[3,2] Ἐντυχὼν δέ ποτε στρατηγεῖν ᾑρημένῳ τῳ, Τοῦ ἕνεκεν,
ἔφη, Ὅμηρον οἴει τὸν Ἀγαμέμνονα προσαγορεῦσαι ποιμένα
λαῶν; ἆρά γε ὅτι, ὥσπερ τὸν ποιμένα δεῖ ἐπιμελεῖσθαι,
ὅπως σῶαί τε ἔσονται αἱ οἶες καὶ τὰ ἐπιτήδεια ἕξουσι καί,
οὗ ἕνεκα τρέφονται, τοῦτο ἔσται, οὕτω καὶ τὸν στρατηγὸν
ἐπιμελεῖσθαι δεῖ, ὅπως σῶοί τε οἱ στρατιῶται ἔσονται καὶ
τὰ ἐπιτήδεια ἕξουσι καί, οὗ ἕνεκα στρατεύονται, τοῦτο ἔσται;
στρατεύονται δέ, ἵνα κρατοῦντες τῶν πολεμίων εὐδαιμονέστεροι
ὦσιν. ἢ τί δήποτε οὕτως ἐπῄνεσε τὸν Ἀγαμέμνονα εἰπών·
Ἀμφότερον, βασιλεύς τ´ ἀγαθὸς κρατερός τ´ αἰχμητής;
ἆρά γε ὅτι αἰχμητής τε κρατερὸς ἂν εἴη, οὐκ εἰ μόνος αὐτὸς
εὖ ἀγωνίζοιτο πρὸς τοὺς πολεμίους, ἀλλ´ εἰ καὶ παντὶ τῷ
στρατοπέδῳ τούτου αἴτιος εἴη, καὶ βασιλεὺς ἀγαθός, οὐκ εἰ
μόνον τοῦ ἑαυτοῦ βίου καλῶς προεστήκοι, ἀλλ´ εἰ καί, ὧν
βασιλεύοι, τούτοις εὐδαιμονίας αἴτιος εἴη; καὶ γὰρ βασιλεὺς
αἱρεῖται οὐχ ἵνα ἑαυτοῦ καλῶς ἐπιμελῆται, ἀλλ´ ἵνα
καὶ οἱ ἑλόμενοι δι´ αὐτὸν εὖ πράττωσι· καὶ στρατεύονται δὲ
πάντες, ἵνα ὁ βίος αὐτοῖς ὡς βέλτιστος ᾖ, καὶ στρατηγοὺς
αἱροῦνται τούτου ἕνεκα, ἵνα πρὸς τοῦτο αὐτοῖς ἡγεμόνες ὦσι.
δεῖ οὖν τὸν στρατηγοῦντα τοῦτο παρασκευάζειν τοῖς ἑλομένοις
αὐτὸν στρατηγόν· καὶ γὰρ οὔτε κάλλιον τούτου
ἄλλο ῥᾴδιον εὑρεῖν οὔτε αἴσχιον τοῦ ἐναντίου. καὶ οὕτως
ἐπισκοπῶν τίς εἴη ἀγαθοῦ ἡγεμόνος ἀρετὴ τὰ μὲν ἄλλα
περιῄρει, κατέλιπε δὲ τὸ εὐδαίμονας ποιεῖν ὧν ἂν ἡγῆται.
| [3,2] CHAPITRE II.
Rencontrant un jour un homme qui venait d'être élu stratége :
«Pourquoi, lui dit-il, à ton avis, Homère appelle-t-il Agamemnon
pasteur des peuples'? N'est-ce pas parce que, semblable
à un pasteur qui veille à ce que ses brebis soient en bonne
santé, qu'elles aient tout ce qu'il leur faut, un général doit
veiller à ce que ses soldats soient en bonne santé, qu'ils
aient tout ce qu'il leur faut et soient placées dans les conditions
pour lesquelles ils sont soldats? Or, ils sont soldats pour
que leurs triomphes sur les ennemis augmentent leur bonheur.
Ailleurs, lorsque Homère loue Agamemnon, en disant :
"Il était à la fois bon prince et bon guerrier",
n'est-ce pas parce qu'il était bon guerrier, non seulement en
combattant seul avec courage contre les ennemis, mais en
communiquant son courage à l'armée tout entière, et bon
prince, non seulement en se procurant à lui-même les biens
de la vie, mais en assurant le bonheur de ceux dont il était
roi? En effet, un roi est élu, non pour veiller uniquement à
son bien-être personnel, mais pour la prospérité de ceux qui
l'ont choisi; tous ceux qui se font soldats veulent s'assurer une
vie heureuse, et, s'ils choisissent des généraux, c'est pour avoir
quelqu'un qui les conduise à ce but. Il faut donc que le général
procure le bien-être à ceux qui l'ont élu ; et il serait
difficile de trouver rien de plus beau que l'accomplissement,
rien de plus honteux que l'oubli de ce devoir. » C'est ainsi
qu'en recherchant quel devait être le mérite d'un bon général,
Socrate faisait abstraction de tout le reste, et ne lui laissait
d'autre objet que de rendre heureux ceux qu'il commande.
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