HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, Sur les revenus

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Κεφάλαιον εʹ (1) Εἰ δὲ σαφὲς δοκεῖ εἶναι ὡς, εἰ μέλλουσι πᾶσαι αἱ πρόσοδοι ἐκ πόλεως προσιέναι, ὅτι εἰρήνην δεῖ ὑπάρχειν, ἆροὐκ ἄξιον καὶ εἰρηνοφύλακας καθιστάναι; πολὺ γὰρ ἂν καὶ αὕτη αἱρεθεῖσα ἀρχὴ προσφιλεστέραν καὶ πυκνοτέραν εἰσαφικνεῖσθαι πᾶσιν ἀνθρώποις ποιήσειε τὴν πόλιν. (2) εἰ δέ τινες οὕτω γιγνώσκουσιν, ὡς, ἐὰν πόλις εἰρήνην ἄγουσα διατελῆι, ἀδυνατωτέρα τε καὶ ἀδοξοτέρα καὶ ἧττον ὀνομαστὴ ἐν τῆι Ἑλλάδι ἔσται, καὶ οὗτοί γε, ὡς ἐμῆι δόξηι, παραγιγνώσκοῦσιν. εὐδαιμονέσταται μὲν γὰρ δήπου πόλεις λέγονται, αἳ ἂν πλεῖστον χρόνον ἐν εἰρήνηι διατελῶσι· πασῶν δὲ πόλεων Ἀθῆναι μάλιστα πεφύκασιν ἐν εἰρήνηι αὔξεσθαι. (3) τίνες γάρ, ἡσυχίαν ἀγούσης τῆς πόλεως, οὐ προσδέοιντἂν αὐτῆς ἀρξάμενοι ἀπὸ ναυκλήρων καὶ ἐμπόρων; οὐχ οἱ πολύσιτοι, οὐχ οἱ πολύοινοι οὐχ οἱ ἡδύοινοι; τί δὲ οἱ πολυέλαιοι, τί δὲ οἱ πολυπρόβατοι, ‹τίδὲ οἱ γνώμηι καὶ ἀργυρίωι δυνάμενοι χρηματίζεσθαι; (4) καὶ μὴν χειροτέχναι τε καὶ σοφισταὶ καὶ φιλόσοφοι, οἱ δὲ ποιηταί, οἱ δὲ τὰ τούτων μεταχειριζόμενοι, οἱ δὲ ἀξιοθεάτων ἀξιακούστων ἱερῶν ὁσίων ἐπιθυμοῦντες, ἀλλὰ μὴν καὶ οἱ δεόμενοι πολλὰ ταχὺ ἀποδίδοσθαι πρίασθαι, ποῦ τούτων μᾶλλον ἂν τύχοιεν Ἀθήνησιν; (5) εἰ δὲ πρὸς ταῦτα μὲν οὐδεὶς ἀντιλέγει, τὴν δὲ ἡγεμονίαν βουλόμενοί τινες ἀναλαβεῖν τῆι πόλει, ταύτην διὰ πολέμου μᾶλλον διεἰρήνης ἡγοῦνται ἂν καταπραχθῆναι, ἐννοησάτωσαν πρῶτον μὲν τὰ Μηδικά, πότερον βιαζόμενοι εὐεργετοῦντες τοὺς Ἕλληνας ἡγεμονίας τε τοῦ ναυτικοῦ καὶ ἑλληνοταμιείας ἐτύχομεν. (6) ἔτι δ᾽, ἐπεὶ ὠμῶς ἄγαν δόξασα προστατεύειν πόλις ἐστερήθη τῆς ἀρχῆς, οὐ καὶ τότ᾽, ἐπεί τοῦ ἀδικεῖν ἀπεσχόμεθα, πάλιν ὑπὸ τῶν νησιωτῶν ἑκόντων προστάται τοῦ ναυτικοῦ ἐγενόμεθα; (7) οὔκουν καὶ Θηβαῖοι εὐεργετούμενοι ἡγεμονεύειν αὑτῶν ἔδωκαν Ἀθηναίοις; ἀλλὰ μὴν καὶ Λακεδαιμόνιοι οὐ βιασθέντες ὑφἡμῶν, ἀλλεὖ πάσχοντες ἐπέτρεψαν Ἀθηναίοις περὶ τῆς ἡγεμονίας θέσθαι ὅπως βούλοιντο. (8) νῦν δέ γε διὰ τὴν ἐν τῆι Ἑλλάδι ταραχὴν παραπεπτωκέναι μοι δοκεῖ τῆι πόλει ὥστε καὶ ἄνευ πόνων καὶ ἄνευ κινδύνων καὶ ἄνευ δαπάνης ἀνακτᾶσθαι τοὺς Ἕλληνας. ἔστι μὲν γὰρ πειρᾶσθαι διαλλάττειν τὰς πολεμούσας πρὸς ἀλλήλας πόλεις, ἔστι δὲ συναλλάττειν, εἴ τινες ἐν αὑταῖς στασιάζουσιν. (9) εἰδὲκαὶ ὅπως τὸ ἐν Δελφοῖς ἱερὸν αὐτόνομον ὥσπερ πρόσθεν γένοιτο φανεροὶ εἴητἐπιμελούμενοι, μὴ συμπολεμοῦντες, ἀλλὰ πρεσβεύοντες ἀνὰ τὴν Ἑλλάδα, ἐγὼ μὲν οὐδὲν ἂν οἶμαι θαυμαστὸν εἶναι, εἰ καὶ πάντας τοὺς Ἕλληνας ὁμογνώμονάς τε καὶ συνόρκους καὶ συμμάχους λάβοιτε ἐπἐκείνους, οἵτινες ἐκλιπόντων Φωκέων τὸ ἱερὸν καταλαμβάνειν πειρῶιντο. (10) εἰ δὲ καὶ ὅπως ἀνὰ πᾶσαν γῆν καὶ θάλατταν εἰρήνη ἔσται φανεροὶ εἴητε ἐπιμελόμενοι, ἐγὼ μὲν οἶμαι πάντας ἂν εὔχεσθαι μετὰ τὰς ἑαυτῶν πατρίδας Ἀθήνας μάλιστα σώιζεσθαι. (11) εἰ δέ τις αὖ εἰς χρήματα κερδαλεώτερον νομίζει εἶναι τῆι πόλει πόλεμον εἰρήνην, ἐγὼ μὲν οὐκ οἶδα πῶς ἂν ἄμεινον ταῦτα κριθείη εἴ τις τὰ προγεγενημένα ἐπανασκοποίη τῆι πόλει πῶς ἀποβέβηκεν. (12) εὑρήσει γὰρ τό τε παλαιὸν ἐν εἰρήνηι μὲν πάνυ πολλὰ χρήματα εἰς τὴν πόλιν ἀνενεχθέντα, ἐν πολέμωι δὲ ταῦτα πάντα καταδαπανηθέντα· γνώσεται δέ, ἢν σκοπῆι, καὶ ἐν τῶι νῦν χρόνωι διὰ μὲν τὸν πόλεμον καὶ τῶν προσόδων πολλὰς ἐκλιπούσας, καὶ τὰς εἰσελθούσας εἰς παντοδαπὰ πολλὰ καταδαπανηθείσας· ἐπεὶ δὲ εἰρήνη κατὰ θάλατταν γεγένηται, ηὐξημένας τε τὰς προσόδους, καὶ ταύταις ἐξὸν τοῖς πολίταις χρῆσθαι τι βούλοιντο. (13) εἰ δέ τίς με ἐπερωτώιη, εἰ καί, ἄν τις ἀδικῆι τὴν πόλιν, λέγεις, ὡς χρὴ καὶ πρὸς τοῦτον εἰρήνην ἄγειν; οὐκ ἂν φαίην· ἀλλὰ μᾶλλον λέγω, ὅτι πολὺ θᾶττον ἂν τιμωροίμεθα αὐτούς, εἰ μηδένα ὑπάρχοιμεν ἀδικοῦντες· οὐδένα γὰρ ἂν ἔχοιεν σύμμαχον. [5] CHAPITRE V. S’il paraît évident que la paix est nécessaire pour tirer du pays tous les revenus possibles, ne serait-il pas à propos de créer des magistrats chargés de la maintenir ? La création d’une telle institution ferait aimer davantage notre cité et attirerait de toutes parts chez nous une plus grande affluence. Et si d’aucuns s’imaginent qu’une paix perpétuelle affaiblirait la puissance, le prestige et la renommée que nous avons dans la Grèce, ceux-là, selon moi, ne voient pas juste. Il est bien certain que les États qui passent pour les plus heureux sont ceux qui demeurent en paix le plus longtemps. Et de tous les États, l’Attique est le plus naturellement propre à prospérer pendant la paix. Quand notre pays est en paix, quels sont ceux qui peuvent se passer de nous, à commencer par les armateurs et les marchands, et avec eux les propriétaires qui abondent en blé, en vin ordinaire ou en vin fin, en huile, en bétail, et les gens qui sont capables de trafiquer de leur intelligence ou de leurs capitaux, et les artistes, et les sophistes, et les philosophes, et les poètes, et ceux qui font usage de leurs oeuvres, et ceux qui veulent voir ou entendre les choses sacrées ou profanes qui méritent d’être vues ou entendues, et ceux qui veulent vendre et acheter de gros stocks sans perdre de temps, où peuvent-ils s’adresser mieux qu’à Athènes ? Personne, je pense, ne me contredira sur ce point. Mais peut-être y a-t-il des citoyens qui, jaloux de rendre à notre pays la suprématie, se figurent qu’on y arriverait mieux par la guerre que par la paix. Qu’ils se rappellent les guerres Médiques. Est-ce par la violence ou par les services rendus à la Grèce que nous obtînmes l’hégémonie sur mer et l’intendance du trésor commun ? Puis la cité, pour s’être montrée cruelle dans l’exercice de la souveraineté, se vit dépouiller du commandement. Or même alors, n’est-ce pas notre retour à la justice qui décida les insulaires à nous rendre l’hégémonie maritime ? N’est-ce pas en considération de nos bons offices que les Thébains mirent les Athéniens à leur tête ? Et les Lacédémoniens cédaient-ils à la force ou à la reconnaissance, quand ils permirent aux Athéniens d’user à leur gré de l’hégémonie ? Maintenant que la Grèce est troublée, je vois là l’occasion de regagner son affection sans peine, sans danger, sans dépense. L’on peut en effet essayer de réconcilier les États qui sont en guerre les uns contre les autres, et, s’il y a dans un État des dissensions intestines, d’y rétablir l’accord. Si d’autre part on vous voit essayer de rendre au temple de Delphes son ancienne indépendance, non point par une confédération armée, mais par des ambassades envoyées dans toute la Grèce, je ne serais pas surpris de voir tous les Grecs partager vos sentiments, se liguer avec vous et vous aider contre ceux qui essayeraient de mettre la main sur le temple abandonné par les Phocidiens. Et si l’on vous voit travailler à l’établissement d’une paix universelle sur terre et sur mer, je crois que tous les hommes, après le salut de leur patrie, souhaiteront surtout celui d’Athènes. Mais peut-être s’imagine-t-on que la guerre est plus profitable aux finances de l’État que la paix. Je ne vois pas de meilleur moyen de trancher la question que de considérer les conséquences que la paix et la guerre ont eues pour l’État dans le passé. Or on trouvera qu’autrefois, pendant la paix, il rentrait beaucoup d’argent dans le trésor, et que, pendant la guerre, tout a été entièrement dépensé ; on verra de même, si l’on jette un coup d’oeil sur le présent, que la guerre a tari beaucoup de sources de revenus, et que ceux qui subsistaient ont été complètement dépensés pour des objets divers, tandis que depuis le rétablissement de la paix sur mer, les revenus se sont accrus et que les citoyens peuvent en disposer à leur gré. Mais, me demandera-t-on, si l’on fait tort à notre pays, prétends-tu que nous devions garder la paix même avec l’offenseur ? Non, je ne le prétends pas ; mais je dis que nous le châtierons bien plus vite, si nous ne faisons tort à personne, car alors il n’aura pas d’allié.


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Dernière mise à jour : 19/06/2008