[3] Κεφάλαιον γʹ
(1) Ὥς γε μὴν καὶ ἐμπορεύεσθαι ἡδίστη τε καὶ κερδαλεωτάτη ἡ
πόλις, νῦν ταῦτα λέξω. πρῶτον μὲν γὰρ δήπου ναυσὶ καλλίστας καὶ
ἀσφαλεστάτας ὑποδοχὰς ἔχει, ὅπου γ᾽ ἔστιν εἰσορμισθέντας ἀδεῶς
ἕνεκα χειμῶνος ἀναπαύεσθαι. (2) ἀλλὰ μὴν καὶ τοῖς ἐμπόροις ἐν μὲν
ταῖς πλείσταις τῶν πόλεων ἀντιφορτίζεσθαί τι ἀνάγκη· νομίσμασι
γὰρ οὐ χρησίμοις ἔξω χρῶνται· ἐν δὲ ταῖς Ἀθήναις πλεῖστα μὲν ἔστιν
ἀντεξάγειν, ὧν ἂν δέωνται ἄνθρωποι· ἢν δὲ μὴ βούλωνται
ἀντιφορτίζεσθαι, καὶ (οἱ) ἀργύριον ἐξάγοντες καλὴν ἐμπορίαν
ἐξάγουσιν· ὅπου γὰρ ἂν πωλῶσιν αὐτό, πανταχοῦ πλεῖον τοῦ
ἀρχαίου λαμβάνουσιν. (3) εἰ δὲ καὶ τῆι τοῦ ἐμπορίου ἀρχῆι ἆθλα
προτιθείη τις, ὅστις δικαιότατα καὶ τάχιστα διαιροίη τὰ ἀμφίλογα, ὡς
μὴ ἀποκωλύεσθαι ἀποπλεῖν τὸν βουλόμενον, πολὺ ἂν καὶ διὰ ταῦτα
πλείους τε καὶ ἥδιον ἐμπορεύοιντο. (4) ἀγαθὸν δὲ καὶ καλὸν καὶ
προεδρίαις τιμᾶσθαι ἐμπόρους καὶ ναυκλήρους, καὶ ἐπὶ ξένιά γ᾽
ἔστιν ὅτε καλεῖσθαι, οἳ ἂν δοκῶσιν ἀξιολόγοις καὶ πλοίοις καὶ
ἐμπορεύμασιν ὠφελεῖν τὴν πόλιν. ταῦτα γὰρ τιμώμενοι οὐ μόνον
τοῦ κέρδους, ἀλλὰ καὶ τῆς τιμῆς ἕνεκεν ὡς πρὸς φίλους ἐπισπεύδοιεν
ἄν. (5) ὅσωι γε μὴν πλείονες εἰσοικίζοιντό τε καὶ ἀφικνοῖντο, δῆλον
ὅτι τοσούτωι ἂν πλεῖον καὶ εἰσάγοιτο καὶ ἐξάγοιτο καὶ ἐμπολῶιτο
καὶ πωλοῖτο καὶ μισθοφοροῖτο καὶ τελεσφοροῖτο.
(6) Εἰς μὲν οὖν τὰς τοιαύτας αὐξήσεις τῶν προσόδων οὐδὲ
προδαπανῆσαι δεῖ οὐδὲν ἀλλ᾽ ἢ ψηφίσματά τε φιλάνθρωπα καὶ
ἐπιμελείας. ὅσαι δ᾽ ἂν ἄλλαι δοκοῦσί μοι πρόσοδοι γίγνεσθαι,
γιγνώσκω ὅτι ἀφορμῆς δεήσει εἰς αὐτάς. (7) οὐ μέντοι δύσελπίς εἰμι
τὸ μὴ οὐχὶ προθύμως ἂν τοὺς πολίτας εἰς τὰ τοιαῦτα εἰσφέρειν,
ἐνθυμούμενος ὡς πολλὰ μὲν εἰσήνεγκεν ἡ πόλις, ὅτε Ἀρκάσιν
ἐβοήθει ἐπὶ Λυσιστράτου ἡγουμένου, πολλὰ δὲ ἐπὶ Ἡγησίλεω· (8)
ἐπίσταμαι δὲ καὶ τριήρεις πολλάκις ἐκπεμπομένας σὺν πολλῆι
δαπάνηι, καὶ ταῦτα γενόμενα, τούτου μὲν ἀδήλου ὄντος εἴτε βέλτιον
εἴτε κάκιον ἔσται, ἐκείνου δὲ δήλου ὅτι οὐδέποτε ἀπολήψονται ἃ ἂν
εἰσενέγκωσιν οὐδὲ μεθέξουσιν ὧν ἂν εἰσενέγκωσι. (9) κτῆσιν δὲ ἀπ᾽
οὐδενὸς ἂν οὕτω καλὴν κτήσαιντο ὥσπερ ἀφ᾽ οὗ ἂν προτελέσωσιν
εἰς τὴν ἀφορμήν· ὧι μὲν γὰρ ἂν δέκα μναῖ εἰσφορὰ γένηται, ὥσπερ
ναυτικόν σχεδὸν ἐπίπεμπτον αὐτῶι γίγνεται, τριώβολον τῆς ἡμέρας
λαμβάνοντι· ὧι δέ γ᾽ ἂν πέντε μναῖ, πλεῖον ἢ ἐπίτριτον. (10) οἱ δέ γε
πλεῖστοι Ἀθηναίων πλείονα λήψονται κατ᾽ ἐνιαυτὸν ἢ ὅσα ἂν
εἰσενέγκωσιν. οἱ γὰρ μνᾶν προτελέσαντες ἐγγὺς δυοῖν μναῖν
πρόσοδον ἕξουσι, καὶ ταῦτα ἐν πόλει, ὃ δοκεῖ τῶν ἀνθρωπίνων
ἀσφαλέστατόν τε καὶ πολυχρονιώτατον εἶναι. (11) οἶμαι δὲ ἔγωγε, εἰ
μέλλοιεν ἀναγραφήσεσθαι εὐεργέται εἰς τὸν ἅπαντα χρόνον, καὶ
ξένους ἂν πολλοὺς εἰσενεγκεῖν, ἔστι δ᾽ ἃς ἂν καὶ πόλεις τῆς
ἀναγραφῆς ὀρεγομένας. ἐλπίζω δὲ καὶ βασιλέας ἄν τινας καὶ
τυράννους καὶ σατράπας ἐπιθυμῆσαι μετασχεῖν ταύτης τῆς χάριτος.
(12) Ὁπότε γε μὴν ἀφορμὴ ὑπάρχοι, καλὸν μὲν καὶ ἀγαθὸν
ναυκλήροις οἰκοδομεῖν καταγώγια περὶ λιμένας πρὸς τοῖς
ὑπάρχουσι, καλὸν δὲ καὶ ἐμπόροις ἐπὶ προσήκοντας τόπους ὠνῆι τε
καὶ πράσει, καὶ τοῖς εἰσαφικνουμένοις δὲ δημόσια καταγώγια. (13) εἰ
δὲ καὶ τοῖς ἀγοραίοις οἰκήσεις τε καὶ πωλητήρια κατασκευασθείη καὶ
ἐν Πειραιεῖ καὶ ἐν τῶι ἄστει, ἅμα τ᾽ ἂν κόσμος εἴη τῆι πόλει καὶ
πολλαὶ ἂν ἀπὸ τούτων πρόσοδοι γίγνοιντο. (14) ἀγαθὸν δέ μοι δοκεῖ
εἶναι πειραθῆναι, εἰ καί, ὥσπερ τριήρεις δημοσίας ἡ πόλις κέκτηται,
οὕτω καὶ ὁλκάδας δημοσίας δυνατὸν ἂν γένοιτο κτήσασθαι καὶ
ταύτας ἐκμισθοῦν ἐπ᾽ ἐγγυητῶν, ὥσπερ καὶ τἄλλα δημόσια. εἰ γὰρ
καὶ τοῦτο οἷόν τε ὂν φανείη, πολλὴ ἂν καὶ ἀπὸ τούτων πρόσοδος
γίγνοιτο.
| [3] CHAPITRE III.
Je vais montrer maintenant que notre pays est celui qui offre aux
commerçants le plus d’agréments et de profits. Tout d’abord il a pour
les vaisseaux les abris les plus commodes et les plus sûrs, où, une fois
à l’ancre, ils peuvent se reposer sans crainte en dépit du mauvais
temps. Dans la plupart des États, les commerçants sont forcés de
prendre une cargaison de retour ; car la monnaie de ces États n’a pas
cours au dehors. A Athènes, au contraire, ils peuvent emporter, en
échange de ce qu’ils ont apporté, la plupart des marchandises dont
les hommes ont besoin, ou, s’ils ne veulent pas prendre de cargaison,
ils peuvent exporter de l’argent et faire ainsi un excellent marché ;
car, en quelque endroit qu’ils le vendent, ils en retirent partout plus
que le capital investi.
Si l’on proposait des récompenses aux magistrats du tribunal de
commerce qui trancheraient les différends avec le plus de justice
et de célérité, pour qu’on ne soit pas arrêté quand on veut mettre à la
voile, les commerçants viendraient chez nous en bien plus grand
nombre et bien plus volontiers.
Il serait aussi utile qu’honorable à la république d’assigner des places
d’honneur et même d’offrir l’hospitalité à l’occasion aux
commerçants et aux armateurs qui paraîtraient servir l’État par
l’importance de leurs bâtiments et de leurs cargaisons. Ainsi honorés,
ce ne serait pas seulement en vue du profit, mais encore des
distinctions honorifiques qu’ils s’empresseraient de venir chez nous,
comme chez des amis. L’accroissement du nombre des résidents et
des visiteurs amènerait naturellement une augmentation
correspondante des importations, des exportations, des ventes, des
salaires et des droits à percevoir.
De tels accroissements de revenus n’exigent aucune dépense
préalable : il suffit d’une législation bienveillante et d’un sage
contrôle. Pour les autres sources de revenus auxquelles je pense, je
reconnais qu’il faudra une certaine mise de fonds. Néanmoins je ne
désespère pas de voir les citoyens contribuer volontiers pour de telles
entreprises, quand je pense aux gros sacrifices consentis par l’État,
quand il s’est porté au secours des Arcadiens, sous la conduite de
Lysistrate, puis à ceux qu’il a faits sous la conduite d’Hégésiléos. Je
sais d’ailleurs qu’on fait souvent de grosses dépenses pour mettre en
mer des trières, alors qu’on ne sait pas si l’expédition tournera bien
ou mal, et qu’on est sûr de ne jamais revoir l’argent qu’on a souscrit
et de ne jamais rien recueillir de ce qu’on a versé. Mais aucun
placement ne rapportera autant aux citoyens que l’argent qu’ils
auront avancé pour la constitution du capital. Le souscripteur de dix
mines, touchant trois oboles par jour, en retire près de vingt pour
cent, autant que pour un prêt à la grosse aventure. Chaque
souscripteur de cinq mines reçoit plus du tiers de son capital en
intérêts. Mais la plupart des Athéniens toucheront chaque année plus
que leur mise ; car ceux qui auront avancé une mine en tireront une
rente de près de deux mines, et cela, sans quitter la ville, ce qui paraît
bien être le revenu le plus sûr et le plus durable.
Je suis persuadé que, si les souscripteurs devaient être inscrits pour
toujours sur une liste comme bienfaiteurs publics, beaucoup
d’étrangers souscriraient aussi, et même des États, tentés par
l’inscription. J’espère même qu’un certain nombre de rois, de tyrans,
de satrapes souhaiteraient avoir part à cet hommage de
reconnaissance.
Quand les fonds seraient suffisants, il serait honorable et avantageux
de construire pour les armateurs des hôtelleries autour des ports,
outre celles qui existent déjà ; il serait bien aussi de donner aux
négociants des emplacements convenables pour l’achat et la vente et
de faire pour ceux qui viennent chez nous des hôtelleries publiques.
Si en outre on bâtissait pour les marchands forains des logements et
des halles au Pirée et en ville, ce serait à la fois des ornements pour la
ville et une grosse source de revenus.
Voici une chose qu’il serait bon, je crois, d’essayer. Puisque l’État a
des trières publiques, ne pourrait-il pas aussi se procurer des bateaux
de charge, qu’il affermerait sous caution comme les autres revenus
publics ? Si cela paraissait praticable, on en retirerait aussi un gros revenu.
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