HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

XÉNOPHON, Hiéron ou sur le tyran (traité complet)

Chapitre 11

  Chapitre 11

[11] Χρὴ δέ, Ἱέρων, οὐδ´ ἀπὸ τῶν ἰδίων κτημάτων ὀκνεῖν δαπανᾶν εἰς τὸ κοινὸν ἀγαθόν. καὶ γὰρ ἔμοιγε δοκεῖ τὰ εἰς τὴν πόλιν ἀναλούμενα μᾶλλον εἰς τὸ δέον τελεῖσθαι τὰ εἰς τὸ ἴδιον ἀνδρὶ τυράννῳ. καθ´ ἓν δ´ ἕκαστον σκοπῶμεν. οἰκίαν πρῶτον ὑπερβαλλούσῃ δαπάνῃ κεκαλλωπισμένην μᾶλλον ἡγῇ κόσμου ἄν σοι παρέχειν πᾶσαν τὴν πόλιν τείχεσί τε καὶ ναοῖς καὶ παστάσι καὶ ἀγοραῖς καὶ λιμέσι κατεσκευασμένην; ὅπλοις δὲ πότερον τοῖς ἐκπαγλοτάτοις αὐτὸς κατακεκοσμημένος δεινότερος ἂν φαίνοιο τοῖς πολεμίοις τῆς πόλεως ὅλης εὐόπλου σοι οὔσης; προσόδους δὲ ποτέρως ἂν δοκεῖς πλείονας γίγνεσθαι, εἰ τὰ σὰ ἴδια μόνον ἐνεργὰ ἔχοις εἰ τὰ πάντων τῶν πολιτῶν μεμηχανημένος εἴης ἐνεργὰ εἶναι; τὸ δὲ πάντων κάλλιστον καὶ μεγαλοπρεπέστατον νομιζόμενον εἶναι ἐπιτήδευμα ἁρματοτροφίαν, ποτέρως ἂν δοκεῖς μᾶλλον κοσμεῖν, εἰ αὐτὸς πλεῖστα τῶν Ἑλλήνων ἅρματα τρέφοις τε καὶ πέμποις εἰς τὰς πανηγύρεις, εἰ ἐκ τῆς σῆς πόλεως πλεῖστοι μὲν ἱπποτρόφοι εἶεν, πλεῖστοι δ´ ἀγωνίζοιντο; νικᾶν δὲ πότερα δοκεῖς κάλλιον εἶναι ἅρματος ἀρετῇ πόλεως ἧς προστατεύεις εὐδαιμονίᾳ; ἐγὼ μὲν γὰρ οὐδὲ προσήκειν φημὶ ἀνδρὶ τυράννῳ πρὸς ἰδιώτας ἀγωνίζεσθαι. νικῶν μὲν γὰρ οὐκ ἂν θαυμάζοιο ἀλλὰ φθονοῖο, ὡς ἀπὸ πολλῶν οἴκων τὰς δαπάνας ποιούμενος, νικώμενος δ´ ἂν πάντων μάλιστα καταγελῷο. ἀλλ´ ἐγώ σοί φημι, Ἱέρων, πρὸς ἄλλους προστάτας πόλεων τὸν ἀγῶνα εἶναι, ὧν ἐὰν σὺ εὐδαιμονεστάτην τὴν πόλιν ἧς προστατεύεις παρέχῃς, κηρυχθήσῃ νικῶν τῷ καλλίστῳ καὶ μεγαλοπρεπεστάτῳ ἐν ἀνθρώποις ἀγωνίσματι. καὶ πρῶτον μὲν εὐθὺς κατειργασμένος ἂν εἴης τὸ φιλεῖσθαι ὑπὸ τῶν ἀρχομένων, οὗ δὴ σὺ ἐπιθυμῶν τυγχάνεις· ἔπειτα δὲ τὴν σὴν νίκην οὐκ ἂν εἷς εἴη ἀνακηρύττων, ἀλλὰ πάντες ἄνθρωποι ὑμνοῖεν ἂν τὴν σὴν ἀρετήν. περίβλεπτος δὲ ὢν οὐχ ὑπὸ ἰδιωτῶν μόνον ἀλλὰ καὶ ὑπὸ πολλῶν πόλεων ἀγαπῷο ἄν, καὶ θαυμαστὸς οὐκ ἰδίᾳ μόνον ἀλλὰ καὶ δημοσίᾳ παρὰ πᾶσιν ἂν εἴης, καὶ ἐξείη μὲν ἄν σοι ἕνεκεν ἀσφαλείας, εἴ ποι βούλοιο, θεωρήσοντι πορεύεσθαι, ἐξείη δ´ ἂν αὐτοῦ μένοντι τοῦτο πράττειν. ἀεὶ γὰρ ἂν παρὰ σοὶ πανήγυρις εἴη τῶν βουλομένων ἐπιδεικνύναι εἴ τίς τι σοφὸν καλὸν ἀγαθὸν ἔχοι, τῶν δὲ καὶ ἐπιθυμούντων ὑπηρετεῖν. πᾶς δὲ μὲν παρὼν σύμμαχος ἂν εἴη σοι, δὲ ἀπὼν ἐπιθυμοίη ἂν ἰδεῖν σε. ὥστε οὐ μόνον φιλοῖο ἄν, ἀλλὰ καὶ ἐρῷο ὑπ´ ἀνθρώπων, καὶ τοὺς καλοὺς οὐ πειρᾶν, ἀλλὰ πειρώμενον ὑπ´ αὐτῶν ἀνέχεσθαι ἄν σε δέοι, φόβον δ´ οὐκ ἂν ἔχοις ἀλλ´ ἄλλοις παρέχοις μή τι πάθῃς, ἑκόντας δὲ τοὺς πειθομένους ἔχοις ἂν καὶ ἐθελουσίως σου προνοοῦντας θεῷο ἄν, εἰ δέ τις κίνδυνος εἴη, οὐ συμμάχους μόνον ἀλλὰ καὶ προμάχους καὶ προθύμους ὁρῴης ἄν, πολλῶν μὲν δωρεῶν ἀξιούμενος, οὐκ ἀπορῶν δὲ ὅτῳ τούτων εὐμενεῖ μεταδώσεις, πάντας μὲν συγχαίροντας ἔχων ἐπὶ τοῖς σοῖς ἀγαθοῖς, πάντας δὲ πρὸ τῶν σῶν {ἰδίων} ὥσπερ τῶν ἰδίων μαχομένους. θησαυρούς γε μὴν ἔχοις ἂν πάντας τοὺς παρὰ τοῖς φίλοις πλούτους. ἀλλὰ θαρρῶν, Ἱέρων, πλούτιζε μὲν τοὺς φίλους· σαυτὸν γὰρ πλουτιεῖς· αὖξε δὲ τὴν πόλιν· σαυτῷ γὰρ δύναμιν περιάψεις· κτῶ δὲ αὐτῇ συμμάχους· - - - νόμιζε δὲ τὴν μὲν πατρίδα οἶκον, τοὺς δὲ πολίτας ἑταίρους, τοὺς δὲ φίλους τέκνα σεαυτοῦ, τοὺς δὲ παῖδας τιπερ τὴν σὴν ψυχήν, καὶ τούτους πάντας πειρῶ νικᾶν εὖ ποιῶν. ἐὰν γὰρ τοὺς φίλους κρατῇς εὖ ποιῶν, οὐ μή σοι δύνωνται ἀντέχειν οἱ πολέμιοι. κἂν ταῦτα πάντα ποιῇς, εὖ ἴσθι, πάντων τῶν ἐν ἀνθρώποις κάλλιστον καὶ μακαριώτατον κτῆμα κεκτήσει· εὐδαιμονῶν γὰρ οὐ φθονηθήσῃ. [11] CHAPITRE XI. « Tu ne dois pas non plus, Hiéron, balancer à dépenser pour le bien commun une partie de ta fortune particulière. Car j’estime que les dépenses faites pour l’État sont plus nécessaires que celles qui sont faites pour le tyran. Entrons dans le détail. Tout d’abord penses-tu qu’un palais embelli à grands frais te ferait plus d’honneur qu’une ville entière munie de remparts, de temples, de galeries, de places et de ports ? Paré des armes les plus formidables, paraîtrais-tu plus terrible aux ennemis que si ta ville tout entière était bien armée ? Crois-tu que tes revenus seraient plus grands, si tu te bornais à faire valoir tes biens personnels que si tu trouvais le moyen de faire valoir les biens de tous les citoyens ? L’occupation la plus belle et la plus magnifique de toutes, selon l’opinion générale, c’est l’élevage des chevaux pour les courses de chars. Crois-tu qu’il serait plus glorieux pour toi d’être celui de tous les Grecs qui nourrirait et enverrait aux concours le plus grand nombre d’attelages que si le plus grand nombre des éleveurs et le plus grand nombre des concurrents venaient de ton État ? Et quelle est, à ton avis, la plus belle victoire, celle que tu gagnes par l’excellence de ton attelage, ou par le bonheur de la cité que tu commandes ? Pour moi, je prétends qu’il ne sied même pas à un tyran d’entrer en concurrence avec des particuliers. Vainqueur, tu ne seras pas admiré, mais envié, parce que tu auras dépouillé un grand nombre de maisons pour fournir à tes dépenses ; vaincu, tu seras le plus ridicule des hommes. Je te le dis, Hiéron, c’est contre d’autres chefs d’État qu’il te faut concourir, et, si tu rends la ville que tu gouvernes la plus heureuse, tu peux être assuré que tu seras vainqueur dans le concours le plus beau et le plus magnifique qui soit au monde. Tout d’abord tu obtiendras tout de suite l’affection de tes sujets, objet de tes désirs. Ensuite ta victoire ne sera point proclamée par un seul héraut, mais tous les hommes célébreront ta vertu. Point de mire de tous les yeux, tu seras chéri non seulement par les particuliers, mais encore par beaucoup d’États ; tu seras admiré non seulement dans ta maison, mais encore en public parmi tous les hommes. Tu pourras en toute sécurité aller où tu voudras pour satisfaire ta curiosité, tu pourras même la satisfaire sans sortir de chez toi. Car ce sera dans ta maison un défilé perpétuel de gens empressés à te montrer ce qu’ils auront trouvé d’ingénieux, de beau et de bon, et d’autres encore, désireux de te servir. Tout homme présent te sera dévoué, tout absent désirera te voir, et tu seras non seulement chéri, mais aimé d’amour. Pour les beaux jeunes gens, loin de les solliciter, tu auras à souffrir leurs sollicitations ; tu n’auras plus à craindre, mais tout le monde craindra qu’il ne t’arrive quelque malheur. Tes sujets t’obéiront sans contrainte et tu les verras veiller d’eux-mêmes sur tes jours. En cas de danger, ils ne seront pas seulement des alliés, mais tu les verras, pleins de zèle, te faire un rempart de leur corps. Comblé de présents, tu ne manqueras pas d’amis à qui en faire part. Tous se réjouiront de ta prospérité, tous combattront pour défendre tes intérêts comme les leurs. Pour trésors, tu auras tous les biens de tes amis. Courage donc, Hiéron, enrichis tes amis, tu t’enrichiras toi même ; accrois ton État, tu accroîtras ta force, gagne-lui des alliés. Regarde ta patrie comme ta maison, tes concitoyens comme des camarades, tes amis comme tes enfants, tes enfants comme ta propre vie, et essaye de les vaincre tous par tes bienfaits. Car si tu l’emportes par tes bienfaits sur tes amis, tu n’as pas à craindre que les ennemis puissent te résister. Si tu fais tout ce que je viens de te dire, sache que tu auras acquis le bien le plus beau et le plus précieux du monde : tu seras heureux sans être envié. »


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Dernière mise à jour : 15/02/2007