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[1,1] I. 1. Ῥωμαίοις ὁ δῆμος καὶ ἡ βουλὴ πολλάκις ἐς ἀλλήλους περί τε
νόμων θέσεως καὶ χρεῶν ἀποκοπῆς ἢ γῆς διαδατουμένης ἢ ἐν
ἀρχαιρεσίαις ἐστασίασαν· οὐ μήν τι χειρῶν ἔργον ἔμφυλον ἦν, ἀλλὰ
διαφοραὶ μόναι καὶ ἔριδες ἔννομοι, καὶ τάδε μετὰ πολλῆς αἰδοῦς
εἴκοντες ἀλλήλοις διετίθεντο. Ὁ δὲ δῆμός ποτε καὶ στρατευόμενος ἐς
τοιάνδε ἔριν ἐμπεσὼν οὐκ ἐχρήσατο τοῖς ὅπλοις παροῦσιν, ἀλλ' ἐς τὸ
ὄρος ἐκδραμών, τὸ ἀπὸ τοῦδε κλῃζόμενον ἱερόν, οὐδὲν οὐδὲ τότε
χειρῶν ἔργον, ἀλλ' ἀρχὴν ἑαυτοῦ προστάτιν ἀπέφηνε καὶ ἐκάλεσε
δημαρχίαν ἐς κώλυσιν μάλιστα τῶν ὑπάτων ἀπὸ τῆς βουλῆς
αἱρουμένων μὴ ἐντελὲς αὐτοῖς ἐπὶ τῇ πολιτείᾳ τὸ κράτος εἶναι. Ὅθεν δὴ
καὶ μάλιστα δυσμενέστερον ἔτι καὶ φιλονεικότερον ἐς ἀλλήλας αἱ ἀρχαὶ
διετίθεντο ἀπὸ τοῦδε, καὶ ἡ βουλὴ καὶ ὁ δῆμος ἐς αὐτὰς ἐμερίζετο ὡς ἐν
ταῖς τῶνδε πλεονεξίαις ἑκάτεροι τῶν ἑτέρων ἐπικρατοῦντες. Μάρκιός τε
ὁ Κοριολανὸς ἐν ταῖσδε ταῖς ἔρισιν ἐξελαθεὶς παρὰ δίκην ἐς
Οὐολούσκους ἔφυγέ τε καὶ πόλεμον ἐπήγαγε τῇ πατρίδι.
| [1,1] 1. Chez les Romains, le peuple et le sénat eurent de fréquentes
altercations au sujet de la confection des lois, de l'abolition des dettes,
du partage des terres et des élections aux magistratures. Mais ces
altercations ne dégénéraient point en guerre civile. On n'en venait point
aux mains. Ce n'étaient que de simples dissentiments, des contentions
autorisées par les lois, où l'on avait soin de conserver les égards et le
respect que l'on se devait les uns aux autres. Dans une circonstance où
l'on avait fait prendre les armes au peuple pour marcher centre
l'ennemi de la république, il ne fit pas usage des armes qu'il avait à sa
disposition, mais il se retira sur le mont qui prit de là le nom de Sacré.
Là, sans se livrer à aucun acte de violence, il créa des magistrats
spécialement destinés à veiller à la conservation de ses droits. Ces
magistrats furent appelés tribuns du peuple. Leur principale attribution
fut de mettre un frein à l'autorité des consuls choisis parmi les
membres du sénat et d'empêcher qu'ils n'exerçassent un pouvoir
absolu dans la république. Dès lors les magistratures furent séparées
par des sentiments encore plus vifs de haine et de rivalité, et le sénat
et le peuple se les répartirent, chacun des deux avec l'idée que
l'avantage pour le nombre des magistrats lui assurerait la supériorité
sur ceux de l'autre parti. Au milieu de ces dissensions, Coriolan fut
injustement chassé de Rome. Il se retira chez les Volsques, et prit les
armes contre sa patrie.
| [1,2] 2. Καὶ τοῦτο μόνον ἄν τις εὕροι τῶν πάλαι στάσεων ἔργον ἔνοπλον, καὶ
τοῦθ' ὑπ' αὐτομόλου γενόμενον, ξίφος δὲ οὐδέν πω παρενεχθὲν ἐς
ἐκκλησίαν οὐδὲ φόνον ἔμφυλον, πρίν γε Τιβέριος Γράκχος δημαρχῶν
καὶ νόμους ἐσφέρων πρῶτος ὅδε ἐν στάσει ἀπώλετο καὶ ἐπ' αὐτῷ
πολλοὶ κατὰ τὸ Καπιτώλιον εἱλούμενοι περὶ τὸν νεὼν ἀνῃρέθησαν. Καὶ
οὐκ ἀνέσχον ἔτι αἱ στάσεις ἐπὶ τῷδε τῷ μύσει, διαιρουμένων ἑκάστοτε
σαφῶς ἐπ' ἀλλήλοις καὶ ἐγχειρίδια πολλάκις φερόντων κτιννυμένης τέ
τινος ἀρχῆς ἐκ διαστήματος ἐν ἱεροῖς ἢ ἐκκλησίαις ἢ ἀγοραῖς, δημάρχων
ἢ στρατηγῶν ἢ ὑπάτων ἢ τῶν ἐς ταῦτα παραγγελλόντων ἢ τῶν ἄλλως
ἐπιφανῶν. Ὕβρις τε ἄκοσμος ἐπεῖχεν αἰεὶ δι' ὀλίγου καὶ νόμων καὶ δίκης
αἰσχρὰ καταφρόνησις. Προιόντος δ' ἐς μέγα τοῦ κακοῦ, ἐπαναστάσεις
ἐπὶ τὴν πολιτείαν φανεραὶ καὶ στρατεῖαι μεγάλαι καὶ βίαιοι κατὰ τῆς
πατρίδος ἐγίγνοντο φυγάδων ἀνδρῶν ἢ καταδίκων ἢ περὶ ἀρχῆς τινος ἢ
στρατοπέδου φιλονικούντων ἐς ἀλλήλους. Δυναστεῖαί τε ἦσαν ἤδη κατὰ
πολλὰ καὶ στασίαρχοι μοναρχικοί, οἱ μὲν οὐ μεθιέντες ἔτι τὰ πιστευθέντα
σφίσιν ὑπὸ τοῦ δήμου στρατόπεδα, οἱ δὲ καὶ κατὰ σφᾶς ἄνευ τοῦ
κοινοῦ κατ' ἀλλήλων ξενολογοῦντες. Ὁπότεροι δ' αὐτῶν τὴν πόλιν
προλάβοιεν, τοῖς ἑτέροις ἦν ὁ ἀγὼν λόγῳ μὲν ἐπὶ τοὺς ἀντιστασιώτας,
ἔργῳ δ' ἐπὶ τὴν πατρίδα· ἐσέβαλλον γὰρ ὡς ἐς πολεμίαν, καὶ σφαγαὶ
τῶν ἐν ποσὶν ἐγίγνοντο νηλεεῖς καὶ ἄλλων ἐπὶ θανάτῳ προγραφαὶ καὶ
φυγαὶ καὶ δημεύσεις, ἐνίων δὲ καὶ βάσανοι πάμπαν ἐπαχθεῖς.
| [1,2] 2. C'est le seul exemple de ce genre qu'offrent les anciennes querelles
des Romains; encore fut-il donné par un banni. Jamais d'ailleurs glaive
ne fut porté dans les assemblées politiques. Jamais meurtre n'y fut
commis. Tibérius Gracchus fut le premier qui, alors qu'il était tribun de
la plèbe et pendant qu'il proposait des lois, périt dans une sédition.
Avec lui furent massacrés, dans le sein même du Capitole, plusieurs
de ceux qui s'y trouvèrent enfermés. Après ce tragique événement, les
séditions n'eurent plus de terme. L'esprit de discorde s'exalta
également des deux côtés. On s'arma fréquemment de poignards, et il
y eut dès lors peu d’assemblées, soit dans les temples, soit au
Champ-de-mars, soit au Forum, qui ne fussent ensanglantées par le meurtre
des tribuns, des préteurs, des consuls, des candidats pour ces
magistratures ou de tout autre personnage considérable. Chaque jour
on s'insultait avec plus d'audace, et le honteux mépris des lois et de la
justice allait en croissant. Le mal fit enfin de si grands progrès que l'on
conspira ouvertement contre la république. De nombreuses, de fortes
armées furent dirigées contre la patrie. On vit ceux qui se disputaient
ou les magistratures, ou la confiance des légions, s’exiler, se
condamner, se proscrire réciproquement. Déjà existaient des hommes
puissants, et des chefs de parti avides de la monarchie. Les uns ne
déposaient plus le commandement des armées qui leur avaient été
confiées par le peuple ; les autres levaient des troupes sans
autorisation légale, dans la vue de se mettre en mesure contre leurs
adversaires, puis s'opposaient entre eux. Chaque fois qu'un groupe
s'emparait de Rome, les autres entraient en lutte, soi-disant pour
combattre leurs rivaux, mais, en effet, pour anéantir la république. De
là les invasions de Rome à force ouverte ; de là le massacre
impitoyable de tout ce qui se présentait; de là les proscriptions, les
exils, les confiscations ; de là les affreuses tortures que l'on fit souffrir à
quelques citoyens.
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