[32] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΛΒ'.
Ἀλλὰ τῶν μὲν τοιούτων ἅλις (ἱκανὸν γὰρ ἐφ' ἑκάστου
τὸ ἐνδείξασθαι τὴν τῆς δόξης ἀτοπίαν), ἱκανῶς δ'
οἶμαι δεδηλῶσθαι, πῶς λέγεται τὸ ἐπὶ τῷ φρονίμῳ
εἶναι τὸ φρονεῖν καίτοι μὴ δυναμένῳ μὴ φρονεῖν· οὐ
γὰρ ὅτι νῦν, ὅτε ἐστὶ φρόνιμος, ἐπ' αὐτῷ τὸ εἶναι
τοιούτῳ (ἦν γὰρ ἂν καὶ τοῦ νῦν μὴ φρονεῖν κύριος),
ἀλλ' ὅτι πρὸ τοῦ τοιοῦτος γενέσθαι εἶχεν ὥσπερ {δὲ}
τοῦ γενέσθαι οὕτως δὲ καὶ τοῦ μὴ γενέσθαι τοιοῦτος
τὴν ἐξουσίαν, δι' ἣν προειρήκαμεν αἰτίαν πρὸς τὸ
γενέσθαι τοιοῦτος συνήργησεν αὑτῷ. Ἐπὶ δὲ τῶν θεῶν
οὐκ εἴη ἂν τὸ εἶναι τοιούτοις (ὅπερ ἦν καὶ αὐτὸ ἐν τοῖς
ὑπ' αὐτῶν ἀπορουμένοις), ὅτι γάρ ἐστιν αὐτῶν ἐν τῇ
φύσει τὸ τοιοῦτον, οὐδὲν δὲ τῶν οὕτως ὑπαρχόντων
ἐπ' αὐτῷ. Διὰ τοῦτο γὰρ τὰ μὲν ἐκείνων ἀγαθὰ τίμιά
τε καὶ μακαριστά, μεῖζόν τι τῶν ἐπαινετῶν ἀγαθῶν
ἔχοντα, ὅτι τὴν ἀρχὴν ἡ φύσις αὐτῶν ἀνεπίδεκτός
ἐστιν, ἡμεῖς δὲ ἐπὶ τῇ κτήσει τῶν ἀρετῶν
ἐπαινούμεθα, ὅτι, τῆς φύσεως ἡμῶν ἐπιδεκτικῆς
οὔσης καὶ τοῦ χείρονος, οὐκ ὠκνήσαμεν πρὸς τὰ
βελτίω, καὶ τῶν μὲν χειρόνων ἀνιδρωτὶ καὶ χωρὶς
καμάτων περιγίνεσθαι δοκούντων, τῆς δὲ ἀρετῆς μετὰ
πόνων τε καὶ μετὰ καμάτων καὶ πολλῶν ἱδρώτων.
Ἔχει μέντοι καὶ ὁ φρόνιμος ἐπὶ τῶν καθέκαστα
πράξεων τοῦ καὶ μὴ πράττειν αὐτὰς τὴν ἐξουσίαν,
εἴποτε κἀκείνοις πράξεις τινὲς γίνοιντο περὶ τὰ
ἐνδεχόμενα καὶ ἄλλως ἔχειν. Οὐ γὰρ ἀφῄρηται τὴν
ἐξουσίαν οὔτε ὁ Πύθιος τοῦ τῷ αὐτῷ χρῆσαί τε καὶ μή,
οὔτε ὁ Ἀσκληπιὸς τοῦ παρίστασθαι. Πάντες γοῦν
σχεδὸν ἄνθρωποι καταφεύγουσιν ἐπ' αὐτόν, ἔνθα ἂν
ἐπιφανέστατος ᾖ, πεπιστευκότες ὅτι τοῖς
σπουδάζουσιν αὐτὸν ἔχειν ἰατρὸν μᾶλλον τῶν οὐ
σπουδαζόντων ἐπιδίδωσιν αὑτόν.
| [32] CHAPITRE XXXII.
Mais c’en est assez sur ce sujet. Il suffit, en effet, de
montrer combien en tout la doctrine de nos adversaires
choque le sens commun. Je pense d’ailleurs avoir
suffisamment expliqué en quel sens il est vrai de dire
qu’il est au pouvoir de l’honnête homme d’être honnête
homme, quoiqu’il ne soit pas actuellement en son
pouvoir de n’être pas honnête homme. Ce n’est point
effectivement qu’il soit en son pouvoir d’être honnête
maintenant qu’il est honnête (car, à ce compte, il serait
maître aussi de n’être pas honnête); mais c’est qu’avant
de devenir honnête, comme il avait le pouvoir de le
devenir, il avait aussi celui de ne pas le devenir, et c’est
pour la raison que nous avons précédemment indiquée,
qu’il a contribué lui-même à le devenir. Au contraire, il
n’est aucunement au pouvoir des Dieux d’être tels
qu’ils sont (ce qui reste vrai, même dans le système de
nos adversaires); car il est dans leur nature d’être tels, et
rien de ce qui est dans la nature ne dépend du libre
pouvoir. C’est pourquoi les biens des Dieux sont saints
et constituent la béatitude; ils comprennent quelque
chose de plus grand que les biens auxquels on accorde
des éloges, parce que leur nature est absolument
incapable d’admettre le moins bon. Il n’en va pas ainsi
de nous-mêmes. On nous loue d’être devenus vertueux,
parce que, encore que notre nature fût capable
d’admettre aussi le moins bon, nous n’avons pas laissé
d’aller au meilleur, alors que le moins bon semblait
n’exiger ni sueurs ni fatigues, tandis que la vertu ne
peut s’obtenir qu’avec peines, avec fatigues et
beaucoup de sueurs. Ce n’est pas tout : il faut reconnaître
que l’honnête homme a de plus, chaque fois qu’il agit,
la liberté de ne pas agir, s’il est hors de doute qu’il lui
arrive d’agir dans des cas qui comportent également la
possibilité du contraire. Car ni Apollon Pythien
n’enlève la liberté d’user ou de ne pas user de ses
oracles, ni Esculape celle de veiller à sa propre
conservation. Aussi presque tous les hommes
cherchent-ils auprès de ce Dieu protection, là où il leur
semble que son secours est le plus présent, persuadés
qu’ils sont qu’Esculape se communique plus à ceux qui
s’efforcent de l’avoir pour médecin, qu’à ceux qui n’en
prennent aucun souci.
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