au
préjudice d'Antoine, et que les propriétés des proscrits n'étaient pas
vendues mais plutôt données aux soldats ; et, finalement, que s'il voulait
vraiment la paix il devait rendre compte de ce qu'il avait déjà fait, et
qu'à l'avenir il ne devait faire que ce qui serait décidé en commun. C'est
ainsi qu'avec arrogance Manlius donnait son avis, insinuant qu'Octave ne
pouvait faire rien par lui-même et que son accord avec Antoine était sans
valeur, bien que chacun ait le pouvoir absolu sur les affaires qu'il
faisait, et que chacun puisse donner son accord sur ce que l'autre
faisait. Quand Octave vit que tout le monde se préparait à la guerre, il
fit de même de son propre côté.
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