[10] Καὶ ὁ Ἱέρων εἶπεν· Ἀλλὰ ταῦτα μέν, ὦ Σιμωνίδη, καλῶς
μοι δοκεῖς λέγειν· περὶ δὲ τῶν μισθοφόρων ἔχεις τι εἰπεῖν
ὡς μὴ μισεῖσθαι δι´ αὐτούς; ἢ λέγεις ὡς φιλίαν κτησάμενος
ἄρχων οὐδὲν ἔτι δεήσεται δορυφόρων; Ναὶ μὰ Δία, εἶπεν
ὁ Σιμωνίδης, δεήσεται μὲν οὖν. οἶδα γὰρ ὅτι ὥσπερ ἐν
ἵπποις οὕτως καὶ ἐν ἀνθρώποις τισὶν ἐγγίγνεται, ὅσῳ ἂν
ἔκπλεα τὰ δέοντα ἔχωσι, τοσούτῳ ὑβριστοτέροις εἶναι.
τοὺς μὲν οὖν τοιούτους μᾶλλον ἂν σωφρονίζοι ὁ ἀπὸ τῶν
δορυφόρων φόβος. τοῖς δὲ καλοῖς κἀγαθοῖς ἀπ´ οὐδενὸς ἄν
μοι δοκεῖς τοσαῦτα ὠφελήματα παρασχεῖν ὅσα ἀπὸ τῶν
μισθοφόρων. τρέφεις μὲν γὰρ δήπου καὶ σὺ αὐτοὺς σαυτῷ
φύλακας· ἤδη δὲ πολλοὶ καὶ δεσπόται βίᾳ ὑπὸ τῶν δούλων
ἀπέθανον. ἓν οὖν ἂν πρῶτον τοῦτ´ εἴη τῶν προστεταγμένων
τοῖς μισθοφόροις, ὡς πάντων ὄντας δορυφόρους τῶν πολιτῶν
βοηθεῖν πᾶσιν, ἄν τι τοιοῦτον αἰσθάνωνται. γίγνονται δέ
που, ὡς πάντες ἐπιστάμεθα, κακοῦργοι ἐν πόλεσιν· εἰ οὖν
καὶ τούτους φυλάττειν εἶεν τεταγμένοι, καὶ τοῦτ´ ἂν εἰδεῖεν
ὑπ´ αὐτῶν ὠφελούμενοι. πρὸς δὲ τούτοις καὶ τοῖς ἐν τῇ
χώρᾳ ἐργάταις καὶ κτήνεσιν οὗτοι ἂν εἰκότως καὶ θάρρος
καὶ ἀσφάλειαν δύναιντο μάλιστα παρέχειν, ὁμοίως μὲν τοῖς
σοῖς ἰδίοις, ὁμοίως δὲ τοῖς ἀνὰ τὴν χώραν. ἱκανοί γε μήν
εἰσι καὶ σχολὴν παρέχειν τοῖς πολίταις τῶν ἰδίων ἐπιμελεῖσθαι,
τὰ ἐπίκαιρα φυλάττοντες. πρὸς δὲ τούτοις καὶ
πολεμίων ἐφόδους κρυφαίας καὶ ἐξαπιναίας τίνες ἑτοιμότεροι
ἢ προαισθέσθαι ἢ κωλῦσαι τῶν ἀεὶ ἐν ὅπλοις τε ὄντων καὶ
συντεταγμένων; ἀλλὰ μὴν καὶ ἐν τῇ στρατιᾷ τί ἐστιν
ὠφελιμώτερον πολίταις μισθοφόρων; τούτους γὰρ προπονεῖν
καὶ προκινδυνεύειν καὶ προφυλάττειν εἰκὸς ἑτοιμοτάτους
εἶναι. τὰς δ´ ἀγχιτέρμονας πόλεις οὐκ ἀνάγκη διὰ
τοὺς ἀεὶ ἐν ὅπλοις ὄντας καὶ εἰρήνης μάλιστα ἐπιθυμεῖν;
οἱ γὰρ συντεταγμένοι καὶ σῴζειν τὰ τῶν φίλων μάλιστα
καὶ σφάλλειν τὰ τῶν πολεμίων δύναιντ´ ἄν. ὅταν γε μὴν
γνῶσιν οἱ πολῖται ὅτι οὗτοι κακὸν μὲν οὐδὲν ποιοῦσι τὸν
μηδὲν ἀδικοῦντα, τοὺς δὲ κακουργεῖν βουλομένους κωλύουσι,
βοηθοῦσι δὲ τοῖς ἀδικουμένοις, προνοοῦσι δὲ καὶ προκινδυνεύουσι
τῶν πολιτῶν, πῶς οὐκ ἀνάγκη καὶ δαπανᾶν εἰς τούτους ἥδιστα;
τρέφουσι γοῦν καὶ ἰδίᾳ ἐπὶ μείοσι τούτων φύλακας.
| [10] CHAPITRE X.
Hiéron reprit : « Sans doute, Simonide, ce que tu viens de dire me
paraît juste ; mais à propos des mercenaires, peux-tu me dire
comment je pourrais les employer sans m’exposer à l’impopularité ?
ou bien prétends-tu qu’un prince qui a gagné l’affection de ses sujets
n’aura plus besoin de gardes ?
— Non, par Zeus, répliqua Simonide ; il en aura toujours besoin ; car
je sais qu’il en est de certains hommes comme des chevaux : plus ils
ont de quoi satisfaire leurs besoins, plus ils sont portés à la violence.
Rien ne peut mieux assagir de telles gens que la crainte des gardes.
Quant aux bons citoyens, tu n’as pas de meilleur moyen de leur
rendre service que tes mercenaires. Tu les entretiens sans doute, toi,
comme les autres, pour la garde de ta personne. Mais comme il est
arrivé souvent que des maîtres ont été assassinés par leurs esclaves,
tu devrais tout d’abord faire un devoir à tes mercenaires d’agir
comme s’ils étaient les gardiens de toute la communauté et de prêter
main-forte à tous les citoyens, dès qu’ils ont vent de quelque méfait
semblable. D’autre part, comme il est notoire qu’il y a des malfaiteurs
dans toutes les cités, tu pourrais charger tes mercenaires d’avoir
aussi l’oeil sur eux, et tes sujets se rendraient compte que cela aussi
est un service qu’ils leur doivent. Ce n’est pas tout : ces gardes
pourraient naturellement donner la confiance et la sécurité la plus
complète aux travailleurs des champs et aux bestiaux, à la fois dans
tes domaines et dans toute la campagne.
Ils peuvent encore assurer aux citoyens le loisir de vaquer à leurs
affaires personnelles, en gardant les postes avantageux. En outre, si
l’ennemi médite une attaque secrète et soudaine, qui est plus à même
de la pressentir et de la prévenir qu’une force armée permanente et
organisée ? Et en cas de guerre, qu’y a-t-il de plus utile aux citoyens
qu’un corps de mercenaires ? Ils sont naturellement les premiers
prêts à affronter la fatigue et le danger et à prendre la garde. Enfin
cette force armée permanente n’inspire-t-elle pas forcément aux
États voisins un désir plus ardent de garder la paix ? car rien n’égale
un corps de troupes réglées pour protéger les biens de ses amis et
traverser les desseins de l’ennemi. Or lorsque les citoyens se seront
convaincus que ces mercenaires ne font aucun tort aux honnêtes gens
et tiennent en échec ceux qui veulent faire du mal, qu’ils portent
secours aux opprimés, qu’ils veillent et s’exposent au danger pour les
citoyens, comment pourraient-ils ne pas contribuer de bon coeur à
leur entretien ? Ne nourrissent-ils pas dans leur maison des gardiens
pour des objets moins importants ? »
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