[2,5,10] δέκατον ἐπετάγη ἆθλον τὰς Γηρυόνου βόας ἐξ Ἐρυθείας κομίζειν. Ἐρύθεια δὲ
ἦν Ὠκεανοῦ πλησίον κειμένη νῆσος, ἣ νῦν Γάδειρα καλεῖται. ταύτην κατῴκει
Γηρυόνης Χρυσάορος καὶ Καλλιρρόης τῆς Ὠκεανοῦ, τριῶν ἔχων ἀνδρῶν συμφυὲς
σῶμα, συνηγμένον εἰς ἓν κατὰ τὴν γαστέρα, ἐσχισμένον δὲ εἰς τρεῖς ἀπὸ λαγόνων τε
καὶ μηρῶν. εἶχε δὲ φοινικᾶς βόας, ὧν ἦν βουκόλος Εὐρυτίων, φύλαξ δὲ Ὄρθος ὁ κύων
δικέφαλος ἐξ Ἐχίδνης καὶ Τυφῶνος γεγεννημένος. πορευόμενος οὖν ἐπὶ τὰς Γηρυόνου
βόας διὰ τῆς Εὐρώπης, ἄγρια πολλὰ <ζῷα> ἀνελὼν Λιβύης ἐπέβαινε, καὶ παρελθὼν
Ταρτησσὸν ἔστησε σημεῖα τῆς πορείας ἐπὶ τῶν ὅρων Εὐρώπης καὶ Λιβύης
ἀντιστοίχους δύο στήλας. θερόμενος δὲ ὑπὸ Ἡλίου κατὰ τὴν πορείαν, τὸ τόξον ἐπὶ τὸν
θεὸν ἐνέτεινεν· ὁ δὲ τὴν ἀνδρείαν αὐτοῦ θαυμάσας χρύσεον ἔδωκε δέπας, ἐν ᾧ τὸν
Ὠκεανὸν διεπέρασε. καὶ παραγενόμενος εἰς Ἐρύθειαν ἐν ὄρει Ἄβαντι αὐλίζεται.
αἰσθόμενος δὲ ὁ κύων ἐπ᾽ αὐτὸν ὥρμα· ὁ δὲ καὶ τοῦτον τῷ ῥοπάλῳ παίει, καὶ τὸν
βουκόλον Εὐρυτίωνα τῷ κυνὶ βοηθοῦντα ἀπέκτεινε. Μενοίτης δὲ ἐκεῖ τὰς Ἅιδου βόας
βόσκων Γηρυόνῃ τὸ γεγονὸς ἀπήγγειλεν. ὁ δὲ καταλαβὼν Ἡρακλέα παρὰ ποταμὸν
Ἀνθεμοῦντα τὰς βόας ἀπάγοντα, συστησάμενος μάχην τοξευθεὶς ἀπέθανεν.
Ἡρακλῆς δὲ ἐνθέμενος τὰς βόας εἰς τὸ δέπας καὶ διαπλεύσας εἰς Ταρτησσὸν Ἡλίῳ
πάλιν ἀπέδωκε τὸ δέπας.
διελθὼν δὲ Ἀβδηρίαν εἰς Λιγυστίνην ἦλθεν, ἐν ᾗ τὰς βόας ἀφῃροῦντο Ἰαλεβίων τε καὶ
Δέρκυνος οἱ Ποσειδῶνος υἱοί, οὓς κτείνας διὰ Τυρρηνίας ᾔει. ἀπὸ ῾Ρηγίου δὲ εἷς
ἀπορρήγνυσι ταῦρος, καὶ ταχέως εἰς τὴν θάλασσαν ἐμπεσὼν καὶ διανηξάμενος <εἰς>
Σικελίαν, καὶ τὴν πλησίον χώραν διελθὼν (τὴν ἀπ᾽ ἐκείνου κληθεῖσαν Ἰταλίαν
(Τυρρηνοὶ γὰρ ἰταλὸν τὸν ταῦρον ἐκάλεσαν),) ἦλθεν εἰς πεδίον Ἔρυκος, ὃς ἐβασίλευεν
Ἐλύμων. Ἔρυξ δὲ ἦν Ποσειδῶνος παῖς, ὃς τὸν ταῦρον ταῖς ἰδίαις συγκατέμιξεν
ἀγέλαις. παραθέμενος οὖν τὰς βόας Ἡρακλῆς Ἡφαίστῳ ἐπὶ τὴν αὐτοῦ ζήτησιν
ἠπείγετο· εὑρὼν δὲ ἐν ταῖς τοῦ Ἔρυκος ἀγέλαις, λέγοντος οὐ δώσειν ἂν μὴ παλαίσας
αὐτοῦ περιγένηται, τρὶς περιγενόμενος κατὰ τὴν πάλην ἀπέκτεινε, καὶ τὸν ταῦρον
λαβὼν μετὰ τῶν ἄλλων ἐπὶ τὸν Ἰόνιον ἤλαυνε πόντον. ὡς δὲ ἦλθεν ἐπὶ τοὺς μυχοὺς
τοῦ πόντου, ταῖς βουσὶν οἶστρον ἐνέβαλεν ἡ Ἥρα, καὶ σχίζονται κατὰ τὰς τῆς Θράκης
ὑπωρείας· ὁ δὲ διώξας τὰς μὲν συλλαβὼν ἐπὶ τὸν Ἑλλήσποντον ἤγαγεν, αἱ δὲ
ἀπολειφθεῖσαι τὸ λοιπὸν ἦσαν ἄγριαι. μόλις δὲ τῶν βοῶν συνελθουσῶν Στρυμόνα
μεμψάμενος τὸν ποταμόν, πάλαι τὸ ῥεῖθρον πλωτὸν ὂν ἐμπλήσας πέτραις ἄπλωτον
ἐποίησε, καὶ τὰς βόας Εὐρυσθεῖ κομίσας δέδωκεν. ὁ δὲ αὐτὰς κατέθυσεν Ἥρᾳ.
| [2,5,10] Le dixième travail imposé à Héraclès fut de capturer les
boeufs de Géryon dans l’île d’Érythie. Cette dernière se trouve en
bordure d’Océan et son nom actuel est Gadir. L’île était habitée par
Géryon, le fils de Chrysaor et de Callirhoé, elle-même fille d’Océan.
Son corps était celui de trois hommes qui auraient grandi ensemble,
réunis jusqu’à la taille, puis séparés en trois flancs, au niveau des
cuisses et jusqu’en haut. Il avait des boeufs roux, dont s’occupait
Eurytion et que gardait Orthros, le chien à deux têtes, né d’Échidna et
de Typhon. Dans sa traversée de l’Europe pour capturer les boeufs de
Géryon, Héraclès tua de nombreuses bêtes féroces. Il passa par la
Libye et arriva à Tartessos ; là, pour marquer son passage, il érigea
deux colonnes, l’une en face de l’autre, comme frontières entre
l’Europe et la Libye. Puis, comme au cours de son trajet le soleil le
brûlait, il menaça le dieu avec son arc : et le Soleil, plein d’admiration
pour le courage de cet homme, lui donna sa coupe d’or pour traverser
l’Océan. Arrivé à Érythie, Héraclès grimpa sur le mont Abas. Mais le
chien, s’étant aperçu de sa présence, se précipita sur lui. Héraclès
alors l’assomma avec sa massue, puis il tua le bouvier Eurytion qui
était venu au secours du chien. Ménoetès, qui faisait paître non loin
les troupeaux d’Hadès, rapporta à Géryon ce qui venait d’arriver. Et
Géryon s’en alla affronter Héraclès près du fleuve Anthémos, alors
que le héros emmenait déjà le bétail. Ils en vinrent aux mains et
Géryon fut mortellement frappé. Héraclès fit avancer les bêtes dans
la coupe du Soleil, et arriva à Tartessos où il la restitua au dieu.
Après être passé par le territoire d’Abdéra, Héraclès arriva en Ligurie
où Ialébion et Dercynos, deux fils de Poséidon, cherchèrent à lui voler
son bétail. Mais le héros les tua, puis il descendit le long de la côte
tyrrhénienne. À Rhégium, un taureau s’échappa, courut se jeter dans
la mer et nagea jusqu’en Sicile. Il traversa toute la région et parvint
jusqu’au royaume d’Éryx, le roi des Élymes, fils de Poséidon, qui unit
le taureau à ses vaches. Héraclès confia son troupeau à Héphaïstos,
se lança à la recherche du taureau et le trouva au milieu des bêtes
d’Éryx. Le roi lui déclara qu’il le lui rendrait uniquement si Héraclès
parvenait à le battre dans un combat aux poings. Le héros sortit
vainqueur à trois reprises, tua Éryx, récupéra le taureau et se remit
en route avec ses bêtes vers la mer ionienne. Mais quand il arriva aux
criques, Héra envoya un taon tourmenter les bêtes, qui se
dispersèrent vers les montagnes thraces. Héraclès les suivit, réussit à
en rassembler la plus grande partie, et les mena vers l’Hellespont.
Celles qu’il ne put pas trouver retournèrent à l’état sauvage. Avec son
troupeau ainsi péniblement rassemblé, Héraclès se retrouva devant le
fleuve Strymon, ce qui le contraria. Alors il remplit de rochers son lit
et ses eaux ne furent plus navigables. Enfin, il mena les boeufs à
Eurysthée qui les sacrifia à Héra.
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