[9] IX.
1. Πάντ’ οὖν ἤδη παρ’ ἑαυτῷ σὺν τῷ παιδὶ οὐκονομηκώς, μέχρι μὲν
τοῦ πρόσθεν χρόνου εἴασεν ἡμᾶς, ὡς εβουλόμεθα, ἀτάκτοις φοραῖς
φέρεσθαι, ἡδοναῖς καὶ ἐπιθυμίαις ἀπαγομένους. οὐ πάντως
ἐφηδόμενος τοῖς ἁμαρτήμασιν ἡμῶν, ἀλλ’ ἀνεχόμενος, οὐδὲ τῷ τότε
τῆς ἀδικίας καιρῷ συνευδοκῶν, ἀλλὰ τὸν νῦν τῆς δικαιοσύνης
δημιουργῶν, ἵνα ἐν τῷ τότε χρόνῳ ἐλεγχθέντες ἐκ τῶν ἰδίων ἔρων
ἀνάξιοι ζωῆς νῦν ὑπὸ τῆς τοῦ θεοῦ χρηστότητος ἀξιωθῶμεν, καὶ τὸ
καθ’ ἑαυτοὺς φανερώσαντες ἀδύνατον εἰσελθεῖν εἰς τὴν βασιλείαν
τοῦ θεοῦ τῇ δυνάμει τοῦ θεοῦ δυνατοὶ γενηθῶμεν. 2. ἐπεὶ δὲ
πεπλήρωτο μὲν ἡ ἡμετέρα ἀδιδία καὶ τελείως πεφανέρωτο, ὅτι ὁ
μισθὸς αὐτῆς κόλασις καὶ θάνατος προσεδοκᾶτο, ἦλθε δὲ ὁ καιρός,
ὃν θεὸς πρέθετο λοιπὸν φανερῶσαι τὴν ἑαυτοῦ χρηστότητα καὶ
δύναμιν (ὢ τῆς ὑπερβαλλούσης φιλανθρωπίας και ἀγάπης τοῦ θεοῦ),
οὐκ ἐμίσησεν ἡμᾶς οὐδὲ ἀπώσατο οὐδὲ ἐμνησικάκησεν, ἀλλὰ
ἐμακροθύμησεν, ἠνέσχετο, ἐλεῶν αὐτὸς τὰς ἡμετέρας ἁμαρτίας
ἀνεδέξατο, αὐτὸς τὸν ἴδιον υἱὸν ἀπέδοτο λύτρον ὑπὲρ ἡμῶν, τὸν
ἅγιον ὑπέρ ἀνόμων, τὸ ἄκακον ὑπὲρ τῶν κακῶν, τὸν δίκαιον ὑπέρ
τῶν ἀδίκων, τὸν ἄφθαρτον ὑπέρ τῶν θνητῶν. 3. τί γὰρ ἄλλο τὰς
ἁμαρτίας ἡμῶν ἠδυνήθη καλύψαι ἢ ἐκείνου δικαιοσύνη; 4. ἐν τίνι
δικαιωθῆναι δυνατὸν τοὺς ἀνόμους ἡμᾶς καὶ ἀσεβεῖς ἢ ἐν μόνῳ τῷ
υἱῷ τοῦ θεοῦ; 5. ὢ τῆς γλυκείας ἀνταλλαγῆς, ὢ τῆς ἀνεξιχνιάστου
δημιουργίας, ὢ τῶν ἀπροσδοκήτων εὐεργεσιῶν· ἵνα ἀνομία μὲν
πολλῶν ἐν δικαίῳ ἑνὶ κρυβῇ, δικαιοσύνη δὲ ἑνὸς πολλοὺς ἀνόμους
δικαιώσυνῃ. 6. ἐλέγξας οὖν ἐν μὲν τῷ πρόσθεν χρόνῳ τὸ ἀδύνατον
τῆς ἡμέτερας φύσεως εἰς τὸ τυχεῖν ζωῆς, νῦν δὲ τὸν σωτῆρα δείξας
δυνατὸν σώζειν και τὰ ἀδύνατα, ἐξ ἀμφοτέρων ἐβουλήθη πιστεύειν
ἡμᾶς τῇ χρηστότητι αὐτοῦ, αὐτὸν ἡγεῖσθαι τροφέα, πατέρα,
διδάσκαλον, σύμβουλον, ἰατρόν, νοῦν, φῶς, τιμήν, δόξαν, ἰσχύν,
ζωήν, περὶ ἐνδύσεως καὶ τροφῆς μὴ μεριμνᾶν.
| [9] IX. Dieu avait donc déjà tout disposé en lui-même avec son
Enfant, mais jusqu'à ces derniers temps, il a souffert que nous
nous laissions emporter à notre gré par des mouvements
désordonnés, séduits par les voluptés et les passions, nullement
parce qu'il éprouvait un malin plaisir à nous voir pécher ;
seulement il tolérait, non qu'il l'approuvât, ce règne de l'iniquité.
Bien au contraire, il préparait le règne actuel de la justice, afin
que, ayant bien prouvé, dans cette première phase, que nos
propres oeuvres nous rendaient indignes de la vie, nous en
devenions maintenant dignes par l'effet de la bonté divine, et que,
nous étant montrés incapables d'accéder par nous-mêmes au
royaume de Dieu, la puissance de Dieu nous en rende maintenant
capables. 2. Lorsque notre perversité fut à son comble et qu'il fut
devenu pleinement manifeste que la récompense qu'on en pouvait
attendre était le supplice et la mort, alors arriva le temps que
Dieu avait marqué pour y manifester désormais sa bonté et sa
puissance : quelle surabondance de la bonté pour les hommes et
de l'amour divins ! Il ne nous a pas haïs, il ne nous a pas
repoussés, ni tenu rancune, mais au contraire il a longtemps
patienté, il nous a supportés. Nous prenant en pitié, il a assumé
lui-même nos propres péchés ; il a livré lui-même son propre Fils
en rançon pour nous, livrant le saint pour les criminels, l'innocent
pour les méchants, le juste pour les injustes, l'incorruptible pour
les corrompus, l'immortel pour les mortels. 3. Quoi d'autre aurait
pu couvrir nos péchés, sinon sa justice ? 4. En qui pouvions-nous
être justifiés, criminels et impies que nous étions, sinon par le
seul Fils de Dieu ? 5. Ô doux échange, opération impénétrable, ô
bienfaits inattendus : le crime du grand nombre est enseveli dans
la justice d'un seul et la justice d'un seul justifie un grand nombre
de criminels. 6. Il a d'abord, au cours du temps passé, convaincu
notre nature de son impuissance à obtenir la vie ; maintenant il
nous a montré le Sauveur qui a la puissance de sauver même ce
qui ne pouvait l'être : par ce double moyen, il a voulu que nous
eussions foi en sa bonté et que nous vissions en Lui nourricier,
père, maître, conseiller, médecin, intelligence, lumière, honneur,
gloire, force, vie - sans plus nous inquiéter du vêtement et de la
nourriture.
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