HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre I

Chapitres 3-4

  Chapitres 3-4

[1,3] ῾Ο δὲ ἄρχεται τοῦ λέγειν ὧδε· ῎Εμοὶ Φοινίκη γένος, Τύρος πατρίς, ὄνομα Κλειτοφων πατὴρΙππίας, ἀδελφὸς πατρὸς Σώστρατος, οὐ πάντα δὲ ἀδελφός, ἀλλ' ὅσον ἀμφοῖν εἱς πατήρ· αἱ γὰρ μητέρες, τῷ μὲν ἦν Βυζαντία, τῷ δὲ ἐμῷ πατρὶ Τυρία. μὲν οὖν τὸν πάντα χρόνον εἶχεν ἐν Βυζαντίῳ· πολὺς γὰρ τῆς μητρὸς κλῆρος ἦν (2) αὐτῷ· ο δὲ ἐμὸς πατὴρ ἐν Τύρῳ κατῴκεί, τὴν δὲ μητέρα οὐκ οἶδα τὴν ἐμήν· ἐπὶ νηπίῳ γάρ μοι τέθνηκεν, ἐδέησεν οὖν τῷ πατρὶ γυναικὸς ἑτέρας, ἐξ ἧς ἀδελφή μοι Καλλιγόνη γίνεται. καὶ ἐδόκει μὲν τῷ πατρὶ συνάψαι μᾶλλον ἡμᾶς γάμῳ· αἱ δὲ Μοῖραι τῶν ἀνθρώπων κρείττονες ἄλλην ἐτήρουν μοι γυναῖκα. Φιλεῖ δὲ τὸ δαιμόνιον τὸ μέλλον ὰνθρώποις νύκτωρ πολλάκις λαλεῖν· οὐχ ίνα φυλάξωνται μὴ παθεῖν (οὐ γὰρ εἱμαρμένης δύνανται κρατεῖν) (3) ἀλλ' ίνα κουφότερον πάσχοντες φέρωσι. το μὲν γὰρ ἐξαίφνης ἀθρόον καὶ ἀπροσδόκητον ἐκπλήσσει τὴν ψυχὴν ἄφνω προσπεσὸν καὶ κατεβάπτισε· τὸ δὲ πρὸ τοῦ παθεῖν προσδοκώμενον προκατηνάλωσε κατὰ μικρὸν μελετώμενον τοῦ πάθους τὴν ἀκμήν. ἐπεὶ γὰρ εἶχον ἔννατον ἔτος ἐπὶ τοῖς δέκα, καὶ παρεσκεύαζεν πατὴρ εἰς νέωτα ποιήσων τοὺς γάμους, ἤρχετο τοῦ (4) δράματος τύχη. ὄναρ ἐδόκουν συμφῦναι τῇ παρθένῳ τὰ κάτω μέρη μέχρις ὀμφαλοῦ, δύο δὲ ἐντεῦθεν τὰ ἄνω σώματα· ἐφίσταται δἑ μοι γυνὴ φοβερὰ καὶ μεγάλη, τὸ πρόσωπον ἀγρία. ὀφθαλμὸς ἐν αἴματι, βλοσυραὶ παρειαί, ὄφεις αἱ κόμαι· ἅρπην ἐκράτει τῇ δεξιᾷ δᾷδα τῇ λαιᾷ. ἐπιπεσοῦσα οὖν μοι θυμῷ καὶ ἀνατείνασα τὴν ἅρπην, καταφέρει τῆς ἰξύος, ἔνθα τῶν δύο σωμάτων ἦσαν αἱ συμβολαί, καἰ ἀποκόπτει (5) μου τὴν παρθένον. περιδεὴς οῦν ἀναθορὼν ἐκ τοῦ δείματος, φράζω μὲν πρὸς οὐδένα, κατἐμαυτὸν δὲ πονηρὰ ἐσκεπτόμην. Ἐν δὲ τούτῳ συμβαίνει τοιάδε· ἦν ἀδελφός, ὡς ἔφην, τοῦ πατρὸς Σώστρατος· παρὰ τούτου τις ἔρχεται κομίζων ἐπιστολὰς ἀπὸ Βυζαντίου· καὶ ἦν τὰ γεγραμμένα τοιάδε· Ἱππίᾳ τῷ ἀδελφῷ χαίρειν Σώστρατος. Ἥκουσι πρὸς σὲ θυγάτηρ ἐμὴ Λευκίππη καὶ Πάνθεια γυνή· πόλεμος γὰρ περιλαμβάνει Βυζαντίους θρᾳκικός. σῶζε δή μοι τὰ φίλτατα τοῦ γένους μέχρι τῆς τοῦ πολέμου τύχης. [1,3] Alors je me tus, et il parla en ces termes : Ma famille est phénicienne d'origine. Tyr est ma patrie. Je m'appelle Clitophon, et l'auteur de mes jours Hippias. Sostrate, mon oncle, est son frère du côté paternel ; mais ils sortent de deux mères différentes : celle de Sostrate était Byzantine, et celle d'Hippias, Tyrienne. Mon père a fixé son séjour dans la ville de Tyr ; Sostrate demeure à Byzance, où l'attachent les grands biens que sa mère lui a laissés en partage. Jamais je n'ai vu la mienne : une mort prématurée me l'enleva pendant que j'étais au berceau. Quelque temps après, mon père épousa une seconde femme, dont il a eu une fille, nommée Calligone, qu'il voulait unir à mon sort par les noeuds du mariage ; mais le destin, plus puissant que les hommes, m'en réservait une autre. J'étais parvenu à dix-neuf ans. On se préparait à célébrer mes noces. Ma fortune ouvrit alors la scène à ses caprices. Souvent les dieux nous développent en songe les mystères de l'avenir, non pas pour nous obliger à prendre des mesures contre les accidents qui nous menacent, car personne n'élude la volonté du ciel ; leur unique dessein est de ménager notre faiblesse et de nous inspirer une généreuse constance. Les maux trop soudains surprennent l'esprit et terrassent la fermeté du coeur ; ceux qu'on prévoit sont moins cruels, on contracte insensiblement avec eux une familiarité qui adoucit leur amertume. Une nuit, que je languissais dans les bras du sommeil, il me sembla que j'étais lié avec une jeune fille ; nous faisions deux corps depuis la tête jusqu'à la ceinture, le reste n'en formait qu'un. En même temps, je crus voir une femme d'une grandeur démesurée ; son visage était rude et terrible, la colère étincelait dans ses yeux, des vipères affreuses lui tenaient lieu de chevelure, sa main droite était armée d'un cimeterre, et sa gauche d'un flambeau dont la funeste lueur m'épouvantait. Ce spectre approcha de nous avec fureur et, tranchant d'un coup de son fer redoutable les noeuds qui nous unissaient, sépara mon corps d'avec celui de la jeune fille. Je me réveillai, saisi d'horreur et d'effroi. Ces images sinistres laissèrent dans mon esprit une tristesse que je ne pouvais dissiper. Cependant je n'en parlai à personne : j'avais honte d'être si sensible aux impressions d'un songe. Mon père reçut environ vers ce temps-là une lettre de Byzance. Elle était de mon oncle Sostrate, et conçue à peu près en ces termes : Mon cher Frère, je vous envoie ma fille Leucippe, et Panthie, mon épouse. La guerre que les Thraces déclarent aux Byzantins m'oblige à vous confier ces gages de ma tendresse. Conservez-les-moi précieusement jusqu'au retour de la paix. Adieu.
[1,4] Ταῦτα πατὴρ ἀναγνοὺς ἀναπηδᾷ καὶ ἐπὶ τὴν θάλασσαν ἐκτρέχει καὶ μικρὸν ὕστερον αὖθις ἐπανῆκεν. εἴποντο δὲ αὐτῷ κατόπιν πολὺ πλῆθος οἰκετῶν καὶ θεραπαινίδων, ἃς συνεκπέμψας Σώστρατος ἐτύγχανε ταῖς γυναιξίν· ἐν μέσοις δὲ ἦν γυνὴ μεγάλη καὶ πλουσία τῇ (2) στολῇ, ὡς δὲ ἐπέτεινα τοὺς ὀφθαλμοὺς ἐπαὐτήν, ἐν ἀριστερᾷ παρθένος ἐκφαίνεταί μοι, καὶ καταστράπτει μου τοὺς ὀφθαλμοὺς τῷ (3) προσώπῳ. τοιαύτην εἶδον ἐγώ ποτε ἐπὶ ταύρῳ γεγραμμένην Εὐρώπην· ὄμμα γοργὸν ἐν ἡδονῇ· κόμη ξανθή, τὸ ξανθὸν οὖλον· ὀφρὺς μέλαινα, τὸ μέλαν ἄκρατον λευκὴ παρειά, τὸ λευκὸν εἰς μέσον ἐφοινίσσετο καὶ ἐμιμεῖτο πορφύραν, οἵαν εἰς τὸν ἐλέφαντα Λυδία βάπτει γυνή· τὸ στόμα ῥόδων ἄνθος ἦν, ὅταν ἄρχηται τὸ ῥόδον (4) ἀνοίγειν τῶν φύλλων τὰ χείλη. ὡς δὲ εἶδον, εὐθὺς ἀπωλώλειν· κάλλος γὰρ ὀξύτερον τιτρώσκει βέλους καὶ διὰ τῶ ὀφθαλμῶν εἰς τὴν ψυχὴν καταρρεῖ· ὀφθαλμὸς γὰρ ὁδὸς ἐρωτικῷ (5) τραύματι. πάντα δέ με εἶχεν ὁμοῦ, ἔπαινος, ἔκπληξις, τρόμος, αἰδώς, ἀναίδεια· ἐπῄνουν τὸ μέγεθος, ἐξεπεπλήγμην τὸ κάλλος, ἔτρεμον τὴν καρδίαν, ἔβλεπον ἀναιδῶς, ᾐδούμην ἁλῶναι. τοὺς δὲ ὀφθαλμοὺς ἀφέλκειν μὲν ἀπὸ τῆς κόρης ἐβιαζόμην οἱ δὲ οὐκ ἤθελον, ἀλλ' ἀνθεῖλκον ἑαυτοὺς ἐκεῖ τῷ τοῦ κάλλους ἑλκόμενοι πείσματι, καὶ τέλος ἐνίκησαν. [1,4] Ayant lu cette lettre, mon père se rendit promptement au port. Peu de temps après, il revint avec un grand nombre de domestiques, qui suivaient la femme et la fille de Sostrate. Cette jeune personne attirait les regards par la magnificence de ses habits, et encore plus par l'éclat de ses charmes. Dès que je l'aperçus, je crus voir la belle Europe avec tous les attraits qui lui assujétirent le coeur de Jupiter. Sa taille était noble, dégagée et bien prise ; ses yeux, fiers et sans rudesse ; ses cheveux blonds et frisés ; ses sourcils noirs ; son visage, d'une extrême blancheur, excepté vers le milieu des joues, où la nature s'était plu à étendre une couche de vermillon plus vif que la pourpre de Lydie ne le paraît sur l'ivoire ; enfin ses lèvres ressemblaient à une rose qui commence à s'épanouir. Mon repos et ma liberté ne purent tenir contre tant de charmes : il n'est point de flèche aussi perçante que la beauté ; elle pénètre par les yeux jusqu'au fond du coeur, et ses traits y portent une blessure que l'art ne guérit point. Admirer Leucippe, contempler ses appas avec une profonde surprise, exprimer le feu de mon âme par celui de mes regards, craindre qu'on ne remarquât mon trouble, ouvrir la bouche pour parler et ne rien dire, trembler et palpiter sans en savoir la cause, tout cela ne fut pour moi que l'affaire d'un moment. Je m'efforçais de détourner mes yeux de cet objet vainqueur, mais ils reprenaient toujours la même route malgré moi. Il fallut enfin leur céder.


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Dernière mise à jour : 14/11/2005