HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre I

Chapitres 9-10

  Chapitres 9-10

[1,9] Ἐγὼ δὲ πρὸς τὸν Κλεινίαν καταλέγω, μου το δρᾶμα πῶς ἐγένετο, πῶς πάθοιμι, πῶς ἴδοιμι, τὴν καταγωγήν, τὸ δεῖπνον, τὸ κάλλος τῆς κόρης, τελευτῶν δὲ τῷ λόγῳ συνίην ἀσχημονῶν, "Οὐ φέρω," λέγων, "Κλεινία, τὴν ἀνίαν· ὅλος γάρ μοι προσέπεσεν ἔρως, καὶ αὐτόν μου διώκει τὸν ὕπνον τῶν ὀμμάτων· πάντοτε Λευκίππην (2) φαντάζομαι, οὐ γέγονεν ἄλλω τινὶ τοιοῦτον ἀτύχημα· τὸ γὰρ κακόν μοι καὶ σννοικεῖ." καὶ Κλεινίας, "Ληρεῖς," εἶπεν, "οὕτως εἰς ἔρωτα εὐτυχῶν. οὐ γὰρ ἐπ' ἀλλοτρίας θύρας ἐλθεῖν σε δεῖ, οὐδὲ διάκονον παρακαλεῖν· αὐτήν σοι δέδωκε τὴν (3) ἐρωμένην τύχη καὶ φέρουσα ἔνδον ίδρυσεν. ἄλλῳ μὲν γὰρ ἐραστῇ καὶ βλέμμα μόνον ἤρκεσε τηρουμένης παρθένου, καὶ μέγιστον τοῦτο ἀγαθὸν νενόμικεν ἐραστής, ἐὰν καὶ μέχρι τῶν ὀμμάτων εὐτυχῇ, οἱ δὲ εὐδαιμονέστεροι τῶν ἐραστῶν, ἂν τύχωσι κἂν ῥήματος μόνον. σὺ δὲ βλέπεις ἀεὶ καὶ ἀκούεις ἀεὶ καὶ συνδειπνεῖς καὶ συμπίνεις· (4) καὶ τούτοις εὐτυχῶν ἐγκαλεῖς· ἀχάριστος εἶ πρὸς ἔρωτος δωρεάν· οὐκ οἶδας οἶόν εστιν ἐρωμένη βλεπομένη· μείζονα τῶν ἔργων ἔχει τὴν ἡδονήν. ὀφθαλμοὶ γὰρ ἀλλήλοις ἀντανακλώμενοι ἀπομάττουσιν ὡς ἐν κατόπτρῳ τῶν σωμάτων τὰ εἴδωλα· δὲ τοῦ κάλλους ἀπορροή, διαὐτῶν εἰς τὴν ψυχὴν καταρρέουσα, ἔχει τινὰ (5) μίξιν ἐν ἀποστάσει. καὶ παρ' ὀλίγον ἐστὶ τῆς τῶν σωμάτων μίξεως· καινὴ γάρ ἐστι σωμάτων συμπλοκή. ἐγὼ δέ σοι καὶ τὸ ἔργον ἔσεσθαι ταχὺ μαντεύομαι· μέγιστον γάρ ἐστιν ἐφόδιον εἰς πειθὼ συνεχὴς πρὸς ἐρωμένην ὁμιλία, ὀφθαλμὸς γὰρ φιλίας πρόξενος καὶ τὸ σύνηθες (6) τῆς κοινωνίας εἰς χάριν ανυσιμώτερον. εἰ γὰρ τὰ ἄγρια τῶν θηρίων συνηθείᾳ τίθασεύεται, πολλῷ μᾶλλον ταύτῃ μαλαχθείη καὶ γυνή. ἔχει δέ τι πρὸς παρθένον ἐπαγωγὸν ἡλικιώτης ἐρῶν· τὸ δὲ ἐν ὥρᾳ τῆς ἀκμῆς ἐπεῖγον εἰς τὴν φύσιν καὶ το συνειδὸς τοῦ φιλεῖσθαι τίκτει πολλάκις ἀντέρωτα. θέλει γὰρ ἑκάστη τῶν παρθένων εἶναι καλή, καὶ φιλουμένη χαίρει, καὶ ἐπαινεῖ τῆς μαρτυρίὰς τὸν φιλοῦντα· κἂν μὴ φιλήσῃ τις (7) αὐτήν, οὔπω πεπίστευκεν εἶναι καλή. ἓν οὖν σοι παραινῶ μόνον, ἐρᾶσθαι πιστευσάτω, καὶ ταχέως σε μιμήσεται." "Πῶς ἂν οὖν," εἶπον, "γένοιτο τοῦτο τὸ μάντευμα; δός μοι τὰς ἀφορμάς· σὺ γὰρ ἀρχαιότερος μύστης ἐμοῦ καὶ συνηθέστερος ἤδη τῇ τελετῇ τοῦ θεοῦ· τί λέγω; τί ποιῶ; πῶς ᾶν τύχοιμι τῆς ἐρωμένης; οὐκ οἶδα γὰρ τὰς ὁδούς." [1,9] Étant demeuré seul avec Clinias, j'interrompis le cours de ses tristes réflexions, pour l'entretenir des affaires de mon coeur. Je m'embarquai dans un long détail des attraits de Leucippe. Je m'étendis sur la naissance de ma passion et sur son progrès rapide. Rien ne fut oublié, la moindre circonstance me paraissait un article important. Enfin, sentant que ma langue et mon esprit se brouillaient, et qu'il m'échappait des discours ridicules : « Ah ! Clinias, poursuivis-je en soupirant, je succombe au trouble qui m'agite. Le dieu de Cythère est entré lui-même dans mon sein avec tous ses feux ; il me possède, il me transporte ; les douceurs du sommeil sont un bien que je ne connais plus. Leucippe est sans cesse devant mes yeux et dans ma pensée. La source de mon mal vit avec moi dans la maison de mon père ; ainsi je ne guérirai jamais. — En vérité, mon cher, me dit alors Clinias, il faut que votre raison s'égare pour parler de la sorte. Tout vous rit, tout vous est favorable. Vous n'avez besoin ni de messagers ni de confidents. Vous n'êtes pas à la peine de tenter l'accès d'une porte étrangère. La fortune s'est chargée des frais de votre bonheur, elle vous amène votre maîtresse jusque chez vous. Peut-on jouir d'un sort plus propice ? D'autres amants se contenteraient de voir de temps en temps, sans obstacle, la personne qu'ils adorent, et vous, mille fois plus heureux, vous voyez continuellement Leucippe, vous vous entretenez, vous buvez, vous mangez avec elle. Après cela, vous osez vous plaindre : c'est payer d'ingratitude les bontés de l'Amour. Ignorez-vous quel est le plaisir de confondre ses regards avec ceux de l'objet dont on est épris ? Les images qui se mirent alors dans les yeux comme dans une glace fidèle font l'union des âmes malgré la distance des corps, et souvent cette union est presque aussi délicieuse que les plus vives caresses. Je vous prédis que le succès répondra bientôt à vos désirs. L'habitude est persuasive ; elle apprivoise non seulement les femmes, mais aussi les bêtes féroces. L'égalité d'âge est encore un grand point pour lier les cœurs ; vous êtes à peu près de celui de Leucippe. Enfin vous l'aimez, et, pour exciter l'amour, il n'est point de philtre plus puissant que l'amour même, surtout lorsqu'on s'attache à la jeunesse que l'ardeur de son printemps et l'instinct de la nature poussent déjà vers le but où nous souhaitons la conduire. Aussi, la première chose que je vous recommande, c'est de ne rien épargner pour convaincre Leucippe des sentiments que vous inspirent ses charmes ; et si son esprit n'est point préoccupé de quelque autre inclination, vous verrez qu'elle ne tardera pas à vous rendre tendresse pour tendresse. — Mais, dis-je à Clinias, que dois-je faire pour exécuter votre conseil? Quel biais, quel stratagème mettrai-je en usage pour parvenir à posséder la charmante Leucippe ? Et, lorsque j'y serai parvenu, comment goûterai-je mon bonheur ? Vous qui êtes initié dans les mystères de la galanterie, daignez me montrer le chemin que je dois suivre, car, pour moi, j'avoue que je l'ignore. Amant aussi novice que mauvais soldat, je ne sais me mettre en garde ni sous les drapeaux de Mars ni sous ceux de Vénus.
[1,10] "Μηδέν," εἶπεν Κλεινίας, "πρὸς ταῦτα ζήτει παρ' ἄλλου μαθεῖν: αὐτοδίδακτος γὰρ ἐστιν θεὸς σοφιστής. ὥσπερ γὰρ τὰ ἀρτίτοκα τῶν βρεφῶν οὐδεὶς διδάσκει τὴν τροφήν, αὐτόματα γὰρ ἐκμανθάνει καὶ οἶδεν ἐν τοῖς μαζοῖς οὖσαν αὐτοῖς τὴν τράπεζαν, οὕτω καὶ νεανίσκος ἔρωτος πρωτοκύμων οὐ δεῖται διδασκαλίας πρὸς τὸν (2) τοκετόν. ἐὰν γὰρ ὠδὶς παραγένηται καὶ ἐνστῇ τῆς ἀνάγκης προθεσμία, μηδὲν πλανηθείς, κἂν πρωτοκύμων ᾐς, εὑρήσεις τεκεῖν ὑπαὐτοῦ μαιωθεὶς τοῦ θεοῦ, ὅσα δέ ἐστι κοινὰ καὶ μὴ τῆς εὐκαίρου τύχης δεόμενα, ταῦτα ἀκούσας μάθε. μηδὲν μὲν εἴπῃς πρὸς τὴν παρθένον ἀφροδίσιον· τὸ δὲ ἔργον ζήτει πῶς γένηται σιωπῇ. (3) παῖς γὰρ καὶ παρθένος ὅμοιοι μέν εἰσιν εἰς αἰδῶ· πρὸς δὲ τὴν τῆςΑφροδίτης χάριν κἂν γνώμης τι ἔχωσιν, πάσχουσιν ἀκούειν οὐ θέλουσι. τὴν γὰρ αἰσχύνην κεῖσθαι νομίζουσιν ἐν (4) τοῖς ῥήμασι. γυναῖκας μὲν γὰρ εὐφραίνει καὶ τὰ ῥήματα. παρθένος δὲ τοὺς μὲν ἔξωθεν ἀκροβολισμοὺς τῶν ἐραστῶν εἰς πεῖραν φέρει καὶ ἄφνω συντίθεται τοῖς νεύμασιν· ἐὰν δὲ αἰτήσῃς τὸ ἔργον προσελθών, ἐκπλήξεις αὐτῆς τὰ ὦτα τῇ φωνῇ, καὶ ἐρυθριᾷ καὶ μισεῖ τὸ ῥῆμα καὶ λοιδορεῖσθαι δοκεῖ. κἂν ὑποσχέσθαι θέλῃ τὴν χάριν, αἰσχύνεται. τότε γὰρ πάσχειν νομίζει τὸ ἔργον, ὅτε μᾶλλον τὴν πεῖραν ἐκ τῆς τῶν (5) λόγων ἡδονῆς ἀκούει. ἐὰν δέ, τὴν πεῖραν προσάγων τὴν ἄλλην, καὶ εὐάγωγον αὐτὴν παρασκευάσας, ἡδέως ἤδη προσέρχῃ, σιώπα μὲν οὖν τὰ πολλὰ ὡς ἐν μυστηρίῳ φίλησον δὲ προσελθὼν ἠρέμα. τὸ γὰρ ἐραστοῦ φίλημα πρὸς ἐρωμένην θέλουσαν μὲν παρέχειν, αἴτησίς ἐστι, πρὸς ἀπειθοῦσαν (6) δέ, ἱκετηρία. κἂν μὲν προσῇ τις συνθήκη τῆς πράξεως, πολλάκις δὲ καὶ ἑκοῦσαι πρὸς τὸ ἔργον ἐρχόμεναι θέλουσι βιάζεσθαι δοκεῖν, ἴνα τῇ δόξῃ τῆς ἀνάγκης ἀποτρέπωνται τῆς αἰσχύνης τὸ ἑκούσιον. μὴ τοίνυν ὀκνήσῃς, ἐὰν ἀνθισταμἑνην αὐτὴν ἴδῃς, ἀλλ' ἐπιτήρει πῶς ἀνθίσταται. (7) σοφίας γὰρ κἀνταῦθα δεῖ. κἂν μὲν προσκαρτερῇ, ἐπίσχες τὴν βίαν· οὔπω γὰρ πείθεται. ἐὰν δὲ μαλθακώτερον ἤδη θέλῃς, χορήγησον τὴν ὑπόκρισιν, μὴ ἀπολέσῃς σου τὸ δρᾶμα." [1,10] — Vous n'avez pas besoin que je vous instruise sur cette matière, me répondit-il en riant, l'Amour se sert lui-même de précepteur. Les enfants s'attachent au sein de leurs nourrices sans le secours de personne, la nature seule leur dit tout bas qu'ils y trouveront du lait, et les amants les moins expérimentés ne manquent ni d'intelligence ni d'adresse, dès qu'il s'agit de faire éclore leurs douceurs. Ainsi donc, ajouta-t-il, ne craignez rien ; vous verrez, lorsque l'occasion s'en présentera, que vous êtes plus savant que vous ne croyez. Tout ce que je puis faire, c'est de vous donner quelques maximes générales, qui sont puisées dans la plus fine politique de Cythère. Premièrement, gardez-vous de demander à votre maîtresse la récompense où vise votre passion : le coeur des belles est fait comme le nôtre, mais leurs oreilles sont timides, et surtout celles des filles, car souvent les femmes joignent au penchant pour le plaisir un goût pour les discours où la licence assaisonne la naïveté. Leucippe s'offenserait de votre proposition, elle en rougirait de honte, et la pudeur l'empêcherait de vous promettre ce que peut-être dans le fond de l'âme elle brûlerait de vous accorder. Il est des préludes plus insinuants pour sonder si l'on n'a point de répugnance à combler nos désirs. Lorsque dans un tendre tête-à-tête vos soins l'auront émue, lorsque ses yeux découvriront aux vôtres l'ardeur qui la consume, prenez un baiser sur sa bouche : le baiser d'un amant exprime ses besoins avec assez d'éloquence, c'est une sommation pressante auprès d'une beauté qui capitule, et une prière respectueuse auprès de celle qui se défend. Au surplus, souvenez-vous que les filles aiment mieux paraître céder à notre force qu'à leur faiblesse ; leur gloire expirante trouve son excuse dans une douce violence, qui semble leur arracher les présents qu'elles nous donnent. Aussi, quoique Leucippe vous résiste, ne vous arrêtez pas, mais seulement observez avec quel air elle repousse vos efforts amoureux. Il faut user en ceci d'une extrême prudence. Si vous voyez qu'une véritable colère l'anime, et qu'elle persiste opiniâtrement à vous rebuter, modérez-vous, faites succéder la soumission à l'audace, et ne ruinez pas vos affaires par trop de précipitation. Le moment n'est pas encore venu ; il viendra tôt ou tard, votre constance le fera naître.


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Dernière mise à jour : 14/11/2005