HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

XÉNOPHON, L'Hipparque ou le commandant de cavalerie

Chapitre 5

  Chapitre 5

[5] Κἀκεῖνό γε μὴν εἰδέναι ἱππικοῦ ἀνδρός, ἐκ πόσου ἂν ἵππος πεζὸν ἕλοι καὶ ἐξ ὁπόσου βραδεῖς ἵπποι ταχεῖς ἂν ἀποφύγοιεν. ἱππαρχικὸν δὲ καὶ χωρία γιγνώσκειν ἔνθα πεζοὶ κρείττους ἱππέων καὶ ἔνθα πεζῶν κρείττους ἱππῆς. χρὴ δὲ μηχανητικὸν εἶναι καὶ τοῦ πολλοὺς μὲν φαίνεσθαι τοὺς ὀλίγους ἱππέας, πάλιν δ´ ὀλίγους τοὺς πολλούς, καὶ τοῦ δοκεῖν παρόντα μὲν ἀπεῖναι, ἀπόντα δὲ παρεῖναι, καὶ τοῦ μὴ τὰ τῶν πολεμίων μόνον κλέπτειν ἐπίστασθαι, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἑαυτοῦ ἱππέας ἅμα κλέπτοντα ἐξ ἀπροσδοκήτου τοῖς πολεμίοις ἐπιτίθεσθαι. ἀγαθὸν δὲ μηχάνημα καὶ τὸ δύνασθαι, ὅταν μὲν τὰ ἑαυτοῦ ἀσθενῶς ἔχῃ, φόβον παρασκευάζειν τοῖς πολεμίοις ὡς μὴ ἐπίθωνται, ὅταν δ´ ἐρρωμένως, θάρσος αὐτοῖς ἐμποιεῖν ὡς ἐγχειρῶσιν. οὕτω γὰρ αὐτὸς μὲν ἂν ἥκιστα κακῶς πάσχοις, τοὺς δὲ πολεμίους μάλιστ´ ἂν ἁμαρτάνοντας λαμβάνοις. Ὅπως δὲ μὴ προστάττειν δοκῶ ἀδύνατα, γράψω καὶ ὡς ἂν γίγνοιτο τὰ δοκοῦντα αὐτῶν χαλεπώτατα εἶναι. τὸ μὲν τοίνυν μὴ σφάλλεσθαι ἐγχειροῦντα διώκειν ἀποχωρεῖν ἐμπειρία ποιεῖ ἵππων δυνάμεως. πῶς δ´ ἂν ἐμπείρως ἔχοις; εἰ προσέχοις τὸν νοῦν ἐν ταῖς μετὰ φιλίας ἀνθιππασίαις οἷοι ἀποβαίνουσιν ἐκ τῶν διώξεων τε καὶ φυγῶν. ὅταν μέντοι βούλῃ τοὺς ἱππέας πολλοὺς φαίνεσθαι, ἓν μὲν πρῶτον ὑπαρχέτω, ἤνπερ ἐγχωρῇ, μὴ ἐγγὺς τῶν πολεμίων ἐγχειρεῖν ἐξαπατᾶν· καὶ γὰρ ἀσφαλέστερον τὸ πρόσω καὶ ἀπατητικώτερον. ἔπειτα δὲ χρὴ εἰδέναι ὅτι ἁθρόοι μὲν ἵπποι πολλοὶ φαίνονται διὰ τὸ μέγεθος τοῦ ζῴου, διασπειρόμενοι δ´ εὐαρίθμητοι γίγνονται. ἔτι δ´ ἂν πλέον σοι τὸ ἱππικὸν τοῦ ὄντος φαίνοιτο, εἰ τοὺς ἱπποκόμους εἰς τοὺς ἱππέας ἐνισταίης μάλιστα μὲν δόρατα, εἰ δὲ μή, ὅμοια δόρασιν ἔχοντας, ἤν τε ἑστηκὸς ἐπιδεικνύῃς τὸ ἱππικὸν ἤν τε παράγῃς· ἀνάγκη γὰρ τὸν ὄγκον τῆς τάξεως οὕτω μείζω τε καὶ πυκνότερον φαίνεσθαι. ἢν δ´ αὖ τοὺς πολλοὺς ὀλίγους βούλῃ δοκεῖν εἶναι, ἢν μέν σοι χωρία ὑπάρχῃ οἷα συγκρύπτειν, δῆλον ὅτι τοὺς μὲν ἐν τῷ φανερῷ ἔχων, τοὺς δ´ εἰς τὸ ἄδηλον ἀποκρύπτων κλέπτοις ἂν τοὺς ἱππέας· ἢν δὲ πᾶν καταφανὲς τὸ χωρίον, δεκάδας χρὴ στοιχούσας ποιήσαντα διαλειπούσας παράγειν, καὶ τοὺς μὲν πρὸς τῶν πολεμίων ἱππέας ἑκάστης δεκάδος ὀρθὰ τὰ δόρατα ἔχειν, τοὺς δ´ ἄλλους ταπεινὰ καὶ μὴ ὑπερφανῆ. φοβεῖν γε μὴν τοὺς πολεμίους καὶ ψευδενέδρας οἷόν τε καὶ ψευδοβοηθείας καὶ ψευδαγγελίας ποιοῦντα. θαρσοῦσι δὲ μάλιστα πολέμιοι, ὅταν ὄντα τοῖς ἐναντίοις πράγματα καὶ ἀσχολίας πυνθάνωνται. τούτων δὲ γεγραμμένων μηχανᾶσθαι αὐτὸν χρὴ πρὸς τὸ παρὸν ἀεὶ ἀπατᾶν· ὄντως γὰρ οὐδὲν κερδαλεώτερον ἀπάτης ἐν πολέμῳ. ὁπότε γὰρ καὶ οἱ παῖδες, ὅταν παίζωσι ποσίνδα, δύνανται ἀπατᾶν προΐσχοντες ὥστε ὀλίγους τ´ ἔχοντες πολλοὺς δοκεῖν ἔχειν καὶ πολλοὺς προέχοντες ὀλίγους φαίνεσθαι ἔχειν, πῶς οὐκ ἄνδρες γε τῷ ἐξαπατᾶν προσέχοντες τὸν νοῦν δύναιντ´ ἂν τοιαῦτα μηχανᾶσθαι; καὶ ἐνθυμούμενος δ´ ἂν τὰ ἐν τοῖς πολέμοις πλεονεκτήματα εὕροι ἄν τις τὰ πλεῖστα καὶ μέγιστα σὺν ἀπάτῃ γεγενημένα. ὧν ἕνεκα οὐκ ἐγχειρητέον ἄρχειν τοῦτο σὺν τῇ ἄλλῃ παρασκευῇ καὶ παρὰ θεῶν αἰτητέον δύνασθαι ποιεῖν καὶ αὐτῷ μηχανητέον. οἷς δὲ θάλαττα πρόσεστιν, ἀπατητικὸν καὶ τὸ πλοῖα παρασκευαζόμενον πεζῇ τι πρᾶξαι καὶ τὸ πεζῇ προσποιούμενον ἐπιβουλεύειν κατὰ θάλατταν ἐπιχειρῆσαι. Ἱππαρχικὸν δὲ καὶ τὸ διδάσκειν τὴν πόλιν ὡς ἀσθενὲς τὸ πεζῶν ἔρημον ἱππικὸν πρὸς τὸ ἁμίππους πεζοὺς ἔχον. ἱππαρχικὸν δὲ καὶ τὸ λαβόντα πεζοὺς αὐτοῖς χρῆσθαι· ἔστι δὲ πεζοὺς οὐ μόνον ἐντὸς ἀλλὰ καὶ ὄπισθεν ἱππέων ἀποκρύψασθαι· πολὺ γὰρ μείζων ἱππεὺς τοῦ πεζοῦ. ταῦτα δὲ πάντα ἐγὼ καὶ ὅσα πρὸς τούτοις τις μηχανήσεται βίᾳ τέχνῃ αἱρεῖν τοὺς ἐναντίους βουλόμενος σὺν τῷ θεῷ πράττειν συμβουλεύω, ἵνα καὶ τύχη συνεπαινῇ θεῶν ἵλεων ὄντων. ἔστι δ´ ὅτε πάνυ ἀπατητικὸν καὶ τὸ λίαν φυλακτικὸν προσποιήσασθαι εἶναι καὶ μηδαμῶς φιλοκίνδυνον· τοῦτο γὰρ τοὺς πολεμίους πολλάκις προάγεται ἀφυλακτοῦντας μᾶλλον ἁμαρτάνειν. ἢν δ´ ἅπαξ δόξῃ τις φιλοκίνδυνος εἶναι, ἔξεστι καὶ ἡσυχίαν ἔχοντα, προσποιούμενον δὲ πράξειν τι, πράγματα παρέχειν τοῖς πολεμίοις. [5] CHAPITRE V. Un bon cavalier doit aussi savoir à quelle distance un cheval peut atteindre un fantassin et quelle avance doivent avoir des chevaux lourds pour échapper à des chevaux rapides. Un bon commandant doit savoir reconnaître les endroits où l’infanterie a l’avantage sur la cavalerie et ceux où la cavalerie a l’avantage sur l’infanterie. Il faut qu’il sache trouver le moyen de faire paraître nombreuse une petite troupe de cavaliers et inversement de faire paraître petite une troupe nombreuse, de paraître absent quand il est présent, et présent quand il est absent, de savoir non seulement dérober les secrets de l’ennemi, mais encore, en dissimulant ses propres cavaliers, fondre sur lui sans qu’il s’y attende. C’est encore un excellent stratagème de pouvoir,- quand on n’est pas en force, effrayer l’ennemi pour l’empêcher d’attaquer, et, quand on est en force, de lui inspirer de l’audace, afin qu’il attaque. C’est ainsi que tu éviteras le mieux d’être maltraité toi-même et que tu prendras le mieux l’ennemi en défaut. Mais pour ne point paraître commander l’impossible, je vais exposer par écrit comment on peut exécuter les choses qui semblent les plus difficiles. Pour éviter les mécomptes quand on se met à poursuivre ou à fuir, il faut avoir éprouvé la force des chevaux. Or comment faire cette épreuve ? En observant dans les combats de petite guerre l’état où ils se trouvent à la suite des poursuites et des retraites. Lorsqu’on veut donner l’illusion d’une troupe nombreuse, un premier point, c’est de ne pas, si c’est possible, entreprendre de tromper l’ennemi de près ; c’est plus sûr et plus efficace de le faire de loin. Ensuite il faut savoir que les chevaux serrés semblent nombreux à cause de la grosseur de la bête, tandis que, dispersés, on peut les compter facilement. Un autre moyen de faire paraître la cavalerie plus nombreuse qu’elle ne l’est, c’est de placer entre les cavaliers des palefreniers, en leur mettant entre les mains des lances, ou, à défaut de lances, quelque chose qui y ressemble, et cela, soit que tu tiennes ta cavalerie arrêtée, soit que tu la déploies en ligne. Nécessairement ainsi la masse de tes troupes paraîtra plus grande et plus massive. Veux-tu au contraire donner à une troupe nombreuse l’apparence d’une petite, alors, si le terrain permet de se dissimuler, il est évident qu’en tenant une partie de tes gens à découvert et en cachant les autres à la vue, tu peux celer ton effectif ; si au contraire le terrain est tout entier découvert, il faut que tu amènes tes décades en ligne en les tenant chacune sur une seule file et en laissant un intervalle entre les files, et que les hommes de chaque décade qui sont du côté de l’ennemi tiennent leurs lances droites, et les autres, basses et invisibles. Pour intimider l’ennemi, tu as la ressource des fausses embuscades, des faux renforts, des fausses nouvelles. Ce qui l’enhardit le plus au contraire, c’est d’apprendre que ses adversaires ont des embarras et des difficultés. Voilà ce que j’avais à recommander par écrit ; mais il faut que le commandant imagine lui-même une ruse en chaque circonstance qui se présente ; car il n’y a véritablement rien de plus utile à la guerre que la ruse. Les enfants eux-mêmes, quand ils jouent à « combien ai-je dans la main ? » parviennent à tromper en présentant la main de manière à faire croire qu’ils ont beaucoup quand ils ont peu, et en la tendant de telle façon qu’ils paraissent avoir peu quand ils ont beaucoup. Comment des hommes faits s’appliquant à tromper n’arriveraient-ils pas à trouver des ruses semblables ? Qu’on se rappelle les succès remportés à la guerre, on verra que les plus nombreux et les plus importants ont été dus à la ruse. En conséquence, ou bien il ne faut pas se mêler de commander, ou bien, indépendamment des autres dispositions, il faut encore demander aux dieux le talent de tromper et s’y ingénier soi-même. Quant on est près de la mer, on peut tromper l’ennemi, soit en équipant une flotte et en faisant une attaque sur terre, soit en faisant semblant de préparer une attaque sur terre et en attaquant par mer. C’est encore le fait du commandant de représenter à ses concitoyens combien une force de cavalerie sans fantassins est faible à côté d’une autre qui a des fantassins dans ses rangs. Et, quand on lui a donné des fantassins, c’est à lui à savoir s’en servir. Il peut les cacher non seulement au milieu de ses cavaliers, mais encore derrière les chevaux ; car l’homme à cheval est bien plus grand que le piéton. Tous ces moyens et ceux qu’on peut imaginer en outre pour vaincre l’ennemi par force ou par ruse, je conseille qu’on ne les emploie qu’avec l’aide des dieux, afin que, si les dieux sont propices, la fortune vous favorise aussi. C’est parfois un excellent stratagème de feindre une extrême circonspection et la crainte de risquer ; cette feinte engage souvent les ennemis à relâcher leur vigilance et à commettre des fautes. Mais si une fois on est connu comme audacieux, on peut, tout en se tenant tranquille, mais en feignant de vouloir agir, causer des embarras à l’ennemi.


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Dernière mise à jour : 17/01/2007