HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Albinus (-os) de Smyrne, Épitomé de la philosophie de Platon

Chapitre 32

 Chapitre 32

[32] Ἐπεὶ δὲ αἱ πλεῖσται ἀρεταὶ περὶ πάθη γίνονται, διοριστέον καὶ περὶ τοῦ πάθους, ὁποιόν τι ὑπάρχει. Ἔστι τοίνυν πάθος κίνησις ἄλογος ψυχῆς ὡς ἐπὶ κακῷ ὡς ἐπ´ ἀγαθῷ. Ἄλογος μὲν οὖν εἴρεται κίνησις, ὅτι οὐ κρίσεις τὰ πάθη οὐδὲ δόξαι, ἀλλὰ τῶν ἀλόγων τῆς ψυχῆς μερῶν κινήσεις· ἐν γὰρ τῷ παθητικῷ τῆς ψυχῆς συνίσταται, καὶ τὰ ἡμέτερα ἔργα οὐδ´ ἐφ´ ἡμῖν. Ἄκουσι γοῦν ἐν ἡμῖν ἐγγίνεται πολλάκις καὶ ἀντιτείνουσιν· ἔσθ´ ὅτε δὲ καὶ γινώσκοντες ὅτι οὐ λυπηρὰ τὰ προσπεπτωκότα οὐδὲ ἡδέα οὐδὲ μὴν φοβερά, οὐδὲν ἧττον ἀγόμεθα ὑπ´ αὐτῶν, οὐκ ἂν παθόντες ταῦτα, εἰ κρίσεσι τὰ αὐτὰ ἦν· ταύτας γὰρ ἀποβάλλομεν καταγνόντες αὐτῶν, εἴτε δεόντως εἴτε μὴ δεόντως. Ἐπ´ ἀγαθῷ δὲ καὶ ἐπὶ κακῷ, ἐπειδὴ κατ´ ἔμφασιν ἀδιαφόρου πράγματος οὐ κινεῖται πάθος· πάντα γὰρ συνίσταται κατὰ ἀγαθοῦ ἔμφασιν κατὰ κακοῦ. Ἀγαθὸν γὰρ ἐὰν μὲν παρεῖναι ὑπολάβωμεν, ἡδόμεθα, ἐὰν δὲ μέλλειν, ἐπιθυμοῦμεν· καὶ κακὸν ἐὰν μὲν παρεῖναι ὑπολάβωμεν, λυπούμεθα, τὸ δὲ μέλλον φοβούμεθα. Ἔστι δὲ πάθη ἁπλᾶ καὶ στοιχειώδη δύο, ἡδονή τε καὶ λύπη, τἆλλα δ´ ἐκ τούτων πέπλασται. Οὐ γὰρ συναριθμητέον τούτοις φόβον καὶ ἐπιθυμίαν ὡς ἀρχικὰ ὑπάρχοντα καὶ ἁπλᾶ. τε γὰρ φοβούμενος οὐ παντελῶς ἐστέρηται ἡδονῆς· οὐδὲ γὰρ τὸν τυχόντα ἄν τις διαγένοιτο χρόνον, ἀπογινώσκων ἀπαλλαγὴν κουφισμὸν τοῦ κακοῦ· πλεονάζει μέντοι ἐν τῷ λυπεῖσθαι καὶ ὀχλεῖσθαι, καὶ διὰ τοῦτο συνῆπται τῇ λύπῃ· τε ἐπιθυμῶν ἐν προσδοκίᾳ μένων τοῦ τεύξεσθαι ἥδεται, οὐ παντελῶς δὲ θαρρῶν οὐδ´ ἔχων βέβαιον τὴν ἐλπίδα ἄχθεται. Ἐπιθυμίας δὴ καὶ φόβου μὴ ὄντων ἀρχικῶν, ἀνενδοιάστως συγχωρηθήσεται τὸ μηδὲ τῶν ἄλλων τι παθῶν ἁπλοῦν εἶναι, οἷον ὀργὴν λέγω καὶ πόθον καὶ ζῆλον καὶ ὅσα τοιαῦτα· ἐν τούτοις γὰρ ἐνορᾶται ἡδονὴ καὶ λύπη ὡς ἂν ἐκ τούτων μεμιγμένοις. Τῶν δὲ παθῶν τὰ μέν ἐστιν ἄγρια, τὰ δὲ ἥμερα· καὶ ἥμερα μὲν ὅσα κατὰ φύσιν ὑπάρχει τῷ ἀνθρώπῳ ἀναγκαῖά τε καὶ οἰκεῖα· οὕτω δὲ ἔχει, ἕως ἂν σύμμετρα ὑπάρχῃ· προσελθούσης δὲ αὐτοῖς ἀμετρίας, ἡμαρτημένα ὑπάρξει. Τοιαῦτά ἐστιν ἡδονή, λύπη, θυμός, ἔλεος, αἰσχύνη· οἰκεῖον γὰρ τὸ ἡσθῆναι ἐπὶ τοῖς κατὰ φύσιν, λυπηθῆναι δὲ ἐν τοῖς ἐναντίοις· καὶ μὲν θυμὸς πρὸς τὸ ἀμύνεσθαι καὶ τιμωρεῖσθαι τοὺς ἐχθροὺς ἀναγκαῖος, δὲ ἔλεος οἰκεῖος φιλανθρωπίᾳ, αἰσχύνη δὲ πρὸς ἀναχώρησιν ἀπὸ τῶν αἰσχρῶν ἐπιτήδειος. Ἄλλα δ´ ἄγριά ἐστι πάθη, ἅπερ παρὰ φύσιν ἐστίν, ἐκ διαστροφῆς συστάντα καὶ ἐθῶν μοχθηρῶν· ταῦτα δ´ ὑπάρχει γέλως καὶ ἐπιχαιρεκακία καὶ μισανθρωπία, καὶ ἐπιτεινόμενα καὶ ἀνιέμενα καὶ ὁπωσποτοῦν ἔχοντα διημαρτημένα ὄντα τυγχάνει, μετριότητα μὴ δεχόμενα. Περὶ δὲ ἡδονῆς καὶ λύπης φησὶν Πλάτων, ὅτι ταῦτα τὰ πάθη φύσει πως ἀρχῆθεν ἐν ἡμῖν κινηθέντα φέρεται, τῆς μὲν λύπης καὶ τῆς ἀλγηδόνος ἐπιγινομένων παρὰ φύσιν κινουμένοις, τῆς δὲ ἡδονῆς εἰς τὸ κατὰ φύσιν ἀποκαθισταμένοις· οἴεται δὲ κατὰ φύσιν κατάστημα εἶναι τὸ μέσον ἀλγηδόνος τε καὶ ἡδονῆς, οὐθετέρῳ ἐκείνων ὂν τὸ αὐτό, ἐν καὶ τὸν πλείω χρόνον ὑπάρχομεν. Διδάσκει δὲ καὶ διότι πολλά ἐστιν εἴδη ἡδονῶν, τὰ μὲν διὰ τοῦ σώματος, τὰ δὲ διὰ τῆς ψυχῆς· τῶν δὲ ἡδονῶν τὰς μὲν μίγνυσθαι τοῖς ἐναντίοις, τὰς δὲ παραμένειν καθαράς τε καὶ εἰλικρινεῖς· καὶ τὰς μὲν ἀναμνηστικάς, τὰς δὲ μετ´ ἐλπίδος γινομένας· καὶ τὰς μὲν αἰσχράς, ὅσαι ἀκόλαστοί τε καὶ μετὰ ἀδικίας, τὰς δὲ μετρίας καὶ ἁμωσγέπως μετεχούσας τοῦ ἀγαθοῦ, οἷον τήν τε εὐφροσύνην τὴν ἐπὶ τοῖς ἀγαθοῖς καὶ τὰς ἐν ταῖς ἀρεταῖς ἡδονάς. Πεφυκυιῶν δὲ πολλῶν ἀδοκίμων ἡδονῶν, οὐ ζητητέον εἰ τῶν ἁπλῶς ἀγαθῶν δύναται εἶναι· ἐξίτηλος γὰρ φαίνεται καὶ οὐδενὸς ἀξία, ἐπιγεννηματικὴ τῇ φύσει ὑπάρχουσα καὶ οὐδὲν οὐσιῶδες οὐδὲ προηγούμενον ἔχουσα, συνυπάρχουσά τε τῷ ἐναντίῳ· μίγνυται γὰρ ἡδονὴ καὶ λύπη, οὐκ ἂν δὲ συνέβαινε τοῦτο, εἰ τὸ μὲν ἁπλῶς ἦν ἀγαθόν, θάτερον δὲ κακόν. [32] CHAPITRE XXXII. L'INJUSTICE est un si grand mal, qu'on doit plus craindre de la commettre que de l'éprouver : commettre une injustice est un acte de méchanceté ; recevoir une injustice est une preuve de faiblesse. L'un et l'autre est honteux ; mais les actions injustes sont un d'autant plus grand mal qu'elles sont plus honteuses. Il est aussi utile au méchant d'être puni qu'au malade d'abandonner son corps au médecin pour le guérir : tout châtiment n'est qu'une espèce de remède pour une âme qui fait le mal. Puisque la plupart des vertus tiennent aux passions, il faut définir ce que c'est qu'une passion. Une passion est un mouvement déréglé de l’âme qui la porte ou vers le bien ou vers le mal : on appelle ce mouvement déréglé parce que la passion n'est ni jugement ni opinion, mais une impulsion des parties déraisonnables de l’âme. Sommes-nous les auteurs de cette émotion qui s'opère dans la partie pathétique de l’âme? cette émotion ne dépend pas de nous, car souvent nous l'éprouvons malgré nous, lors même que nous tâchons de la combattre. Quelquefois nous connaissons que les choses qui se présentent ne sont accompagnées ni de douleur, ni de plaisir, ni de crainte ; néanmoins elles nous entraînent, ce que nous ne souffririons pas si ces affections étaient la même chose que le jugement ; car nous rejetons ce que notre jugement désapprouve, soit raison ou non. Nous avons dit dans notre définition que l’âme se portait vers le bien ou vers le mal, parce que l’âme ne s'émeut point à l'aspect d'une chose indifférente: or tous les objets ont une apparence de bien ou de mal. Si nous voyons le bien dans le moment présent nous nous en réjouissons ; si nous le voyons dans l'avenir nous le désirons. Il en est de même du mal ; s'il est présent nous en avons de la douleur; s'il est futur nous en avons de la crainte. Il y a deux passions simples et élémentaires, le plaisir et la douleur : toutes les autres se composent de ces deux-là ; car il ne faut pas mettre de ce nombre la crainte et le désir, en les considérant comme simples. Celui qui craint n'est pas entièrement privé de plaisir : on ne pourrait pas vivre longtemps si l'on désespérait de changer son sort, ou du moins d'adoucir un peu ses malheurs; mais on se livre davantage à la tristesse et à la douleur, et voilà pourquoi l'on souffre. Celui qui désire, tant qu'il est dans l'espérance d'obtenir, est joyeux et content : lorsqu'il n'a ni confiance ni espoir certain, il est affligé. Puisque le désir et la crainte ne sont pas des passions élémentaires, on accordera sans doute que les autres passions ne le sont pas davantage; telles que la colère, la cupidité, la jalousie, et autres semblables : dans toutes on distingue le plaisir et la douleur dont elles sont une espèce d'amalgame. Les passions sont les unes fougueuses, les autres douces. Les passions douces, qui appartiennent naturellement à l'homme, lui sont nécessaires et propres tant qu'elles se renferment dans une certaine modération ; lorsque le désordre s'en mêle elles deviennent funestes ; telles sont le plaisir, la douleur, la compassion, la colère, la honte. Il est dans l'ordre d'être agréablement affecté des sensations conformes à la nature, et de souffrir des sensations contraires : la colère est nécessaire pour se défendre et se venger de ses ennemis; la compassion engendre une affection réciproque entre les hommes ; la honte sert à nous éloigner de ce qui doit être haï. Il est d'autres passions cruelles contraires à la nature, composées de perversité et de méchanceté ; telles sont la moquerie, la joie du mal d'autrui, la misanthropie. Ces passions, soit qu'elles augmentent leur intensité, soit qu'elles la diminuent, et de quelque manière qu'elles existent, sont vicieuses parce qu'elles n'admettent point de modération. Au sujet du plaisir et de la douleur, Platon prétend que le mouvement de ces passions nous a été originairement imprimé par la nature, que la douleur et la souffrance s'opèrent lorsque ce mouvement s'écarte des lois que lui donna la nature, et que le plaisir résulte du rétablissement de l'harmonie à cet égard. Il pense que l'état naturel de l'homme est de tenir le milieu entre le plaisir et la douleur, de n'être affecté par aucun des deux ; état dans lequel nous sommes la plupart du temps. Il enseigne d'ailleurs qu'il y a plusieurs espèces de plaisirs ; les uns qui se rapportent au corps et les autres qui se rapportent à l’âme; qu'entre les plaisirs, les uns se mêlent à ce qui leur est opposé, et les autres se maintiennent purs et sincères ; qu'il en est qui consistent dans la mémoire, les autres dans l'espérance; qu'il en est de honteux, comme ceux qui tiennent à l'intempérance et à l'injustice ; qu'il en est d'intermédiaires, c'est-à-dire qui ont quelque chose de relatif à l'honnêteté, comme le plaisir qu'on ressent de ce qui est honnête, et celui qu'on goûte dans la vertu. Puisqu'il y a une multitude de plaisirs déshonnêtes ou honteux, il est inutile de rechercher si le plaisir, dans un sens absolu, peut être regardé comme un bien: une chose qui n'a pour ainsi dire qu'une existence précaire et accessoire, qui n'a rien d'élémentaire ni d'intrinsèque, qui est inséparable de son contraire, ne peut point paraître digne d'un grand prix. Le plaisir et la douleur sont toujours mêlés ensemble : il en serait sans doute autrement si l'un était un bien, et l'autre un mal dans un sens absolu.


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Dernière mise à jour : 27/05/2010