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[3,63] 63. Τοιάδε πολλὰ εἰπὼν ὁ Ἀντώνιος ἀντέγραφε τῷ δόγματι τῇ
μὲν βουλῇ πεισθῆναι ἂν ἐς ἅπαντα ὡς πατρίδι, Κικέρωνι δὲ τῷ
συγγράψαντι τὰς ἐντολὰς ὧδε ἀποκρίνεσθαι· « Ὁ δῆμος ἔδωκέ
μοι τὴν Κελτικὴν νόμῳ, καὶ Δέκμον ἀπειθοῦντα τῷ νόμῳ
μετελεύσομαι καὶ τοῦ φόνου δίκας ἀπαιτήσω μόνον ὑπὲρ
ἁπάντων, ἵνα καὶ ἡ βουλὴ καθαρεύσῃ ποτὲ τοῦ μύσους,
ἐμπιπλαμένη νῦν διὰ Κικέρωνα Δέκμῳ βοηθοῦντα. » Τάδε μὲν
ὁ Ἀντώνιος εἶπέ τε καὶ ἀντέγραψε, καὶ ἡ βουλὴ αὐτὸν αὐτίκα
ἐψηφίζετο εἶναι πολέμιον καὶ τὸν ὑπ' αὐτῷ στρατόν, εἰ μὴ
ἀποσταῖεν αὐτοῦ· Μακεδονίας δὲ καὶ τῆς Ἰλλυρίδος αὐτῆς καὶ
τῶν ἐν ἀμφοτέραις ὑπολοίπων στρατῶν Μᾶρκον Βροῦτον
ἄρχειν, μέχρι κατασταίη τὰ κοινά. Ὁ δὲ ἴδιόν τε εἶχεν ἤδη
στρατὸν καὶ παρὰ Ἀπουληίου τινὰ προσειλήφει καὶ ναῦς εἶχε
μακράς τε καὶ ὁλκάδας καὶ χρημάτων ἐς μύρια καὶ ἑξακισχίλια
τάλαντα καὶ ὅπλα πολλά, ὅσα ἐν Δημητριάδι Γαΐῳ Καίσαρι ἐκ
πολλοῦ γιγνόμενα εὗρεν· οἷς ἅπασιν αὐτὸν ἡ βουλὴ τότε
ἐψηφίζετο ἐς τὰ συμφέροντα τῆς πατρίδος χρῆσθαι.
Ἐψηφίσαντο δὲ καὶ Κάσσιον ἄρχειν τε Συρίας καὶ πολεμεῖν
Δολοβέλλᾳ· τούς τε ἄλλους, ὅσοι τινὸς ἔθνους ἢ στρατοῦ
Ῥωμαίων ἄρχουσιν ἀπὸ τῆς Ἰονίου θαλάσσης ἐπὶ τὴν ἕω,
πάντας ὑπακούειν ἐς ὅ τι προστάσσοι Κάσσιος ἢ Βροῦτος.
| [3,63] 63. Après avoir dit encore beaucoup d'autres choses,
Antoine répondit au décret, disant qu'il obéirait au
sénat en tous points parce que c'était la voix de
son pays, mais à Cicéron, qui avait mis par écrit
les ordres, il répondit : "Le peuple m'a donné la
province de Gaule par une loi, et je poursuivrai
Decimus sans obéir à la loi, et je réclamerai contre
lui seul un jugement de meurtre, comme
représentant de tous les autres, pour que le sénat,
qui maintenant est pollué en raison de l'appui de
Cicéron à Decimus, puisse enfin être purgé d'une
telle pollution." Voilà les mots et les écrits
d'Antoine. Le sénat le décréta immédiatement
ennemi public ainsi que son armée, si elle ne
l'abandonnait pas. Le gouvernement de la
Macédoine et de l'Illyrie, avec les troupes qui s'y
trouvaient encore, fut donné à Marcus Brutus
jusqu'à ce que la république fût rétablie. Ce
dernier avait déjà sa propre armée et avait reçu
quelques troupes d'Apuleius. Il avait aussi des
vaisseaux de guerre et des bateaux de transport
et environ 16.000 talents en argent, et des
quantités d'armes qu'il avait trouvées à Demetrias,
où elles avaient été placées longtemps
auparavant par Caius César : le sénat vota alors
qu'il devait employer tout cela pour aider la
république. Ils votèrent que Cassius serait
gouverneur de Syrie et qu'il devrait faire la guerre
contre Dolabella, et que tous les autres
gouverneurs de provinces et tous les soldats
romains qui se trouvaient entre la mer adriatique
et l'Orient devraient obéir aux ordres de Cassius et
de Brutus en toutes les choses.
| [3,64] IX. 64. Ὧδε μὲν ὀξέως σὺν ἀφορμῇ τοὺς ἀμφὶ τὸν Κάσσιον
ἐξελάμπρυνον, καὶ ὁ Καῖσαρ ἕκαστα μαθὼν ἠπόρητο, τὴν μὲν
ἀμνηστίαν ἡγούμενος εὐπρέπειαν ἐσχηκέναι φιλανθρωπίας καὶ
ἔλεον συγγενῶν ἀνδρῶν καὶ ὁμοτίμων, καὶ τὰς βραχυτέρας
ἡγεμονίας ἀσφάλειαν· Δέκμῳ τε τὴν Κελτικὴν βεβαιοῦντας
Ἀντωνίῳ δόξαι περὶ τυραννίδος διαφέρεσθαι, ᾧ προσποιήματι
καὶ αὑτὸν ὑπάγεσθαι κατ' Ἀντωνίου· τὸ δὲ καὶ Δολοβέλλαν
πολέμιον ψηφίσασθαι δι' ἕνα τῶν ἀνδροφόνων ἀναιρεθέντα καὶ
Βρούτῳ καὶ Κασσίῳ τὰς ἡγεμονίας ἐς τὰ μέγιστα ἔθνη διαλλάξαι
στρατόπεδά τε δοῦναι πολλὰ ἀθρόως καὶ χρήματα καὶ
ἡγεμόνας ἡγεμονῶν ἀποφῆναι πάντων, ὅσοι πέραν εἰσὶ τῆς
Ἰονίου θαλάσσης, σαφῶς εἶναι τὴν μὲν Πομπηίου μοῖραν
αὐξόντων, τὴν δὲ Καίσαρος καθαιρούντων. Ἐνεθυμεῖτο δὲ καὶ
τῆς ἐς αὑτὸν ὡς μειράκιον τέχνης, εἰκόνα μὲν αὑτῷ καὶ
προεδρίαν παρασχόντων καὶ ἀντιστράτηγον ἀποφηνάντων,
ἔργῳ δὲ ἴδιον αὑτοῦ τὸν στρατὸν ὄντα ἀφαιρουμένων· ὑπάτων
γὰρ συστρατηγούντων οὐδὲν εἶναι τὸν ἀντιστράτηγον· τά τε
γέρα τοῖς ἀπὸ Ἀντωνίου μόνοις μεταστᾶσιν ἐψηφισμένα τοὺς
αὑτῷ στρατευομένους ἀτιμοῦν· καὶ τὸν πόλεμον ὅλως αὑτῷ μὲν
αἰσχύνην ἔχειν, ἔργῳ δὲ τὴν βουλὴν ἀποχρῆσθαί οἱ κατὰ
Ἀντωνίου, μέχρι καθέλωσιν αὐτόν.
| [3,64] 64. En faisant cela avec rapidité, le sénat saisit
l'occasion de restaurer les affaires de Cassius et
de son parti. Quand Octave apprit ce qui s'était
passé, il en fut fort préoccupé. Il avait considéré
l'amnistie comme un acte d'humanité et de pitié
envers les parents et les comparses de ces
hommes, et il pensait que des charges minimes
leur avaient été données uniquement pour leur
propre sécurité; c'est pourquoi, la confirmation de
la province gauloise à Decimus lui semblait avoir
été faite en raison de l'opposition du sénat et
d'Antoine sur le pouvoir suprême, motif pour
lequel il était aussi opposé à Antoine. Mais le vote
faisant de Dolabella un ennemi public parce qu'il
avait mis un des meurtriers à mort, le changement
de commandements de Brutus et de Cassius pour
de plus grandes provinces, l'octroi pour eux de
grandes forces et de grandes sommes d'argent et
la prise du commandement de tous les
gouverneurs au delà de la mer adriatique - tout
cela augmentait le parti de Pompée et abaissait
celui de César. Il réfléchissait à leur artifice : ils le
traitaient comme un jeune homme, ils lui
fournissaient une statue et un siège curule, et ils
lui donnaient le titre de propréteur, alors qu'en
réalité ils lui prenaient son armée, parce qu'un
propréteur n'a aucun pouvoir quand les consuls
font campagne avec lui. Et les récompenses
votées seulement aux soldats qui avaient
abandonné Antoine pour lui étaient une insulte
pour ceux qui s'étaient enrôlés pour lui. Enfin la
guerre ne serait qu'un déshonneur pour lui, parce
que le sénat se servirait simplement de lui contre
Antoine jusqu'à ce que ce dernier soit écrasé.
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