[2] Ἢν δὲ δή σοι ταῦτα πάντα ἐξησκημένοι ὦσιν οἱ ἱππεῖς,
δεῖ δήπου καὶ τάξιν τινὰ ἐπίστασθαι αὐτοὺς ἐξ ἧς καλλίστας
μὲν θεοῖς πομπὰς πέμψουσι, κάλλιστα δὲ ἱππάσονται,
ἄριστα δὲ μαχοῦνται, ἢν δέῃ, ῥᾷστα δὲ καὶ ἀταρακτότατα
ὁδοὺς πορεύσονται καὶ διαβάσεις περάσουσιν. ᾗ τοίνυν
χρώμενοι τάξει δοκοῦσιν ἄν μοι ταῦτα κάλλιστα διαπράττεσθαι,
ταύτην νῦν ἤδη πειράσομαι δηλοῦν. οὐκοῦν ὑπὸ
μὲν τῆς πόλεως ὑπάρχουσι διῃρημέναι φυλαὶ δέκα. τούτων
δ´ ἐγώ φημι χρῆναι πρῶτον μὲν δεκαδάρχους σὺν τῇ τῶν
φυλάρχων ἑκάστου γνώμῃ καταστῆσαι ἐκ τῶν ἀκμαζόντων
τε καὶ φιλοτιμοτάτων καλόν τι ποιεῖν καὶ ἀκούειν· καὶ
τούτους μὲν πρωτοστάτας δεῖ εἶναι. μετὰ δὲ τούτους ἴσους
χρὴ τούτοις ἀριθμὸν ἐκ τῶν πρεσβυτάτων τε καὶ φρονιμωτάτων
ἑλέσθαι οἵτινες τελευταῖοι τῶν δεκάδων ἔσονται. εἰ
γὰρ δεῖ καὶ ἀπεικάσαι, οὕτω καὶ σίδηρος μάλιστα διατέμνει
σίδηρον, ὅταν τό τε ἡγούμενον τοῦ τομέως ἐρρωμένον ᾖ καὶ
τὸ ἐπελαυνόμενον ἱκανόν. τούς γε μὴν ἐν μέσῳ τῶν
πρώτων καὶ τῶν τελευταίων, εἰ οἱ δεκάδαρχοι ἐπιστάτας
ἕλοιντο καὶ οἱ ἄλλοι ἐφέλοιντο, οὕτως εἰκὸς ἑκάστῳ πιστότατον
τὸν ἐπιστάτην εἶναι. τὸν μέντοι ἀφηγούμενον ἐκ
παντὸς τρόπου δεῖ ἱκανὸν ἄνδρα καθιστάναι. ἀγαθὸς γὰρ
ὤν, εἴτε ποτὲ δέοι ἐπὶ πολεμίους ἐλαύνειν, ἐγκελεύων ῥώμην
ἂν ἐμβάλλοι τοῖς ἔμπροσθεν, εἴτ´ αὖ καὶ ἀποχωρεῖν καιρὸς
συμβαίνοι, φρονίμως ἀφηγούμενος μᾶλλον ἄν, ὡς τὸ εἰκός,
σῴζοι τοὺς φυλέτας. οἱ μέντοι δεκάδαρχοι ἄρτιοι ὄντες
πλείω ἴσα μέρη παρέχοιεν ἂν διαιρεῖν ἢ εἰ περιττοὶ εἶεν.
αὕτη δέ μοι ἡ τάξις ἀρέσκει διὰ τάδε, ὅτι πρῶτον μὲν οἱ
πρωτοστάται πάντες ἄρχοντες γίγνονται· οἱ δ´ αὐτοὶ ἄνδρες
ὅταν ἄρχωσι, μᾶλλόν πως οἴονται ἑαυτοῖς προσήκειν καλόν
τι ποιεῖν ἢ ὅταν ἰδιῶται ὦσιν· ἔπειτα δὲ καὶ ὅταν πρακτέον
τι ᾖ, τὸ παραγγέλλειν μὴ ἰδιώταις ἀλλ´ ἄρχουσι πολὺ
ἁνυτικώτερον. τεταγμένων γε μὴν οὕτω χρή, ὥσπερ καὶ
τοῖς φυλάρχοις προαγορεύεται ἡ χώρα ὑπὸ τοῦ ἱππάρχου ἐν
ᾗ ἑκάστῳ ἐλατέον, οὕτω καὶ τοῖς δεκαδάρχοις παρηγγέλθαι
ὑπὸ τῶν φυλάρχων ὅπῃ πορευτέον ἑκάστῳ. οὕτω γὰρ
προειρημένων πολὺ εὐτακτοτέρως ἂν ἔχοι ἢ εἰ ὥσπερ ἐκ
θεάτρου ὡς ἂν τύχωσιν ἀπιόντες λυποῦσιν ἀλλήλους. καὶ
μάχεσθαι δὲ μᾶλλον ἐθέλουσιν οἵ τε πρῶτοι, ἤν τι ἐκ τοῦ
πρόσθεν προσπίπτῃ, ὅταν εἰδῶσιν ὅτι αὕτη ἡ χώρα αὐτῶν,
καὶ οἱ τελευταῖοι, ἤν τι ὄπισθεν ἐπιφαίνηται, ἐπιστάμενοι
ὅτι αἰσχρὸν λιπεῖν τὴν τάξιν. ἄτακτοι δ´ ὄντες ἀλλήλους
μὲν ταράττουσι καὶ ἐν στεναῖς ὁδοῖς καὶ ἐν διαβάσεσι, τοῖς
δὲ πολεμίοις οὐδεὶς ἑκὼν ἑαυτὸν τάττει μάχεσθαι. καὶ
ταῦτα μὲν δὴ πάντα ὑπάρχειν δεῖ ἐκπεπονημένα πᾶσι τοῖς
ἱππεῦσιν, εἰ μέλλουσιν ἀπροφάσιστοι ἔσεσθαι συνεργοὶ τῷ
ἡγουμένῳ.
| [2] CHAPITRE II.
Quand tes cavaliers seront bien entraînés à tous ces exercices, il ne
faut pas manquer de leur apprendre à se ranger de manière à donner
le plus d’éclat aux processions sacrées, à exécuter les plus belles
évolutions, à combattre, s’il est nécessaire, avec le plus d’avantage, à
marcher sur les routes et à franchir les rivières avec le plus de facilité
et le moins de désordre. Or quelle me paraît être la formation qui
donnera les meilleurs résultats en ces diverses circonstances, c’est ce
que je vais tâcher d’exposer.
Il se trouve que l’État s’est partagé en dix tribus. Je prétends qu’il
faut choisir d’abord, avec l’assentiment de chacun des phylarques,
des dizainiers dans chaque tribu parmi les hommes qui sont dans la
force de l’âge et qui sont les plus jaloux de se signaler à la renommée
par quelque belle action : ceux-là tiendront le premier rang sur le
front ; puis tu en choisiras autant parmi les plus anciens et les plus
intelligents, qui tiendront le dernier rang de chaque décade. S’il faut
user d’une comparaison, c’est ainsi que le fer coupe le mieux le fer,
quand le tranchant du ciseau est solide et que l’impulsion est forte.
Quant à ceux qui sont entre les premiers et les derniers, si les
dizainiers ont choisi ceux qui sont immédiatement derrière eux et
que les autres aient fait de même, il est à présumer que chacun aura
la plus grande confiance dans l’homme qui le suit. Comme serre-file,
il faut choisir un homme capable sous tous les rapports. Vaillant, il
encouragera ceux qui le précèdent, s’il faut charger l’ennemi, et leur
communiquera sa force d’âme, et, s’il est à propos de battre en
retraite, en ramenant prudemment ceux de sa tribu, il sera
naturellement mieux à même de les sauver.
Les dizainiers étant en nombre pair, on pourra les diviser en un plus
grand nombre de groupes égaux que s’ils étaient en nombre impair.
Cet ordre me plaît pour les raisons que voici : d’abord tous les
dizainiers qui sont en première ligne ont rang d’officiers, et quand on
est officier, on se croit plus obligé à bien faire que quand on est
simple soldat ; ensuite, s’il faut exécuter une manoeuvre, l’ordre est
plus efficace, si on le fait passer aux officiers plutôt qu’aux soldats.
Les hommes étant ainsi rangés, le commandant indique aux
phylarques l’endroit où chacun d’eux doit chevaucher et de même les
phylarques font savoir aux dizainiers par où chacun d’eux doit passer.
Quand ces instructions ont été données, la marche se fait dans un
ordre bien plus régulier ; ce n’est point comme au théâtre où les gens
sortent au hasard et se gênent les uns les autres. Et les premiers sont
plus disposés à se battre, si quelque attaque se produit sur le front,
parce qu’ils savent que c’est là leur place, et les derniers de même, si
l’ennemi se montre sur leurs derrières, parce qu’ils savent qu’il est
honteux d’abandonner son poste. Si au contraire il n’y a pas d’ordre,
ils s’embarrassent les uns les autres dans les chemins étroits et au
passage des rivières, et personne ne se met en rang de lui-même pour
combattre l’ennemi. Et voilà toutes les manoeuvres auxquelles tous
les cavaliers doivent être rompus, s’ils veulent résolument seconder
leur général.
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