[9] Πρὸς ταῦτα δὴ πάλιν εἶπεν ὁ Σιμωνίδης· Ἀλλ´ ὅπως
μὲν οὐ πάντων τούτων ἐπιμελητέον, ὦ Ἱέρων, οὐ λέγω.
ἐπιμέλειαι μέντοι μοι δοκοῦσιν αἱ μὲν πάνυ πρὸς ἔχθραν
ἄγειν, αἱ δὲ πάνυ διὰ χαρίτων εἶναι. τὸ μὲν γὰρ διδάσκειν
ἅ ἐστι βέλτιστα καὶ τὸν κάλλιστα ταῦτα ἐξεργαζόμενον
ἐπαινεῖν καὶ τιμᾶν, αὕτη μὲν ἡ ἐπιμέλεια διὰ χαρίτων
γίγνεται, τὸ δὲ τὸν ἐνδεῶς τι ποιοῦντα λοιδορεῖν τε καὶ
ἀναγκάζειν καὶ ζημιοῦν καὶ κολάζειν, ταῦτα δὲ ἀνάγκη δι´
ἀπεχθείας μᾶλλον γίγνεσθαι. ἐγὼ οὖν φημι ἀνδρὶ ἄρχοντι
τὸν μὲν ἀνάγκης δεόμενον ἄλλοις προστακτέον εἶναι κολάζειν,
τὸ δὲ τὰ ἆθλα ἀποδιδόναι δι´ αὑτοῦ ποιητέον. ὡς δὲ ταῦτα
καλῶς ἔχει μαρτυρεῖ τὰ γιγνόμενα. καὶ γὰρ ὅταν χοροὺς
ἡμῖν βουλώμεθα ἀγωνίζεσθαι, ἆθλα μὲν ὁ ἄρχων προτίθησιν,
ἁθροίζειν δὲ αὐτοὺς προστέτακται χορηγοῖς καὶ ἄλλοις διδάσκειν
καὶ ἀνάγκην προστιθέναι τοῖς ἐνδεῶς τι ποιοῦσιν.
οὐκοῦν εὐθὺς ἐν τούτοις τὸ μὲν ἐπίχαρι διὰ τοῦ ἄρχοντος
ἐγένετο, τὰ δ´ ἀντίτυπα δι´ ἄλλων. τί οὖν κωλύει καὶ
τἆλλα τὰ πολιτικὰ οὕτως περαίνεσθαι; διῄρηνται μὲν γὰρ
ἅπασαι αἱ πόλεις αἱ μὲν κατὰ φυλάς, αἱ δὲ κατὰ μόρας, αἱ
δὲ κατὰ λόχους, καὶ ἄρχοντες ἐφ´ ἑκάστῳ μέρει ἐφεστήκασιν.
οὐκοῦν εἴ τις καὶ τούτοις ὥσπερ τοῖς χοροῖς ἆθλα προτιθείη
καὶ εὐοπλίας καὶ εὐταξίας καὶ ἱππικῆς καὶ ἀλκῆς τῆς ἐν
πολέμῳ καὶ δικαιοσύνης τῆς ἐν συμβολαίοις, εἰκὸς καὶ ταῦτα
πάντα διὰ φιλονικίαν ἐντόνως ἀσκεῖσθαι. καὶ ναὶ μὰ Δία
ὁρμῷντό γ´ ἂν θᾶττον ὅποι δέοι, τιμῆς ὀρεγόμενοι, καὶ
χρήματα θᾶττον ἂν εἰσφέροιεν, ὁπότε τούτου καιρὸς εἴη,
καὶ τὸ πάντων γε χρησιμώτατον, ἥκιστα δὲ εἰθισμένον διὰ
φιλονικίας πράττεσθαι, ἡ γεωργία αὐτὴ ἂν πολὺ ἐπιδοίη, εἴ
τις ἆθλα προτιθείη κατ´ ἀγροὺς ἢ κατὰ κώμας τοῖς κάλλιστα
τὴν γῆν ἐξεργαζομένοις, καὶ τοῖς εἰς τοῦτο τῶν πολιτῶν
ἐρρωμένως τρεπομένοις πολλὰ ἂν ἀγαθὰ περαίνοιτο· καὶ
γὰρ αἱ πρόσοδοι αὔξοιντ´ ἄν, καὶ ἡ σωφροσύνη πολὺ μᾶλλον
σὺν τῇ ἀσχολίᾳ συμπαρομαρτεῖ. καὶ μὴν κακουργίαι γε
ἧττον τοῖς ἐνεργοῖς ἐμφύονται. εἰ δὲ καὶ ἐμπορία ὠφελεῖ
τι πόλιν, τιμώμενος ἂν ὁ πλεῖστα τοῦτο ποιῶν καὶ ἐμπόρους
ἂν πλείους ἀγείροι. εἰ δὲ φανερὸν γένοιτο ὅτι καὶ ὁ πρόσοδόν
τινα ἄλυπον ἐξευρίσκων τῇ πόλει τιμήσεται, οὐδ´
αὕτη ἂν ἡ σκέψις ἀργοῖτο. ὡς δὲ συνελόντι εἰπεῖν, εἰ καὶ
κατὰ πάντων ἐμφανὲς εἴη ὅτι ὁ ἀγαθόν τι εἰσηγούμενος
οὐκ ἀτίμητος ἔσται, πολλοὺς ἂν καὶ τοῦτο ἐξορμήσειεν ἔργον
ποιεῖσθαι τὸ σκοπεῖν τι ἀγαθόν. καὶ ὅταν γε πολλοῖς περὶ
τῶν ὠφελίμων μέλῃ, ἀνάγκη εὑρίσκεσθαί τε μᾶλλον καὶ
ἐπιτελεῖσθαι. εἰ δὲ φοβῇ, ὦ Ἱέρων, μὴ ἐν πολλοῖς ἄθλων
προτιθεμένων πολλαὶ δαπάναι γίγνωνται, ἐννόησον ὅτι οὐκ
ἔστιν ἐμπορεύματα λυσιτελέστερα ἢ ὅσα ἄνθρωποι ἄθλων
ὠνοῦνται. ὁρᾷς ἐν ἱππικοῖς καὶ γυμνικοῖς καὶ χορηγικοῖς
ἀγῶσιν ὡς μικρὰ ἆθλα μεγάλας δαπάνας καὶ πολλοὺς
πόνους καὶ πολλὰς ἐπιμελείας ἐξάγεται ἀνθρώπων;
| [9] CHAPITRE IX.
Simonide lui répondit : « Qu’il faille prendre tous ces soins, Hiéron, je
n’en disconviens pas. Mais parmi ces soins, il me semble que les uns
produisent inévitablement l’impopularité et que les autres attirent
infailliblement la reconnaissance. Enseigner ce qui est bien, dispenser
les louanges et les honneurs à ceux qui le pratiquent le mieux, voilà
des soins faits pour gagner la reconnaissance ; mais réprimander,
contraindre, châtier et punir ceux qui manquent à leur devoir, on ne
peut le faire sans se rendre impopulaire. Aussi mon avis est que,
lorsqu’il faut user de contrainte, le souverain laisse à d’autres la
charge de châtier et qu’il se réserve le privilège de décerner les
récompenses. Que ce partage soit bon, c’est ce que démontre
l’expérience. Ainsi, lorsqu’on veut faire concourir des choeurs,
l’archonte propose des prix, mais il charge les chorèges d’assembler
les choeurs, d’autres de les instruire et de réduire à leur devoir ceux
qui manquent à leur tâche. Qu’arrive-t-il alors ? C’est que les tâches
agréables se font par l’archonte, les tâches ingrates par d’autres. Eh
bien, qu’est-ce qui empêche de conduire les autres affaires publiques
de la même manière ? Toutes les cités sont divisées en tribus, en
mores, en loches, et chacun de ces corps a ses chefs. Si donc
on leur proposait des prix, comme aux choeurs, pour la beauté des
armes, pour la discipline, la science équestre, la vaillance à la guerre,
la loyauté commerciale, il est à croire que l’émulation les engagerait à
s’entraîner vigoureusement dans toutes ces branches d’activité, et
certainement, avec la récompense en vue, ils iraient avec plus
d’empressement où le devoir les appellerait et paieraient plus vite les
taxes de guerre, quand l’occasion l’exigerait. L’agriculture elle-même,
la plus utile de toutes les occupations, mais où l’émulation n’intervient
guère d’ordinaire, ferait de grands progrès, si l’on établissait, dans les
fermes et dans les villages, des prix pour ceux qui travailleraient le
mieux la terre ; et ceux des citoyens qui s’y adonneraient
vigoureusement en retireraient de grands profits. Leurs revenus
s’accroîtraient et la tempérance se trouverait chez eux plus
étroitement unie à l’amour du travail. L’idée de mal faire vient moins
aux gens occupés.
« Comme le négoce aussi est profitable à l’État, en récompensant ceux
qui s’y montrent les plus actifs, le nombre des marchands
augmenterait à proportion. Et si l’on était sûr que celui qui trouverait
quelque nouveau revenu qui ne contrariât personne serait
récompensé par l’État, la recherche ici non plus ne chômerait pas. En
un mot, si dans toutes les branches d’activité, on était assuré que
l’auteur d’une invention utile ne restât pas sans récompense, cette
certitude engagerait beaucoup de gens à se faire une étude de
chercher quelque amélioration ; et lorsque plusieurs sont occupés à la
recherche des choses utiles, on en trouve et réalise nécessairement
davantage.
« Si tu crains, Hiéron, qu’en proposant des prix en beaucoup de
matières, tu n’aies beaucoup de dépenses à faire, considère qu’il n’y a
pas de denrées à meilleur marché que celles qui s’achètent par ces
prix. Vois dans les concours hippiques, gymniques et chorégiques,
combien sont chétifs les prix qui provoquent des dépenses immenses,
des travaux sans nombre et des soins innombrables.
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