[6,2,20] Ὁ δ᾽ ἐπεὶ παρετάξατο, αὐτὸς μὲν τοὺς κατὰ τὰς πύλας τῶν πολεμίων
τρεψάμενος ἐπεδίωκεν. Οἱ δ᾽ ἐπεὶ ἐγγὺς τοῦ τείχους ἐγένοντο, ἀνεστρέφοντό τε
καὶ ἀπὸ τῶν μνημάτων ἔβαλλον καὶ ἠκόντιζον· ἄλλοι δ᾽ ἐκδραμόντες καθ᾽ ἑτέρας
πύλας ἐπιτίθενται ἁθρόοι τοῖς ἐσχάτοις·
(21) οἱ δ᾽ ἐπ᾽ ὀκτὼ τεταγμένοι, ἀσθενὲς νομίσαντες τὸ ἄκρον τῆς φάλαγγος ἔχειν,
ἀναστρέφειν ἐπειρῶντο. Ὡς δ᾽ ἤρξαντο ἐπαναχωρεῖν, οἱ μὲν πολέμιοι ὡς
φεύγουσιν ἐπέθεντο, οἱ δ᾽ οὐκέτι ἐπανέστρεψαν· καὶ οἱ ἐχόμενοι δ᾽ αὐτῶν εἰς
φυγὴν ὥρμων.
(22) Ὁ δὲ Μνάσιππος τοῖς μὲν πιεζομένοις οὐκ ἐδύνατο βοηθεῖν διὰ τοὺς ἐκ τοῦ
καταντικρὺ προσκειμένους, ἀεὶ δ᾽ ἐλείπετο σὺν ἐλάττοσι. τέλος δὲ οἱ πολέμιοι
ἁθρόοι γενόμενοι πάντες ἐπετίθεντο τοῖς περὶ τὸν Μνάσιππον, ἤδη μάλα ὀλίγοις
οὖσι. Καὶ οἱ πολῖται ὁρῶντες τὸ γιγνόμενον ἐπεξῇσαν.
(23) Ἐπεὶ δ᾽ ἐκεῖνον ἀπέκτειναν, ἐδίωκον ἤδη ἅπαντες. Ἐκινδύνευσαν δ᾽ ἂν καὶ
τὸ στρατόπεδον ἑλεῖν σὺν τῷ χαρακώματι, εἰ μὴ οἱ διώκοντες τὸν ἀγοραῖόν τε
ὄχλον ἰδόντες καὶ τὸν τῶν θεραπόντων καὶ τὸν τῶν ἀνδραπόδων, οἰηθέντες
ὄφελός τι αὐτῶν εἶναι, ἀπεστρέφοντο.
(24) Καὶ τότε μὲν τροπαῖόν τε ἵστασαν οἱ Κερκυραῖοι τούς τε νεκροὺς
ὑποσπόνδους ἀπεδίδοσαν. Ἐκ δὲ τούτου οἱ μὲν ἐν τῇ πόλει ἐρρωμενέστεροι
ἐγεγένηντο, οἱ δ᾽ ἔξω ἐν πάσῃ δὴ ἀθυμίᾳ ἦσαν. Καὶ γὰρ ἐλέγετο ὅτι Ἰφικράτης τε
ὅσον οὐκ ἤδη παρείη, καὶ οἱ Κερκυραῖοι δὲ τῷ ὄντι ναῦς ἐπλήρουν.
(25) Ὑπερμένης δέ, ὃς ἐτύγχανεν ἐπιστολιαφόρος τῷ Μνασίππῳ ὤν, τό τε
ναυτικὸν πᾶν ὅσον ἦν ἐκεῖ συνεπλήρωσε, καὶ περιπλεύσας πρὸς τὸ χαράκωμα
τὰ πλοῖα πάντα γεμίσας τῶν τε ἀνδραπόδων καὶ τῶν χρημάτων ἀπέστελλεν·
αὐτὸς δὲ σύν τε τοῖς ἐπιβάταις καὶ τοῖς περισωθεῖσι τῶν στρατιωτῶν διεφύλαττε
τὸ χαράκωμα·
(26) τέλος δὲ καὶ οὗτοι μάλα τεταραγμένοι ἀναβάντες ἐπὶ τὰς τριήρεις ἀπέπλεον,
πολὺν μὲν σῖτον, πολὺν δὲ οἶνον, πολλὰ δὲ ἀνδράποδα καὶ ἀσθενοῦντας
στρατιώτας καταλιπόντες· δεινῶς γὰρ ἐπεφόβηντο μὴ καταληφθεῖεν ὑπὸ τῶν
Ἀθηναίων ἐν τῇ νήσῳ. καὶ ἐκεῖνοι μὲν εἰς Λευκάδα ἀπεσώθησαν.
(27) Ὁ δὲ Ἰφικράτης ἐπεὶ ἤρξατο τοῦ περίπλου, ἅμα μὲν ἔπλει, ἅμα δὲ πάντα ὅσα
εἰς ναυμαχίαν παρεσκευάζετο· εὐθὺς μὲν γὰρ τὰ μεγάλα ἱστία αὐτοῦ κατέλιπεν,
ὡς ἐπὶ ναυμαχίαν πλέων· καὶ τοῖς ἀκατίοις δέ, καὶ εἰ φορὸν πνεῦμα εἴη, ὀλίγα
ἐχρῆτο: τῇ δὲ κώπῃ τὸν πλοῦν ποιούμενος ἄμεινόν τε τὰ σώματα ἔχειν τοὺς
ἄνδρας καὶ ἄμεινον τὰς ναῦς πλεῖν ἐποίει.
(28) Πολλάκις δὲ καὶ ὅπῃ μέλλοι ἀριστοποιεῖσθαι τὸ στράτευμα ἢ
δειπνοποιεῖσθαι, ἐπανήγαγεν ἂν τὸ κέρας ἀπὸ τῆς γῆς κατὰ ταῦτα τὰ χωρία·
ἐπεὶ δ᾽ ἐπιστρέψας ἂν καὶ ἀντιπρῴρους καταστήσας τὰς τριήρεις ἀπὸ σημείου
ἀφίει ἀνθαμιλλᾶσθαι εἰς τὴν γῆν, μέγα δὴ νικητήριον ἦν τὸ πρώτους καὶ ὕδωρ
λαβεῖν καὶ εἴ του ἄλλου ἐδέοντο, καὶ πρώτους ἀριστῆσαι· τοῖς δ᾽ ὑστάτοις
ἀφικομένοις μεγάλη ζημία ἦν τό τε ἐλαττοῦσθαι πᾶσι τούτοις καὶ ὅτι ἀνάγεσθαι
ἅμα ἔδει, ἐπεὶ σημήνειε· συνέβαινε γὰρ τοῖς μὲν πρώτοις ἀφικνουμένοις καθ᾽
ἡσυχίαν ἅπαντα ποιεῖν, τοῖς δὲ τελευταίοις διὰ σπουδῆς.
(29) Φυλακάς γε μήν, εἰ τύχοι ἐν τῇ πολεμίᾳ ἀριστοποιούμενος, τὰς μὲν ἐν τῇ γῇ,
ὥσπερ προσήκει, καθίστη, ἐν δὲ ταῖς ναυσὶν αἰρόμενος αὖ τοὺς ἱστοὺς ἀπὸ
τούτων ἐσκοπεῖτο. Πολὺ οὖν ἐπὶ πλέον οὗτοι καθεώρων ἢ οἱ ἐκ τοῦ ὁμαλοῦ, ἀφ᾽
ὑψηλοτέρου καθορῶντες. Ὅπου δὲ δειπνοποιοῖτο καὶ καθεύδοι, ἐν μὲν τῷ
στρατοπέδῳ νύκτωρ πῦρ οὐκ ἔκαε, πρὸ δὲ τοῦ στρατεύματος φῶς ἐποίει, ἵνα
μηδεὶς λάθῃ προσιών. Πολλάκις δέ, εἰ εὐδία εἴη, εὐθὺς δειπνήσας ἀνήγετο· καὶ εἰ
μὲν αὔρα φέροι, θέοντες ἅμα ἀνεπαύοντο· εἰ δὲ ἐλαύνειν δέοι, κατὰ μέρος τοὺς
ναύτας ἀνέπαυεν.
| [6,2,20] Quand il eut rangé ses troupes en ligne, Mnasippos lui-même mit en fuite les ennemis qui
étaient en face des portes et les poursuivit; mais ceux-ci, arrivés près du rempart se
retournèrent et se mirent à lancer des traits et des javelots du haut des tertres funéraires,
tandis que d'autres, sortis par d'autres portes, fondaient en masse sur l'extrémité de la ligne
ennemie.
21. Les hoplites, qui étaient disposés sur huit rangs de profondeur, pensant que l'extrémité de
leur phalange était trop faible, essayèrent de faire une conversion; mais quand ils eurent
commencé ce mouvement, les ennemis, persuadés qu'ils fuyaient, fondirent sur eux. Ils
s'arrêtèrent dans leur conversion, et ceux qui étaient près d'eux se mirent à fuir.
22. Mnasippos ne pouvait se porter au secours de ceux qui étaient pressés à cause des
ennemis qui l'attaquaient de front, et il voyait ses soldats diminuer sans cesse. A la fin, les
ennemis s'étant massés fondirent tous ensemble sur Mnasippos et les siens, dont le nombre
était déjà très réduit. Les citoyens, voyant la tournure de la bataille, sortirent aussi contre lui.
23. Mnasippos ayant été tué, ils se mirent tous à poursuivre ses troupes, et peut-être se
seraient-ils emparés de son camp même et du retranchement, si, en voyant la foule des
marchands, des goujats et des esclaves, ils ne les avaient pris pour des gens de quelque
valeur et n'avaient pas arrêté leur poursuite pour s'en retourner.
24. Les Corcyréens dressèrent alors un trophée et rendirent les morts à la faveur d'une trêve.
Dès lors, les gens de la ville se sentirent plus forts, tandis que ceux du dehors étaient
complètement démoralisés. On disait en effet que non seulement Iphicrate allait arriver, mais
encore que les Corcyréens armaient réellement leurs vaisseaux.
25. Alors Hyperménès, qui se trouvait être le second de Mnasippos, arma tous les bâtiments
qu'il avait sous la main et fit voile vers le retranchement. Là il remplit tous ses vaisseaux de
transport avec les esclaves et le butin et les renvoya. Quant à lui, avec ses soldats de marine et
les hommes qui avaient échappé à la bataille, il garda le retranchement.
26. Mais à la fin, ceux-ci aussi, très démoralisés, montèrent sur les trières et s'en allèrent,
abandonnant de grosses provisions de blé et de vin et une foule d'esclaves et de soldats
malades, car ils craignaient terriblement d'être pris dans l'île par les Athéniens. Ils se
réfugièrent à Leucade.
27. Quand Iphicrate se fut mis en route pour doubler le Péloponnèse, tout en naviguant, il
faisait tous les préparatifs nécessaires à un combat naval. A son départ, il avait laissé là les
grandes voiles, car il s'attendait à combattre, et il se servait peu des petites, même si le
vent était favorable. En marchant à la rame, il augmentait la vigueur de ses hommes et la
rapidité de la navigation.
28. Souvent aussi, quand l'armée devait déjeuner ou dîner, en quelque endroit, il dirigeait vers
le large, loin de la terre en face de cet endroit, la tête de colonne de sa flotte, puis faisait faire
une conversion de manière à placer les trières face à la terre et, leur donnant le signal de la
course, les faisait lutter à qui arriverait la première au rivage. C'était un grand prix de la victoire
que d'être les premiers à faire provision d'eau et de tout ce dont on pouvait avoir besoin et de
déjeuner les premiers, et c'était pour les derniers arrivés une grande punition d'être
désavantagés sur tous ces points et d'être contraints de reprendre la mer en même temps que
les autres, quand le signal en était donnés De cette façon, les premiers arrivés faisaient tout à
loisir, les derniers avec précipitation.
29. Si par hasard il déjeunait en pays ennemi, non seulement il plaçait des sentinelles sur terre,
comme il convient de le faire, mais encore il faisait dresser les mâts des navires et y faisait
monter des guetteurs. Ceux-ci, conséquemment, voyaient beaucoup plus loin, de leur
observatoire élevé, que les vigies postées en terrain plat. En quelque endroit qu'il dînât ou qu'il
dormît, il n'allumait point de feu dans son camp durant la nuit, mais il en faisait en avant de
l'armée, afin que personne ne pût s'approcher sans être aperçu. Souvent, s'il faisait beau
temps, il reprenait la mer, aussitôt après avoir dîné, et, si la brise était favorable, il mettait les
voiles et faisait reposer ses hommes; s'il fallait user de la rame, il faisait reposer ses matelots à
tour de rôle.
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