HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Xénophon, Les Mémorables, livre II

Chapitre 9

  Chapitre 9

[2,9] Οἶδα δέ ποτε αὐτὸν καὶ Κρίτωνος ἀκούσαντα, ὡς χαλεπὸν βίος Ἀθήνησιν εἴη ἀνδρὶ βουλομένῳ τὰ ἑαυτοῦ πράττειν. Νῦν γάρ, ἔφη, ἐμέ τινες εἰς δίκας ἄγουσιν, οὐχ ὅτι ἀδικοῦνται ὑπ´ ἐμοῦ, ἀλλ´ ὅτι νομίζουσιν ἥδιον ἄν με ἀργύριον τελέσαι πράγματα ἔχειν. καὶ Σωκράτης, Εἰπέ μοι, ἔφη, Κρίτων, κύνας δὲ τρέφεις, ἵνα σοι τοὺς λύκους ἀπὸ τῶν προβάτων ἀπερύκωσι; Καὶ μάλα, ἔφη· μᾶλλον γάρ μοι λυσιτελεῖ τρέφειν μή. Οὐκ ἂν οὖν θρέψαις καὶ ἄνδρα, ὅστις ἐθέλοι τε καὶ δύναιτο σοῦ ἀπερύκειν τοὺς ἐπιχειροῦντας ἀδικεῖν σε; Ἡδέως γ´ ἄν, ἔφη, εἰ μὴ φοβοίμην ὅπως μὴ ἐπ´ αὐτόν με τράποιτο. Τί δ´; ἔφη, οὐχ ὁρᾷς ὅτι πολλῷ ἥδιόν ἐστι χαριζόμενον οἵῳ σοὶ ἀνδρὶ ἀπεχθόμενον ὠφελεῖσθαι; εὖ ἴσθι ὅτι εἰσὶν ἐνθάδε τῶν τοιούτων ἀνδρῶν, οἳ πάνυ ἂν φιλοτιμηθεῖεν φίλῳ σοι χρῆσθαι. Καὶ ἐκ τούτων ἀνευρίσκουσιν Ἀρχέδημον, πάνυ μὲν ἱκανὸν εἰπεῖν τε καὶ πρᾶξαι, πένητα δέ· οὐ γὰρ ἦν οἷος ἀπὸ παντὸς κερδαίνειν, ἀλλὰ φιλόχρηστός τε καὶ ἔφη ῥᾷστον εἶναι ἀπὸ τῶν συκοφαντῶν λαμβάνειν. τούτῳ οὖν Κρίτων, ὁπότε συγκομίζοι σῖτον ἔλαιον οἶνον ἔρια τι ἄλλο τῶν ἐν ἀγρῷ γιγνομένων χρησίμων πρὸς τὸν βίον, ἀφελὼνἂνἔδωκε· καὶ ὁπότε θύοι, ἐκάλει, καὶ τὰ τοιαῦτα πάντα ἐπεμελεῖτο. νομίσας δὲ Ἀρχέδημος ἀποστροφήν οἱ τὸν Κρίτωνος οἶκον μάλα περιεῖπεν αὐτόν. καὶ εὐθὺςτῶν συκοφαντούντων τὸν Κρίτωνα ἀνευρίσκει πολλὰ μὲν ἀδικήματα, πολλοὺς δ´ ἐχθρούς· καὶ προσεκαλέσατο εἰς δίκην δημοσίαν, ἐν αὐτὸν ἔδει κριθῆναι τι δεῖ παθεῖν ἀποτεῖσαι. δὲ συνειδὼς αὑτῷ πολλὰ καὶ πονηρὰ πάντ´ ἐποίει ὥστε ἀπαλλαγῆναι τοῦ Ἀρχεδήμου. δὲ Ἀρχέδημος οὐκ ἀπηλλάττετο, ἕως τόν τε Κρίτωνα ἀφῆκε καὶ αὐτῷ χρήματα ἔδωκεν. ἐπεὶ δὲ τοῦτό τε καὶ ἄλλα τοιαῦτα Ἀρχέδημος διεπράξατο, ἤδη τότε, ὥσπερ ὅταν νομεὺς ἀγαθὸν κύνα ἔχῃ καὶ οἱ ἄλλοι νομεῖς βούλονται πλησίον αὐτοῦ τὰς ἀγέλας ἱστάναι, ἵνα τοῦ κυνὸς ἀπολαύωσιν, οὕτω δὴ καὶ Κρίτωνος πολλοὶ τῶν φίλων ἐδέοντο καὶ σφίσι παρέχειν φύλακα τὸν Ἀρχέδημον. δὲ Ἀρχέδημος τῷ Κρίτωνι ἡδέως ἐχαρίζετο, καὶ οὐχ ὅτι μόνος Κρίτων ἐν ἡσυχίᾳ ἦν, ἀλλὰ καὶ οἱ φίλοι αὐτοῦ. εἰ δέ τις αὐτῷ τούτων οἷς ἀπήχθετο ὀνειδίζοι ὡς ὑπὸ Κρίτωνος ὠφελούμενος κολακεύοι αὐτόν, Πότερον οὖν, ἔφη Ἀρχέδημος, αἰσχρόν ἐστιν εὐεργετούμενον ὑπὸ χρηστῶν ἀνθρώπων καὶ ἀντευεργετοῦντα τοὺς μὲν τοιούτους φίλους ποιεῖσθαι, τοῖς δὲ πονηροῖς διαφέρεσθαι, τοὺς μὲν καλοὺς κἀγαθοὺς ἀδικεῖν πειρώμενον ἐχθροὺς ποιεῖσθαι, τοῖς δὲ πονηροῖς συνεργοῦντα πειρᾶσθαι φίλους ποιεῖσθαι καὶ χρῆσθαι τούτοις ἀντ´ ἐκείνων; ἐκ δὲ τούτου εἷς τε τῶν Κρίτωνος φίλων Ἀρχέδημος ἦν καὶ ὑπὸ τῶν ἄλλων Κρίτωνος φίλων ἐτιμᾶτο. [2,9] CHAPITRE IX. Il entendit un jour moi présent, Criton se plaindre que la vie était difficile à Athènes pour un homme qui voulait s'occuper tranquillement de ses affaires. « Aujourd'hui, disait-il, il y a des gens qui m'intentent des procès, non parce que je leur fais du tort, mais parce qu'ils se figurent que j'aimerai mieux donner de l'argent que de me créer des embarras. » Alors Socrate : « Dis-moi, Criton, répondit-il, tu nourris des chiens pour écarter les loups de tes brebis? -- Certainement, je trouve plus d'avantage à en nourrir qu'à n'en point avoir. — Ne consentirais-tu donc pas à nourrir aussi un homme qui voulût et qui pût écarter de toi ceux qui essayent de te nuire? — Volontiers, si je ne craignais qu'il ne se tournât aussi contre moi. — Eh quoi ! ne vois-tu pas qu'il y a plus d'agrément et de profit à servir un homme tel que toi qu'à s'en faire un ennemi? Sache bien qu'il y a ici nombre de ces hommes qui ambitionneraient de t'avoir pour ami. » A la suite de cet entretien, ils trouvent Archédème, citoyen capable de penser et d'agir, mais pauvre. Ce n'était pas, en effet, un homme à tirer parti de tout; il aimait le bien et il avait l'âme trop haute pour se laisser corrompre par l'argent des sycophantes. Dès lors, toutes les fois que Criton rapportait du blé, de l'huile, du vin, de la laine ou quelque provision des choses nécessaires que fournit la campagne, il en donnait une partie à Archédème ; lorsqu'il offrait un sacrifice, il l'invitait, et ne le négligeait en aucune de ces rencontres. Aussi Archédème, qui regardait la maison de Criton comme un refuge assuré, s'attacha complétement à lui. Il eut bientôt découvert que les sycophantes qui poursuivaient Criton, étaient chargés de crimes et avaient de nombreux ennemis : il en appela un en justice, par devant le peuple, pour être condamné à une punition corporelle ou à une amende. Cet homme, qui avait la conscience de ses méfaits, mit tout en oeuvre pour se débarrasser d'Archédème; mais Archédème ne le lâcha point qu'il n'eût laissé Criton en paix, et qu'il ne lui eût donné à lui-même quelque argent. Archédème se conduisit de la même manière dans plusieurs circonstances semblables : alors, comme il arrive que, quand un berger a un bon chien, les autres bergers s'empressent de placer auprès de lui leurs troupeaux, pour profiter aussi de ce chien; ainsi les amis de Criton le prièrent de les mettre comme lui sous la garde d'Archédème. Archédème obligeait donc Criton de bon coeur, et non seulement Criton vivait en paix, mais encore tous ses amis. Puis, lorsque les ennemis d'Archédème lui reprochaient de s'être fait, par intérêt, le flatteur de Criton : « De quel côté est la honte, répondait Archédème, ou d'entretenir avec des hommes vertueux un échange de services réciproques, de s'en faire des amis et de s'opposer aux méchants, ou de tout faire pour nuire aux gens de bien et de s'attirer ainsi leur inimitié, de faire, au contraire, cause commune avec les méchants, d'essayer de s'en faire des amis, et de préférer leur commerceà celui des honnêtes gens?" De ce moment Archédème fut un des amis de Criton, et les autres amis de Criton l'eurent en estime.


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Dernière mise à jour : 16/05/2006