[2,5,11] τελεσθέντων δὲ τῶν ἄθλων ἐν μηνὶ καὶ ἔτεσιν ὀκτώ, μὴ προσδεξάμενος
Εὐρυσθεὺς τόν τε τῶν τοῦ Αὐγέου βοσκημάτων καὶ τὸν τῆς ὕδρας, ἑνδέκατον
ἐπέταξεν ἆθλον παρ᾽ Ἑσπερίδων χρύσεα μῆλα κομίζειν. ταῦτα δὲ ἦν, οὐχ ὥς τινες
εἶπον ἐν Λιβύῃ, ἀλλ᾽ ἐπὶ τοῦ Ἄτλαντος ἐν Ὑπερβορέοις· ἃ Διὶ <Γῆ> γήμαντι Ἥραν
ἐδωρήσατο. ἐφύλασσε δὲ αὐτὰ δράκων ἀθάνατος, Τυφῶνος καὶ Ἐχίδνης, κεφαλὰς
ἔχων ἑκατόν· ἐχρῆτο δὲ φωναῖς παντοίαις καὶ ποικίλαις. μετὰ τούτου δὲ Ἑσπερίδες
ἐφύλαττον, Αἴγλη Ἐρύθεια Ἑσπερία Ἀρέθουσα. πορευόμενος οὖν ἐπὶ ποταμὸν
Ἐχέδωρον ἧκε. Κύκνος δὲ Ἄρεος καὶ Πυρήνης εἰς μονομαχίαν αὐτὸν προεκαλεῖτο.
Ἄρεος δὲ τοῦτον ἐκδικοῦντος καὶ συνιστάντος μονομαχίαν, βληθεὶς κεραυνὸς μέσος
ἀμφοτέρων διαλύει τὴν μάχην. βαδίζων δὲ δι᾽ Ἰλλυριῶν, καὶ σπεύδων ἐπὶ ποταμὸν
Ἠριδανόν, ἧκε πρὸς νύμφας Διὸς καὶ Θέμιδος. αὗται μηνύουσιν αὐτῷ Νηρέα.
συλλαβὼν δὲ αὐτὸν κοιμώμενον καὶ παντοίας ἐναλλάσσοντα μορφὰς ἔδησε, καὶ οὐκ
ἔλυσε πρὶν ἢ μαθεῖν παρ᾽ αὐτοῦ ποῦ τυγχάνοιεν τὰ μῆλα καὶ αἱ Ἑσπερίδες. μαθὼν δὲ
Λιβύην διεξῄει. ταύτης ἐβασίλευε παῖς Ποσειδῶνος Ἀνταῖος, ὃς τοὺς ξένους
ἀναγκάζων παλαίειν ἀνῄρει. τούτῳ παλαίειν ἀναγκαζόμενος Ἡρακλῆς ἀράμενος
ἅμμασι μετέωρον κλάσας ἀπέκτεινε· ψαύοντα γὰρ γῆς ἰσχυρότερον συνέβαινε
γίνεσθαι, διὸ καὶ Γῆς τινες ἔφασαν τοῦτον εἶναι παῖδα.
μετὰ Λιβύην δὲ Αἴγυπτον διεξῄει. ταύτης ἐβασίλευε Βούσιρις Ποσειδῶνος παῖς καὶ
Λυσιανάσσης τῆς Ἐπάφου. οὗτος τοὺς ξένους ἔθυεν ἐπὶ βωμῷ Διὸς κατά τι λόγιον·
ἐννέα γὰρ ἔτη ἀφορία τὴν Αἴγυπτον κατέλαβε, Φρασίος δὲ ἐλθὼν ἐκ Κύπρου, μάντις
τὴν ἐπιστήμην, ἔφη τὴν ἀφορίαν παύσασθαι ἐὰν ξένον ἄνδρα τῷ Διὶ σφάξωσι κατ᾽
ἔτος. Βούσιρις δὲ ἐκεῖνον πρῶτον σφάξας τὸν μάντιν τοὺς κατιόντας ξένους ἔσφαζε.
συλληφθεὶς οὖν καὶ Ἡρακλῆς τοῖς βωμοῖς προσεφέρετο τὰ δὲ δεσμὰ διαρρήξας τόν τε
Βούσιριν καὶ τὸν ἐκείνου παῖδα Ἀμφιδάμαντα ἀπέκτεινε.
διεξιὼν δὲ Ἀσίαν Θερμυδραῖς, Λινδίων λιμένι, προσίσχει. καὶ βοηλάτου τινὸς λύσας
τὸν ἕτερον τῶν ταύρων ἀπὸ τῆς ἁμάξης εὐωχεῖτο θύσας. ὁ δὲ βοηλάτης βοηθεῖν
ἑαυτῷ μὴ δυνάμενος στὰς ἐπί τινος ὄρους κατηρᾶτο. διὸ καὶ νῦν, ἐπειδὰν θύωσιν
Ἡρακλεῖ, μετὰ καταρῶν τοῦτο πράττουσι.
παριὼν δὲ Ἀραβίαν Ἠμαθίωνα κτείνει παῖδα Τιθωνοῦ. καὶ διὰ τῆς Λιβύης πορευθεὶς
ἐπὶ τὴν ἔξω θάλασσαν παρ᾽ Ἡλίου τὸ δέπας παραλαμβάνει. καὶ περαιωθεὶς ἐπὶ τὴν
ἤπειρον τὴν ἀντικρὺ κατετόξευσεν ἐπὶ τοῦ Καυκάσου τὸν ἐσθίοντα τὸ τοῦ Προμηθέως
ἧπαρ ἀετόν, ὄντα Ἐχίδνης καὶ Τυφῶνος· καὶ τὸν Προμηθέα ἔλυσε, δεσμὸν ἑλόμενος
τὸν τῆς ἐλαίας, καὶ παρέσχε τῷ Διὶ Χείρωνα θνήσκειν ἀθάνατον ἀντ᾽ αὐτοῦ θέλοντα.
ὡς δὲ ἧκεν εἰς Ὑπερβορέους πρὸς Ἄτλαντα, εἰπόντος Προμηθέως τῷ Ἡρακλεῖ αὐτὸν
ἐπὶ τὰ μῆλα μὴ πορεύεσθαι, διαδεξάμενον δὲ Ἄτλαντος τὸν πόλον ἀποστέλλειν
ἐκεῖνον, πεισθεὶς διεδέξατο. Ἄτλας δὲ δρεψάμενος παρ᾽ Ἑσπερίδων τρία μῆλα ἧκε
πρὸς Ἡρακλέα. καὶ μὴ βουλόμενος τὸν πόλον ἔχειν καὶ σπεῖραν ἐπὶ τῆς κεφαλῆς
θέλειν ποιήσασθαι. τοῦτο ἀκούσας Ἄτλας, ἐπὶ γῆς καταθεὶς τὰ μῆλα τὸν πόλον
διεδέξατο. καὶ οὕτως ἀνελόμενος αὐτὰ Ἡρακλῆς ἀπηλλάττετο. ἔνιοι δέ φασιν οὐ
παρὰ Ἄτλαντος αὐτὰ λαβεῖν, ἀλλ᾽ αὐτὸν δρέψασθαι τὰ μῆλα, κτείναντα τὸν
φρουροῦντα ὄφιν. κομίσας δὲ τὰ μῆλα Εὐρυσθεῖ ἔδωκεν. ὁ δὲ λαβὼν Ἡρακλεῖ )
ἐδωρήσατο· παρ᾽ οὗ λαβοῦσα Ἀθηνᾶ πάλιν αὐτὰ ἀπεκόμισεν· ὅσιον γὰρ οὐκ ἦν αὐτὰ
τεθῆναί που.
| [2,5,11] Le héros accomplit ces exploits en huit ans et un mois. Mais
Eurysthée, n’ayant pas retenus valables ceux de l’Hydre et des étables
d’Augias, imposa encore un travail à Héraclès, le onzième : le héros
devrait lui apporter les pommes d’or du jardin des Hespérides. Ce
dernier se trouvait, non comme certains l’ont dit, en Libye, mais bien
sur le mont Atlas, au pays des Hyperboréens, et c’était le cadeau de
noces offert par Gaia à Zeus et à Héra. Un dragon immortel en avait
la garde, fils de Typhon et d’Échidna, qui avait cent têtes et qui savait
parler avec les voix les plus variées et sur tous les tons. Les Nymphes
des Hespérides montaient également la garde : Églé, Érythie,
Hespérie et Aréthuse. Chemin faisant, Héraclès arriva au fleuve
Échédoros où Cycnos, fils d’Arès et de Pyrène, le défia en duel : Arès
en personne se rangea aux côtés de Cycnos, et dirigea le combat. Mais
la foudre s’abattit entre eux et l’affrontement fut interrompu.
Héraclès poursuivit sa route vers le pays des Illyriens, jusqu’au fleuve
Éridan, où il trouva les Nymphes, filles de Zeus et de Thémis. Elles lui
indiquèrent le lieu où dormait Nérée. Héraclès le saisit dans son
sommeil et le ligota, même si Nérée continuait de prendre mille
formes différentes, et il ne le lâcha pas tant qu’il ne lui eut pas révélé
où trouver les pommes des Hespérides. Ainsi le héros s’achemina-t-il
vers la Libye. En ce temps-là, sur ce pays régnait Antée, le fils de
Poséidon, qui avait l’habitude de contraindre à la lutte tous les
étrangers, pour les tuer. Aussi obligea-t-il Héraclès : mais le héros
l’empoigna, le souleva de terre, lui cassa les os et le tua. Chaque fois
en effet qu’il touchait terre, Antée devenait toujours plus fort parce
que — si l’on en croit certains — il était le fils de la Terre elle-même.
La Libye traversée, Héraclès arriva en Égypte. Le roi de cette contrée
était Busiris, le fils de Poséidon et de Lysianassa, fille elle-même
d’Épaphos. Busiris sacrifiait tous les étrangers sur l’autel de Zeus,
conformément à une prophétie. Depuis neuf ans, en effet, l’Égypte
était ravagée par la famine, et Phrasios, un savant prophète, arrivé de
Chypre, lui avait prédit que la disette prendrait fin si chaque année il
sacrifiait à Zeus un étranger. Le premier à être égorgé fut le devin lui-
même ; et puis il continua avec tous les étrangers qui se présentaient.
Héraclès lui aussi fut capturé et mené sur l’autel ; mais le héros
rompit les cordes qui le liaient, et tua Busiris avec son fils
Amphidamas.
Puis il traversa l’Asie et arriva à Thermydron, le port de Lindos. Là, il
détacha l’un des deux taureaux du char d’un bouvier, le sacrifia et
s’en fit un festin. Le bouvier ne put faire autrement que de fuir vers le
sommet d’une montagne et maudire Héraclès de loin. Et, en souvenir
de cet épisode, les habitants de Lindos accomplissent des sacrifices
en prononçant des malédictions.
Le héros traversa ensuite l’Arabie, où il tua Émathion, le fils de
Tithon ; il poursuivit son chemin vers la Libye, vers la mer extérieure
où il emprunta à Hélios sa coupe. Ainsi passa-t-il de l’autre côté ; il
aborda sur la terre ferme d’en face. Ayant rejoint les montagnes du
Caucase, il tua avec ses flèches l’aigle, fils d’Échidna et de Typhon,
qui dévorait le foie de Prométhée ; puis Héraclès le libéra, après s’être
fait une couronne d’olivier, et présenta à Zeus le Centaure Chiron qui
voulait mourir à la place de Prométhée.
Prométhée avait conseillé à Héraclès de ne pas cueillir les pommes
avec ses mains, mais de soulager Atlas du poids du ciel, et de
l’envoyer à sa place. Arrivé au pays des Hyperboréens, donc, le héros
convainquit Atlas et soutint le ciel à sa place. Atlas cueillit trois
pommes du Jardin des Hespérides, et les porta à Héraclès. Ensuite il
ne voulut plus reprendre le ciel sur ses épaules. Héraclès alors le pria
de lui accorder le temps de mettre autour de sa tête un bandeau pour
porter ce poids ; Atlas déposa les pommes à terre et accepta de
soutenir le ciel un moment encore : Héraclès s’empara les pommes et
s’enfuit. Il y a en a qui affirment que ce ne fut pas Atlas qui lui
apporta les pommes : le héros les aurait cueillies lui-même, après
avoir tué le serpent-gardien. Puis il les porta à Eurysthée qui en fit
cadeau au héros lui-même. Héraclès les donna ensuite à Athéna, mais
la déesse les restitua aux Hespérides, parce qu’il n’était pas permis,
de par la loi divine, que les pommes se trouvent dans un autre endroit.
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